Hugues de Payns, fondateur et premier grand maitre de l'Ordre du Temple

Origines très controversées d'Hugues de Payns

A ce jour personne n'est capable de fournir le début d'une preuve concernant le lieu et la date de sa naissance, certains le disent natif
- de Bretagne,

- d'autres d'Ardéche, pour Michel des Chaliards Hugues de Payns serait né en 1070 au château de Mahun, en Vivarais. Cette hypothèse se retrouve dans la Revue du Vivarais, tome LXXXVI n° 2 d'avril - juin 1982, qui cite page 125, une référence à Hugues de Pagan, « originaire du Vivarais, d'un château près de Vérines, prieuré dépendant de celui de Macheville » , d'après le Père Odon de Gissey, Histoire de Notre-Dame du Puy, 1644. Le lien est fait avec le château de Mahun, commune de St-Symphorien-de-Mahun. Il est fait mention d'Aymon Ier, qui serait le grand-père d'Hugues de Pagan. Diverses références aux armoiries sont alors données (article de F. Malartre). Ainsi : Anno milleimo centesimo trigesimo, Hugo de Paganis, vivariensi, primo militiæ Templi magistro…, de Polycarpe de la Rivière : Carpentras, Biblothéque municipale, ms 515, page 679. )

- d'autres encore de Flandre ( voir le dernier chapitre ci-dessous ),

- les plus nombreux enfin ont adopté la "Doxa" qui le déclare natif de Champagne près de la ville de Troyes, à Payns.

Le problème est que personne à ce jour n'a été capable d'accréditer cette thèse ( natif de Champagne à Payns ) par la moindre petite preuve.


Hugues de Payns un homme énigmatique



Du XV au XX ème siècle plus de 50 orthographes différentes ( Païens, Payen, Payens, Peanz, Painz, Pahans, Pedaneis, Paienz, Paaent , Pedannus, Pedannis, Paencio, Paganis, Peantio, Paanz, Painis, Pedano, Pedans, Pedaneis, Pedennagio, Paens, Paianis, Payns, Paieno… etc ) seront utilisées pour nommer ce personnage dans les ouvrages consacrés aux Templiers ou dans ceux dédiés au templarisme ou au néo-templarisme.


Durant cette même période, tous les historiens qui travailleront sur le moyen-âge central et sur la première croisade, nommeront invariablement ce personnage "Hugues des Païens" co-fondateur du Temple dans leurs ouvrages, conformément aux chroniques de Foucher de Chartres ( qui participa à la grande pérégrination ) et aux premiers narrateurs de la grande croisade.




Étymologie du mot 'PAYNS'

Alors, factuellement, intéressons nous au nom propre 'PAYNS' :
La première trace officielle mentionnant la zone géographique du village de "Payns" ( que nous connaissons aujourd'hui dans le département de l'Aube ) remonterait à l'an 887, ou il serait précisé sur une charte la vente par Hildemar à Arrémar d'une maison appelée " villa Pendennagio ", il convient néanmoins d'utiliser le conditionnel pour citer cette charte car l'interprétation du texte de ce parchemin est pour le moins sujet à controverses.
Ce nom "PAYNS" utilisé pour désigner l'endroit de la " villa Pendennagio " n'apparaitra dans les écrits officiels du royaume qu'au début du XVI ème siècle. C'est pour cette raison que le nom de Payns ne pouvait pas être cité dans les écrits des premiers narrateurs de la grande croisade, le nom écrit par Foucher de Chartres, par Guillaume de Tyr, et par l'anonyme rédacteur dans ses Gesta Francorum est : "Hugues des Païens". Il convient encore de savoir que Foucher de Chartres restera à Jérusalem jusqu'à sa mort en 1127. Il consignera dans son journal chaque jour, jusqu'à sa mort, les événements survenus dans les Etats Latins .
Tous les historiens se serviront de son journal pour écrire leurs ouvrages concernant les Etats Latins entre 1145 et 1245.
Jamais le nom de "PAYNS" n'est utilisé dans ces écrits, les noms utilisés pour les deux fondateurs du Temple sont "Hugues des Païens" et "Geoffroy de Saint-Omer". Ce nom "PAYNS" est apparu comme par miracle en début d'année 1804 dans la littérature traitant du Templarisme , sujet devenu très à la mode et encouragé par Napoléon Bonaparte, pour une raison politique. En effet, Napoléon Bonaparte a favorisé l'essor de ce mouvement Templariste afin de disposer d'un nouveau réseau d'individus sur lequel il pourrait s'appuyer pour consolider son pouvoir d'Empereur.

Biographie d'Hugues de Payns officialisée en 1804 sans aucune preuve, par les Templaristes.

En France, la légende officielle ( apparue pour la première fois en 1804 ) retenue pour sa biographie, mais jamais prouvée par le moindre écrit est donc la suivante si l'on doit croire Wikipédia :
Hugues II de Payns vivait en Champagne pendant la première période de sa vie. La date exacte de sa naissance est inconnue, mais on peut la situer entre 1070 et 1080 ( remarquez ici la précision ! ). C'est en l'année 1100, et en qualité de témoin, qu'il aurait apposé sa signature sur deux chartes de Hugues de Troyes, Comte de Champagne ( à la connaissance des historiens ces documents n'existent pas !! ). Il est probable que Hugues de Payns, fut vassal d'Hugues de Troyes, proche de la famille comtale, puisque fils d'un des vassaux ( le seigneur de Montigny ) de celle-ci ( ici nous abordons le domaine de la probabilité, c'est à dire selon la définition du dictionnaire : qui n'est pas absurde, mais qui n'est pas prouvé ! ). En 1095, le pape Urbain II, lors du concile de Clermont, déclenche le mouvement de reconquista au Proche-Orient. C'est le départ massif de la première croisade le 15 Aout 1096 qui s'achèvera le 15 Juillet 1099 à Jérusalem lors de la victoire par les croisés sur les musulmans. Hugues de Payns n'y participa point ✅ , car il était encore à la cour du Comte de Champagne. C'est bien plus tard, en 1104, qu'il aurait accompagné son suzerain Hugues de Champagne en Terre sainte, où il y aurait séjourné pendant trois ans. De retour chez lui en 1107, Hugues de Payns se serait vu confier le domaine de Payns, celui de ses ancêtres ( maintenant nous sommes dans une dérive historique, car si ce domaine était véritablement le sien en 1107, il l'était également en l'an 1100 et avant, et, si tel était le cas, il y aurait des preuves écrites de sa filiation !! ), par son suzerain. Il aurait épousé l'année suivante (1108) une jeune fille noble du Sud de la Champagne, Élisabeth de Chappes. Ils auraient eu quatre enfants nés entre 1108 et 1114. En 1113, Hugues de Payns ✅ aurait signé une charte de donation du Comte de Champagne. Le document porterait l'inscription suivante : « Hugo, dominus (seigneur) de Peanz » ( à la connaissance des historiens ce document n'existe pas !! ). En 1115, il serait retourné en Terre sainte avec Hugues de Champagne, mais cette fois-ci, il s'y serait installé définitivement. On peut considérer que sa femme serait décédée entre 1113 et 1114 ( encore des considérations !! ). A ce stade de la légende, et selon wikipédia, Hugues de Payns aurait 4 enfants agés de 1 à 6 ans en 1114, et il serait veuf. Il aurait abandonné ses enfants pour suivre Hugues de Champagne qui partait en pélerinage à Jérusalem en 1115 !

Toujours selon Wikipédia :
Hugues de Payns dirigea l'ordre du Temple pendant près de vingt ans, jusqu'à sa mort en Terre sainte en 1136. Les derniers actes l'évoquant datent de 1133 et 1134, et les chroniques consignent sa mort en 1136. Les circonstances de sa mort, curieusement, ne sont pas connues. Il était âgé d'environ 56 à 66 ans. Un obituaire de la commanderie de Reims indique que les Templiers célébraient sa mémoire le 24 mai, mais rien ne prouve qu'il s'agit de la date précise de sa mort ( remarquez encore la précision de toutes ces affirmations ! ).

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Voila donc pour la légende de la filiation d'Hugues de Payns, qui le voudrait natif de Champagne, et qui serait arrivé à Jérusalem en 1115, sans aucun document à ce jour produit pour accréditer cette thèse !

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Ce que retiennent les historiens au sujet de cette thèse

Les historiens modernes acceptent la doxa arrêtée au début du XIX ème siècle, sans trop s'y attarder car il semble que le sujet soit très scabreux. Ils notent toutefois que d'autres hypothèses existent concernant la date et le lieu de naissance de ce Hugues de Payns.

C'est le minimum qu'ils puissent faire car, ni dans les chroniques de Foucher de Chartres ( présent lors de la première croisade et chapelain de Baudouin 1er qui tiendra son journal quotidien jusqu'à sa mort en 1127 à Jérusalem ), de Guillaume de Tyr, ni dans les récits de tous les autres narrateurs de la première croisade, le nom "Hugues de Payns" y est écrit, par contre, ils écrivent tous le nom "Hugues des Paiens", associé à celui de "Geoffroy de Saint-Omer". C'est étonnant car lorsqu'ils narraient des récits sur la vie des personnages importants ces chroniqueurs étaient très précis dans la retranscription de leurs noms !
Pour nous, membres de la commanderie Geoffroy de Saint-Omer et adeptes du factuel, nous accordons tout le crédit que méritent les récits de Foucher de Chartres ( qui restera à Jérusalem jusqu'à sa mort en 1127 et qui tiendra son journal jusqu'à cette date ), de Guillaume de Tyr, d'Albert d'Aix et des autres, qui nommèrent les deux fondateurs du Temple, comme suit : Hugues des Paiens et Geoffroy de Saint-Omer.



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sources :
Dans tous les récits des chroniqueurs seuls deux chevaliers sont mentionnés comme fondateurs de l'Ordre : Geoffroy de Saint-Omer et Hugues des Païens.

   Récits de quatre participants à la croisade : Foucher de Chartres, Raymond d’Aguilers, Pierre Tudebode et l’anonyme rédacteur des Gesta Francorum.
   Récits de trois autres clerc qui n’ont pas participé à l’expédition mais qui ont reçu des informations de première main : Baudri de Bourgueil (ou de Dol), Robert le Moine, et Guibert de Nogent.
   Récits d'Albert d’Aix, dont les historiens modernes ont découvert un peu tardivement l’importance. Chancelier et gardien de l'église d'Aix-la-Chapelle, il rédigea entre 1125 et 1150 une importante chronique sur la première croisade et les États latins d'Orient jusqu’en 1121, intitulée "Liber Christianæ expeditionis pro ereptione, emundatione, restitutione sanctæ Hierosolymitanæ ecclesiæ", en douze livres (les six premiers portant sur la première croisade elle-même).
   Au XIII ème siècle Jacques de Vitry historien et Archevéque d'Acre relatera lui aussi les évenements qui se déroulérent au Proche Orient sans contredire Guillaume de Tyr ( éditions Robert Burchard Constantijn Huygens, E. J. Brill 1960 | rapports de croisades ).
   Plus tard Ernoul (Ecuyer de Balian d'Ibelin) écrira également des chroniques Templières dans la continuité de celles de Guillame de Tyr ( Chronique d'Ernoul et de Bernard le Trésorier, éditéd par L. de Mas-Latrie pour la Société de l'histoire de France, Paris, 1871 ).
   Michel le Syrien (Chrétien Syrien) relata également l'histoire des Templiers et des Etats Latins à la fin du XII ème siècle sans démentir non plus Guillaume de Tyr ( Chronique de Michel le Syrien, traduction française (tomes 1 à 3) et texte syriaque (tome 4) par J-B Chabot, 4 volumes, Pierre Leroux editeur, Paris 1899-1901-1905-1910 ).


Légende apparue avec la naissance du premier Empire

Ainsi donc, dès 1804 les écrivains spécialisés dans le Templarisme ( littérature devenue très à la mode, encouragée et soutenue par l'empereur Napoleon Bonaparte ) décidèrent de changer le nom du fondateur de l'Ordre ( Hugues des Païens ) en Hugues de Payns. Ces écrivains établirent à cet effet des biographies ( fausses ) d'Hugues de Payns destinées à conforter le mythe ainsi créé.

Circulez il n'y a rien à voir !

Rien à voir vraiment ?

Nous nous permettons d'en douter !


Vous savez que Geoffroy de Saint-Omer avait des frères partis comme lui lors de la première croisade dans l'armée de Godefroy de Bouillon . L'un d'eux s'appelait Hugues, et en Flandre tout le monde le surnommait Hugues le Païen, depuis qu'il avait perdu sa mère en l'an 1091. Il semble que ce garçon ne supportait pas ce lourd fardeau et que son comportement en était affecté au point que la population lui donna le surnom de "Païen". Avouez qu'il y a là, pour le moins, matière à réflexion !
Il se peut donc fort bien que ces deux Hugues ne soient qu'une seule et même personne, que ce Hugues de Payns soit Hugues des Païens. Cette hypothèse est crédible car par exemple sur le sceau des Templiers>, nous voyons 2 cavaliers sur un même cheval, ce qui a généré une multitude d’interprétations différentes à propos de la symbolique de ce sceau. Par exemple, une légende contemporaine avance que ce symbole représente la pauvreté de l'ordre à son origine, et que les templiers devaient partager un cheval pour deux hommes !! Cette hypothèse est peu vraisemblable car les articles 33 & 34 de la règle de l'Ordre sont précis, ils définissent que le Templier doit avoir au moins 1 cheval et 1 écuyer, la règle préconise d’ailleurs qu’il est préférable que le Templier possède trois chevaux. Cette règle est donc en contradiction avec l'emblème des Templiers ( représentant 2 cavaliers sur un même cheval ! ), cet emblème est pour l'époque peu banal, incongru, voire invraisemblable car contraire а la règle mais surtout contraire aux convenances de l'époque.
Nous avons une autre explication concernant le symbolisme de ce sceau .
Nous pensons que Hugues des Païens n’est pas cet homme venu de Champagne dont le nom fut très tardivement ( 1804 ) changé en « Hugues de Payns », et pour qui personne n’a jamais pu produire la moindre preuve de sa naissance en Champagne. Nous pensons que Hugues des Païens ( cité tel quel par Guillaume de Tyr, Foucher de Chartres présent lors de la grande croisade aux cotés de Baudoin de Boulogne, puis par tous les autres narrateurs ) était le frère de Geoffroy de Saint-Omer que tout le monde appelait « Hugues le Païen ». Sous ces auspices, toutes les hypothèses émises depuis des siècles pour expliciter le symbolisme de ce sceau deviennent caduques. Si nous avons raison, l'explication de la symbolique de ce sceau devient très claire, et cet emblème aurait été adopté en l'honneur des deux fondateurs de l'Ordre Hugues le Païen de Saint-Omer et Geoffroy de Saint-Omer son frère, et, comme ces deux chevaliers étaient frères de sang, la moralité n’en souffrait pas.


Un peu de bon sens pour conclure ce chapitre consacré à Hugues de Payns

   Si l'on en croit donc la légende, Hugues de Payns serait arrivé en 1115 à Jérusalem, et c'est lui qui à peine arrivé en terre Sainte, aurait pris l'initiative de créer l'Ordre du Temple ( rien de moins ! ).

   Factuellement, en 1115 Geoffroy de Saint-Omer et ses frères Hugues et Gérard ( amis du Roi de Jérusalem, Baudouin de Boulogne ) étaient à Jérusalem depuis le 15 juillet 1099, ils avaient donc ( si je puis m'exprimer ainsi ) 16 ans d'ancienneté dans les Etats Latins d'Orient et sur les lieux Saints, et surtout, avant ces 16 années d'ancienneté ils avaient participé durant 3 longues années à d'innombrables batailles depuis leur départ de Saint-Omer en 1096 jusqu'à la prise de Jérusalem en 1099 !!

Les frères Saint-Omer et leurs compagnons de l'époque devaient donc être des hommes endurcis en 1115, et si l'on doit croire cette légende ( Hugues de Payns natif de Champagne arrivé à Jérusalem en 1115 ), c'est un nouveau venu, un ouvrier de la 11 ème heure qui aurait dicté sa loi à ces guerriers sans peur en qui le roi de Jérusalem avait toute confiance ?
Il en faut de l'imagination pour accepter de croire pareille chose !

Pour nous, les deux fondateurs du Temple sont Geoffroy de Saint-Omer et son frère Hugues le Païen, et l'Ordre leur a rendu hommage en adoptant le sceau des deux templiers sur un même cheval. Les membres de notre Commanderie continueront sans relâche leurs travaux de recherches concernant ce Hugues des Païens, afin de pouvoir un jour peut-être connaitre la vérité sur ce personnage.


L'espoir de connaitre un jour la vérité concernant la véritable identité d'Hugues de Payns>

En 2014 une édition originale des œuvres complètes de l'auteur de "Hamlet" fut retrouvée par : Rémy Cordonnier
[ Docteur en histoire de l'art, Chevalier de l'Ordre des arts et des lettres. Responsable du fonds ancien de la Bibliothèque d'agglomération du Pays de Saint-Omer. Chercheur associé de l'Institut de Recherche Historiques du Septentrion (Lille III - CNRS). Chercheur associé de l'Institut d’Études Médiévales (Université Nouvelle de Lisbonne) ]

, cet ouvrage dormait depuis plus de deux cents ans dans les rayons de la bibliothèque de Saint-Omer. lisez la suite ICI

A l'instar de cette extraordinaire découverte, nous gardons l'espoir de retrouver un jour à Saint-Omer, à Arras, à Paris ou ailleurs des documents qui mettront fin à des siècles d'interrogations concernant la véritable identité du second fondateur de l'Ordre, Hugues de Payns.

S'il plait à Dieu!