enclos de la Cathédrale de Saint-Omer en 1789
description de l'enclos de la Cathédrale de Saint-Omer en 1789


Les abords de la Cathédrale Notre-Dame

Au VII ème siècle, les marches septentrionales du royaume des Francs sont encore peu christianisées. Pour les amener dans le giron de l’Eglise, les rois mérovingiens, en particulier Dagobert Ier, décident d’y envoyer plusieurs évêques évangélisateurs. Parmi eux figure Omer, moine de Luxeuil né dans le Cotentin, qui reçoit l’évêché le plus au nord de la Gaule, celui de Thérouanne. Les étapes de sa mission restent difficiles à reconstituer mais, si l’on en croit la plus ancienne version de sa Vita rédigée au début du IX ème siècle, elle aboutit assez tôt à la conversion d’un certain Adroald qui lui fait don d’une de ses possessions appelée Sithiu, sur les hauteurs de laquelle Omer décide de construire une église dédiée à la Vierge. Mais l’action de l’évêque ne s’arrête pas là : rapidement rejoint par trois moines, Momelin, Ebertram et Bertin, il les aide à fonder non loin de là, sur les rives de l’Aa, un monastère dédié aux apôtres Pierre et Paul. C’est d’ailleurs à Bertin devenu abbé de ce monastère, qu’en 662 peu avant sa mort, Omer confie la petite église qu’il avait autrefois construite et où il choisit de se faire inhumer : il donne ainsi naissance au monastère double de Sithiu, constitué d’une partie haute, l’église de la Vierge, et d’une partie basse, l’abbaye de Saint-Pierre et de Saint-Paul. Rapidement, la première prend également le nom de Saint-Omer, la seconde, celui de Saint-Bertin. Tout comme les abbayes de Gand, Saint-Amand et Saint-Vaast, celle de Sithiu était devenue une abbaye royale à l’époque carolingienne. Cette unité est rompue dans les années 820 lorsqu’arrive un abbé anglo-saxon du nom de Fridugise : décidant d’appliquer à Sithiu la réforme de l’Eglise voulue par l’empereur Louis le Pieux, celui-ci divise l’abbaye entre une communauté de 60 moines, en bas, et une communauté de 30 chanoines, en haut. C’est à la fois l’acte de naissance de l’abbaye de Saint-Bertin et celui de la collégiale de Saint-Omer. Mais, bien que séparées, les deux institutions ne se tournent pas pour autant le dos et continuent d’entretenir des relations fortes. Il faut attendre le XIe siècle pour que cet équilibre se rompe les relations s’enveniment véritablement en 1050, lorsque les moines de Saint-Bertin prétendent posséder certaines reliques de saint Omer, au détriment de leurs voisins d’en haut. Moines et chanoines ne cesseront plus de s’affronter régulièrement…
La collégiale est alors devenue un établissement particulièrement riche, disposant d’importantes possessions, situées essentiellement le long de la vallée de l’Aa mais également en Flandre, en Picardie et même en Allemagne. La fonction de prévôt, chef de la collégiale, est quant à elle particulièrement convoitée : au cours du Moyen-âge, elle est successivement occupée par des proches des comtes de Flandre, du pape puis des ducs de Bourgogne.

Histoire de l'enclos

Dans un enclos (« claustrum » a donné « cloître, clôture »), pour être séparé de l’environnement laïc. Clôture fortifiée pour abriter l'église contre les les invasions Normandes et Vikings. A partir de 1241, Robert I comte d’Artois, autorise la fermeture totale de l’enclos pour permettre aux chanoines de se rendre à l’office de nuit sans risque. Une trentaine de maisons, édifiées pour remplacer le dortoir, portaient des noms de saints ou des noms comme L’Etoile, Le Purgatoire, La Rose. L’enclos délimite ainsi la juridiction du chapitre. Au Nord se trouvaient la salle du chapitre, le cloître, la bibliothèque, le logement du greffier du chapitre 1686, les logements du suisse, du clochemant ou sonneur 1785, un puits dit de Saint-Omer … La salle du chapitre construite en 1619, abritait à l'étage la bibliothèque. Le cloître était formé d’une galerie voûtée qui entourait le cimetière canonial, il communiquait avec l’église. La maîtrise était le local dans lequel étaient logés et instruits les enfants de chœur : ils étaient une douzaine, dirigés par un maître de chapelle. On leur enseignait l’écriture, la lecture, le plain-chant et la musique. S’ils étaient doués, on leur faisait continuer leurs études.


L’enclos canonial de sa création à nos jours

Cet enclos était constitué par les bâtiments conventuels (ou communs) et les maisons individuelles des chanoines. Les cinq accès étaient marqués à l’entrée de l’enclos par des portes fermées la nuit. Les bâtiments conventuels (bibliothèque,salle du chapitre…) étaient répartis autour d’un cloître, une galerie de circulation carrée située à l’extrémité du transept nord de la collégiale. En grande partie détruit à la Révolution, il en subsiste toutefois un pan de mur en pierre dissimulé sous la végétation.
A la Révolution française, les chanoines sont chassés. Une grande partie des bâtiments canoniaux sont détruits. En 1830, M. Taffin de Givenchy acquiert auprès de la fabrique le terrain de l’ancien cloître attenant à sa maison. Il rachète en 1834 à la ville le préau canonial et ses dépendances utilisés jusque là comme école et qui seront détruits pour édifier une maison. Le palais épiscopal devient tribunal en 1795 puis cour d’assises du Pas-de-Calais. Il subit des modifications comme le couvrement de la cour intérieure et la suppression de la liaison avec la cathédrale. Les maisons de chanoines sont vendues à des particuliers comme biens nationaux. Beaucoup d’entre-elles disparaissent, frappées notamment par le plan général d’alignement des façades de 1828 qui s’applique aussi à l’enclos et en modifie le tracé médiéval (pour la construction de l’école Notre-Dame, par exemple). De son côté, la municipalité adopte en 1866 un plan d’isolement de la cathédrale côté nord afin d’obtenir des crédits pour sa restauration. A l’expropriation sur une largeur de huit mètres, s’ajoute la destruction des derniers bâtiments attenants, dont la chapelle Sainte-Suzanne du XIII ème siècle, chapelle funéraire de Pierre III, onzième prévôt. Seul le tribunal y échappe.


Description de l'enclos : Emmanel WALLET en 1839

Pour accéder à la chapelle sainte Suzanne au repère 17 cliquez ICI
( Voir la vue en plan de cette description sur le croquis plus haut à gauche )

1. Eglise cathédrale.
2 , 3 , 4 , 5 et 6. Portes de l'enclos. On ne saurait préciser exactement l'époque, où cet enclos fut pour la première fois entouré de murailles mais on trouve, en février 1241, des lettres patentes de Robert Ier, comte d'Artois, qui en autorisent la fermeture, sous toutes réserves de droit, y est-il dit, pour lui et ses successeurs.Cette enclôture, sans doute, n'eut d'autre objet que de donner à la surveillance une facilité plus grande d'exercice, et aux privilèges, comme à la juridiction du chapitre, une délimitation plus précise.
7. Palais épiscopal et ses dépendances. Ce palais, demeure des anciens prévôts, et plus tard des évêques de Saint-Omer, n'était qu'une habitation assez chétive et délabrée , lorsqu'en 1677 et 1680, Louis XIV, victorieux, y vint successivement loger et cette dernière fois même, accompagné de sa famille et de son épouse. Tristan de Suzc, alors évêque, mit à profit l'arrivée du monarque pour en obtenir l'autorisation d'emprunter 20 000 livres, afin de restaurer cet édifice, et de le mettre, au dire de Deneuville, dans un état plus convenable. Il fit construire en effet la partie qui prend jour sur le jardin mais les fonds manquèrent bientôt, et Alphonse de Valbelle, qui lui avait succédé en 1684, pût à peine achever le travail commencé. Plus tard cependant, il se remit à l'oeuvre, et voulant donner à son palais un aspect plus monumental, il fit élever, vers 1701, d'après les conseils d'habiles architectes et de Mansard principalement, le grand corps de logis actuel. Quant à la cour qui le précède, et qui n'était auparavant, à ce que semble indiquer le plan de 1695, qu'une espèce de basse-cour, elle fut décorée d'une porte d'entrée et de bâtimens nouveaux, ainsi que d'une fontaine. Ces diverses constructions portent toutes le cachet de leur auteur et de leur époque. La révolution a depuis enlevé cet édifice à son ancienne destination et après avoir servi à divers usages, il est devenu, comme nous l'avons dit, le siège d'un tribunal civil, ainsi que d'une Cour d'Assises.
8. Cloîtres : formés d'une galérie voûtée qui entourait carrément l'ancien cimetière canonial. Cette galerie communiquait également avec l'église par portail de la nef transversale de gauche, et servait parfois au parcours des processions.
9. Écoles des frères de la doctrine chrétienne : Partie de bâtiments, abandonnée à ces élèves de Lasalle, pour y établir une de leurs écoles, dont ils firent l'ouverture le 11 novembre 1720.
10. Salle du Chapitre, Cette construction date, comme la précédente, de 1619, et forme le rez-de-chaussée, au-dessus duquel était la bibliothèque.
11. Logement du greffier du chapitre : bâti en 1686.
12. Ancien cabaret dit du Chapitre : supprimé quelques années avant la révolution.
13. Divers logements d'employés : tels que ceux du suisse, du clochemant ou sonneur, etc, bâtis en 1785.
14. Maîtrise : Local, dans lequel étaient logés et instruits les enfans de choeur.
15. Puits dit de Saint-Omer. Nous en ignorons l'origine. Son nom lui vient peut-être de sa proximité avec la porte, dont il est ci-après parlé.
16. Porte dite de Saint-Omer, à raison sans doute de la statue du saint évèque qui la décorait.
17. Chapelle Sainte Suzanne aux Cloitres, bâtie de 1236 à 1256 par le prévôt Pierre, connu sous le titre de cardinal de Sainte Suzanne, et qui y fut inhumé. Elle a de plus été témoin du sacre d'Eustache de Croy, et en 1619 de l'exorcisme de deux jeunes filles, dont la guérison même, après huit jours de labeurs, ne put être opérée que sur la tombe du bienheureux Bernard-le-Pénitent, en l'abbaye de Saint-Bertin. Cette chapelle servait de vestiaire aux Chapelains et Vicaires. Rasée en 1867 lors des travaux d'isolement de la Cathédrale, il reste devant son entrée dans la Cathédrale une grande pierre bleue sur laquelle se dessine en relief et en pied une silhouette de femme, autour de laquelle apparait une inscription à demi effacée qui laisse apercevoir encore ces mots : Seigneur de MATRINGHEM. il est probable que cette pierre soit la tombe de Dame Boubers, qu'elle était jadis dans l'enceinte de cette chapelle, et qu'elle en fut déplacée. Donc, dans la Cathédrale devant la porte murée de cette chapelle s'offrent à vos pieds la pierre bleue des deux Abbés WALLART, vicaires morts l'un en 1735 et l'autre en 1776 puis la petite dalle de Philippe DEWÉE, prêtre sacristain, chargé des clercs dits écotiers, décédé en 1661, celle du chanoine Louis PIERLAMPS mort en 1462, celle d'Agnés de BOUBERS, dame de MATRINGHEM, grande bienfaitrice de l'église. On Y voit sur une large pierre bleue une femme vétue d'un ample manteau et les mains jointes sur la poitrine. Six écussons mutilés l'encadrent, l'inscription en minuscule gothique n'est plus complète.



cathédrale de Saint-Omer, à gauche fenetre de la cellules des recluses dans la chapelle Saint-Martin
Cathédrale de Saint-Omer porte de la chapelle Sainte Suzanne détruite en 1789
Cathédrale de Saint-Omer  coté est vue du palais épiscopal
cathédrale de Saint-Omer  Portail ouest

Cathédrale de Saint-Omer portail nord


Photographe

Montage & Photographies Les Amis de la Cathédrale

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