L'église Saint-Denis
Elle est cachée dans son enclos au cœur de la cité. C’était l’église des grandes familles et des corporations de marchands et d'artisans.
Elle en porte encore les témoignages. A l’intérieur, des chapelles et des sculptures funéraires leur sont dédiées. Ainsi on trouve la dalle funéraire en pierre noire de Tournai d’Antoine d’Averhout (Avroult), mort à la bataille d’Azincourt.
Elle avait ses statuts, ses coutumes, son saint patron et une chapelle. Saint-Denis conserve les boiseries peintes de la chapelle des charpentiers et un autel dans la chapelle des poissonniers.
La tour, sertie dans de gros contreforts, s’élève sur 4 niveaux. Les 3 niveaux supérieurs sont percés de 4 arcades. Une colonne de la chapelle nord ainsi que le chœur datent du XV ème siècle.
Sa voûte est ornée d’un lambris et de blochets : des têtes sculptées dans le bois. En 1705, lors d’un ouragan, la flèche qui surmontait la tour s’est effondrée sur la nef.
Elle fut reconstruite (1706-1714) sur le principe des églises halles, c’est-à-dire composée de 3 nefs accolées et de même hauteur. Cette église se trouve à mi-chemin entre l’Abbaye Saint-Bertin et la Cathédrale, sur l’ancien axe de procession.
Elle fut batie sur une station de prière de la procession. C’est l’une des plus anciennes églises de la ville. Consacrée dès l’an 1088, elle fut construite pour répondre à la croissance rapide de la population.
L'enclos, espace pavé qui la ceinture, correspond à son ancien cimetière, abandonné au XVIII ème siècle. Il convient de noter que du côté de la rue Saint-Bertin, six maisons y furent érigées.
L'église Saint-Sépulcre
Cette église est dédiée au tombeau du Christ.
Ses origines sont liées à la première croisade au proche orient ! C’est un monument médiéval qui vit le jour sous l'impulsion de Guillaume 1er seigneur de Saint-Omer à son retour de la grande croisade.
Parmi les illustres enfants de la ville figure Geoffroy ou Godefroy de Saint-Omer, fils du châtelain Guillaume 1er, il part pour la première croisade en compagnie de son père Guillaume Ier et de ses
frères Hugues et Gérard sous les ordres de Godefroy de Boulogne sur mer encore appellé "de Bouillon". Avec Hugues des Païens, il fonde en 1118 le 1er ordre militaire religieux, l'Ordre des chevaliers du Temple. Ces chevaliers du Temple furent les gendarmes des états latins de l'an 1106 à l'an 1291. Guillaume 1er revint à Saint-Omer en l'an 1100 avec une relique du saint Sépulcre, et il fit édifier cette église.
En France, seules dix églises lui sont dédié. Un des vitraux de l’église (du XIX ème siècle) met en scéne Godefroy de Bouillon et Geoffroy de Saint-Omer à Jérusalem. La construction de cette église remonte aux années 1105-1110.
L’église est citée dès 1123 dans une bulle, une charte émise par le pape Calixte II. Le monument actuel s'inspire des églises-halles très courantes en Flandre.
La nef centrale s’ouvre à l’est sur un chœur circulaire à 5 pans, et à l’ouest sur une grande tour. Les nefs latérales sont éclairées à leurs extrémités par des baies. La construction de l’église débute par la nef au XII ème siècle, elle se poursuit au siècle suivant par le chœur, et enfin s'achève par
la tour au XIV ème siècle. Des chapelles latérales en brique seront ajoutées au XV ème siècle. Elles accueillaient les autels des corporations d'artisans comme celle des cordonniers, car l’activité du cuir se concentrait dans ce quartier de la rivière des tanneurs.
Le tableau de leur autel, un retable du XV ème siècle est conservé au musée, il s’agit du martyr de leur saints patrons Crépin et Crépinien. Pendant la Révolution, l’église est transformée en temple de la raison ! Puis en 1808 elle est rendue au culte, des travaux d’aménagement intérieur seront effectués au XIX ème siècle.
Les vitraux réalisés par les ateliers Lusson sont remarquables, certains ont été dessinés par Steinheil qui a travaillé sur la Sainte-Chapelle de Paris.
Le vitrail de Godefroy de Bouillon et de Geoffroy de Saint-Omer fut présenté à l’Exposition universelle de Paris en 1867 avant d’être ré-installé dans ce monument.
La chapelle des Jésuites
C'est pour combattre le protestantisme dans son diocèse que le premier évêque de Saint-Omer, Gérard de Haméricourt, le fait construire, le dote et le confie aux Jésuites. Sous l'habile direction de ces
derniers, bien vite il devient un établissement important qui dépasse les espérances du fondateur. Pour abriter une population scolaire de plus en plus nombreuse, les Jésuites se chargent eux-mêmes d'agrandir leur
maison : soutenus par les évoques, les abbés de Saint- Bertin, les magistrats, les villes voisines, Bourbourg, Bergues, Fumes, par la noblesse des environs, la bourgeoisie, par leurs confrères fortunés, ils n'hésitent
pas à élever des édifices plus grands et plus spacieux. Et quand la guerre (1636, 1677), ou l'incendie de 1645 ont tout détruit, ils savent susciter de nouvelles générosités pour faire face aux dépenses d'autres constructions.
En dépit de l'empressement de leurs bienfaiteurs, ils restent cependant toujours à court d'argent. Gérard de Haméricourt leur avait assuré un revenu annuel de 900 florins, accru plus tard par des donations de biens
meubles et immeubles et par des fondations de bourses. Mais ces ressources ne suffisent pas à payer les frais de l'agrandissement et de l'embellissement du monument. Au surplus, le traité des Pyrénées qui
livre à la France l'Artois, à l'exception de Saint-Omer et d'Aire (1659) leur est funeste, car les plénipotentiaires ont négligé de régler la question des dettes des états d'Artois. Un trait de plume fait perdre au collège un
capital considérable, de nombreux arrérages qui ne furent jamais payés et 3.000 florins de rente. Il ne lui reste qu'environ 3.570 livres de rente, non compris le rapport des immeubles de la campagne et de la
ville.
Comme le chiffre des revenus, celui des écoliers subit de fréquentes variations : 200 en 1568, 600 vers 1585. Mais cette prospérité dure peu : les épidémies qui ravagent la ville à la fin du XVI ème siècle et dans les
premières années du XVII6, puis la guerre, dépeuplent la maison où deux professeurs suffisent pour assurer l'enseignement. Péniblement, en 1641, les Jésuites réunissent 180 élèves, d'un monde scolaire hétérogène
composé non seulement d'Audomarois et de jeunes campagnards des pays voisins, mais aussi d'Anglais et de Belges. Tous recevaient un enseignement gratuit et étaient externes. Mais avec ce régime d'externat s'accordait cependant une discipline sévère :
les verges et le fouet étaient à Tordre du jour pour les désobéissants et les paresseux, peu nombreux d'ailleurs, car les Pères épuraient soigneusement leurs classes en congédiant les récalcitrants et les incapables.
D'autre part, ils excitaient les travailleurs par des promesses de récompenses multipliées : prix, croix, rubans, dignités ... Il existait en effet des distinctions parmi les condisciples d'une même classe. Afin
d'entretenir chez tous une vive émulation « aiguillon d'envie et de gloire », suivant le mot d'Ignace de Loyola, les maîtres les partageaient en deux camps, Romains et Carthaginois. Chaque camp dirigé par des
dignitaires décorés des titres pompeux d'imperatores, depraetores, de tribuni, de senatores, rivalisait d'entrain et de mérites avec l'adversaire « dans le champ de Pallas ». Ces titres laissent bien deviner à quel point l'antiquité latine survit
dans l'enseignement des Jésuites du collège de Saint-Omer, au XVII ème siècle. La classe se fait en latin et l'exercice principal est la prelection, ou explication critique et raisonnée des auteurs : extraits de Plaute et de
Térence, de Catulle, de Tibulle, d'Ovide et de Properce, César, Salluste, Tite-Live, Quinte-Curce, mais surtout Cicéron, le grand favori. Le grec n'est pas négligé, mais les études scientifiques sont nulles : l'histoire et
la géographie ne comptent pas parmi les sciences. Bien plus, ce n'est qu'au milieu du XVIIIe siècle que les Pères attachent quelque importance à la dissertation française. Et ce bagage littéraire leur paraît
suffisant puisque leur unique ambition est de former des hommes honnêtes et chrétiens qui sauraient joindre à l'aisance des manières l'élégance de la parole. « Nous enseignons les lettres, disaient les Jésuites, pour avoir le droit
d'enseigner la foi ». En réalité, l'enseignement de la jeunesse n'est à leurs yeux qu'une partie, et la moindre, de leur ministère religieux. Celui-ci s'étend à toute la cité audomaroise. Non seulement ils se rendent
maîtres des esprits par leurs prédications, par les missions, les retraites, les leçons dominicales de catéchisme, non seulement ils séduisent les foules par de pompeuses cérémonies et des processions grandioses, mais
ils savent aussi conquérir les cœurs. Hommes de prière, ils sont aussi les apôtres de la charité. Aux époques de détresse générale, ils soulagent la misère, distribuent des aumônes aux malheureux, et se font infirmiers
volontaires pour pqrter secours aux pestiférés que tout le monde abandonne (fin du XVI ème siècle, premières années du XVII ème). Aux heures de danger, ils sont aussi des citoyens courageux et paraissent au premier rang sur les remparts pour défendre la ville
assiégée (1584, 1635, 1644, 1657). De tels services n'empêchent pas qu'au XVIII ème siècle les Jésuites sont devenus impopulaires. Les Universitaires, les Jansénistes, les Parlementaires, les Encyclopédistes détournent d'eux l'opinion qui,
jusqu'alors leur a été si favorable : on critiqueiè règlement de leur maison, leurs méthodes pédagogiques sont discutées même par leurs propres élèves, et après l'arrêt du Parlement (6 août 1761 ) qui leur interdit
provisoirement de tenir des écoles et des collèges, ils quittent Saint-Omer (14 avril 1762). La municipalité prend alors possession du monument où elle installe comme nouveaux régents des prêtres séculiers
(19 octobre). L'établissement reste prospère au point de vue matériel grâce à la suppression des collèges d'Aire et d'Hesdin dont les élèves et les revenus viennent grossir sa population et ses ressources. L'enseignement est
aussi modifié suivant les exigences de l'époque. Le latin en constitue toujours la base, mais les auteurs favoris des Jésuites sont proscrits. L'histoire, la géographie, les sciences naturelles, mises à la mode par
Buffon, prennent une place plus honorable et l'étude du français est plus en faveur. Mais la situation intérieure est mauvaise car l'autorité manque à la nouvelle organisation. Le principal ne sait pas se faire
obéir de ses régents, ceux-ci de leurs élèves. Toute l'influence est aux mains du Conseil d'administration, composé d'avocats, de médecins, de négociants, et au sein duquel les membres du bailliage et ceux de l'échevinage se jalousent comme des puissances rivales. Pour faire cesser cette
anarchie dont se sont plaints les États d'Artois, les magistrats font appel à la congrégation des Pères de la Doctrine chrétienne, appelés Doctrinaires (1777). A son tour, la situation financière laisse à désirer: les collèges d'Aire
et d'Hesdin rétablis ont repris possession de leurs élèves et de leurs revenus. Les Doctrinaires vivent donc avec une économie voisine de la gêne, n'ayant en 1789 que 3.5oo livres pour nourrir et entretenir dix
Pères et six domestiques. Ils se livrent cependant avec ardeur à leurs fonctions. S'ils restaurent l'antique discipline et rétablissent les châtiments corporels (un laïque chargé de fouetter les élèves indisciplinés
reçoit six sous pour chaque correction), ils savent aussi se montrer favorables aux idées du temps. Ils ont grand souci de l'hygiène de leurs disciples (les pensionnaires sont peignés tous les jours par des femmes
et frisés tous les dimanches par un perruquier) ; ils introduisent l'enseignement des arts (dessin, musique, danse, escrime), augmentent les cours de français : s'ils délaissent le grec, ils font en revanche la part
plus large à la géographie étudiée avec des cartes, aux mathématiques et à la physique. Cet enseignement modernisé est ruiné par la Révolution. La suppression des dîmes (décret du 20 avril 1790) et des taxes indirectes (décret
du 17 mars 1791 ) qui permettaient d'équilibrer à grand'peine les finances du collège, porte à celui-ci un coup fatal. Les quatre régents qui ont prêté serment à la Constitution civile du clergé sont privés de
traitement et abandonnent, comme les autres, l'établissement qui est fermé. Les biens sont vendus, le mobilier gaspillé, la chapelle transformée en « atelier au salpêtre », les bâtiments servent, les uns de
geôle aux prisonniers anglais, hanovriens et aux femmes publiques, les autres de salles de réunion pour la société populaire. Au milieu du désordre général, des particuliers les accaparent gratuitement : c'est la
ruine de l'institution. Elle ne redevient école secondaire qu'en l'an XI et distribue alors à ses élèves un enseignement où se trahissent des tendances de réaction contre l'enseignement à base scientifique des écoles centrales. Dans les classes
de lettres, les sciences physiques et naturelles restent étrangères aux écoliers en dépit du grand mouvement créé par Ampère, Laplace et Cuvier ; les mathématiques ont peu de vogue, de même l'histoire et les
langues étrangères, regardées comme des « sciences accessoires ». Par contre, les études littéraires, auparavant discréditées, sont reprises : le grec, le latin sont étudiés tous les jours. Mais la place prépondérante
est assignée à la fois au français, à la morale et à l'instruction religieuse. Les efforts du principal et des cinq régents ne réussissent pas à rendre au collège son ancienne splendeur ; le chiffre de la population scolaire
qui a atteint 1 10 en i8o4, s'abaisse à p,3 en 1807 et à 81 en 1808. A coup sûr, cet insuccès tient à Tinsouciance des parents et au système militaire de la conscription, mais il résulte surtout du manque d'appui
gouvernemental. C'est l'époque où Napoléon veut prendre en main la direction de l'enseignement en créant le monopole universitaire, et il n'est pas favorable aux établissements indépendants. En attendant qu'il les
supprime (1806), il paie irrégulièrement les professeurs, réduit leurs traitements (décret de Milan, 17 prairial an XIII). De son côté, par faiblesse vis-à-vis du pouvoir impérial, la municipalité ne soutient pas
son college. Pour le relever, il faut l'arrivée de l'abbé Poillon, ancien émigré, royaliste fervent (an XIII). Poillon fut bien servi par les circonstances. L'Université impériale fixa le petit séminaire et transporta le grand séminaire d'Arras à SaintOmer, repeuplant ainsi le collège qui put rétablir le cycle complet des
études depuis la septième jusqu'à la philosophie inclusivement. Les écoliers, internes et externes, furent plus de 200 en 1810, plus de 3oo en i8i3 ; le 29 août i8i3, un décret daté de Dresde érigea
l'établissement en lycée. Mais Napoléon, entraîné dans la campagne de France, ne songea plus à l'Université et le lycée ne fut pas ouvert. Poillon applaudit à la chute du régime impérial qui avait soumis les élèves à un appareil militaire
déplaisant et à une discipline trop rude, qui avait subjugué les professeurs et les avait frappés dans leurs traitements. Sous son inspiration, sa maison et la ville devinrent le centre d'un mouvement royaliste et
religieux. Il courut à Londres saluer Louis XVIII, s'exila pendant les Cent-Jours, et revint triomphalement reprendre son poste le 14 juillet 1815. Mais malgré ses efforts et lès garanties qu'il avait données au
régime nouveau, il ne put obtenir pour la maison d'éducation qu'il dirigeait le titre de collège royal. Joyez devenu principal en 1818 conserva au collège le caractère ultra que lui avait donné Poillon durant ses dernières années : la
Révolution de i83o l'obligea à disparaître. Aignant (183o-1835), brillant professeur, mauvais administrateur, ne sut pas garder à la maison son prestige : il laissa la discipline s'étioler et contribua ainsi à la prospérité
de l'établissement rival de Saint-Bertin. Cadart (1835-1853); accentua la décadence en exploitant le pensionnat pour gagner de l'argent. Faverot rétablit la discipline, repeupla la maison et atteignit en 1846,
le chiffre de 225 pensionnaires et de 179 externes. Dès le 11 juin 1845, le vieux collège communal audomarois était devenu collège royal. En devenant un fragment banal du grand tout universitaire, il perdait sa personnalité, sa physionomie propre et pittoresque. Son existence s'écoula officielle, correcte, uniforme ; il n'a plus
ou n'a guère d'histoire.
Sources : Delamotte et Lojsel * Les origines du lycée de SaintOmer. Histoire de l'ancien collège (1565-1845).
Pour résumer : le XVI ème siècle fut marqué par une guerre d'influence entre les Protestants et les Catholiques. En Flandre, le mouvement des iconoclastes, les briseurs d’images pieuses, s’arrête à Saint-Omer.
Des réformes religieuses aboutissent à la création de temples protestants. Pour résister, l'église catholique doit elle aussi se réformer. La Compagnie de Jésus (Jésuites),
fondée par Ignace de Loyola, y participe activement. Ainsi, Gérard d’Haméricourt, évêque de Saint-Omer, fit appel à des Jésuites de Wallonie pour fonder un collège dès 1566, car, dans cette lutte d'influence, former la jeunesse est un enjeu primordial.
Les Jésuites furent débordant d'activités, et pour accueillir toutes leurs innovations, un nouvel édifice fut mis en chantier de 1615 à 1640 sur les plans de Jean Du Blocq (1583-1656).
L’architecte de la Compagnie de Jésus réalisera une synthèse d’architecture, d’une part, en s’inspirant de l’architecture locale gothique, d'autre par en faisant la part belle au baroque.
Ainsi la nef de l’église à trois niveaux, est bordée par des contreforts entre lesquels se logent des chapelles latérales. L’ensemble est abrité par des voûtes à croisée d’ogives.
Le chœur composé de cinq pans, est encadré par deux tours monumentales. L’absence de transept favorise la diffusion du son.
L’usage de la pierre et de la brique donnent à l'édifice une élégante silhouette. Le portail s’inspire de l’architecte italien Serlio, auteur de traités sur l’architecture antique.
Ce renvoi à l’Antiquité s’exprime aussi dans le décor en pierre du monument. De grandes volutes ornent les contreforts et les extrémités de la façade.
A chaque niveau les pilastres portent des chapiteaux de style différent. Le portail en pierre bleue de Namur arbore colonnes cannelées et frontons enroulés.
Sur la base des colonnes encadrant la porte sont sculptées des têtes de lion. Au-dessus, la frise se compose de trois traits verticaux (triglyphes) et de bucranes (cranes de bœuf),
motif très en vogue dans l’Antiquité !
Dans le grand volume intérieur, un décor sculpté orne les murs de la nef. On remarquera la frise en latin illustrée d’images, qui servait de morale Chrétienne.
Entre l’expulsion des Jésuites en 1762 et le XXI ème siècle, l’église connait bien des vicissitudes, magasin de stockage, hôpital militaire, atelier de mécanique, garage automobile, salle de sports du lycée Ribot entre 1950 et 1965.
Cet imposant monument magnifiquement restauré en 2017 n'est plus dédié au culte mais sert de vitrine aux diverses manifestations culturelles de l'Audomarois.
Mais au début du XXI ème siècle une restauration d’envergure fut mise en oeuvre, et en 2017 la restauration achevée, elle a bénéficié de la mise en place d’un nouveau programme d’utilisation.
Sous l’égide de la Communauté d’Agglomération du Pays de Saint-Omer, c'est aujourd’hui un haut lieu de diffusion culturelle et artistique du territoire.
Prison de la motte castrale
Il existe à quelques mètres de la Cathédrale une butte fossile de sable landénien préservée de l’érosion, qui domine la ville de plus de 12 mètres.
Ce microrelief fut rehaussé par l’apport de remblai sur une hauteur de plusieurs mètres à certains endroits afin d’agrandir cette plateforme.
Cette butte artificielle de 40 ml de côté culmine à 27 ml NGF et domine la ville de 8 à 15 ml.
Le premier château fut construit sur ce promontoire. Puis cet édifice fut fortifié en pierres au X ème siècle. Il recevra au fil du temps, plusieurs affectations, mais finira en prison dès le XII ème siècle.
Au début du VII ème siècle ce bâtiment en bois servait d'abri à la population contre les envahisseurs Vikings. Consolidé en pierres par le premier comte de Boulogne "Aton" au VIII ème siècle,
il fut considérablement agrandi et consolidé au IX ème siècle par "Engischalk" du comté de Boulogne. Puis vers l’an mil, ses successeurs en font le siège de la châtellenie de Saint-Omer.
En 1070, lors de la bataille de Cassel contre les français, le comte Robert le Frison, fait prisonnier, y est enfermé, à cette époque les remparts sont en bois et en pierres et le donjon est en pierres.
A partir du XI ème siècle, ce type de château est dépassé, et "Lambert" le seigneur de Saint-Omer fait construire un véritable château fort en pierres beaucoup plus imposant à quelques centaines de mètres plus au Nord.
Au XII ème siècle le site devient la prison du baillage. Aux XVI ème - XVII ème siècles, il sera aménagé en terrasses pour recevoir les canons qui défendront la ville.
En 1762, le bâtiment est démoli et reconstruit en pierres pour devenir une prison militaire. La surface de ce nouveau bâtiment est trois fois moins importante que celle de l'ancien bâtiment.
Le nouveau bâtiment est construit sur le modèle des casernes de Vauban en brique et en pierre pour l’encadrement
des fenêtres. Il se compose de 3 niveaux de cellules desservies par des couloirs. Ceux du sous-sol et de l’étage sont accessibles depuis des escaliers partant du rez-de-chaussée.
On y accède par une cour aux murs hauts et fermée par un porche .
A l’angle de cette cour, le logement du garde permettait de surveiller l’accès unique au site. Le site reste en usage jusqu’à la fin du XIX ème siècle puis il est vendu à des particuliers.
Dans la région, c’est le seul ouvrage de ce type bâti sur une motte castrale qui ait été préservé !
La motte castrale est acquise par la ville de Saint-Omer en 2009, qui l'affecte à la culture.
Après une phase de restauration réalisée entre 2013 et 2014, elle est devenue un équipement à part entière de la Barcarolle-Spectacle vivant Audomarois.
Si les jardins entourant la motte sont le support de spectacles au cours de l’été, une résidence d’artistes est également établie à l’intérieur du bâtiment.
En parallèle, la visite des anciennes geôles est organisée par le Pays d’art et d’histoire.
L’abbaye Saint-Bertin
Durant la période du haut Moyen Age, la ville de Saint-Omer s'appelle encore « Sithieu » du nom de la villa Sithiu, édifices bâtis sur une butte calcaire surplombant un territoire marécageux et
peu hospitalier noyé par l'Aa.
Cette butte ou motte castrale est un promontoire circulaire de 6 000 m² qui culmine à 26 mètres d'hauteur (NGF), elle domine la ville de Saint-Omer d'une dizaine de mètres.
Cette butte est localisée dans la partie sud du castrum carolingien de Sithiu qui a été l’un des premiers noyaux de peuplement de la ville avec l’abbaye de Saint-Bertin située en contrebas à 700 ml à l'Est.
Selon certaines sources, on aurait découvert des traces d'occupation de la période romaine avec des ruines de ce qui aurait pu être une tour d'observation ainsi que les restes d'un temple !.
Ce territoire, bien que peu christianisé (car peu romanisé) était sous la protection de l'évêché de Thérouanne. Ce diocèse sera restauré en 630 sous le règne de Dagobert Ier.
C'est ce dernier qui donna le siège épiscopal à Audomar, un moine de l'abbaye de Luxeuil fondé par le moine irlandais Colomban au VI ème siècle..
Les terres de Sithiu appartenaient à un homme appelé Aldroald et il en fit don à l’évêché de Thérouanne vers 650, pour le salut de son âme ( il est réputé sans héritier et nouvellement converti ).
En l'an 634 Audomar confia la tâche d'évangéliser cette région encore païenne à trois de ses compatriotes de l'abbaye de Luxeuil, Mommelin, Ebertram et Bertin.
Ces 3 moines, comme Audomar, connaissent la langue tudesque des Saxons-Frisons et c'est une des raisons de leur nomination dans la région par le roi (à mettre également en relation avec la bonne réputation
du Colombanisme irlandais de l'époque).
Les 3 moines fondèrent rapidement un premier monastère sur la commune de l'actuelle Saint-Mommelin, le vetus monasterium ou vieux monastère avec une église dédié à Saint-Pierre et Saint-Paul
constructions achevées vers l'an 660.
Par manque d'effectifs, l’évêque de Thérouanne Audomar envoya Mommelin à Noyon pour y tenir l’Évêché et Ebertram devint abbé de l'abbaye de Saint-Quentin.
Vers l'an 661 Bertin, désormais seul, décida de fonder un nouveau monastère et, selon la légende, il se laissa porter par les flots et à l’emplacement ou son embarcation accosta, construisit son église.
Ainsi fut créée l'église Saint-Martin qui deviendra l'église Saint-Bertin ( l'église de l'abbaye basse ), cette église sera achevée vers l'an 684 et ses bâtiments conventuels seront terminés vers l'an 711.
En l'an 663 Audomar demandera qu'une autre église, dédiée à la vierge ( et qui deviendra Notre Dame ), soit édifiée sur la butte de Sithiu cette église sera complétement achevée vers l'an 692,
mais les bâtiments conventuels ne seront achevés que 30 ans plus tard.
En 663, l’évêque de Thérouanne mettra cette église sous la protection de Bertin. Il y eut donc, dès l'origine de la ville, un monastère haut et un monastère bas.
Audomar meurt en 670 et, selon ses dernières volontés, il est enterré dans l'église Notre Dame. Il recevra plus tard le nom d'Omer.
Canonisé rapidement sous le nom de Saint-Omer et l'Audomarois restera l'appellation de la région autour de la ville. Bertin, quant à lui, mourut à 99 ans en 709.
Egalement canonisé, il fut inhumé dans l'abbaye qui portera dès lors le nom d'abbaye de Saint-Bertin.
L'abbaye bénédictine semble rapidement avoir bénéficié d'une aura incontestable puisque c'est l'endroit qu'a choisi le premier roi de la dynastie carolingienne,
Pépin III dit le bref, pour y emprisonner le dernier roi de la dynastie mérovingienne Childéric III en 751 (ce dernier y décédera en 755).
Un siècle plus tard, le premier Comte de Flandre Baudouin Ier dit bras de fer, décide de prendre l'habit monacal à Saint-Bertin et à sa mort, s'y fera inhumer.
Ses descendants Baudoin II et III s'y feront également inhumer.
A l'instar d'abbayes comme Saint Vaast, Saint Amand, Saint Riquier ou Saint Bavon, l'abbaye de Saint-Bertin deviendra à l'époque Carolingienne une abbaye royale et une des plus influentes du Nord de l'Europe.
Afin d'organiser la vie en communauté, chaque monastère à partir du IV ème siècle, fixe son règlement, la règle. Vingt quatre règles sont connues mais deux seront principalement adoptées. Celle que saint Benoit, Benoit de Nursie, rédige pour son monastère du mont Cassin en Italie au milieu en 555, puis, à la fin du VI ème siècle, celle que saint Colomban donne à l’abbaye de Luxeuil. Ces 2 grandes règles coexistent jusqu’à ce que l’abbé Benoit d’Aniane, un aristocrate proche de l’Empereur Carolingien Louis le Pieux, obtienne en 817 la promulgation d’un capitulaire imposant la règle bénédictine réformée à tous les monastères. Elle encadre les devoirs et vertus des moines ainsi que les interdits et pénitences. Ses grands principes sont l’engagement à vie, l’obéissance, la chasteté, le retrait du monde, la vie commune, la pauvreté, ...
De la création à la fin de la période Carolingienne, 33 abbés se sont succédés pour diriger l'abbaye de Saint-Bertin. Deux grandes phases sont à retenir : Une première, se clôturant en 900, est marquée par l'autorité des abbés, dirigeant à la fois les moines et les chanoines et une deuxième voyant l'arrivée des Comtes de Flandre. Attiré par les revenus importants de l'abbaye, le Comte de Flandre Baudoin II dit le chauve demande en 892 la gestion de celle-ci à la mort de l'abbé Raoul. Les moines font opposition et demandent la nomination de leur ancien abbé devenu archevêque de Reims Foulque dit le vénérable, attribution qu'ils obtiennent. Le Comte de Flandre fera assassiner Foulque en 900 et malgré les menaces d'excommunication d'Hervé de Reims, successeur désigné de l'archevêque, le roi Charles le simple accorde l'abbaye à Baudoin II. Les Comtes de Flandre deviennent donc abbés laïcs de l'abbaye et bien qu'à partir d'Arnould Ier, la nomination de prévôts, chargés de s'occuper de la gestion abbatiale, paraissent changer la donne, il n'en est rien car le Comte continue d'exercer une forte influence sur la gestion de l'abbaye. La séparation entre le monastère haut et le monastère bas s'avère avec l'abbé Fridogise (820-833) qui s’inscrit dans le mouvement général de la réforme de l’église, menée sous l’impulsion du pouvoir Carolingien. Fridogise est un anglo-saxon qui a succédé à Alcuin en 804 en temps qu'abbé de Saint-Martin de Tours avant d'être nommé chef de la chancellerie impériale en 819 soit un an avant sa nomination en temps qu'abbé de Saint-Bertin. Le monastère bas, donc l'abbaye de Saint-Bertin, sera composé de moines alors que le monastère haut sera désormais composé de chanoines, l'église devenant ainsi une collégiale. Cependant, et à la différence des propos que peut tenir l'abbé Folquin en 962 (rejettant sur Fridogise tous les maux à venir suite à cette séparation), l'unité entre les 2 entités restera de mise durant la période Carolingienne pour se détériorer progressivement durant la période Romane. Cette « divisio » fut pratiquée dans beaucoup d'abbayes du IX ème siècle et consistait en une série d'aménagement des manses. Ses abbés successifs entretiendront des liens étroits avec les puissants leur conférant un rôle de premier plan dans la vie du royaume et permettant à l’abbaye d’acquérir un statut privilégié.
Lire la suite sur le site de la Commanderie Geoffroy de Saint-Omer
ICI
L'Abbaye Saint-Bertin était l’une des plus anciennes et des plus grandes dans le grand nord de la France. Elle connut un destin tragique pendant la Révolution.
La qualité de son architecture fut vantée par une multitude de visiteurs à travers les époques. Elle joua, tout au long de son histoire, un rôle politique primordial.
L’abbaye prospère tout au long du Moyen Age et jusqu’à la Révolution. A partir de 1792 ce monument est en grande partie démoli, par les révolutionnaires téléguidés par quelques artisans du bâtiment qui espèrent racheter les pierres taillées à vil prix.
Devant un tel saccage et afin de veiller à la sécutité de la population, les bâtiments des moines sont vendus à quelques artisans opportunistes qui s'empressent de les démanteler.
L’église est pillée et sa toiture déposée. La ville la rachète et la fait démonter par des artisans à partir des années 1830, soulevant l’indignation de grands auteurs dont Victor Hugo. Les pierres ne seront pas perdues pour tout le monde et de nombreuses maisons particulières et édifices seront construits avec elles.
Avant la guerre il ne reste plus que 10% du monument originel et suite aux bombardements la tour s'effondre à la plus grande joie des entrepreneurs en bâtiment.
En 2007, un parc paysager redonne la lecture d’une grande partie du site…
Les ruines de l’église gothique, seront classées Monument historique en 1840. Sa construction avait débuté au XIII ème siècle par le chœur.
L’abbé Gilbert, avait prévu un monument aussi imposant que la cathédrale d’Amiens soit 40 ml sous voûte ! Son successeur réduisit le projet de moitié.
Ce monument fesait tout de même 122 ml de long, 40 ml de large au transept et 25 ml de hauteur sous voûte.
La construction s’achèva au XVI ème siècle par la tour . Dans le transept sud se trouvait un labyrinthe en pavement noir et blanc.
Son dessin a été reproduit au quart à la croisée du transept de la cathédrale au XIX ème siècle.
L’abbatiale gothique a succédé à une église romane du XI ème siècle révélée par des fouilles menées au XIX ème siècle.
Le chœur était pavé d’une mosaïque dont le musée Sandelin possède encore de très beaux témoignages. En dessous, se trouvait une vaste crypte.
Le rôle politique de l’abbaye débute dès sa construction. C'est à Saint-Bertin que Pépin le Bref (chef du palais d'Austrasie) y
fera enfermer Childéric III,
le dernier roi Mérovingien en l'an 751. Childéric III y mourra en l'an 755.
Puis il y placera ses proches comme abbés. Après les invasions vikings, les comtes de Flandre s’emparent de l’abbaye au X ème siècle, plusieurs s’y feront inhumer.
Tout au long de son histoire, c’est à l’abbaye que logent les rois et princes de passage à Saint-Omer. Au XV ème siècle, l’abbé Guillaume Fillastre, un proche des ducs de Bourgogne,
fait construire un quartier des princes à cet effet. Philippe le Bon, François Ier et Louis XIV y séjourneront. Guillaume était aussi le chancelier de l’ordre de la Toison d’Or,
un ordre de chevalerie créé par Philippe le Bon. Plusieurs chapitres, de l’ordre auront lieu à Saint-Bertin.
Le palais épiscopal devenu palais de justice de Saint-Omer
Ancien palais épiscopal, ce monument refléte la puissance de l'église et la gloire du Roi.
Depuis le VII ème siècle et la nomination du moine Audomar (Omer) par le roi Dagobert Ier, la cité de Thérouanne est le siège d’un très puissant évêché.
En 1553, elle paie sa fidélité au royaume de France : Charles Quint, ne pouvant supporter cette enclave française en Pays-Bas espagnols, ordonne sa destruction.
La cathédrale et l’évêché de Thérouanne disparus, c’est la collégiale Notre-Dame de Saint-Omer qui est érigée en cathédrale en 1561.
Cette collégiale s’élève à l'emplacement d'une église fondée par saint Omer au VII ème siècle, elle est entourée au centre d'un enclos constitué par les bâtiments conventuels et les maisons des chanoines.
L’ancienne maison du prévôt des chanoines et certains bâtiments brûlèrent lors d'un incendie au XVIII ème siècle.
Il fut décidé de reconstruire immédiatement un ensemble plus moderne qui accueillerait entr'autres la demeure des évêques, cet ensemble prit le nom de palais épiscopal.
En 1677, Louis XIV rattache Saint-Omer au royaume de France. La francisation du territoire s’opère notamment par l’architecture : le style flamand est abandonné.
Les évêques, nommés par le roi, sont les garants du respect de l’art français. Le palais épiscopal est une illustration d'un classicisme Français.
L’évêque Mgr de la Baume de Suze en entreprend la construction, qui sera achevée en 1702 par son successeur Mgr de Vabelle.
Le palais est le reflet architectural de son temps c'est un l’hôtel particulier avec cour et jardin typique du XVIII ème siècle.
La symétrie est un trait de caractère de la façade, composée de deux niveaux : un soubassement en grès, et un étage plus noblement construit.
Un avant-corps est constitué par les travées centrales, les pilastres, les balustrades, les clefs des fenêtres sont des plus classiques.
Face au corps de logis, les communs (écuries, etc) avec un cadran solaire. L’emploi de la brique respecte la tradition architecturale locale.
La façade, sobre, est monumentale : il s’agit bien d’un palais, qui doit exprimer la puissance de l’Eglise.
C’est aussi un édifice à la gloire du roi, comme en atteste son fronton. Le roi soleil, qui guide son peuple, surplombe un globe terrestre et des cornes d’abondance.
La devise est conquérante : « nec pluribus impar », « je suffirai à tout ».
Ce monument est confisqué à la Révolution française. Il devient palais de justice en 1795.
Le hall d’entrée du palais de justice est un espace assez sombre, sans éclairage direct. Au rez-de-chaussée on y trouve des cellules aménagées pour les prévenus.
C’est à l’étage que justice est rendue. Entre les deux niveaux, un escalier constitue un parcours symbolique :
le prévenu passe de l’ombre, de sa faute, à la lumière, où est rendue la justice.
Au sommet de l'escalier, l’espace est éclairé par une verrière.
L’aménagement de style néoclassique (XIX ème siècle) est d’une sobriété remarquable : voûte avec caissons à fleurs, colonnes monumentales,…
Deux allégories, du sculpteur audomarois Louis Noël, représentent la Loi et la Justice.
De part et d’autre de la salle des pas perdus (où les avocats et leurs clients s'entretiennent une dernière fois avant d'entrer en salle d'audience), les anciennes salle à manger
et chapelle épiscopales ont été transformées respectivement en tribunal civil et en salle des assises. La salle à manger, donnant sur le jardin de l’évêque, a conservé des boiseries où sont représentés les arts.
La chapelle est un espace solennel, qui a conservé son chœur .
Ces deux salles sont réservées au code pénal, qui sanctionne les auteurs de crimes. Dans la seconde, la cour siège symboliquement dans le chœur de la chapelle.
Tout dans cet édifice fut calculé afin de placer l'individu face à sa condition de mortel misérable, aussi bien lors de sa création pour l'église que lors de sa nouvelle affectation pour la justice des hommes.
L'église paroissiale de l'Immaculée Conception
L'édifice actuel remplaça une modeste chapelle Sainte-Elisabeth qui datait du début du XVII ème siècle.
Cette nouvelle église plus vaste était réclamée par les paroissiens du Haut-Pont dès 1825, mais le projet n'aboutit qu'une génération plus tard. L'architecte lillois Charles Leroy en a exécuté les plans.
Les travaux furent exécutés par l'entreprise Loriaux de Saint-Omer.
La première pierre fut posée le 4 octobre 1854. L'édifice fut inauguré le 8 octobre 1859 sans être toutefois totalement achevé.
Un clocher en bois provisoire fut ajouté en 1865 (les cloches datent de 1866 et 1868), et la décoration intérieure ne fut terminée qu'en 1872 pour les peintures et 1879 pour le mobilier.
L'édifice, fut bombardé en 1917. Il fut restauré en 1925. La flèche actuelle, supportée par une charpente métallique produite par des fonderies locales, fut édifiée en 1935,
elle remplaça l'ancien clocher en bois, effondré en 1929.
La nef centrale de sept travées et à bas-côtés simples se termine à l'ouest par une tour porche. L'abside est à cinq pans, les absidioles sont semi-circulaires.
En élévation, les fenêtres hautes, de trois lancettes et de de hauteur limitée, sont comprises dans un cadre architectural comportant en-dessous deux arcades aveugles formant un triforium partiel.
L'abside s'ouvre par sept hautes lancettes posées sur une arcature basse aveugle continue.
La façade ouest prend lumière par trois grandes verrières, celle d'axe est largement proportionnée (une rose sous quatre lancettes) et s'ouvre dans une paroi aux profonds ébrasements.
Le portail, qui donne sous porche, s'anime de colonnettes aux ébrasements posant sur un soubassement haut.
Ce monument fut édifié en brique (murs intérieurs enduits), à l'exception des chaînage, des encadrements et des piliers, qui sont en pierre calcaire.
Le parement en pierre de la façade occidentale est plaqué sur une structure intérieure en brique. L'ensemble des voûtes en ogives est en plâtre sur lattis.
Le pavement est composé de dalles de marbre noir et blanc provenant des carrières de Basècles (Tournai).
Par mesure d'économie l'édifice ne fut pas fondé sur pieux comme le réclamait la topographie marécageuse de son emprise au sol.
Dès 1858 la structure se déforma, et de nos jours l'église s'enfonce dans le sol côté Ouest.
Elle était fermée depuis juin 2014, pour rénovation, mais le 01/04/2018 elle fut à nouveau ouverte au culte pour la plus grande joie des paroissiens. Les travaux ont coûté 4,8 millions d’euros, financés par la municipalité, l’État ayant participé à hauteur de 6 %.
L'hotel de ville encore appelé "moulin à café" et son théatre
Saint-Omer comme toutes les préfectures conserve les traces du néo-classicisme. Il suffit pour s'en convaincre de flâner dans la ville pour découvrir quelques beaux hôtels
particuliers de la fin du XVIII ème siècle (hôtel du bailliage, Grand Place, 1786 ** hôtel rue Saint-Bertin, n° 7 ** hôtel rue Allent n° 14).
Ce souffle néo-classique nous le retrouvons dans la salle de concert édifiée en 1834 place Saint-Jean et qui accueillit plus tard l'école de musique.
Il s'agit d'un édifice isolé d'environ quarante mètres sur trente, de structure simple. La médiocrité du matériau employé pour sa construction, aggravée par l'état de délabrement
où l'a conduit le manque d'entretien en font aujourd'hui une bâtisse rébarbative. Pourtant la façade apparaît bien composée avec son avant-corps percé de six grandes ouvertures cintrées et
couronné d'un imposant fronton amorti par une balustrade. Point d'élégance mais un ensemble de bonnes proportions, bien équilibré dans le jeu des pleins
et des vides ; le type même de ces bâtiments dont la province française offre tant d'exemples sous la Monarchie de Juillet, théâtres, salles de musique, académies, mairies, qui parent de solennité modeste les activités culturelles
ou administratives qu'ils abritent.
C'est à la même époque que la ville s'est dotée de son plus grand monument, l'imposant hôtel de ville de style néo-classique qui se dresse
encore aujourd'hui sur la Grand-Place. Cette construction a été l'aboutissement de décennies de tergiversations, de résolutions prises et abandonnées sur la question de savoir comment
remplacer les antiques et vétustés bâtiments où depuis le Moyen Age, et au prix d'incessants remaniements et restaurations, se réunissait l'échevinage.
Ce monument n'a longtemps suscité que moqueries et mépris.
La population ne lui ayant pas pardonné d'avoir remplacé un édifice ancien, faisant partie de la mèmoire collective. S'il est vrai que la disparition de l'ancien hôtel de ville
fut dommageable, comme l'est celle de tout témoin du passé, il ne faut pas pour autant se dissimuler que les siècles l'avaient bien dégradé et
qu'il présentait au XIX ème siècle plus de pittoresque que de magnificence. Toujours est-il que ce monument n'a
trouvé grâce ni auprès des historiens locaux ni auprès des habitants. Ce monument reçu le nom de moulin à café.
C'est un architecte parisien de renom, Pierre-Bernard Lefranc, qui en a dessiné les plans et en a suivi la construction à partir de 1834. Une gravure
de 1830 (musée Sandelin, n° 8162) nous restitue le premier projet de l'architecte. De chaque côté du corps central se développent deux travées et
non pas une seule comme aujourd'hui. La composition apparaît donc plus allongée et par là moins massive, le bâtiment y gagne en élégance. Quatre
statues et un groupe sculpté animent le long entablement couronnant l'édifice. Ce monument est un carré de trente-six mètres de côté. La façade
ouest sur la Grand-Place s'orne de trois grandes arcades de plein cintre qui constituent l'entrée principale donnant accès à un vestibule ample et
lumineux d'où partent à gauche et à droite deux escaliers monumentaux. La caractéristique de ce plan est d'offrir en son centre un très vaste espace carré
de quinze mètres de côté relié aux deux façades latérales par deux larges passages voûtés. Cet espace central est couvert de voûtes d'arêtes retombant
sur quatre puissantes piles centrales. Il permet la libre circulation du public, qui emprunte ce passage pour se rendre de part et d'autre du vaste hall. Il constitue
une sorte de forum où des groupes importants pouvaient se réunir lors de manifestations publiques.
En élévation le bâtiment présente deux étages d'égale hauteur séparés par un large bandeau. Au sommet trône une frise dorique surmontée d'une corniche et d'un muret. Ces deux horizontales soutenues,
bandeau et entablement, caractérisent un monument massif et lourd, les verticales de l'étage ne jouant qu'un rôle secondaire dans la composition générale.
Et en effet l'impression dominante est de puissance et de stabilité plus que d'élégance. La raison en est que l'élément sur lequel est basée la composition est le carré.
On observe en effet que les parties latérales de chaque façade (en léger déport) sont constituées de deux carrés superposés. Et c'est encore un carré que forme la partie centrale, la hauteur des deux étages
étant égale à la largeur de cette partie. Sur les quatre faces le rez-de-chaussée présente un appareillage de pierres en bossage, contrastant avec l'appareillage lisse de l'étage.
Cette différence de traitement fait apparaître le rez-de-chaussée comme un socle destiné à mettre l'étage en valeur. C'est à l'étage en effet qu'est réservée la décoration, d'ailleurs très sobre, de la façade principale :
colonnes, balustres et frise. Les dix colonnes apparentent l'édifice aux palais classiques et les dix immenses baies cintrées s'ouvrant sur chaque façade renforcent cette impression.
Qu'on considère isolément les deux extrémités de la façade principale à l'étage : chacune d'elles constitue une sorte d'arc de triomphe dont l'arche serait occupée ici par la grande baie ; colonnes accouplées de chaque côté
soutenant un entablement à frise dorique, c'est exactement le dessin de nombre d'arcs de triomphe ou de portes monumentales du XVII ème ou du XVIII ème siècle.
Quant aux façades latérales (sud et nord), plus sobres (deux colonnes au lieu de dix) elles permettent de renforcer
l'effet des grands nus des deux ailes et la partie centrale offre à l'étage une parfaite clarté, avec une mouluration vigoureuse et trois
belles fenêtres thermales. La majesté contenue prend là un accent plus fort, une tension qu'ignore la façade principale, plus ostentatoire.
La décoration intérieure est sobre elle aussi. Partout la pierre apparaît, sa teinte claire ajoutant encore à la clarté répandue à profusion par les grandes baies.
Le dessin de l'escalier monumental ne manque pas de noblesse dans sa simplicité. Les grandes colonnes du palier suggèrent sans emphase une architecture de palais et concourent à l'effet d'ampleur.
Caché au sein de l’Hôtel de ville, le petit théâtre se veut discret, construit par l’architecte Pierre Bernard Lefranc, ses caractéristiques sont celles d'un théâtre apparu
à l'italienne du XVII ème siècle : parterre affecté au public populaire et loges réservées aux classes aisées. La scène au plancher incliné, les décors, fixe et mobile, et la machinerie invisible pour
les spectateurs suivent les préconisations de Nicolas Sabbatini.
A la différence qu’en France et notamment dans notre théâtre audomarois, chaque loge est construite en retrait de la loge inférieure, créant un ensemble harmonieux qui met en valeur le plafond richement décoré
et orné d’un grand lustre. Les couleurs, les sculptures et peintures en trompe l’œil participent à l’enchantement qui se dégage de l’ensemble.
Si vous obtenez l'autorisation vous pourrez admirer la cage de scène où se trouve la machinerie (un bijou de technicité).
Les murs sont en grande partie constitués de vases en terre cuite noyés dans les maçonneries pour renforcer l'acoustique.
Lors de l’inauguration du théâtre, le 18 octobre 1840, furent joués un opéra, « Le domino noir », et un vaudeville, « Aîné et cadette», rapidement suivis de nombreuses pièces.
Le théâtre fermé au public pour des raisons de sécurité depuis 1973 est aujourd'hui réhabilité. Ce théâtre à l’italienne fut inauguré le 22 septembre 2018 par un concert de La Belle Saison avec l’Octuor de Franz Schubert.