Liste exhaustive des Papes et des Anti Papes

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Liste exhaustive des Papes

Élus au 1 er siècle

No Nom Pontificat Naissance Notes
001 Saint Pierre 33 – 64/67 Bethsaïde Saint Pierre Simon ou Simon Bar-Jona (ou Barjona, le révolutionnaire en araméen ou « fils de Jonas » selon la tradition chrétienne), aussi appelé Kephas (« le roc » en araméen) ou Simon-Pierre, né vraisemblablement au tournant du ier siècle av. J.-C. et mort — selon la tradition — vers 64-70 à Rome, est un Juif de Galilée ou de Gaulanitide, connu pour être l'un des disciples de Jésus de Nazareth. Il est répertorié parmi les apôtres au sein desquels il semble avoir tenu une position privilégiée du vivant de Jésus avant de devenir, après la mort de ce dernier, l’un des dirigeants majeurs des premières communautés paléochrétiennes. La tradition chrétienne en fait le premier évêque de Rome et l'église catholique romaine revendique sa succession apostolique pour affirmer une primauté pontificale que lui contestent les autres confessions au sein de la chrétienté et dont l'actuel pape est le représentant1. Son personnage a suscité un grand nombre d'œuvres artistiques, en particulier dans l'Occident latin. Considéré comme saint par les Églises catholiques et orthodoxes, il est célébré sous le nom de saint Pierre.
La tradition de l'Église catholique attribue à Pierre la direction de l'Église d'Antioche. Premier évêque de cette ville, une fête de « la chaire de saint Pierre à Antioche » est célébrée le 22 février depuis le IVsiècle. Il serait resté sept ans à Antioche. Fuyant la persécution, Pierre semble avoir gagné Antioche dès le printemps 43 (au plus tard). Selon André Méhat, il se serait ensuite réfugié à Rome, où il espérait n'être pas poursuivi. Mais vers 45, l'empereur Claude (41-54) expulse les juifs de Rome (Ac 18,2). Comme Priscille et Aquila, Pierre se rend alors en Achaïe, et il a l'occasion de visiter Corinthe (1 Co 1,12). En 48 ou 49, il est à Jérusalem. Là, lors des réunions qui seront par la suite appelée « Concile de Jérusalem », il propose la solution qui est adoptée par Jacques le Juste en conclusion de l'assemblée, sur les obligations que doivent suivre les chrétiens venant du polythéisme. Il faut que ces derniers observent un minimum de préceptes de la Torah en s'abstenant des souillures de l’idolâtrie, de l'immoralité, de la viande étouffée et du sang. À la mort de Claude, Pierre est de retour à Rome, au début du règne de Néron (54-68). Il est à Rome lorsque Paul rédige l'Épître aux Romains, mais toujours dans un statut de clandestinité, ce qui pourrait expliquer à la fois que Paul adresse son épître aux chrétiens de Rome, mais qu'il n'y fasse pas mention du disciple. Cette chronologie est hypothétique, mais elle correspond cependant à la tradition du Liber Pontificalis (rédigé en 530, ce catalogue chronologique de tous les papes repose sur des données légendaires sans que cela ne diminue l’intérêt de ce document comme source historique), selon lequel Pierre est demeuré à Antioche pendant sept ans, et s'est fixé à Rome sous le règne de Néron. Dans la littérature clémentine, Pierre est décrit comme un prédicateur itinérant dans les villes de la province romaine de Syrie. Il remporte de nombreux succès contre la prédication de Simon le Mage et initie au cours de ses déplacements Clément qui l'accompagne. Il le nomme par la suite évêque de Rome où il se rend et gagne un affrontement contre Simon le Mage. La légende raconte que ce dernier a tenté de voler pour impressionner l'empereur Néron et que par la prière, Pierre est parvenu à le faire tomber. De nombreux lieux à Rome gardent des traces, souvent légendaires, du séjour de l'apôtre : église Domine Quo Vadis, basilique di Santa Francesca Romana, église Santi Nereo e Achilleo, tempietto dans l'église San Pietro in Montorio (autre lieu traditionnel de son martyre), Tullianum (lieu de son emprisonnement), basilique Saint-Pierre-aux-Liens. Ces lieux sont issus de traditions orales ou des récits légendaires regorgeant de prodiges fabuleux (miracles et guérisons de Pierre), tels les apocryphes Actes de Pierre, les Actes de Pierre et Paul (en), la Passion de Pierre.
002 Saint Lin 64/67 – 76/79 Tuscie Saint Lin Selon la tradition catholique, Lin (en latin Linus) est le 2e évêque de Rome, successeur de Pierre. Il est né vers l'an 13 apr. J.-C. à Volterra, en Étrurie, dans l'actuelle Toscane, et son père s'appelait dit-on Herculanus. On fixe les dates de son pontificat de 67 à 76, mais aucune donnée précise ne peut corroborer celles-ci. Si l'on en croit Irénée de Lyon, il aurait reçu des apôtres eux-mêmes la charge d'évêque, après avoir secondé Pierre. Il aurait subi le martyre le 23 septembre 78 mais seuls des documents postérieurs à 354 l'affirment, précisant même qu'il aurait été enseveli aux côtés de Pierre. Considéré comme saint par l'Église catholique romaine et par l'Église orthodoxe, il est fêté le 23 septembre.
Sur sa vie, on sait peu de choses certaines. Le Liber Pontificalis assure qu'il était originaire de la Tuscia, et que le nom de son père était Herculanus, mais il n'est pas possible de vérifier d'où il tire cette affirmation selon Johann Heinrich Zedler, il était originaire de Volterra. Dans cette ville de Toscane, en 1480, une église fut édifiée sur le lieu où l'on croyait que s'était élevée jadis sa maison. Venu à Rome pour ses études, il se convertit rapidement au christianisme ; après trois ans, il est ordonné prêtre par l'apôtre Pierre en l'an 44 apr. J.-C. Dans la ville il fit la connaissance de saint Paul, qui semble faire allusion à lui dans sa deuxième épître à Timothée : « Eubule, Pudens, Linus, Claudia et tous les frères te saluent. » À Rome il aurait remplacé saint Pierre quand ce dernier était absent de la ville. Selon le Liber Pontificalis, il semble que, « en conformité avec les dispositions de saint Pierre », Lin ait exigé des femmes qu'elles vinssent à l'église la tête couverte. Une telle prescription est sans aucun doute apocryphe, l'auteur du Liber Pontificalis l'a copiée de la première Lettre de Paul aux Corinthiens (11,5) en l'attribuant arbitrairement au premier successeur de l'Apôtre à Rome. Lin a introduit dans le canon de la messe la partie dite Communicantes et, comme symbole de l'autorité papale, il a ajouté aux vêtements liturgiques le pallium, une bande de laine blanche à croix noires. Au cours de son pontificat, il vit se succéder cinq empereurs : Néron, Galba, Othon, Vitellius et Vespasien. L'hérésiarque Ménandre perpétua l'hérésie de Simon le Magicien et celle des Ébionites, judéo-chrétiens qui pratiquaient l'observance de la loi de Moïse. L'événement le plus important fut certainement la fin de la guerre de Judée avec la destruction par les Romains du temple de Jérusalem. Le Liber Pontificalis soutient qu'il aurait été martyrisé par décapitation le 23 septembre 78, sur décret du consul Saturninus ; le fait, cependant, semble dénué de fondement, car nous n'avons aucune information faisant état de persécutions contre les chrétiens à ce moment-là. En outre, Irénée ne donne que Télésphore comme martyr parmi les premiers évêques romains à avoir été martyrisé. Quoi qu'il en soit, la fête liturgique de saint Lin est célébrée le 23 septembre.
L'appellation de Pape est anachronique et n'apparaît qu'au IIIe siècle. Toutes les anciennes listes des évêques de Rome qui nous sont parvenues grâce à Irénée de Lyon, Jules l'Africain, Hippolyte, Eusèbe de Césarée et le Catalogue libérien de 354, placent le nom de Lin immédiatement après celui de Pierre. Ces listes ont été faites a posteriori en se fondant sur une liste des évêques romains qui existait à l'époque du pape Éleuthère (approximativement entre 174 et 189). Selon Irénée, l'évêque de Rome est le Lin mentionné par Paul de Tarse, dans sa deuxième épître à Timothée (4:21). Un passage d'Irénée (Adversus haereses, III, III, 3) nous dit : « Après que les apôtres Pierre et Paul eurent fondé et organisé l'Église (à Rome), ils conférèrent à Lin l'exercice de la charge épiscopale. » Toutefois, on sait que la communauté de Rome existait avant l'arrivée de Paul et qu'il n'en est donc pas un des fondateurs. Dans le cycle pseudo-clémentin, Pierre désigne Clément de Rome comme évêque, ce qui n'exclut pas que Lin et Clément aient pu être évêque de deux communautés chrétiennes différentes, à la même époque. Cette identification du pape avec le Lin de saint Paul est débattue de nos jours, cependant qu'Eusèbe de Césarée déclare dans son Histoire Ecclésiastique (IVe siècle): "Après le martyre de Pierre et de Paul, Lin, le premier,obtint l'épiscopat de l'Eglise de Rome. En écrivant de Rome à Timothée, Paul fait mention de lui dans la salutation à la fin de l'épître (II Tim. 4, 21.)".
003 Saint Anaclet 76/79 – 88/92 Grèce Saint Anaclet Appelé aussi Clet.
Anaclet (en latin : Anacletus) ou Clet (Cletus) ou Anenclet est, selon la tradition catholique, le troisième évêque de Rome, et pour les orthodoxes, le troisième presbytre de l'Église de Rome. Il succède à Lin vers début octobre 79 et meurt vers 912.
Le nom même de ce dernier est sujet à caution : on ignore s'il se nommait Cletus, Anacletus ou Anencletus. On connaît de manière certaine l'existence d'un personnage nommé Anacletus, abrégé d'ordinaire en Cletus, qui mourut en martyr au cours de la persécution de Domitien sans doute entre 88 et 96. Eusèbe de Césarée, Irénée de Lyon4 et Augustin d'Hippone affirment qu'Anaclet et Clet ne furent qu'une seule et même personne. En revanche, le Catalogue libérien (354) et le Liber pontificalis distinguent deux personnes différentes, « dédoublement erroné ». Ce Liber pontificalis « lui [à Clet] attribue anachroniquement l'institution d'un collège presbytéral romain de vingt-cinq membres » : c'est le seul fait susceptible de lui être rattaché. Ce même Liber pontificalis « fait abusivement de Clet un martyr », il est considéré comme saint par l'Église catholique romaine et par l'Église orthodoxe. Il est fêté le 26 avril. Au ixe siècle, le pseudo-Isidore, auteur des Fausses décrétales, « forgea trois lettres qu'il mit sous le nom d'Anaclet. »
004 Saint Clément I 88/92 – 97 Rome Saint Clément I Saint Clément de Rome (en latin Clemens Romanus) est une personnalité du christianisme ancien issue du judaïsme hellénistique. Il est considéré, selon la tradition catholique, comme le premier des Pères apostoliques et le 4e évêque de Rome, à la fin du ier siècle, succédant à Anaclet. Il est surtout connu pour une lettre qu'il adressa à la communauté chrétienne de Corinthe, raison pour laquelle la tradition le range parmi les Pères apostoliques. Il est vénéré comme saint et martyr par nombre d'Églises chrétiennes dont l'Église catholique et il est liturgiquement commémoré le 23 novembre.
005 Saint Évariste 97 – 105/107 Bethléem Saint Évariste Dans les catalogues pontificaux du deuxième siècle utilisés par Irénée et Hippolyte, Évariste apparaît comme le 5e évêque de Rome1, successeur de Clément Ier. Le Catalogue libérien lui donne comme nom Aristus. Les dates exactes de son épiscopat ne sont pas connues (entre 97/99-v. 107). On ne sait pas grand-chose non plus de sa vie car les sources historiques les plus anciennes ne nous donnent sur lui rien d'authentique : selon la tradition catholique, il serait originaire d'Antioche et aurait eu un père juif. On lui attribue la division du diocèse de Rome en paroisses, mais cette réorganisation de l'Église de Rome lui est en réalité postérieure de 150 ans. Plus digne de foi est l'affirmation du Liber Pontificalis selon laquelle il a été enterré au Vatican, près du tombeau de saint Pierre. Il aurait ordonné que les mariages fussent rendus publics. Les deux décrétales que lui a attribuées le Pseudo-Isidore, l'une adressée aux évêques d'Afrique, l'autre à ceux d'Égypte, sont des faux. Il aurait subi le martyre sous Trajan mais ce fait n'est pas historiquement prouvé. Considéré comme Saint, sa fête a été fixée au 26 octobre, ou le 27 octobre pour l'Église catholique.

Élus au 2 ème siècle

No Nom Pontificat Naissance Notes
006 Saint Alexandre I 105/107 – 115/116 Rome Saint Alexandre I Alexandre Ier est le sixième évêque de Rome, de 107 à 116, et le cinquième successeur de saint Pierre selon la tradition catholique. Il est considéré comme saint par les Églises catholique et orthodoxes. Il est fêté le 3 mai, ou le 16 mars dans certaines Églises d'Orient.
De ce personnage on ne connaît que ses origines, sans doute romaines de la région de Caput tauri, et encore cela est incertain. Il aurait institué l'eau bénite. Cette contribution à l'histoire de la papauté, comme son martyre, n'est pas historiquement certaine. Une partie de ses restes se trouverait dans l'église Sainte-Sabine, sur le mont Aventin, l'autre dans un monument funéraire de la ville de Lucques. Saint Irénée de Lyon, qui a écrit dans le dernier quart du iie siècle, fait de lui le cinquième pape dans la succession apostolique, mais il ne dit rien de son martyre. Son pontificat est placé à des dates diverses daté selon les critiques, par exemple 106-115 (Duchesne) ou 109-116 (Lightfoot). Dans l'antiquité chrétienne, on le créditait d'un pontificat d'une dizaine d'années (Eusèbe, Hist. Eccl. IV, I) et il n'y a aucune raison de douter qu'il figurait sur le « catalogue des évêques » rédigé à Rome par Hégésippe (Eusèbe, IV, XXII, 3), avant la mort du pape Éleuthère (c. 189). Selon une tradition existant dans l'Église romaine à la fin du ve siècle, et consignée dans le Liber Pontificalis, il a subi le martyre par décapitation sur la Via Nomentana, à Rome, le 3 mai. La même tradition fait de lui un Romain de naissance qui a dirigé l'Église sous le règne de Trajan (98-117). De même, elle lui attribue, mais de façon peu précise, l'insertion dans le canon du Qui Pridie, ou des paroles commémoratives de l'institution de l'Eucharistie, qui sont certainement primitives et originales dans la Messe. Il aurait aussi introduit l'usage de l'eau bénite mélangée à du sel pour purifier les maisons chrétiennes des mauvaises influences (constituit cum aquam sparsionis vente benedici dans habitaculis hominum). Duchesne (Lib. Pont., I, 127) attire l'attention sur la persistance de cette coutume romaine primitive au moyen d'une bénédiction dans le sacramentaire gélasien qui rappelle avec force la prière Asperges au début de la messe. En 1855, un cimetière semi-souterrain des saints martyrs Alexandre, Eventulus et Theodule a été découvert près de Rome, à l'endroit où la tradition mentionnée plus haut déclare que ce Pape a été martyrisé. Selon certains archéologues, cet Alexandre est le même que le Pape, et cette tombe ancienne et importante marque l’emplacement même du martyre du pape. Duchesne, toutefois, (op. cit., I, XCI-II) conteste l'identité du martyr et du pape, tout en admettant que la confusion de ces deux personnages est de date ancienne, probablement antérieure au début du vie siècle, quand le Liber Pontificalis a été compilé pour la première fois [Dufourcq, Gesta Martyrum Romains (Paris, 1900), 210-211]. Les difficultés soulevées au xixe siècle par Richard Lipsius (Chronologie der römischen Bischofe, Kiel, 1869) et Adolf von Harnack (Die Zeit des Ignace u. die Chronologie der antiochenischen Bischofe, 1878), concernant les premiers successeurs de saint Pierre sont discutées et réfutées pertinemment par F.S. (Cardinal Francesco Segna) dans son De successione priorum Romanorum Pontificum (Rome 1897), avec modération et érudition par l'évêque Lightfoot, dans ses Apostolic Fathers: St. Clement (Londres, 1890) I, 201-345 – et notamment par Duchesne dans l'introduction à son édition du Liber Pontificalis (Paris, 1886) I, I-XLVIII et LXVIII-LXXIII. On peut lire les lettres attribuées à Alexandre Ier par le Pseudo-Isidore dans PG, V, 1057 sq, et Hinschius, Decretales Pseudo-Isidorianae (Leipzig, 1863) 94-105. Ses restes auraient été transférés à Freising en Bavière en 834 (Dummler, Poetae Latini Aevi Carolini, Berlin, 1884, II, 120). Les Actes qu’on lui a prêtés ne sont pas authentiques, et ont été compilées à une date beaucoup plus tardive (Tillemont, Mem. II, 590 sq; Dufourcq, op. cit., 210-211).
007 Saint Sixte I 115/116 – 125 Rome Saint Sixte I Sixte Ier ou Xyste Ier est, selon la tradition catholique, le 7e évêque de Rome1. On considère traditionnellement qu'il a siégé de 115 à 125. Cependant, l'édition de 2003 de l'Annuario pontificio retient les dates de 117 ou 119 à 126 ou 128. On ignore tout de lui, bien que la tradition chrétienne des ive et ve siècles affirme qu'il est mort en martyr. Il est cependant considéré comme normal pour les chrétiens de cette époque que leurs prédécesseurs soient morts pour leur foi, mais rien historiquement ne vient prouver cette assertion. C'est lui qui aurait institué le carême. Considéré comme saint par l'Église, il est fêté le 3 avril. Il est le saint patron des villes italiennes d'Alatri et d'Alife.
008 Saint Télesphore 125 – 136/138 Grèce Saint Télesphore Télesphore est le 8e évêque de Rome1, selon la liste dressée par Irénée de Lyon, de 125 à 136–138 environ pendant les règnes des empereurs romains Hadrien et Antonin le Pieux. Selon la tradition catholique, il est d'origine grecque et se montre d'ailleurs compréhensif avec les Églises orientales qui fixent la fête de Pâques à une date différente de celle fixée à Rome. Selon le Liber Pontificalis, il est mentionné pour avoir été moine anachorète (ou ermite) avant son entrée en fonction. Selon le témoignage d'Irénée, il a subi un "glorieux" martyr bien que la plupart des papes du début soient appelés martyrs par des sources telles que le Liber Ponificalis, Télesphore est le premier à qui Irénée donne ce titre. Dans le Martyrologe romain sa fête est célébrée le 2 janvier. Toutefois, ce saint ne serait pas le pape mais un martyr africain inconnu3. Les Églises d'Orient le fêtent le 22 février. L'introduction du Gloria dans la liturgie est attribuée à Télesphore selon Innocent III (mais elle pourrait également être attribuée à Symmachus) ainsi que la coutume de la messe de minuit à la Noël. La célébration de Pâques le dimanche et l'observance d'un jeûne de sept semaines pour le carême sont généralement attribuées à son pontificat, mais certains historiens doutent que ces attributions soient exactes. Le fragment d'une lettre qu'Irénée a adressée au pape Victor Ier, au cours de la controverse sur Pâques à la fin du iie siècle, également préservé par Eusèbe, témoigne que Télesphore a été l'un des évêques romains qui ont toujours célébré Pâques le dimanche, plutôt qu'un autre jour de la semaine selon le calcul de la Pâque juive. Cependant, contrairement à Victor Ier, Télesphore est resté en communion avec les communautés qui n'ont pas suivi cette coutume. L'Ordre du Carmel vénére Télesphore comme un saint patron de l'ordre depuis que certaines sources le décrivent comme un ermite ayant vécu sur le Mont Carmel. La ville de Saint-Télesphore, dans le sud-ouest de la province du Québec au Canada, est ainsi nommée en son honneur.
009 Saint Hygin 136/138 – 140/142 Grèce Saint Hygin Hygin est le 9e évêque de Rome1 entre 136 environ et 140–142, selon l'historiographie officielle de l'Église catholique romaine. Il est fêté le 11 janvier. Selon la tradition catholique, il s'agit d'un Athénien ayant étudié la philosophie. Il s'est opposé au courant gnostique du christianisme gnostiques tels Cerdon et Valentin d'Égypte vers 140. Hygin prononce leur excommunication. Il est porté à son crédit aussi un début d'organisation du clergé sans que l'on possède d'informations réellement crédibles sur cette action. On lui doit l'instauration des parrains et marraines lors du baptême afin d'assister le nouveau-né dans sa vie future. Il a également décidé que toutes les églises devraient être consacrées. Il est réputé être mort en martyr sous Marc Aurèle, bien qu'il n'existe aucun élément de preuve à cet effet.
010 Saint Pie I 140/142 – 155 Aquilée Saint Pie I Pie Ier est, selon la tradition catholique, le 10e évêque de Rome qui siégea, sous le règne d’Antonin le Pieux, entre 140–142 environ et 155. Ses origines sont obscures, sans doute est-il Frioulan (le Liber Pontificalis rapporte sa naissance à Aquilée) ou Illyrien, certaines sources font de lui le frère d’Hermas, l’auteur du Pasteur. Son pontificat est marqué par le développement des idées gnostiques, propagées déjà sous le pontificat précédent par Cerdon et Valentin d'Égypte. Ceux-ci reçoivent un renfort de poids avec Marcion du Pont, qui remet en cause l’unicité de Dieu, l’Ancien Testament ainsi que la double nature humaine et divine du Christ. Pie Ier dénonce ces positions hérétiques lors d’un synode à Rome. Le marcionisme est dénoncé comme hérésie et Marcion est exclu de l’Église vers 144. Quant à la lutte contre les idées défendues par les gnostiques, elle reçoit sur le plan intellectuel et philosophique le renfort d’un vrai dialecticien en la personne de Justin de Naplouse qui vient au secours de l'évêque de Rome moins à l’aise que son prédécesseur Hygin dans ce genre de controverses. Il fait bâtir la basilique Sainte-Pudentienne à Rome en l’honneur de sa sœur qui porte ce nom. Bien qu’il ne soit pas prouvé qu’il soit mort pour sa foi chrétienne, il est vénéré comme un saint-martyr et fêté le 11 juillet. Sa dépouille mortelle aurait été ensevelie non loin de celle de l’apôtre Pierre sur la colline du Vatican
011 Saint Anicet 155 – 166 Émèse Saint Anicet Anicet est, selon la tradition catholique, le 11e évêque de Rome qui siégea1, de 155 à 166 environ. Il est d’origine syrienne. Le paradoxe en ce qui concerne ce pape, c’est qu’il nous est complètement inconnu, si ce n’est par une décision anecdotique à savoir l’interdiction faite aux membres de son clergé de porter les cheveux longs. Nous ne savons rien de ses prises de position face à Marcion toujours aussi remuant ou face à Valentin d'Égypte. Pas plus que face à la secte des carpocrates qui affirment que le monde a été créé par des anges et que Jésus est réellement le fils de Joseph mais que Dieu lui a donné le pouvoir de faire des miracles. Sans doute qu’à l’image de son prédécesseur Pie Ier il laisse de véritables penseurs chrétiens, tels Justin de Naplouse ou Hégésippe de Jérusalem, lutter contre les hérésies gnostiques qui traversent les chrétiens de Rome. D’après le témoignage d’Irénée de Lyon, présent à Rome sous le pontificat d’Anicet, rapporté par Eusèbe de Césarée le pape aurait reçu l’évêque de Smyrne, Polycarpe pour régler avec lui le différend qui opposait l’Église de Rome et celles d’Asie sans résultats probants. Selon la tradition, il subit le martyre en 166 et fut inhumé sur la colline du Vatican. Son corps repose au cimetière de Calixte sur la via Appia. Il est fêté le 17 avril.
012 Saint Sôter 166 – 174/175 Fondi Saint Sôter Saint Sôter (mort en 174 ou 175) est, selon la tradition catholique, le 12e évêque de Rome. Il succède à Anicet vers 166 environ sous le règne de Marc Aurèle. Personnage peu connu il semble être originaire de Campanie. Nous possédons à l’heure actuelle les fragments d’une lettre que lui a adressée l’évêque de Corinthe, Denys. Celui-ci remercie Sôter pour les dons que la communauté chrétienne de Rome vient d’envoyer aux pauvres de Corinthe. On attribue à Sôter, sans doute à tort, une lettre sur le montanisme et sur la prédestination. Il est fêté le 22 avril
013 Saint Éleuthère 174/175 – 189 Nicopolis Saint Éleuthère Saint Éleuthère est, selon la tradition catholique, le 13e évêque de Rome de 175 à sa mort en 189. Il succède à Sôter et est suivi par Victor Ier. C'est un saint chrétien fêté le 26 mai.
Grec, originaire de Nicopolis d'Épire, il était diacre à Rome à l’époque d’Anicet, dont il était le disciple. Il gouverne l’Église de Rome sous les règnes de Marc Aurèle puis Commode jusqu’à sa mort, le 24 mai 189 selon la tradition catholique. Il est le dernier pape que mentionne la liste que saint Irénée de Lyon dresse à la fin du IIe siècle. Son action apostolique est marquée par les querelles avec les multiples sectes tels les marcionites, les valentiniens, les montanistes avec lesquels il opte pour une grande sévérité après avoir longtemps fait preuve de mansuétude. Abgar IX, souverain du petit royaume d’Édesse, et allié à l’empire romain, lui adresse une demande de missionnaires sans que l’Histoire ait retenu quelle réponse Éleuthère lui apporte. Durant son pontificat, l'empereur Commode qui règne à partir de 180 n'exerce aucune persécution contre les chrétiens. Selon le Liber Pontificalis, un édit d'Éleuthère décrète qu'aucune nourriture n'est impure : « Et hoc iterum firmavit ut nulla esca a Christianis repudiaretur, maxime fidelibus, quod Deus creavit, quæ tamen rationalis et humana est », combattant ainsi des pratiques héritées des prescriptions juives sur la pureté des aliments. Selon la même source, Éleuthère envoie des missionnaires, Fugace et Damien, convertir les Bretons à la demande du roi Lucius. Il est enterré près de la tombe de saint Pierre dans les grottes vaticanes.
014 Saint Victor I 189 – 198/199 Afrique Saint Victor I Premier pape berbère.
Victor Ier (°? - +199), l'un des saint Victor, était berbère (en Afrique du Nord). Il fut, selon la tradition catholique, le 14e évêque de Rome, c'est-à-dire le 13e successeur de saint Pierre au souverain pontificat.
C'est avec lui que commence à s'affirmer la volonté des évêques de Rome d'imposer un magistère moral sur les autres Églises, bien que déjà saint Clément Ier, troisième successeur de Pierre, fût déjà intervenu avec vigueur, dès le Ier siècle, pour calmer des troubles au sein de l'Église de Corinthe. Selon le Liber Pontificalis, Victor est d'origine amazigh africaine. Il succède à Éleuthère vers 189 et gouverne l'Église de Rome jusque vers 198/199. C'est à cette époque que le latin supplante le grec dans la liturgie. Il réussit à organiser de nombreux synodes qui parviennent à s'entendre sur le jour de Pâques qui est célébré un dimanche dans les Églises d'occident comme à Rome. Seules certaines Églises d'Asie refusent de s'aligner sur la pratique de l'Église universelle.
015 Saint Zéphyrin 199 – 217 Rome Saint Zéphyrin Zéphirin, romain de naissance, succéda à Pape Victor en 202, c'est-à-dire dans l'année où Sévère alluma le feu de la cinquième persécution. Il fut l'appui et le consolateur des fidèles, et la charité lui fit ressentir ce que souffraient tous les confesseurs. Il est vrai que les triomphes des martyrs étaient pour lui un sujet de joie mais son coeur reçut des plaies bien profondes de la chute des apostats et des hérétiques. La douleur que lui causait l'aveuglement de ces derniers ne cessa point lorsque la paix eut été rendue à l'Église. Natalis qui vivait à Rome, et avait souffert diverses tortures pour la foi, s'était laissé séduire par Asclépiodote et Théodote le banquier, l'un et l'autre disciples de Théodote le corroyeur, que le Pape Victor avait excommunié à cause de son hérésie. Ces deux hérésiarques ordonnèrent Natalis évêque de leur secte, et s'engagèrent à lui fournir tous les mois un revenu de cent cinquante deniers d'argent. Mais Dieu eut pitié de celui qui avait confessé son nom il l'avertit par plusieurs visions d'abandonner le parti des hérétiques, dans lequel il ne restait que par intérêt et par vanité. Enfin Natalis fut fouetté par un Ange pendant toute une nuit. Le lendemain il alla se jeter aux pieds de Zéphirin, fondant en larmes, et revêtu d'un habit de pénitence; il se prosterna aussi devant l'assemblée des fidèles, et y donna de si grandes marques de repentir, que tous en furent touchés. Zéphirin montra son zèle avec tant de vigueur contre les blasphèmes des hérétiques séducteurs de Natalis, que ceux-ci le traitèrent de la manière la plus outrageuse; mais ce fut une gloire pour lui de s'entendre donner le titre de principal défenseur de la divinité de Jésus-Christ. Il mourut en 219, après avoir occupé le siège pontifical pendant dix-sept ans. Nous voyons, surtout dans les premiers siècles du christianisme, une suite de pasteurs zélés à maintenir le dépôt de la foi, à veiller sur la pureté de la morale et à conserver la sainteté de la discipline. Qu'ils eurent de combats à soutenir! De quelle constance et de quelle fermeté n'eurent-ils pas besoin pour résister au paganisme, aux hérésies et à la corruption du monde! C'est par leurs travaux que nous jouissons des plus précieux avantages de la grâce. Nous devons donc à Dieu un tribu de louanges pour cette miséricorde dont Il a donné des marques si éclatantes à Son Église. Nous devons encore Lui recommander nos propres oeuvres, Le prier d'exalter la gloire de Son Saint Nom pour la propagation de la foi sur la terre, de susciter dans Son Église des modèles de vertu, des pasteurs animés de Son Esprit, un peuple disposé à captiver Son entendement sous l'autorité de la révélation, et à soumettre son coeur au joug aimable de la loi divine, un peuple saisi d'horreur pour les nouveautés profanes en matière de doctrine, et aguerri contre les assauts et les artifices de la corruption.

Élus au 3 ème siècle

No Nom Pontificat Naissance Notes
016 Saint Calixte I 217 – 222/223 Espagne Saint Calixte I Son nom signifie en grec « le plus beau » (kallistos). Il devint chrétien à l'âge adulte. Il travailla au service d'un haut fonctionnaire de l'empereur Commode , nommé Carpophore , qui était aussi chrétien. Son maître qui l'estimait , le chargea d'administrer ses biens selon Hippolyte de Rome , il s'appropria les dépôts des veuves et des frères chrétiens , mais ne pouvant les restituer lorsque la banque fit faillite , s'affola , prit la fuite , fut finalement rattrapé et enfermé dans un cachot. Il fut condamné aux mines de soufre de Sardaigne. Le forçat travailla donc durant trois ans à l'extraction du minerai, faisant preuve de dévouement auprès des autres bagnards. Marcia , la maîtresse de l'empereur de l'époque , Commodus (Commode) , était chrétienne et connaissait le jeune Calixte , et obtint qu'il fût libéré et affranchi vers 190 , il passa quelques années à Antium au sud-est de Rome en mission pour Victor Ier et prit le temps de se cultiver. Zéphyrin , dès son élection comme pape en 199 , l'appela à ses côtés , le faisant son secrétaire personnel ainsi qu'archidiacre de la ville. Pour Hippolyte de Rome , un des prêtres de Rome les plus cultivés et les plus intelligents , il s'agit d'« un ambitieux , un cupide , un taré ». La violence du ton laisse entrevoir que Calixte est sans aucun doute un personnage qui ne laisse pas indifférent. Mais il faut se méfier de la verve d'Hippolyte , dont l'objectivité est plus que douteuse. Lui-même était candidat à la succession de Zéphyrin mais s'est vu préférer Calixte en 217 , sous le règne de l'empereur Caracalla. Calixte fut également le créateur du premier cimetière chrétien qui fut construit dans le tuf sur la Via Appia et qui porte aujourd'hui le nom de « Catacombe de Saint-Calixte ». Il inaugure aussi une nouvelle coutume : désormais , trois fois par an , le samedi qui précède les moissons , les vendanges et le commencement de la cueillette des olives, on observe un jeûne afin d'attirer la bénédiction du ciel. Durant son pontificat de cinq ans , il reconnut comme valide le mariage entre esclaves et femmes libres et accepta le remariage des veufs ainsi que leur entrée éventuelle dans le clergé. De plus , il fit prévaloir l'usage d'absoudre tous les péchés. C'est enfin un financier expérimenté , phénomène finalement assez rare à la tête de l'Église romaine , et qui donne à cette dernière une prospérité inégalée jusqu'alors. Il mourut le 14 octobre 222 dans son quartier du Trastevere , victime d'une émeute dirigée contre les chrétiens , lors de l'assassinat de l'empereur Élagabal. Défenestré , puis jeté dans un puits , recouvert de décombres , il en fut retiré par un prêtre une quinzaine de jours après. On l'enterra à la hâte , au pied de l'escalier de la catacombe de Calépode sur la via Aurelia. C'est à ce jour le premier évêque de Rome dont on ait retrouvé la sépulture. Par la suite , les Papes (jusqu'à Eutychien en 283) , furent inhumés dans la chambre funéraire qui leur est réservée dans la « Catacombe de Saint-Calixte » , à l'exception de Corneille. C'est au ive siècle que Calixte fut déclaré martyr puis canonisé.
ANT Saint Hippolyte 217 – 235 Rome Saint Hippolyte Hippolyte est Grec , originaire d'Alexandrie, et ancien élève d'Irénée de Lyon. Il est sans doute l'écrivain chrétien le plus prestigieux de l'époque , en tout cas dans la partie occidentale de l'Empire romain. Aussi accepte-t-il mal la qualité qu'il estime médiocre des deux papes (évêques) précédents, Zéphyrin et surtout Calixte Ier. S'il se contente de critiquer Zéphyrin , il s'oppose avec force au pape Calixte Ier qu'il accuse d'introduire de nouvelles coutumes dans l'Église. Il rejette totalement la volonté de Calixte d'autoriser les unions entre esclaves et patricien(ne)s. Pour lui il s'agit d'un concubinage pur et simple , totalement inadmissible. Il est plausible que ce conflit soit aussi un conflit de « castes » entre un pape de basse extraction (ancien esclave et affranchi) et un Hippolyte de plus noble extraction et imbu de sa supériorité intellectuelle. Il veut aussi garder le grec comme langue liturgique alors que le latin le remplace dans le nord de l'Afrique et à Rome. Ainsi , un groupe de ses partisans va l'élire antipape en 217 , le premier de l'histoire. Son schisme se poursuit sous les règnes d'Urbain Ier puis de Pontien, mais on prétend[Qui ?] qu'il établit le comput de Pâques à la demande d'Urbain et de Pontien. Il se réconcilia certainement avec Pontien , exilé avec lui en Sardaigne vers 235 lors d'une nouvelle persécution déclenchée par l'empereur Maximin Ier3. Il y meurt peu après ainsi que Pontien. L'Église catholique le considère comme un martyr. Fabien , pape depuis 236 obtient des autorités que son corps , ainsi que celui de Pontien , soit ramené à Rome. Les deux hommes furent inhumés , le même jour signe de leur réconciliation , le 13 août 236 , dans la crypte des papes des catacombes de Saint-Callixte. Hippolyte de Rome a posé le principe de la tradition apostolique (œuvre connue grâce à la collection du Synodos de l'Église d'Alexandrie). Il est l'auteur d'œuvres exégétiques (Commentaire sur Daniel , Sur le Cantique des cantiques). On lui attribue également les Philosophoumena et le Liber Generationis. On lui doit aussi un recueil où est conservé la plus ancienne prière eucharistique connue en langue liturgique grecque (la prière n°2 du rite romain réformé par Paul VI s'en est un peu inspiré). Il est le seul antipape[pas clair] à être honoré dans l'Église catholique (le titre de pape n'a été spécifiquement donné qu'en 306 à l'évêque d'Alexandrie et de manière locale , puis , au lendemain du Concile de Nicée en 325 , de manière affectueuse à tous les évêques participants au concile. C'est progressivement , à partir du vie siècle , que le titre de « pape » a été exclusivement réservé au seul évêque de Rome. Par conséquent , en 217 , les termes de « pape » et de « anti-pape » n'étaient pas encore utilisés en tant que tels , mais les situations concrètes qu'ils désigneront par la suite étaient absolument claires : d'une part , l'évêque légitime de Rome , d'autre part un rival que l'Église catholique ne reconnaîtra jamais.
017 Saint Urbain I 222/223 – 230 Rome Saint Urbain I Urbain Ier est , selon la tradition catholique , élu évêque de Rome en 222 pour succéder à Calixte Ier , qui était mort défenestré lors d'une émeute dirigée contre les Chrétiens. Il est le 17e pape selon l'Église catholique. Il meurt le 23 mai 230. Sa tombe se trouverait à la catacombe de Saint-Calixte. L'Église catholique le reconnaît comme saint et le célèbre le 19 mai , il est aussi fêté en France le 25 mai.
Urbain Ier connaît un pontificat marqué par des relations tranquilles avec l'institution impériale. Le nouvel empereur romain Sévère Alexandre est en effet bien disposé envers les Chrétiens. Par contre la querelle avec Hippolyte de Rome , premier antipape de l'histoire, parasite toujours l'Église romaine et va perdurer jusque sous le pontificat de Pontien. En fait la figure d'Urbain Ier est mal connue et associée à la légende de sainte Cécile qu'il convertit au christianisme avec son époux Valérien. Les deux furent d'ailleurs condamnés à mort et , sur le lieu de leur martyre, au Trastevere , le pape Urbain fit construire l'église sainte-Cécile. Une partie de ses reliques fut donnée à Charles le Chauve , roi de France , par le pape Nicolas Ier , en 862 , et finirent à Auxerre , où Urbain devint le patron des vignerons. Il est inhumé dans la catacombe de Saint-Calixte. La légende populaire fait d'Urbain le patron des vendanges , dans les pays germaniques mais aussi en Alsace. Il fallut à plusieurs reprises , en particulier au Moyen Âge , que les autorités et l'Église catholique interviennent pour limiter les excès de cette dévotion. Le 25 mai , jour de la Saint-Urbain , en France , est parfois ajouté à la liste des Saints de glace.
018 Saint Pontien 230/235 Rome Saint Pontien Pontien (en latin Pontianus) , est le 18e pape de l'Église catholique de 230 à 235. Sa vie est très mal connue. Il est vénéré comme saint par les Églises catholiques et orthodoxes chrétiennes. Sa fête est le 19 novembre , déplacée ensuite au 13 août, conjointement avec Hippolyte de Rome, pour les catholiques.
Selon le Liber Pontificalis , Pontien est d'origine romaine et le fils d'un dénommé Calpurnius et occupe le trône de Pierre pendant cinq ans , deux mois et 22 jours. Eusèbe de Césarée indique seulement qu'il est évêque de Rome pendant six ans. Les seuls faits historiques attestés portent sur le synode qu'il tient à Rome en 231 pour approuver la condamnation d'Origène par Démmétrius, évêque d'Alexandrie. La position de Pontien via-à-vis du schisme d'Hippolyte de Rome , débuté sous Calixte Ier , n'est pas connue. L'accession au trône de l'empereur Maximin le Thrace en mars 235 marque le début d'une nouvelle persécution contre les chrétiens : Pontien et Hippolyte sont déportés dans des mines en Sardaigne – le Liber Pontificalis précise qu'il s'agit de l'îlot Molara , alors dénommée Buccina , près de Tavolara au sud de l'archipel de La Maddalena. Pontien renonce à son siège épiscopal le 28 septembre 235 pour permettre l'élection d'un nouvel évêque – c'est la première date attestée dans l'histoire de la papauté. Il est possible qu'Hippolyte ait renoncé à sa contestation en même temps. Les deux hommes semblent également s'être réconciliés au cours de leur déportation commune. Pontien décède peu après le 29 ou 30 octobre 235 , probablement de mauvais traitements comme le mentionne le Liber Pontificalis. Fabien , l'un de ses successeurs , fait rapatrier son corps ainsi que celui d'Hippolyte en 236 ou en 237. Il est inhumé , le même jour que celui d'Hippolyte , le 13 août 236 dans la catacombe de Saint-Calixte inaugurant une tradition qui continuera jusqu'à Eutychien et donnant naissance à la crypte des Papes. Sa tombe est attestée par l'inscription ΠΟΝΤΙΑΝΟΣ ΕΠΙΚ[ΟΠΟΣ] , c'est-à-dire « Pontien, évêque ».
019 Saint Antère 235/236 Grèce Saint Antère Antère ou Antéros est le 19e pape de l'Église catholique.
Selon le Liber pontificalis , il est d'origine grecque. On ne connaît ni sa vie ni son âge lorsqu'il accède au pontificat. Le 21 novembre 235 , il succède à Pontien qui , emprisonné en Sardaigne avec son grand rival Hippolyte de Rome , vient d'abdiquer. Le seul fait de ce bref pontificat — six semaines à peine — fut le rassemblement ordonné par Antère des actes des différents martyrs. En effet , il entreprit de recueillir officiellement les actes et les reliques des martyrs qu'il voulut conserver en un lieu, au sein de l'Église , appelé Scrinium , et qui peut être considéré comme l'ancêtre de la Bibliothèque Vaticane , mais tout cela fut brûlé par la suite par Dioclétien Il meurt le 3 janvier 236 , victime lui aussi du martyre ordonné par l'empereur Maximin le Thrace et il est inhumé dans la crypte des Papes de la catacombe de Saint-Calixte. Son prédécesseur , Pontien , l'y rejoint bientôt.
020 Saint Fabien 236/250 Rome Saint Fabien Fabien est évêque de Rome du 10 janvier 236 au 20 janvier 250. Il est le vingtième dans la liste des papes. Il est considéré comme saint par l'Église catholique romaine.
Selon la tradition de l'Église , Fabien , simple laïc , se trouvait à Rome et parmi les fidèles au moment d'élire un successeur au pape Antère. Quand une colombe vint se poser sur la tête de Fabien , l'assemblée hésitante s'écria : « Il est digne ! » Il fut ordonné le 10 janvier 236. Cette élection spontanée inaugure un pontificat de 14 ans qui va laisser de profondes marques dans l'Église du iiie siècle. Les querelles politiques entre les éphémères successeurs de l'empereur Maximin Ier éloignent pour un certain temps les persécutions des chrétiens. Ce répit permet à Fabien de remettre de l'ordre dans l'Église romaine perturbée par de nombreuses années de conflits doctrinaux et par le schisme d'Hippolyte de Rome. Profitant d'une paix relative, il révèle de grandes qualités d'administrateur. Il nomme sept diacres à la tête de districts ecclésiastiques créés à Rome , chacun regroupant deux des anciennes régions de l'administration romaine — au xvie siècle , on verra là la naissance du titre de cardinal-diacre. Fabien veille également avec attention au bon entretien des catacombes où il fait enterrer l'un de ses prédécesseurs , Pontien , et l'adversaire de celui-ci , Hippolyte. Il protège le futur schismatique Novatien , qu'il baptise et ordonne prêtre contre l'avis de son clergé. Il poursuit avec énergie les clercs coupables de diverses fautes , en particulier Privat , un évêque africain. La rédaction des actes des martyrs , entamée sous Antère , se poursuit sous son pontificat. Fabien est considéré comme l'apôtre des Gaules , où il envoie sept évêques missionnaires. Dans la chrétienté son prestige déborde largement la ville de Rome. C'est vers lui que se tourne par exemple Origène , alors en conflit avec Démétrios , l'évêque d'Alexandrie , pour se justifier. À la fin de 249 , le nouvel empereur Dèce déclenche de violentes persécutions contre les chrétiens. Au début de l'année 250 , le 20 janvier , Fabien est torturé puis décapité sur la Via Appia Antica. Il est inhumé dans la crypte des Papes de la catacombe de Saint-Calixte où son sarcophage est retrouvé en 1915. Les Fausses décrétales lui attribuent plusieurs textes , notamment une seconde lettre à tous les évêques orientaux (Epistola II ad omnes orientales episcopos) portant sur la consécration annuelle du saint chrême le Jeudi saint.
021 Saint Corneille 251/253 Rome Saint Corneille Corneille († vers 253) est le vingt et unième pape et succède à Fabien , 14 mois après le décès de celui-ci le 20 janvier 250. Il est fêté le 14 septembre comme saint par les Églises catholiques et orthodoxes.
Après la mort de Fabien , la persécution de l'empereur Dèce est d'une telle violence que les chrétiens de Rome doivent attendre plus d'un an pour élire un nouvel évêque. Dans ce contexte difficile , l'organisation administrative de l'Église , mise en place par Fabien, prouve son efficacité et permet une prise de décision collective des divers clercs. Cependant la primauté de l'Église de Rome est déjà affirmée et pour répondre aux sollicitations des autres Églises les clercs font appel à Novatien , auteur de nombreux ouvrages et qui possède selon les critères de l'époque une belle plume. Novatien en est persuadé : il est le seul à pouvoir être élu nouvel évêque de Rome. En mars 251 l'élection a lieu et surprise : c'est le prêtre Corneille qui est élu. La raison en est simple. De nombreux chrétiens , lors de la persécution de Dèce , ont abjuré leur foi par peur ou opportunisme. Ils sont nombreux à vouloir rentrer dans l'Église à nouveau. Deux attitudes s'opposent alors : les intransigeants autour de Novatien , et ceux adeptes du pardon qui réussissent à faire élire Corneille. Un nouveau schisme apparaît alors car trois évêques italiens acceptent de sacrer Novatien alors que la quasi-totalité des autres Églises reconnaissent Corneille. Un synode , réuni en automne 251 , avec l'évêque Denys d'Alexandrie et Cyprien de Carthage , approuve la mansuétude de Corneille et excommunie Novatien pour sa dureté envers les repentis. Le patriarche Fabien d'Antioche partisan , comme de nombreux évêques orientaux, de plus de fermeté , est le destinataire d'une lettre envoyée par Corneille où celui-ci argumente son point de vue (Clavis Patrum Græcorum 1850-1854). Les fragments d'une lettre perdue transmise par l'Histoire ecclésiastique d'Eusèbe de Césarée (IVe s.) révèlent que Rome à cette époque (milieu du IIIe siècle) comptait environ 150 ecclésiastiques chrétiens dont 7 diacres , 46 prêtres , des diacres , des sous-diacres , des acolytes , des lecteurs et... 52 exorcistes.
Corneille est déporté sur ordre de l'empereur Trébonien Galle à Centumcellae Civitavecchia à la fin de l'année 252 où il meurt de façon naturelle semble-t-il probablement en 253. Son corps est ramené à Rome et déposé dans la catacombe de Saint-Calixte. Une légende bretonne l'identifie à un Saint Cornély.
ANT Novatien 251/258 Rome Novatien Prêtre de l'Église de Rome , Novatien y tenait un rôle important durant la vacance du siège qui suivit le martyre du pape Fabien (janvier 250). Au nom du clergé romain , il écrivit deux lettres à Cyprien au sujet de la conduite à tenir à l'égard des chrétiens qui avaient apostasié (les lapsi) durant la persécution de Dèce. Il y préconise la même attitude de prudence et de miséricorde que l'évêque de Carthage. Quand, après quinze mois, Corneille fut élu pape (mars 251) , Novatien s'opposa violemment à lui, se fit consacrer pape par trois évêques de village qu'il avait fait boire et prit (peut-être sous l'influence de Novat de Carthage , l'adversaire de Cyprien) la position la plus rigoriste , refusant absolument la réconciliation des lapsi. Excommunié par le synode romain de 251 , il organisa son Église, avec sa hiérarchie. On ne sait rien de sa fin. Outre les deux lettres citées plus haut , Novatien , esprit très cultivé (stoïcisme !) et écrivain brillant, le premier théologien romain à écrire en latin , laissa : un important traité Sur la Trinité, qui eut une influence décisive sur la terminologie et la théologie latines un écrit Sur les aliments juifs (De cibis judaïcis) , qui montre que les chrétiens ne sont pas tenus par les observances juives , lesquelles doivent être interprétées allégoriquement deux opuscules Sur les spectacles et Sur la chasteté (De bono pudicitiae ), inspirés de Tertullien. Le novatianisme , qui évolua dans un sens de plus en plus rigoriste , allant jusqu'à refuser à l'Église le droit de remettre les péchés , eut aux IVe et Ve siècles des communautés florissantes : en Occident , où Ambroise et Augustin eurent affaire à lui , et en Orient (Constantinople , Alexandrie) , où il ne disparut qu'au VIIe siècle.
022 Saint Lucius I 253/254 Rome Saint Lucius I Lucius Ier est le 22e pape de l'Église catholique , de 253 à 254. Né à Lucques , selon le Liber Pontificalis , tandis que plusieurs ouvrages plus qualifiés situent sa naissance à Rome. Il est élu à la mort de Corneille mais il est arrêté quasi-immédiatement sur ordre de l'empereur Trébonien Galle et aussitôt envoyé en exil. Cependant , après l'assassinat de l'empereur , il rentre à Rome car le nouvel empereur , Valérien, est moins hostile aux chrétiens. Comme il n'est pas hostile au retour des repentis de la persécution de Dèce au sein de l'Église , il est lui aussi la cible des novatiens au point que l'évêque Cyprien de Carthage doit prendre sa défense. Il combattit la cohabitation entre hommes et femmes non consanguins , ainsi qu'entre diaconesses et clercs. Lucius décède quelques mois plus tard en martyr , le 5 mars 254. Il est inhumé dans la crypte des Papes de la catacombe de Saint-Calixte.
023 Saint Étienne I 254/257 Rome Saint Étienne I Saint Étienne Ier est le 23e évêque de Rome (rétroactivement appelé pape de l'Église catholique). Élu pour succéder à Lucius Ier le 12 mai 254 il sera évêque de Rome jusqu'à sa mort , par décapitation , en 257. Noble romain , il est élu évêque dans les catacombes de Saint-Calixte , en présence de la communauté des fidèles , par les prêtres qui avaient un titre et par les diacres qui remplissaient une charge ecclésiastique. Son pontificat , qui dure jusqu'au 2 août 257 , s'insère entre deux vagues de persécutions mais connaît une crise interne à l'Église particulièrement grave , qui mène celle-ci au bord du schisme avec les Églises d'Orient et celle d'Afrique. Comme ses deux prédécesseurs Étienne est favorable à la réintégration des chrétiens apostats qui renièrent leur foi sous la persécution de Dèce mais se repentirent par après. Le problème se posait aussi pour les clercs. Ils avaient le devoir , comme tout chrétien, de ne renier leur religion d'aucune manière. Étienne refuse de réintégrer deux évêques d'Espagne qui avaient échappé à la persécution en produisant des certificats attestant qu'ils avaient sacrifié aux dieux païens. Il fait de même envers l'évêque d'Arles , qui depuis, dans une totale inconséquence , était passé aux novatiens. Étienne exige de la totalité des Églises chrétiennes qu'elles se conforment à la tradition romaine en ce qui concerne le baptême des hérétiques , des schismatiques et des chrétiens apostats , à savoir une simple imposition des mains de l'évêque , la confirmation , puisque ce sont des personnes qui ont déjà reçu le baptême. Mais les Églises d'Orient et d'Afrique exigent un nouveau baptême. Étienne est autoritaire et il accepte mal cette opposition. Un conflit s'engage avec Cyprien , l'évêque de Carthage , menacé par Étienne Ier d'excommunication. Une tradition rapporte qu'il fut décapité sur son siège pontifical par les soldats pendant qu'il présidait un office religieux dans les catacombes de Saint-Calixte. Il est présumé qu'il fut inhumé dans la crypte des Papes de la catacombe de Saint-Calixte. Cependant sa pierre tombale ne fut jamais retrouvée.
On le fête le 2 août.
024 Saint Sixte II 257/258 Grèce Saint Sixte II Sixte II ou Xyste II est le 24e évêque de Rome (rétroactivement appelé pape de l'Église catholique). Il succède à Étienne Ier le 31 août 257. Il est le premier pape à porter un nom déjà utilisé : Sixte Ier avait régné au iie siècle (voir Nom de règne des papes). D'origine grecque , il rétablit les relations avec les Églises d'Orient et d'Afrique qui avaient été interrompues par son prédécesseur sur la question du nouveau baptême des apostats. Durant son pontificat , la reprise des persécutions contre les chrétiens fait passer les problèmes internes de l'Église au second plan. En effet , l'empereur Valérien, plutôt neutre jusqu'à cette époque vis-à-vis des chrétiens , exige de ceux-ci la participation au culte impérial et interdit les cérémonies dans les catacombes. À partir du mois d'août 258 , des mesures drastiques sont prises contre le clergé. Sixte II se réfugie avec plusieurs diacres dans une catacombe en bordure de la voie Appienne. Découvert le 6 août 258 par des soldats , il est traîné devant un tribunal , puis ramené sur le lieu de sa capture et décapité. Quatre diacres sont également exécutés. Avant de mourir , il aurait remis le saint Calice à son diacre saint Laurent de Rome. Il est inhumé dans la crypte des Papes de la catacombe de Saint-Calixte.
Saint et martyr , l'Église catholique le fête le 7 août.
025 Saint Denys 259/268 Grèce Saint Denys Denys , en latin : Dionysius , est le 25e pape de l'Église catholique de 260 à 268. Il succède à Sixte II , en juillet 260 , après une vacance de deux ans du siège épiscopal , à la suite de la persécution engagée par l'empereur Valérien.
Denys , est probablement né à Terranova da Sibari en Grande-Grèce. Durant le pontificat d'Étienne Ier (254 - 257) il est prêtre de l'Église catholique et apparaît dans la controverse sur la validité du baptême des hérétiques. Cela conduit Denys d'Alexandrie , évêque d'Alexandrie , à lui écrire au sujet du baptême , lettre dans laquelle il est décrit , par Eusèbe de Césarée, comme étant un homme instruit. Après le martyr de Sixte II , le 6 août 258 , le siège épiscopal reste vacant deux ans. Gallien devient unique empereur en 260. C'est le début de la période appelée petite paix de l'Église. Le 22 juillet 260 , le prêtre Denys , connu pour son zèle au sein de l'Église , est élu évêque de Rome. Quelques mois plus tard , Gallien rassure les chrétiens par un édit de tolérance , adressé à des évêques d’Égypte , qui met fin aux persécutions et leur rend en particulier leurs lieux de culte et cimetières.
026 Saint Félix I 269/274 Rome Saint Félix I Saint Félix Ier est , selon l'Église catholique , le 26e pape et évêque de Rome du 5 janvier 269 à sa mort en martyr , le 30 décembre 274. Il succède à Denys , mort le 26 décembre 268.
Félix nait à Rome. Il est le fils de Costanzo. Il exerce son pontificat sous le règne de l'empereur Aurélien , qui supprime la liberté de culte pour les chrétiens, ordonnant de les persécuter. Il envoie Révérien d'Autun et ses disciples pour évangéliser le pays Éduen en Gaule. Félix commence à faire ensevelir les martyrs sous les autels et institue ainsi la coutume de célébrer la messe sur leurs tombeaux. Il approuve en 269 , la condamnation pour hérétisme de Paul de Samosate , par le Concile d'Antioche . Il rédige une lettre à Maxime d'Alexandrie Patriarche d'Alexandrie où il scelle la doctrine christologique , affirmant que la divinité et l'humanité de Jésus-Christ sont deux natures distinctes en une même personne. Il meurt martyrisé , sous Aurélien. Il est inhumé dans la crypte des Papes de la catacombe de Saint-Calixte bien que sa pierre tombale ne fut jamais retrouvée.
027 Saint Eutychien 275/283 ? Saint Eutychien Saint Eutychien (en latin : Eutychianus) est , selon l'Église catholique , le 27e pape et évêque de Rome du 3 janvier 275 à sa mort , en martyr1 le 8 décembre 283. Il succède à Félix Ier.
Eutychien nait à Luni (Étrurie) en juin 228. Durant son pontificat , il voit cinq empereurs se succéder : Aurélien , Tacite , Probus , Carus et Numérien. Il encourage la pratique de la bénédiction des arbres et des fruits , préfigurant la fête des Rogations instituée en France lors du concile d'Orléans en 515. Plusieurs écrits lui sont attribués dont l'un apocryphe dans la Patrologia Latina qui lui serait attribué à tort , une exhortation aux prêtres. Il s'agirait en fait du Synodicon de Rathier de Véronne. Il est inhumé dans la crypte des Papes de la catacombe de Saint-Calixte. C'est l'avant-dernier pape dont l'épitaphe est rédigée en grec : « ΕΥΤΥΧΙΑΝΟC ΕΠΙC » (en français : Eutychianus , Évêque). Ses restes ont été découverts par Giovanni Battista de Rossi. Au XVIIe , ses reliques auraient été transférées dans deux endroits de Sarzana : la cathédrale de la ville et l'abbaye de Luni. Eutychien est inscrit au martyrologe romain à la date du 8 décembre : « À Rome , Saint-Eutychien , pape , qui , de ses propres mains ,ensevelit en divers lieux trois-cent-quarante-deux martyrs , auxquels il fut lui-même associé sous l'empereur Numérien , par une sainte mort pour Jésus-Christ il fut enterré dans le cimetière de Calliste ».
028 Saint Caïus 283/296 ? Saint Caïus Saint Caïus , né à Salone (près de Split) en Dalmatie Croatie est , selon l'Église catholique , le 28e évêque de Rome du 12 décembre 283 à sa mort , le 22 avril 296.
Son père se prénomme Caïus. Il est membre d'une famille noble liée à l'empereur Dioclétien1 Alors qu'il était Évêque , Caïus , pourrait avoir été emprisonné avec le pape Étienne Ier2. Il existe peu d'information sur Caïus en dehors de celles données par le Liber Pontificalis , qui s'appuie sur un récit légendaire , de la martyre Sainte-Susanna. Selon la légende , Caïus baptise les hommes et les femmes convertis par Saint-Tiburce (qui est vénéré avec saint Susanna) et Saint-Castulus. Les légendes affirment que Caïus se réfugie dans les catacombes de Rome et y meurt en martyr. Selon le Catalogus Liberianus , le pape Caïus aurait régné durant douze ans , quatre mois et sept jours , du 12 décembre 283 au 22 avril 296. Le théologien Eusèbe de Césarée évalue le pontificat à quinze années. Caïus est mentionné au cours du IV siècle dans le Depositio Episcoporum mais n'est pas cité en tant que martyr : « X kl maii Caii in Callisti » dans CALLISTI". Il a été enterré dans la crypte papale du cimetière de Calliste. Selon un certain Anastasius , Caïus n'aurait régné qu'onze années. Il n'y a pas d'autres détails connus de sa vie. On lui attribue le décret en vertu duquel personne ne peut accéder à l'épiscopat sans avoir reçu les ordres de portier , lecteur , acolyte , exorciste , sous-diacre , diacre et prêtre. Il a également divisé les quartiers de Rome parmi les diacres. Au cours de son pontificat , les mesures anti-chrétiennes ont augmenté , bien que de nouvelles églises aient été construites et les cimetières élargis. Saint Caius peut ne pas avoir été martyrisé : la persécution des chrétiens par Dioclétien a commencé en l'an 303 , après la mort présumée de Caïus , Lorsque Dioclétien est devenu empereur , il n'a pas été immédiatement hostile au christianisme.
029 Saint Marcellin 296/304 ? Saint Marcellin Saint Marcellin , (en latin : Marcellinus) est , selon l'Église catholique , le 29e pape1 et évêque de Rome du 30 juin 296 à sa mort en martyr le 25 octobre 304. Il succède à Caïus.
Selon le Chronographe de 354, Marcellin est évêque de Rome, depuis l'an 296, durant 8 ans 3 mois et 18 jours jusque l'an 304, période où la persécution démarre et l'épiscopat cesse durant 7 ans 6 mois et 25 jours2. C'est au cours du pontificat de Marcellin , en 301 que l'Arménie devient la première nation officiellement chrétienne. En 303 , sous le pontificat de Marcellin , débute la dernière grande persécution des chrétiens , celle de Dioclétien. Le Liber pontificalis , se fondant sur les actes de St Marcellin , dont le texte est perdu , rapporte que , pendant la persécution de Dioclétien , Marcellin est appelé au sacrifice. Il offre de l'encens aux idoles , mais il se repent peu de temps après , avoue sa foi pour le Christ et souffre le martyre avec plusieurs compagnons. D'autres documents parlent de sa défection , ce qui pourrait expliquer le silence des anciens calendriers liturgiques. Au début du ve siècle Petilianus , l'évêque donatiste de Constantin affirme que Marcellin et ses prêtres auraient abandonné les livres saints aux païens durant la persécution et offerts de l'encens à de faux dieux. Saint Augustin se contente de nier l'affaire , montrant par là qu'elle ne reposait que sur des calomnies. Les registres du concile de Sinuessa , ive siècle , concile considéré comme imaginaire , sont fabriqués au début du vie siècle. Ils indiquent que Marcellin , après sa chute , se présente devant un conseil , qui refuse de le juger selon le principe que le premier Siège ne peut être jugé par personne. Selon le liber pontificalis , Marcellin est enterré , le 26 avril 304 , dans le cimetière de Priscille , sur la Via Salaria , 25 jours après son martyre le Catalogus Liberianus donne comme date le 25 octobre 304. Le fait du martyre , aussi , n'est pas établi avec certitude. Selon l'Église catholique , après une vacance de quatre années , contrairement à ce qu'indique le Chronographe de 354 , Marcel Ier lui succède. Ces deux pontifes sont parfois confondus.

Élus au 4 ème siècle

No Nom Pontificat Naissance Notes
030 Saint Marcel I 308/309 Rome Saint Marcel I Marcel Ier, natif de Rome , fut le 30e pape de l'Église catholique. Son pontificat ne dura que deux ans (308-309). Il succédait à Marcellin (296-304) après quatre ans de vacance du siège pontifical , à une époque où les persécutions contre les chrétiens (Persécution de Dioclétien) étaient très importantes.
Marcel Ier dut réorganiser le culte dans des bâtiments provisoires, les églises ayant été saccagées sous Dioclétien , en établissant vingt-cinq presbytéraux à Rome. Il dut aussi gérer le cas des chrétiens apostats , qui avaient renié le Christ depuis la persécution de l'empereur Dèce et aurait exigé d'eux un acte de pénitence. L'empereur Maxence , irrité contre le franc-parler de saint Marcel , l'aurait réduit à l'état d'esclave et transformé en palefrenier. La Légende dorée rapporte que , le pape Marcel fut surpris en train de célébrer la messe dans la demeure d'une Dame. L'empereur Maximien fit transformer la riche demeure en étable et condamna le pontife à garder les bestiaux. Marcel Ier est probablement mort le 16 janvier 309 et aurait été enseveli à Rome , dans la catacombe de Priscille où reposent de nombreux martyrs.
031 Saint Eusèbe 309/310 Grèce Saint Eusèbe Eusèbe est un pape d'origine grecque du ive siècle. Il n'exerça sa charge d'évêque de Rome que du 18 avril 310 , date de son intronisation , au 17 août 310 , date de son décès. La Légende dorée raconte qu'il baptisa Eusebio di Vercelli (Eusèbe de Verceil). Eusèbe fut le successeur de Marcellus Ier , en 309 ou en 310. Son règne fut bref. Le Catalogue Libérien ne lui donne qu'une durée de quatre mois , du 18 avril au 17 août , 309 ou 310. Nous apprenons quelques détails de sa carrière grâce à une épitaphe sur son tombeau fait sur l'ordre du Pape Damase , épitaphe que des transcriptions anciennes nous ont conservée. Quelques fragments de l'original , avec une copie de marbre du vie siècle , destinée à remplacer l'original après sa destruction , ont été trouvés par Giovanni Battista Di Rossi dans la Chapelle papale , dans les catacombes de Callixte. Il semble d'après cette épitaphe que les graves dissensions intérieures provoquées dans l'Église romaine par la réadmission de ceux qui avaient apostasié (les lapsi) pendant la persécution de Dioclétien se poursuivirent sous son pontificat. Sur ce point Eusèbe avait maintenu la politique de Marcellus , qui était d'ailleurs celle que l'Église romaine avait adoptée après les persécutions de Decius (250-51) : les apostats ne devaient pas être exclus à jamais de la communion de l'Église , mais d'un autre côté , on ne pouvait les réadmettre qu'après qu'ils se seraient soumis à l'indispensable pénitence (Eusebius miseros docuit sua crimina flere). À cette conception s'opposait à Rome une fraction minoritaire de Chrétiens sous la direction d'un certain Héraclius. Lui et ses partisans recommandaient-ils comme les Novatistes une interprétation plus rigoureuse de la loi ou exigeaient-ils au contraire plus d'indulgence , la chose n'est pas claire. La dernière interprétation , pourtant , est de loin la plus probable et dans cette l'hypothèse Héraclius aurait été le chef d'un parti créé par d'anciens apostats et leurs partisans , qui réclamaient une réadmission immédiate dans le corps de l'Église. Damase évoque par des termes très forts le conflit qui s'est ensuivi (seditio , cœdes , bellum , discordia , lites). Il est probable qu'Héraclius et ses partisans ont cherché à imposer par la force leur admission aux mystères sacrés , à la grande indignation des fidèles rassemblés à Rome autour d'Eusèbe. Tant et si bien que l'empereur Maxence finit par les exiler tous les deux. Eusèbe fut ainsi déporté en Sicile , où il mourut peu après. Miltiade monta sur le trône papal le 2 juillet 311. Le corps de son prédécesseur fut rapporté à Rome , probablement dès 311 et le 26 septembre (selon la Depositio Episcoporum dans le chronographe de 354) fut placé dans un cubiculum particulier des Catacombes de Calliste. Le fait d'avoir fermement défendu la discipline ecclésiastique et d'avoir été banni lui valut d'être vénéré comme un martyr .Dans son épitaphe , le pape Damase honore Eusèbe de ce titre. Sa fête , jadis célébrée le 26 septembre , l'est maintenant le 17 août.
032 Saint Miltiade 311/314 Tunisie Saint Miltiade Deuxième pape berbère. Saint Miltiade ou Melchiade , (en grec : (Μελχιάδης ὁ Ἀφρικανός) : Melchiade l'Africain) né en Afrique (territoire de l'actuelle Tunisie). Il est le 32e pape de l'Église catholique et est considéré comme un pape africain. Il est évêque de Rome du 2 juillet 311 jusqu'à sa mort le 10 janvier 314 (ou le 11 janvier).
033 Saint Sylvestre I 314/335 Sant'Angelo Saint Sylvestre I Sylvestre Ier (ou Silvestre) ou saint Sylvestre (270 - 31 décembre 335) fut le 33e pape du 31 janvier 314 au 31 décembre 3351 , pendant le règne de l'empereur Constantin Ier , qui instaura la tolérance du christianisme au sein de l'Empire romain. Sylvestre est l'un des premiers saints canonisés sans avoir subi le martyre. Il est fêté le 31 décembre.
Son autorité fut éclipsée par celle de Constantin , et il n'assista pas au synode d'Arles (314) ni au concile de Nicée (325) , convoqués par l'empereur. Il n'empêche que , avec ou sans lui , c'est sous son pontificat que l'autorité de l'Église fut établie et que furent construits les premiers monuments chrétiens : l'église du Saint-Sépulcre à Jérusalem , les basiliques de Saint-Jean-de-Latran et de Saint-Pierre à Rome , les églises des Saints-Apôtres et de Sainte-Sophie à Constantinople. Les historiens chrétiens de l'époque romaine (Eusèbe de Césarée et Lactance) attribuent la conversion de Constantin à une vision qu'il aurait eue juste avant la bataille du pont Milvius , où il triompha de Maxence (312). Mais la tradition médiévale , véhiculée notamment par la Légende dorée , en donne une autre interprétation : l'empereur était couvert d'une lèpre incurable , et c'est lorsque Sylvestre l'eut baptisé par immersion dans une piscine qu'il fut guéri de sa lèpre et comprit qu'il lui fallait défendre la foi chrétienne. Cet épisode est aussi raconté dans la donation de Constantin, texte apparu au ixe siècle et accordant au pape Sylvestre le pouvoir sur l'Occident. Mais le caractère apocryphe et sans valeur de ce texte est établi et admis par l'Église. En effet , en 1440 , l'humaniste italien Lorenzo Valla démontre que la donation de Constantin au pape Sylvestre Ier , donation qui fonda juridiquement le pouvoir temporel du pape pendant tout le Moyen Âge , est une invention du pape Étienne II4. On a attribué aussi à Sylvestre d'autres miracles , par exemple d'avoir ressuscité un taureau et dompté un dragon. Il fut , à l'origine , inhumé dans la Catacombe de Priscille , à Rome .
034 Saint Marc 336 Rome Saint Marc Saint Marc est , selon l'Église catholique , le 34e pape de l'Église catholique du 18 janvier 336 au 7 octobre 336. Marc est né à Rome et il est le fils de Priscus ou Prisque. Il succède à Sylvestre Ier , le 18 janvier 336. Selon Anastase Ier , Marc institue le pallium , cette bande de laine d'agneau ornée de croix noires et rouges. Marc est « sacré » par l'évêque d'Ostie , consécrateur ordinaire du pape et porte le pallium. Son bref pontificat (huit mois et quelques jours) est centré sur la lutte contre l'hérésie arienne et est marqué par l'élévation , à sa demande , de la Basilique San Marco Evangelista al Campidoglio à Rome et de l'église cimitériale Sainte-Balbine. On lui attribue la rédaction du premier calendrier où étaient rapportées les festivités religieuses. Il décède le 7 octobre 336. Initialement enterré dans la catacombe de Sainte-Balbine (it), ses reliques sont transférées à Velletri en 1048 puis en 1148 dans la basilique San Marco Evangelista al Campidoglio à Rome. Il est également possible que son corps ait été transféré , à une date non précisée , à Saint Laurent de Florence. Il est fêté le 7 octobre.
035 Saint Jules I 337/352 Rome Saint Jules I Jules Ier , né à Rome vers 280 , intronisé 35e pape le 6 février 337. Il le reste jusqu'au 12 avril 352. Le 6 février 337 , il est élu pape , c'est-à-dire évêque de Rome à cette époque , et le reste jusqu'à sa mort1. Pape considéré longtemps par l'Église chrétienne apostolique comme bienveillant , il sait faire également preuve de fermeté. Il prend la défense de saint Athanase d'Alexandrie contre les Ariens et semi-Ariens et les anti-nicéens. Il tient en 340-341 un synode à Rome contre l'Arianisme , et provoqua également la réunion du Concile de Sardique , (l'actuelle Sofia) en 342. Il fait élever à Rome , la Basilique des Douze Apôtres communément nommée à l'époque la Basilica Juliana ainsi que la Basilique Sainte-Marie-du-Trastevere. Il consacre saint Donat évêque d'Arezzo. Jules Ier mourut le 12 avril 352 et fut enterré au cimetière de Calepodio sur la via Aurelia où il avait fait construire une église. Sa dépouille fut transférée par le pape Adrien Ier , en 790 , en l'église Sainte-Marie-du-Trastevere où il repose désormais. Il est fêté le 12 avril.
036 Libère 352/366 Rome Libère Libère (Liberius) est évêque de Rome (pape) du 17 mai 352 à sa mort le 24 septembre 366. Il succède à Jules Ier. Il est le premier à désigner Rome comme le siège apostolique. La Vierge Marie lui apparaît dans un songe dans la nuit du 4 et du 5 août , lui demandant de construire une chapelle. La même nuit , selon l'histoire ecclésiastique , il y a une chute de neige miraculeuse sur les sept collines de Rome. Il achève la construction de la basilique Sainte-Marie-Majeure deux années plus tard. Cette basilique majeure de Rome est appelée basilique libérienne. Il combat l'arianisme de l'empereur Constance qui l'exile de 355 à 358 à Beroia en Macédoine. Il doit négocier son retour à Rome et partager l'administration de l'Église avec l'antipape Félix II. Mais le peuple de Rome prend rapidement parti pour Libère et chasse Félix. À sa mort en 366 , son trône est réclamé par Damase Ier et Ursin. Selon la tradition , ce serait Libère qui , en 354 fixe la fête de la naissance du Christ au 25 décembre. Il est à l'origine , inhumé dans la catacombe de Priscille à Rome. Il est le premier pape à ne pas avoir été fait saint de l'Eglise Catholique.
Pontificat :
Le pontificat de Libère se situe dans une période au cours de laquelle le dogme de l'Église , défini par le concile de Nicée , est fortement contesté par les ariens. L'empereur Constance II soutient l'arianisme et exile le patriarche d'Alexandrie Athanase d'Alexandrie , vigoureux défenseur du concile de Nicée. Constance obtient aux conciles d'Arles et de Milan le soutien de la majorité des évêques occidentaux. Certains toutefois s'en indignent. C'est le cas du pape Libère que Constance fait exiler. Constance lève cette mesure trois ans plus tard et Libère revient à Rome. La controverse porte sur les raisons qui ont motivé le revirement de Constance. Nombre d'historiens anciens et modernes prétendent que Libère aurait signé une des formules de Sirmium , condamnant saint Athanase et donnant en partie satisfaction aux ariens. Ils considèrent que Libère a agi par faiblesse et non par conviction. Par ailleurs , la formule de Sirmium signée par le pape Libère pouvait être interprétée dans un sens catholique. Toujours est-il qu'à peine libéré , il la désavoua et proclama que la seule formule à recevoir est celle du Concile de Nicée Pour la thèse inverse , Constance aurait libéré le pape sous la pression du peuple romain. Un autre argument en faveur de la sainteté du pape Libère est le jugement du pape Benoît XV : « Et ces Pontifes , qui osera dire qu’ils aient failli , même sur un point , à la mission qu’ils tenaient du Christ , de confirmer leurs frères ? Loin de là ; pour rester fidèles à ce devoir , les uns prennent sans faiblir le chemin de l’exil , tels les Libère , les Silvère , les Martin . D’autres prennent courageusement en main la cause de la foi orthodoxe et de ses défenseurs qui en avaient appelé au Pape , et vengent la mémoire de ceux-ci même après leur mort. ».
ANT Félix II 355/365 ? Félix II L'antipape Félix II, de 355 à 365, était autrefois considéré comme un pape légitime. Il est en quelque sorte situé entre Libère et Damase Ier. Au lendemain de la déportation du pape Libère en 355 par l'empereur Constance II , le clergé romain dont l'archidiacre Félix jure de n'en point reconnaître d'autre tant que leur évêque vivrait. Mais sous les pressions de l'empereur , Félix change d'avis et se fait sacrer par trois évêques ariens. Le clergé se rallie à lui mais pas le peuple qui reste fidèle à Libère. Quand Libère est libéré en 357 le clergé réunit la population dans le grand cirque de Rome et annonce que l'Église sera administrée par deux évêques. C'est un tollé qui accueille cette décision et lorsque Libère arrive à Rome une émeute éclate et chasse Félix. Ce dernier tente de revenir par la force quelque temps après , mais devant l'échec de sa tentative renonce définitivement et se retire sur ses terres dans les environs de Rome. Il meurt le 22 novembre 365. Curieusement au Moyen Âge le personnage de Félix connaît un regain de ferveur. Cela est la conséquence de l'opprobre post-mortem qui entoure le personnage de Libère et d'une confusion avec un homonyme , martyr très populaire. C'est ainsi que Félix II est honoré au Moyen Âge comme le pape légitime , souvent présenté comme un martyr.
037 Saint Damase I 366/384 Idanha-a-Velha Saint Damase I Premier Pape portugais.Damase (en latin : Damasus) ou , par rétronymie , Damase Ier ou saint Damase (sanctus Damasus) , né vers 305 et mort « presque octogénaire » à Rome le 11 décembre 384 , est citoyen romain , né de parents espagnols. C'est le 37e évêque de Rome. Il succède à Libère , mort en 366. Pontife , homme de lettres et poète , il est une des grandes figures pontificales des premiers siècles. Décédé à Rome le 11 décembre 384 , ce saint chrétien est liturgiquement commémoré le 11 décembre.
Diacre , Damase accompagne l'évêque de Rome, Libère, dans l'exil dont l'a frappé l'empereur Constance II. Damase est ainsi disposé à succéder à Libère comme évêque. Mais un autre diacre , Ursin (Ursinus) se montre plus prompt à se faire élire , puis consacrer , en la basilique Julia de Rome , dès la mort de Libère , le 24 septembre 366. Un parti plus nombreux procède , en Saint-Laurent-de-Lucine , à l'élection de Damase , qui est consacré , en la basilique-cathédrale , le 1er octobre 366 , non sans avoir fait évacuer auparavant la basilique Julia. C'est le début d'un schisme , bien documenté surtout par des sources hostiles à Damase : les Gesta Liberii , la Collectio avellana et le Libellus precum. Ursin aussitôt exilé par le préfet de la ville , ses partisans se retranchent dans une église , à laquelle les partisans de Damase donnent l'assaut. L'échauffourée fait une centaine de morts. Après une amnistie promulguée en 367 , les partisans d'Ursin essaient d'occuper l'église mais sont contraints de quitter Rome. Ils se manifestent à nouveau en 374 , à l'occasion d'un procès intenté à Damase par un juif converti , Isaac , puis à nouveau en 380 , ce qui vaut à l'affaire d'être évoquée , en 381 au premier concile d'Aquilée initié par Ambroise de Milan et présidé par Valérien d'Aquilée. Lors de son élection - une des plus mouvementées (et ensanglantées) de l’histoire de l’Église - sept prêtres et trois diacres , à la tête d'un groupe de fidèles lui reprochent de s'être rallié un certain temps , sous le pontificat précédent , à l'antipape Félix II. Les rebelles désignèrent l'un d'entre eux , Ursin comme successeur de Libère.
ANT Ursin 366/367 ? Ursin Ursin ou Ursicin1 (en latin : Ursicinus également connu sous le nom d'Ursinus) est élu pape lors d'une élection très contestée. Il exerce le pontificat de 366 à 367. Ce n'est qu'à l'occasion du concile de Rome de 378, qu'Ursin est condamné. Le pape Damase Ier est alors déclaré pape légitime. En 381, lors du concile d'Aquilée, Ursin est déclaré antipape.
Le pape Libère est banni en 355, à la suite d'un conflit avec l'empereur Constance II sur le traitement de l'arianisme . L'antipape Félix II est imposé comme son successeur. Après la mort de l'empereur, Libère s'installe finalement à Rome et Felix expulsé. Libère décède le 24 septembre 366. Au début de l'Église catholique, les nouveaux évêques de Rome sont choisis de la même manière que dans les autres diocèses , c'est-à-dire par les membres du clergé, avec les gens du diocèse, qui élisent ou choisissent le nouvel évêque, en présence des autres évêques de la province. Il s'agit d'une méthode simple dans une petite communauté de chrétiens unifiée par la persécution. Mais cette communauté chrétienne de Rome a grandi en taille et l'acclamation d'un nouvel évêque s'accompagne de divisions, entre les prétendants d'une part et une certaine hostilité de classe entre les candidats patriciens et les plébéiens qui commencent à perturber l'élection des évêques. Dans un même temps, les empereurs du ive siècle doivent confirmer chaque nouveau pape.
Une élection agitée Les partisans patriciens de Félix appuient l'élection de Damase tandis que les partisans opposés, ceux de Libère, les diacres et les laïcs , soutiennent Ursin, lui-même diacre. Tous deux sont élus en même temps, dans une atmosphère d'émeute. Ursin est alors sacré par l'évêque de Tibur. Les supporters des deux camps s'affrontent durant trois jours. Le calme revient à la suite de l'intervention du préfet de Rome qui fait expulser Ursin1. Selon une autre version fournie par Marcellino et Faustino, deux prêtres lucifériens qui, après avoir été expulsés de Rome par Damaso, rédigent le Libellus Precum. Partisans d'Ursin, ils affirment que ce dernier est élu avant Damase par les personnes en communion avec l'Église de Libère, sur le Tibre. Ursin est ordonné par Paul, évêque de Tivoli (Tibur). Selon eux, Damase, en réponse à cette élection, fait irruption dans l'église et massacre beaucoup de gens. Sept jours plus tard, celui-ci prend possession de la basilique du Latran, où il est sacré, le 1er octobre 366.
Conséquences de l'élection
Après ces deux élections, tous les récits conviennent que les partis rivaux se sont affrontés à chaque occasion et qu'au cours de ces affrontements, de nombreuses vies ont été perdues. La violence face à laquelle, les deux préfets de la ville, le préfet de Rome Vivenzio Scisciano (it) et le préfet de l'annone Giuliano, sont appelés pour rétablir l'ordre. Finalement, d'un commun accord, les préfets bannissent Ursin vers la Gaule, mais les combats continuent. En 367, l'empereur Valentinien permet aux bannis de revenir, mais il les menace de punition sévère en cas de nouvelles émeutes. Ursin revient le 15 septembre : il est reçu avec de grandes démonstrations de joie de la part de ses disciples, mais le 16 novembre, il est à nouveau relégué en Gaule, avec sept des siens, par ordre de l'empereur. Cependant, la paix n'est pas été immédiatement rétablie. Ses disciples continuent à se réunir dans les cimetières et prennent possession de l'église de Sainte-Agnès hors les Murs (it). Toujours selon Marcellino et Faustino ils en sont chassés par Damase lui-même avec ses disciples, dans un bain de sang. Après ces événements, le nouveau préfet de Rome Vettius Agorius Praetextatus, successeur de Vivenzio, interdit la réunion des deux parties. En 371, cependant, les empereurs Valentinien, Valens et Gratien permettent à Ursin et ses amis de rentrer d'exil de Gaule, leur permettant de vivre là où ils voudraient, mais loin de Rome et ses régions suburbaines .
Le concile de Rome de 378
En 378, un concile à lieu à Rome. Il condamne Ursin et affirme Damase en tant que vrai pape. De ce conseil, une lettre est adressée aux empereurs Valentinien II et Gratien, dans laquelle il est précisé qu'Ursin et ses disciples sont gardés secrètement en raison de leur machination contre Damase.
038 Saint Sirice 384/399 Rome Saint Sirice Saint Sirice (en latin Siricius), (°Rome vers 320 – † 26 novembre 399, Rome), est le 38e évêque de Rome, Élu en décembre 384, il est le premier qui porte effectivement le titre de pape. Selon la tradition, Sirice naît à Rome et a pour père un dénommé Tiburce. Selon son épitaphe, il est lecteur, puis diacre, sous le pontificat de Libère (352–356). Une lettre de l'empereur Valentinien II au préfet de Rome indique que Sirice est élu pape à l'unanimité à la mort du pape Damase. Il est consacré évêque peu après, probablement le 17 décembre. Son premier acte officiel revêt une portée historique très importante. En effet, Himérius, évêque de Tarragone, avait adressé à Damase une liste de 15 questions portant sur le baptême, la pénitence, l'ordination ou encore le mariage. Fraîchement élu, Sirice lui répond le 10 février 385. Les indications données n'ont rien de révolutionnaire : elles reprennent des dispositions du concile de Nicée (325) ou encore de concile de Sardique (343) (aujourd'hui Sofia en Dacie). Cependant, Sirice les assortit de sanctions. Pour la première fois un avis de l'évêque de Rome devient une loi pour l'ensemble de l'Église. Cette lettre constitue la première décrétale (lettre pontificale sur des questions de discipline ou de droit canonique) authentique connue. Insensiblement, par cette décrétale le primus inter pares qu'était l'évêque de Rome assume un rôle de souverain pontife. Sirice a pleinement conscience de son autorité sur l'ensemble de l'Église. Cette décrétale est suivie d'autres missives incitant les évêques d'Afrique à appliquer les canons de deux conciles romains, l'un convoqué par Damase et l'autre par lui-même (386). Le premier canon concerne la consécration de l'évêque et l'obligation de chasteté des clercs. Le second exige une enquête préalable sur les candidats aux ordres. Ainsi s'amorce la législation pontificale. Sirice œuvre avec énergie contre les hérétiques, en collaboration avec Ambroise, évêque de Milan. Lors du concile de Capoue (392), il condamne Bonose, évêque de Sardique, qui nie la virginité de Marie. La même année, il condamne lors d'un concile romain le moine Jovinien, qui non seulement nie aussi la virginité de Marie, mais récuse la vie de célibat et de chasteté. Il laisse cependant aux églises locales le soin de sanctionner les deux hérétiques. À la suite de Damase, il intervient dans la controverse des priscillianistes. Après la mort de l'empereur Maxime en 388, il sanctionne les évêques ayant livré Priscillien et ses compagnons au bras séculier. C'est le cas en particulier d'Ithace, évêque de la cité où avait été exécuté Priscillien. Sirice condamne également Félix, évêque de Trèves, qui soutient Ithace. Enfin, il autorise le retour au sein de l'Église des priscillianistes. Sous son règne est bâtie la basilique Saint-Paul-hors-les-murs, sur la tombe présumée de l'apôtre, sur la via Ostiensis. Sirice la consacre en 390 ; son nom figure sur l'un des piliers ayant survécu à l'incendie de 1823. Il fut, à l'origine, inhumé dans la Catacombe de Priscille, à Rome. Saint Jérôme évoque dans sa lettre cxxvii son manque de jugement : il lui reproche d'avoir délivré à Rufin d'Aquilée, suspecté d'hérésie, un certificat d'orthodoxie. Au contraire, saint Ambroise loue dans sa lettre xlii son action contre les hérésies. Isidore de Séville le qualifie de clarissimus pontifex (« pontife très illustre »). Retiré du martyrologe romain, son nom y est réinscrit par Benoît XIV qui écrivit un long mémoire à ce sujet. Liturgiquement il est commémoré le 26 novembre, date anniversaire de sa mort.
039 Saint Anastase I 399/401 Rome Saint Anastase I Anastase Ier, l'un des saint Anastase, est le 39e pape, de 399 à 401. Les églises chrétiennes le célèbrent le 19 décembre en Occident et le 27 avril en Orient. Il est né à Rome, au sein de la famille des Massimi. Il condamne Origène et les donatistes. Au sein de l'Église, Anastase est cependant un homme de conciliation en particulier au moment de la querelle avec Origène. Il est très attentif au retour des chrétiens qui, devant la persécution, ont cédé par faiblesse : quelques-unes de ses lettres en témoignent. Anastase combattit les disciples d'une secte qui pratiquait des rites hétérodoxes et décida que les prêtres devaient se lever et tenir la tête inclinée durant la lecture de l'Évangile. Il mourut le 19 décembre 401. Il est enterré à Rome, sur la via Ostiense, au-dessus des catacombes de Saint-Pontien. Son pontificat dura un peu plus de deux ans.

Élus au 5 ème siècle

No Nom Pontificat Naissance Notes
040 Saint Innocent I 401/417 ? Saint Innocent I Innocent Ier est pape de 401 à 417. Il est fêté le 28 juillet. Innocent succède, selon Jérôme (Ep, 130, 16), au pape Anastase Ier, son père, le 21 décembre 401. Selon le Liber Pontificalis (L. Duschesne, Le Liber pontificalis, p. 220-224), peu de choses seraient connues de ses jeunes années si ce n'est qu'il serait originaire d'Albano dans le Latium et le fils d'un homme nommé Innocentius. Ceci dit, son pontificat reste l'un des plus importants de cette période tragique où l'Empire romain est en train de vivre ses dernières années en Occident. Le désastre de la prise de Rome par Alaric Ier le 24 août 410, à l'heure même où à Ravenne le pape discute avec l'empereur Honorius de l'opportunité de faire du chef wisigoth le commandant des forces impériales, est un déclic, semble-t-il, pour Innocent. Il est clair que le temps est révolu où l'Église s'accommode d'un gouvernement parcellaire où chaque évêque est totalement responsable de son diocèse sans rendre de compte à Rome. Pour Innocent seule une autorité forte, autorité qui n'est plus assurée par l'empire, peut garantir le salut de l'Église. Cette tendance déjà amorcée par ses prédécesseurs, Anastase Ier et surtout Sirice, va s'accentuer sous le pontificat d'Innocent Ier à un point jamais atteint jusqu'à ces jours sombres. Il consolide l'autorité du Pape, renforce les liens avec les évêques d'Occident (Carthage, Tarragone, etc.) mais aussi d'Orient (Thessalonique) et exige que les problèmes de doctrine soient débattus à Rome. Il condamne ainsi vigoureusement le pélagianisme en approuvant les travaux du concile de Carthage de 416. Ses relations avec la cour de Constantinople et le patriarche sont fluctuantes. Il refuse un partage de l'autorité avec le patriarche mais entretient de bonnes relations avec Jean Chrysostome pour lequel il intervient en vain lorsqu'en 403 celui-ci est exilé une première fois par les intrigues de l'impératrice Eudoxie. Il est l'auteur d'une liste de livres canoniques de la Bible incluant tous les livres qui seront finalement retenus au concile de Trente (source : TOB, introd. à Judith). Il meurt le 12 mars 417.
041 Saint Zosime 417/418 ? Saint Zosime C'est un saint de l'Église catholique romaine fêté le 26 décembre. On ne sait que peu de chose sur sa vie si ce n'est qu'il est grec de nation, que son père s'appellerait Abram et que sa famille serait d'origine juive, convertie au christianisme. Successeur d'Innocent Ier, il fut élu unanimement le 18 mars 417. Zosime est un Grec, étranger à la mentalité romaine, pourvu de bonnes intentions mais dépourvu de tact et de diplomatie. À cette époque, Célestius, qui partageait les idées de Pélage, déjà condamné par saint Innocent, vint à Rome et porta son appel de la condamnation prononcée contre lui-même par le concile de Carthage. Zosime mit dans l'instruction de cette affaire toute la circonspection et toute la prudence d'un juge qui veut être convaincu. Il entendit l'accusé dans une assemblée composée de prêtres et d'évêques. Il lui fit même promettre de condamner tout ce qui serait condamné par le Saint-Siège. Néanmoins il ne leva point l'excommunication et prit un délai de deux mois afin de pouvoir écrire en Afrique et en recevoir des réponses. Le pape écrivit lui-même aux évêques d'Afrique, pour être parfaitement informé des motifs de leur jugement. Mais Célestius et Pelage trouvèrent des amis qui parvinrent à s'emparer de la religion du saint pontife ; il les reconnut innocents et alla même jusqu'à punir deux envoyés de Carthage, qui étaient venus à Rome pour soutenir la décision du concile. Zosime reçut alors une lettre de Praïle, évêque de Jérusalem, successeur de Jean qui lui recommandait spécialement l'affaire de Pelage, pour lequel il était aussi affectionné que l'avait été son prédécesseur. Le pape, prévenu par cette lettre et par une profession de foi de Pelage qui y était jointe, en faveur des intentions de cet hérésiarque, écrivit aux évêques d'Afrique une seconde lettre plus forte que la première et dans laquelle il témoignait être persuadé de la sincérité de Pelage et blâmait même Héros et Lazare, qui avaient pour eux l'estime de saint Augustin. C'est ainsi que Zosime se laissa surprendre par les artifices de Pelage et de Célestius, par sa trop grande bonté et par un excès de crédulité, non en approuvant l'erreur avec eux, dit un auteur non suspect, mais en les croyant catholiques avec lui.[non neutre] Après la nouvelle lettre synodale du concile de Carthage du 1er mai 418 au pape, et après les mesures prises par l'empereur Honorius contre les pélagiens, Zosime reconnut le vrai caractère des hérétiques2. Il écrivit alors une lettre à tous les évêques, spécialement à ceux d'Afrique, où il expliqua solidement la doctrine catholique sur le péché originel et la grâce de Jésus-Christ. Dix-huit évêques refusèrent de la souscrire ; à leur tête était le fameux Julien d'Eclane. Ces dix-huit réfractaires (d'autres n'en comptent que dix-sept) donnèrent le premier exemple de l'appel d'une constitution dogmatique du Saint-Siège au futur concile général. Tous les évêques d'Afrique tinrent un nouveau concile et, avec le secours et l'éloquence de saint Augustin, parvinrent à faire triompher la vérité. Zosime reconnut qu'il avait été trompé : il ordonna un nouvel examen, et le premier jugement fut rétracté. Prévenu de même en faveur de Patrocle, évêque d'Arles, Zosime accorda à ce siège, en 417, un droit de primatie pour les ordinations et les jugements, qui fut par la suite un grand sujet de contestation et qui ne fut pas soutenu par les papes, ses successeurs. Il s'aliène les évêques de Gaule en tentant d'imposer son protégé à la tête des diocèses de Vienne et Narbonne. L'évêque de Marseille, Proculus, encourut l'indignation de ce pape pour avoir affecté les droits de métropolitain sur la deuxième Narbonnaise. Une autre contestation s'élevait entre lui et les évêques d'Afrique, au sujet d'un prêtre nommé Apiarius, qui appelait au Saint-Siège de l'excommunication prononcée contre lui par l'évêque, lorsqu'une maladie longue et douloureuse enleva le pape, le 26 décembre 418. Considéré comme saint par l'Église catholique, il est fêté le 26 décembre. On lit dans le martyrologe qu'il ordonna que les diacres porteraient des pâlies ou serviettes sur le bras gauche, d'où l'on conclut qu'il a établi le manipule. On lui attribue aussi divers usages et règlements, par exemple de bénir le cierge pascal dans les paroisses ; mais cette bénédiction est d'un temps plus reculé. Il reste de Zosime treize lettres, qu'on trouve écrites avec beaucoup de vigueur et d'autorité. Les anciens ont fort loué la constitution de Zosime contre Pelage, dont il ne nous reste que quelques fragments ; elle est connue sous le nom de Tractoria Zosimi, nom générique donné aux lettres et décrets portés dans les provinces par les courriers publics et que quelques critiques croient devoir être appelés Tractatoria. On peut consulter sur Zosime : Anastase, dans sa Bibliothèque ; Baronius, dans ses Annales ; le tome 10 de dom Cellier.
ANT Eulalien 418/419 ? Eulalien Eulalien, né vers 380 et mort vers 423, antipape du 27 décembre 418 au 3 avril 419. Il fut aussi appelé Eulalius. À la mort du pape Zozime, un collège électoral illégalement réunit par les diacres se barricadent au Latran et élit l'archidiacre Eulalius mais le 28 décembre 418 la grande majorité des diacres élisent l'un d'entre eux le diacre Boniface. L'empereur Honorius confirme le 3 avril 419 l'élection légal de Boniface Ier. Eulalius accepta la décision de l'empereur et se retira à Antium (Anzio). En 422 Boniface Ier tomba malade et mourut, Eulalius n’essaya pas de récupérer le siège pontifical malgré la pression de ses partisans. Le Liber Pontificalis lui attribue un diocèse en Campanie.
042 Saint Boniface I 418/422 ? Saint Boniface I C'est un saint pour l'Église catholique romaine, fêté le 4 septembre. À la mort du pape Zosime, le 26 décembre 418, le parti des diacres élit pour lui succéder l'archidiacre Eulalien, le 27 décembre. Or, le 28, les prêtres choisissent l'un des leurs, qui devient Boniface Ier. Il en résulte que, le 29 décembre, les deux hommes sont sacrés chacun de leur côté. Pour trancher la question, l'empereur Honorius convoque un synode à Ravenne le 8 février 419 et interdit aux deux prétendants d'entrer dans la ville de Rome. En fait, le synode hésitant laisse la décision à l'empereur. Comme celui-ci semble prendre son temps, Eulalien s'impatiente et pénètre dans la cité de Rome pour y célébrer les cérémonies de Pâques. Les troupes d'Honorius interviennent alors pour installer Boniface, tandis qu'Eulalien se console avec un évêché en Campanie (il y meurt sans histoires en 423). Pour éviter le renouvellement du problème, Honorius promulgue une ordonnance disposant qu'en cas de double élection, aucun des deux élus ne soit pape, mais que l'on procéderait à l'élection d'un troisième. Le choix de Boniface est assez heureux, car il rétablit la dignité pontificale écornée par son prédécesseur. Il invoque, dans une lettre aux évêques de Thessalie en 422, pour la première fois le terme de principatus pour désigner l'Eglise romaine. Il retire son mandat à Patrocle d'Arles, nommé par Zosime métropolite des provinces de Vienne et Narbonne. Ceci rassure le clergé gaulois. Il parvient à convaincre l'empereur d'Orient, Théodose II, de rendre à la juridiction de Rome la province d'Illyrie, alors qu'il l'a précédemment remise au patriarche de Constantinople. Il est l'auteur de décrets interdisant aux femmes, fussent-elles religieuses, de toucher les linges sacrés (y compris pour les laver) ou de venir à l'autel pour y brûler de l'encens. Il interdit également aux esclaves de devenir des clercs. Il meurt le 4 septembre 422. Il est considéré comme saint par l'Église catholique romaine. Il est fêté le 4 septembre.
043 Saint Célestin I 422/432 Rome Saint Célestin I Il est probablement d'origine campanienne mais nous ignorons la date de sa naissance. Il se fait remarquer comme diacre à Rome et vit un certain temps à Milan auprès d'Ambroise de Milan. Il est élu le 10 septembre 422 pour succéder à Boniface Ier. Pape énergique, il précise les règles à suivre pour les élections épiscopales afin d'éviter les querelles qui avaient envenimé les débuts du règne de son prédécesseur. Adepte d'une grande fermeté, il souhaite renforcer la discipline des différents épiscopats, ses premières lettres aux évêques de Gaule et d'Italie sont très explicites sur ce sujet. À propos de l'élection de l'évêque Honorat à Arles, le pape Célestin Ier écrit ainsi en 428 à tous les évêques du sud-est de la Gaule pour leur demander qu'à l'avenir : « un prêtre ne soit élu, venant d'une autre Église, que dans le cas où aucun clerc de l'Église à pourvoir ne serait jugé digne, ce que nous croyons ne pouvoir se produire. Il faut réprouver le fait de préférer ceux des Églises étrangères, ne pas faire appel à des étrangers de peur que l'on ne paraisse avoir établi une sorte de nouveau collège d'où seraient tirés les évêques ». Célestin intervient aussi dans les nombreuses querelles dogmatiques de ce temps et condamne le nestorianisme qui distingue dans le Christ deux personnes distinctes. Le pape commence alors par se cantonner dans un rôle d'arbitre entre Nestorius, le patriarche de Constantinople à l'origine de cette doctrine (qui sera ultérieurement proclamée hérétique), et le patriarche saint Cyrille d'Alexandrie, qui vient de l'alerter à ce sujet. Prenant alors une connaissance plus approfondie des thèses hétérodoxes de Nestorius, le pape Célestin soutiendra totalement le patriarche d'Alexandrie et sommera Nestorius de se rétracter, mais en vain. En 430, lors d'un synode tenu à Rome, le pape excommunie Nestorius puis envoie trois légats au concile d'Éphèse (431) pour y représenter Rome et donne mandat à Cyrille d'Alexandrie de mener les débats conciliaires en son nom. Le nestorianisme y sera solennellement condamné ; toutefois, cherchant l'apaisement, les légats pontificaux tenteront de rétablir à nouveau la concorde entre Constantinople et Alexandrie.
044 Saint Sixte III 432/440 ? Saint Sixte III Il est un membre influent de l'entourage des papes Zosime puis Boniface Ier et Célestin Ier et, après avoir semblé pencher pour le pélagianisme dans sa jeunesse, il s'est rallié à une stricte orthodoxie à la suite d'un échange de lettres avec Augustin d'Hippone. Son élection le 31 juillet 432 n'est donc pas une véritable surprise. Son action s'illustre surtout dans la politique de construction d'édifices religieux avec la construction de la basilique Sainte-Marie-Majeure sur l'emplacement de la basilique construite par le pape Libère (352–366), une seconde basilique, celle de Saint-Laurent-la-Grande, à côté de celle construite par l'empereur Constantin Ier pour le même saint, et enfin le baptistère du Latran. Dans ses rapports avec les Églises d’Orient il cherche l'apaisement, surtout après la crise du nestorianisme, mais défend avec vigueur ses prérogatives sur l'Illyrie face aux revendications du patriarche de Constantinople. Il meurt le 19 août 440. Léon Ier lui succède. Sa fête pour l'Église catholique romaine est le 19 août.
045 Saint Léon I 440/461 Rome Saint Léon I Saint Léon Ier le Grand, pape de 440 à 461, et docteur de l'Église. Ses origines sont mal connues. Né en Toscane ou à Rome entre 390 et 400, fils d'un dénommé Quintianus, il est archidiacre de Rome sous le pontificat de Célestin Ier (422/432) puis de Sixte III (432/440) dont il est l'homme de confiance. À la mort de ce dernier, le 19 août 440, Léon est en Gaule à la demande de la cour de Ravenne afin d'arbitrer un conflit entre le patrice Aetius et le préfet du prétoire Albinus. Sa réputation et son influence sont si grandes qu'il est élu pape par le peuple romain pendant son absence en Gaule. Il rentre à Rome en septembre pour être sacré le 29 septembre. Il a pour conseiller saint Pierre Chrysologue. C'est un pape relativement avare de confidences sur sa personne, contrairement à nombre de ses successeurs. De son pontificat, on ne connaît que son activité pastorale et théologique. Il ignore probablement le grec, ne goûte guère la philosophie et les auteurs classiques dont on ne trouve quasiment pas de citations dans la centaine de sermons que l'on possède de lui. Mais Léon Ier possède au plus haut point la conscience de la dignité de sa fonction d'évêque de Rome. Il justifie la primauté de l'évêque de Rome par sa qualité de successeur de Pierre. De fait, il privilégie de façon claire la fonction plutôt que la personne qui l'assume. Ce principe ne sera plus réellement remis en question avant 1054. D'ailleurs, en 445, l'empereur Valentinien III reconnaît officiellement la primauté du pape à la suite de la condamnation de l'évêque d'Arles Hilaire. Il est énergique et serein, tenace et résolu. Il exerce sa juridiction sur trois zones. Tout d'abord la ville de Rome et l'Italie où il réprime la secte des manichéens et le pélagianisme. En 443, il rassemble à Rome de nombreux évêques et prêtres pour mettre en garde contre les sectes et inviter ceux qui le souhaitent à se rétracter de leurs erreurs. Beaucoup, semble-t-il, se rétractent ; quant aux récalcitrants ils sont sanctionnés. Léon oblige aussi les évêques à assister chaque année au synode de Rome. Il leur rappelle les conditions d'admission à l'épiscopat. Sur la Gaule, l'Espagne et l'Afrique du Nord ensuite où il encourage la lutte contre le priscillianisme, invitant l'évêque d'Astorga à réunir un concile contre cette hérésie. De même il exprime sa réprobation à Hilaire d'Arles qui s'arroge un pouvoir sur les évêques de Gaule. Enfin en Orient, où l’évêque de Thessalonique devient son vicaire, Léon exerce sa juridiction sur les régions balkaniques. Les innombrables querelles sur la personne et la nature du Christ permettent à Léon Ier d'en imposer aux théologiens byzantins. Dans le Tome à Flavien1, lettre publiée le 13 juin 449 et adressée au patriarche de Constantinople, il exprime de façon magistrale la doctrine de l'unicité de la personne du Christ subsistant en deux natures distinctes et réfute ainsi clairement le monophysisme. Théodose II convoque un concile à Éphèse en 449 mais Eutychès empêche les représentants du pape de prendre la parole (le brigandage d'Éphèse). Le triomphe d'Eutychès est de courte durée car, après la mort accidentelle de Théodose II, la nouvelle impératrice Pulchérie et son mari Marcien, favorables à l'orthodoxie, convoquent un nouveau concile à Chalcédoine (451). Léon Ier fait triompher son point de vue et, à la lecture de son Tome à Flavien, l'assemblée se lève, s'écriant : « C'est Pierre qui parle par la bouche de Léon ». Si le triomphe doctrinal est complet, il en va différemment sur le plan politique où Léon Ier accuse un échec avec le 28e canon du concile qui affirme l'égalité de droit des sièges de Rome et de Constantinople, les deux villes étant cités impériales. Pour Léon, c'est inacceptable car sa primauté, estime-t-il, vient non pas du prestige de la ville mais de sa qualité de successeur de Pierre. Cette tension, source de bien des conflits dans l'avenir, reste pour l'instant contenue car Léon Ier est conscient de l'importance pour la papauté d'être présente à Constantinople.
L'action politique de Léon Ier n'est pas négligeable. L'épisode le plus célèbre est la rencontre avec Attila en 452 à Mantoue où le pape persuade le conquérant de faire demi-tour. Il est vrai que l'intervention de l'empereur Marcien sur les arrières des Huns n'est sans doute pas étrangère au retrait d'Attila, plus sans doute que le pouvoir de persuasion du pape. En 455 il lui est impossible d'empêcher le deuxième pillage de Rome par Genséric et ses Vandales. Mais il parvient quand même à négocier que la ville ne soit pas incendiée et qu'il n'y ait ni meurtres, ni viols, ni violences. Saint Léon meurt le 10 novembre 461. Il est enseveli sous le portique de la basilique vaticane. Il est, avec Grégoire Ier et Nicolas Ier (non officiel), le seul pape auquel a été attribué le qualificatif de « grand ». Il est fêté le 10 novembre.
Nous possédons de lui 173 lettres qui sont autant de documents sur la vie de l'Église et de la papauté. Il est aussi le premier pape dont nous ayons les Sermons, 97 en tout, prononcés généralement lors des grandes fêtes de l'année liturgique, ou des temps privilégiés. D'une grande simplicité, clairs, souvent assez courts, ils exposent les mystères du Christ, préconisent le jeûne et la générosité et prêchent le dogme de l'Incarnation tel qu'il est défini au concile de Chalcédoine. Certains expliquent aussi sa conception du rôle du souverain pontife lequel est l'héritier de l'autorité conférée par Jésus à Pierre. Ce dernier, selon Léon Ier, est toujours présent dans l'Église et transmet à son successeur son autorité suprême. C'est pourquoi seul le siège apostolique, le siège de l'Apôtre, c'est-à-dire Rome, doit recevoir la mission de diriger l'Église universelle (catholique). Il considère qu'à la grandeur passée de la cité impériale doit succéder l'humilité de la Rome des apôtres Pierre et Paul. Saint Léon a permis le premier missel qui, modifié, est dévenu le Sacramentaire léonien, compilation de textes liturgiques des ve, vie et viie siècles. Le Sacramentaire léonien contient probablement des éléments qui remontent à saint Léon. Léon est le sujet d'une tragédie de Juliana Cornelia de Lannoy, intitulée Léon le Grand (1767). Louis de Wohl, dans Le trône du monde (1946), réédité sous le titre Attila le Hun, fait intervenir Aetius, Attila, Honoria et Léon Ier dans ce roman historique.
046 Saint Hilaire 461/468 Sardaigne Saint Hilaire
047 Saint Simplice 468/483 Tivoli Saint Simplice Saint Simplice (en latin : Simplicius), originaire de la région de Tivoli, fut pape du 3 mars 468 au 10 mars 483. Simplice fut élu pape à une période d'incessantes invasions barbares qui n'épargnèrent que le Vatican. C'est en 476, sous son pontificat, que survint la chute de l'Empire romain, avec Romulus Augustule. Le schisme qui s'ensuivit conduisit à la fondation de nouvelles Églises en Orient. Mais pour les mêmes raisons, son importance et son influence s'accrurent en Occident. Il passa la plus grande partie de ses 15 années de pontificat à combattre le monophysisme. Avec l'aide de l'empereur Zénon, il fit reconnaitre l'autorité du concile de Chalcédoine et rétablir sur le siège d'Alexandrie et sur celui d'Antioche les évêques catholiques qui en avaient été chassés par les eutychiens en 451. Simplicius réorganisa le patrimoine de l'Église, réglant notamment la distribution des offrandes aux pauvres. Il envoya un peu partout des prêtres pour combattre l'hérésie arienne. Durant sa longue agonie, il confia l'évêché de Rome et l'Église au préfet du prétoire Caecina Decius Maximus Basilius le Jeune. Celui-ci profita de sa position et de l'effondrement de l'Empire pour placer l'Église de Rome sous le contrôle du Sénat. À sa mort, Simplice sera inhumé dans l'ancienne basilique Saint-Pierre.
048 Saint Félix III 483/492 Rome Saint Félix III Félix III est un aristocrate romain, fils du prêtre Félix, il fut bisaïeul du futur saint Grégoire le Grand. Veuf et père de famille (il a deux enfants), il est élu pape à la succession de Simplice le 13 mars 483. Il arrive sur le trône de Pierre avec l'appui évident du roi des Hérules, Odoacre, mais la forte personnalité du pape parvient rapidement à faire oublier ce soutien embarrassant. Félix III est confronté rapidement d'ailleurs en 488 à l'invasion de l'Italie par Théodoric le Grand et à la chute de son ancien protecteur. En Afrique les Vandales, ariens, déclenchent une violente persécution contre les catholiques. Mais c'est la rupture avec Constantinople qui occupe surtout son pontificat. En effet l'empereur Zénon, sous l'influence du patriarche de Constantinople Acace, a tenté d'apaiser le conflit monophysite en publiant un texte, l'Henotikon (ou « acte d'union »), supposé trouver un compromis entre monophysisme et orthodoxie. Mais Félix III y décèle une trop forte influence du monophysisme et lance l'anathème (484) contre Acace (contre l'empereur cela comportait sans doute plus de risque). Le patriarche réagit en rayant le nom de l'évêque de Rome des diptyques liturgiques, ce qui revient à l'excommunier. Cette rupture va durer jusqu'au règne de Justin Ier en 519, soit 35 ans de schisme. Félix III parvient cependant, avec l'aide de Zénon qui signe une trêve avec les Vandales, à mettre un terme aux persécutions contre les catholiques africains. Il se trouve alors confronté au problème des catholiques devenus ariens sous les persécutions de Genséric et de son fils Hunéric et qui souhaitent redevenir catholiques. Ceux qui sont restés fermes dans leur croyance sous la persécution refusent ce retour et Félix iii doit envoyer une lettre aux évêques d'Afrique exposant sous quelles conditions ils peuvent recevoir dans l'Église ces « brebis égarées ». Félix III meurt à Rome le 1er mars 492. Il est considéré comme saint par l'Église catholique romaine, qui le fête le 1er mars. Ses reliques se trouvent dans la Basilique Saint-Paul-hors-les-Murs à Rome.
049 Saint Gélase I 492/496 Afrique Saint Gélase I Gélase Ier, né en Afrique du Nord (territoire de l'actuelle Tunisie) et mort à Rome le 19 novembre 496, est le 49e pape de l'Église catholique. Son pontificat dure à peine quatre ans, de 492 à l'année de sa mort, mais sa contribution aux rapports entre Église et État et au concept même de papauté est décisive. D'origine berbère, il est considéré comme saint par l'Église catholique qui le fête le 19 novembre.
Gélase est originaire d'Afrique du Nord. C'est un berbère de la tribu des Jlass (une confédération tribale du territoire de l'actuelle Tunisie).Il possède une très forte personnalité qu'il met au service de Félix III dont il est le principal collaborateur et dont il rédige les lettres. La succession du défunt pape ne pose d'ailleurs aucun problème puisque Gélase Ier est élu le 1er mars 492 — c'est-à-dire le jour même du décès de son prédécesseur. Si sa biographie est peu connue, les traités et nombreuses lettres qu'il a laissés permettent d'appréhender une partie de son action politique et pastorale.
Depuis 476, la péninsule italienne4 est dominée par les « Barbares ». Le patriarche Acace de Constantinople (472-489) se considère dès lors comme le « premier des évêques pour l’Église de l'empereur chrétien ». L'empereur Zénon soutient Acace, qui avait rédigé l’Hénoticon, un formulaire ne faisant pas état de la controverse sur la nature ou les deux natures de Jésus afin de répondre aux vœux du parti chalcédonien modéré et des monophysites, mais finalement personne n'est satisfait et les partis s'excommunient réciproquement. La rupture va durer trente-cinq ans. À la suite de Félix III, Gélase défend vigoureusement la primauté de Rome contre le schisme d'Acace et poursuit la politique d'indépendance de l'Église romaine, entamée par son prédécesseur, en particulier vis-à-vis de la cour de Byzance et du nouvel empereur Anastase Ier toujours favorable au monophysisme. C'est dans le cadre de ces querelles théologico-politiques qu'on lui doit des traités théologiques, dont le livre des deux natures en Jésus-Christ, contre Eutychès et Nestorius. Gélase lutte également avec acharnement contre le pélagianisme, qui relève provisoirement la tête. C'est durant son pontificat, qu'à partir de 493, l'arien Théodoric, à la tête des Ostrogoths, prend le pouvoir en Italie. Anastase espère que Théodoric va pouvoir amener Gélase à composer avec l'Orient, mais ce dernier demeure d'une inflexible intransigeance, étant certain des « privilèges du siège de Pierre ». Il fait parvenir à l'empereur, en 494, une lettre, où il formule avec clarté le principe qui selon lui doit inspirer les relations entre la papauté et l'empire :
« Je vous prie Votre Piété de ne pas juger arrogance ce qui est devoir envers la vérité divine. J'espère qu'il ne sera pas dit d'un empereur romain qu'il n'a pas souffert qu'on lui rappelât la vérité. Il y a deux principes, Empereur Auguste, par qui ce monde est régi au premier chef : l'autorité sacrée des pontifes et la puissance royale, et des deux, c'est la charge des prêtres qui est la plus lourde, car devant le tribunal de Dieu ils rendront compte même pour les rois des hommes. Vous savez en effet, Fils très clément, que, bien que vous régniez sur le genre humain, vous courbez avec dévotion la tête devant ceux qui président aux choses divines, et que vous attendez d'eux les moyens de votre salut. »
Le pape Gélase réaffirme ainsi avec vigueur la doctrine traditionnelle de l'autonomie de la juridiction ecclésiastique vis-à-vis du pouvoir politique, affirmant la supériorité du spirituel sur le temporel : l'empereur n'est qu'un fils de l'Église, comme tout chrétien, et non pas un prêtre. Si les empereurs peuvent apporter le soutien de leur autorité temporelle aux évêques, ils devraient rester soumis à ces derniers dans toutes les matières de foi, chacun des deux ordres demeurant ainsi compétent en son domaine propre9. À Rome, où la liturgie chrétienne s'empare peu à peu des rues de l'Urbs, les processions pontificales se rendent successivement dans chacune des églises titulaires où l'évêque de Rome célèbre les offices pour marquer l'unité de la communauté, entouré du clergé et des fidèles. Gélase supprime la dernière fête païenne qui subsiste encore, celle des Lupercales, et lui substitue sans doute la fête chrétienne de la Chandeleur. Dans son diocèse suburbicaire, il s'attache à la résolution des problèmes disciplinaires et veille au comportement et au recrutement des clercs. Il fait dresser un polyptyque qui relève les rentes des propriétés de l’Église dont, avec l'argent des donateurs, il répartit les revenus en quatre quarts, entre l'évêque de Rome, les clercs, les nécessiteux et un fonds pour la construction et l'entretien des bâtiments du culte. Dans le traité Tomus de anathematis uinculo, il réaffirme avec force le primat romain, affirmant que c'est le successeur de Pierre qui lie et délie. Néanmoins l'autorité de l'évêque de Rome n'est pas toujours comprise, et ses directions et instructions peuvent susciter l'étonnement chez ses pairs, à l'instar de l'évêque Honorius de Salone. On lui attribue faussement un Sacramentaire gélasien (Liber sacramentorum Romanae ecclesiae), une compilation du vie siècle qui institue les rituels des sacrements et les usages liturgiques de l'Église de Rome. On lui a également attribué un texte de la même époque, De libris recipiendis et non recipiendis, désormais connu sous le nom de Décret pseudo-gélasien, listant les textes reçus par Rome et les apocryphes, dans lequel certains contemporains ont pu voir un ancêtre de l'Index librorum prohibitorum. Il s'agit en fait d'une compilation faite en Gaule méridionale à partir de matériaux d'origine romaine, notamment les actes du synode romain de 382 tenu sous le pontificat de Damase.
050 Anastase II 496/498 ? Anastase II Anastase II fut le 50e pape du 24 novembre 496 au 19 novembre 498. Romain de naissance, fils d'un dénommé Pierre, il s'agit peut-être de l'Athanase qui fut chargé de lire la lettre du pape Félix III au concile de Rome, en 485, et les requêtes de Misène au concile de 495. Son élection se fit le 24 novembre 496, après un interrègne de trois jours. Dès son élévation au pontificat, il chercha à ramener les monophysites au sein de l'Église et à rétablir la paix au sein de celle-ci. Il envoya à cet effet des légats, les évêques Crescone et Germain, à Constantinople, avec une lettre pour l'empereur Anastase Ier, dans laquelle il exprimait son ardent désir de réunion, et le priait d'y travailler lui-même. Il s'agissait d'obtenir que le nom d'Acace de Césarée, patriarche de Constantinople qui avait écrit l'Hénotique et qui, pour cela avait été excommunié par Felix III, fût enlevé des sacrés diptyques. Le pape pria donc l'empereur, en termes très humbles, de bien vouloir le faire enlever, et de ne pas permettre que, pour une chose si peu importante et qui ne regardait qu'un seul homme, on ne déchire pas plus longtemps la tunique de Jésus-Christ. Il aurait écrit également à Clovis pour le féliciter de sa conversion (en fait cette lettre est un faux, fabriqué de toutes pièces au xviie siècle1). À sa mort, l'Église romaine se divisait sur les concessions à faire pour mettre fin au schisme monophysite. Anastase II régna pendant deux ans, il mourut le 19 novembre 498 et fut enterré à Saint-Pierre. Il fut placé par Dante dans l'Enfer de sa Divine Comédie.
051 Saint Symmaque 498/514 Sardaigne Saint Symmaque Saint Symmaque, né en Sardaigne vers 450, pape du 22 novembre 498 au 19 juillet 514. Durant son pontificat, il s'oppose à l'antipape Laurent élu au même moment que lui par une partie dissidente du clergé qui souhaitait un rapprochement avec l'Église de Constantinople. Le roi Théodoric, roi des Ostrogoths et du royaume ostrogoth d'Italie, tranche d'abord en faveur de Symmaque puis, indisposé par un synode affirmant la primauté papale, prend le parti de Laurent. Ce dernier arrive à se maintenir à Rome de 501 à 506. Théodoric se rapproche de nouveau de Symmaque après sa brouille avec Byzance en 506. Symmaque fixe la date de Pâques au 25 mars, ce qui provoque de nouvelles dissensions. Il s’attelle aussi à faire construire des habitations pour les pauvres, restaure les églises de Rome dont Saint-Paul-hors-les-Murs et fait édifier la première résidence pontificale sur la colline vaticane. Autre fait notable de son pontificat, l'excommunication de l'empereur d'Orient Anastase Ier, suspecté de monothélisme. Symmaque meurt après 15 ans et 8 mois de pontificat. Sa dépouille est inhumée dans l'ancienne Basilique Saint-Pierre.
ANT Laurent 498/506 ? Laurent L'antipape Laurent fut deux fois antipape, du 22 novembre 498 jusqu'en février 499 et de 501 à 505/506. Archiprêtre, il fut élu le même jour que Symmaque après un scrutin contesté et marqué par la corruption. Le roi ostrogoth Théodoric se prononce en la faveur de Symmaque et Laurent s'enfuit. En 501, il accuse Symmaque d'adultère et de rapacité et les troubles recommencent à Rome. Le 23 octobre et le 6 novembre 502, le concile de la Palme déclare Symmaque innocent des accusations porté par Laurent contre lui. Laurent meurt en exil en 506.

Élus au 6 ème siècle

No Nom Pontificat Naissance Notes
052 Saint Hormisdas 514/523 Frosinone Saint Hormisdas Saint Hormisdas, né à Frosinone près de Rome, mort à Rome, le 6 août 523, est pape du 20 juillet 514 jusqu'à sa mort. L'Église catholique le vénère comme saint et le célèbre localement le 6 août. Ce pontife intelligent et sage vient d'une famille aisée et honorable de Frusino (Frosinone), dans l'Agro Romano (Latium). Christian Settipani du fait de son nom iranien, rare dans le monde latin, émet l'hypothèse qu'il est un descendant du prétendant Sassanide, Hormizd réfugié à Rome en 322. Avant de recevoir les ordres il se marie et son fils devient, par la suite, pape sous le nom de Silvère ce qui est un cas unique dans l'histoire de la papauté. Sous le pape Symmaque, Hormisdas a le rang de diacre et pendant le schisme de l'antipape Laurent il est l'un des membres les plus éminents du clergé fidèle à Symmaque. Au synode tenu à Saint-Pierre en 502, il exerce la fonction de notaire. À cette occasion, Ennode de Pavie lui prédit qu'il deviendra pape.Le lendemain des funérailles de Symmaque (20 juillet 514), Hormisdas est consacré évêque de Rome sans rencontrer de résistance. L'une des premières préoccupations du nouveau pape est d'éliminer les derniers vestiges du schisme de l'antipape Laurent, en accueillant de nouveau, dans l'Église, ceux qui ne se sont pas encore réconciliés.
Dès le début de son pontificat, les affaires de l'Église d'Orient tiennent une place particulière dans ses préoccupations. À Constantinople le schisme acacien se poursuit, commencé après la publication de l'Henotikon par l'empereur Zénon qui avait provoqué la rupture entre des Églises d'Orient et d'Occident. L'empereur (491-518) Anastase, successeur de Zénon, maintient le document en vigueur et, penchant toujours plus vers les monophysites, il persécute les évêques qui refusent de renier le concile de Chalcédoine. Les trois patriarches Macedonius de Constantinople, Élias de Jérusalem, Flavien d'Antioche sont chassés de leurs sièges. Au milieu de cette confusion, un certain nombre d'évêques orientaux en appellent à Symmaque pour qu'il rétablisse l'unité de l'Église ecclésiale, ce qui renforcerait leur position et leur permettrait de lutter contre la propagation du monophysisme. Symmaque leur demande de condamner Acace de Constantinople, mais les Orientaux ne sont pas prêts à franchir le pas. Profitant du mécontentement qui s'élève contre les tendances monophysites de l'empereur Anastase, Vitalien de Mésie, un commandant de l'armée, se met à la tête d'une révolte contre l'empereur. Vitalien demande que lui soit restituée la charge de distribuer le grain aux troupes, que soit reconnu le concile de Chalcédoine et que soit rétablie l'unité avec Rome. Il rallie de nombreux partisans et parait devant Constantinople à la tête d'une grande armée ; après avoir battu Ippazio, neveu de l'empereur Anastase, ce dernier est réduit à négocier, c'est-à-dire à se soumettre. L'un des termes de l'accord avec Vitalien est que l'empereur jure de convoquer un synode à Héraclée en Thrace, d'y inviter le pape et de se soumettre à son arbitrage sur son différend quant au siège de Constantinople et aux autres diocèses, afin de restaurer l'unité de l'Église. En conséquence, le 28 décembre 514, Anastase écrit à Hormisdas pour l'inviter au synode qui aura lieu le 1er juillet. La lettre présentée à Vitalien est transmise à Rome par son émissaire et par le légat impérial. Le 12 janvier, Anastase envoie au pape une deuxième communication, moins courtoise, dans laquelle il demande seulement ses bons offices dans ce conflit. Manifestement, l'empereur souhaite faire traîner les négociations puisqu'il n'est pas disposé à tenir les promesses qu'il avait faites à Vitalien. La seconde lettre arrive à Rome, avant la précédente et, le 4 avril, Hormisdas répond en exprimant sa joie devant la perspective de paix, mais en défendant en même temps la mémoire de ses prédécesseurs. Les porteurs de la première lettre impériale arrivent le 14 mai suivant. Le pape continue les négociations, de manière circonspecte, convoque un synode à Rome et, le 8 juillet, écrit à l'empereur pour lui annoncer le départ d'une ambassade pour Constantinople. Entretemps, les deux cents évêques qui s'étaient rassemblés le 1er juillet à Héraclée se séparent sans avoir rien conclu. L'ambassade du pape, à la cour impériale, comprend deux évêques : Ennodius de Pavie et Fortunatus de Catania, le prêtre Venantius, le diacre Vitalis et le notaire Hilarius. La lettre d'Hormisdas à l'empereur, datée du 1er août 515, parvient avec des instructions détaillées faites aux légats sur la position qu'ils auront à défendre. Si l'empereur accepte les propositions qui lui sont présentées, le pape est prêt, si nécessaire, à comparaître en personne devant un concile. Le pape envoie en outre la formule d'une confession de foi (regula fidei) à faire souscrire aux évêques d'Orient, dont les points principaux sont les suivants : la reconnaissance du fait que l'orthodoxie s'est toujours maintenue à Rome, la condamnation de Nestorius et d'Eutychès, l'acceptation du Tome de Léon et de Chalcédoine, la radiation des diptyques d'Acace. L'ambassade n'aboutit à aucun résultat ; Anastase, sans interrompre les négociations, remet aux légats, une lettre évasive à l'intention d'Hormisdas. Entretemps, l'empereur, après avoir étouffé un nouveau soulèvement, dirigé par Vitalien, envoie à Rome, une ambassade composée de deux hauts fonctionnaires civils. Ils sont porteurs d'une lettre datée du 16 juillet 516, adressée au pape mais aussi, une autre datée du 28 juillet, adressée au Sénat : le but de cette dernière est d'inciter les sénateurs à se rebeller contre Hormisdas. Le Sénat, cependant, ainsi que le roi Théodoric, restent fidèles au pape. La réponse d'Hormisdas, à la lettre de l'empereur, est digne mais sans équivoque. Pendant ce temps, un certain nombre d'évêques de Scythie, d'Illyrie et de Dardanie sont revenus dans la communion avec Rome et beaucoup d'entre eux avaient discuté avec les légats du pape à Constantinople sur le problème de la réunion des Églises. Ils se prononcent alors, condamnent Acacius et signent la confession de foi (regula fidei) d'Hormisdas, comme l'ont fait les évêques de la province d'Épire, convaincus par le sous-diacre romain Pullius. Hormisdas se fait remarquer par son zèle contre les Eutychéens. En matière de discipline ecclésiastique, il décrète que les charges d'Église ne doivent pas être attribuées en échange de privilèges ou de dons. Son inhumation se fait dans l'Antique basilique vaticane, à la suite de 9 ans et 15 jours de pontificat. Il est fêté le 6 août.
053 Saint Jean I 523/526 Toscane Saint Jean I Saint Jean Ier est né vers 470 (peut-être à Sienne) et mort à Ravenne (Italie) le 18 mai 526. Il est le 53e évêque de Rome et pape de l'Église catholique. Premier pape à s'être rendu à Constantinople durant son pontificat, il fut arrêté à son retour, et emprisonné par le roi arien Théodoric qui le laissa mourir de faim. Il est considéré comme martyr par l'Église catholique. Liturgiquement il est commémoré le 18 mai. Il suit des études à Florence puis à Rome. Il entre dans les ordres et exerce pendant trente ans différentes fonctions de la Curie romaine il est remarqué par sa science et sa piété. Alors qu'il est diacre à Rome, il est connu pour avoir été un partisan de l'antipape Laurentius : dans une note au pape Symmaque, en 506, Jean confesse son erreur en anathématisant Pierre d'Altinum et Laurentius et demande le pardon de Symmaque. Il serait le 'diacre Jean' qui a signé l' acta des synodes romains de 499 et 502. Il y avait sept diacres dans l'Église romaine: ce point permet ainsi de l'identifier de façon très probable. Il serait également le diacre Jean, à qui Boèce dédie trois de ses cinq traités religieux écrits entre 512 et 5204. Il devient cardinal-prêtre au titre cardinalice de Pammachus par le pape Gélase Ier. Il est nommé archidiacre du pape Hormisdas, auquel il succède le 13 août 523. Jean Ier est élevé évêque de Rome sept jours après la mort du pape Hormisdas, le 13 août 523. Le roi ostrogoth arien Théodoric le Grand, qui de Ravenne, régnait sur toute la péninsule italienne, envoie le souverain pontife en personne – contre son gré – à Byzance avec pour mission de faire pression sur l'empereur et le forcer à modérer sa politique de répression contre les hérétiques et faire adoucir un édit, contre l'arianisme, de l'empereur Justin Ier : « Vous irez trouver Justin et obtiendrez de lui de ma part: retrait de son édit, réouverture de toutes les églises ariennes et admission, en leur sein, de tous les apostats du catholicisme. Sinon, craignez de vives représailles anti-catholiques » Théodoric menace ainsi que si Jean devait échouer dans sa mission, il y aurait des représailles contre les catholiques orthodoxes en Occident. Le pape lui répond : « Me voici devant toi, fais-moi ce que tu voudras mais je ne te promets rien au sujet des réconciliés leur situation n'est-elle pas dangereuse et irritante ? Comment obtenir que ces instables soient autorisés à faire retour à l'hérésie ? Pourtant, hors cette impossibilité notoire, pour le reste, avec l'aide de Dieu, je pense pouvoir te satisfaire et je ferai tout pour t'être agréable et te rapprocher de Justin »
Le pape Jean Ier est représenté dans l'art regardant à travers les barreaux d'une prison ou emprisonné avec un diacre et un sous-diacre. Il est vénéré à Ravenne et en Toscane. Liturgiquement il est commémoré le 18 mai, l'anniversaire du jour de sa mort, jour de sa « naissance au ciel » selon l'Église catholique (alors qu'il était autrefois le 27 mai). Sur ce dernier point, les avis divergent. La petite église Saint-Jean du village de Chiusdino, détruite en 1555 pendant la guerre de Sienne, était dédiée au pape Jean Ier.
054 Saint Félix IV 526/530 Samnium Saint Félix IV C’est en Italie centrale qu’est né Félix qui est connu sous le nom de Félix le quatrième, pape du 12 juillet 526 au 22 septembre 530. C’est après deux mois de vacance apostolique (Jean Ier est décédé le 18 mai 526 des mauvais traitements du roi des Ostrogoths, Théodoric le Grand), que Félix est désigné par Théodoric comme pape. Le roi impose sa loi, le clergé romain ne peut que s’incliner, le peuple romain accepter, mais cela ne porte pas chance au roi barbare qui décède dans le mois qui suit. Durant son pontificat, le pape, évêque de Rome, entretient plutôt de bons rapports avec la cour de Ravenne où réside le nouveau roi, Athalaric. Il se mêle des querelles doctrinales liées au semi-pélagianisme, doctrine condamnée lors du concile d’Orange (529). Le semi-pélagianisme adoucit les positions de Pélage, mais il privilégie tout de même la volonté, expression de la liberté humaine, sur la grâce, qui a pour source l’intervention de Dieu. Qui sauve l’Homme ? Sa propre volonté ou la grâce divine ? Un des grands débats des débuts du Christianisme, l’Église répond avec fermeté que la salut n’est que don de Dieu. On doit à Félix IV la construction de la basilique dédiée aux saints Côme et Damien. On lui doit aussi une initiative, visant à éviter d’affaiblir l’Église par des problèmes de succession. Sentant sa mort prochaine, il désigne son successeur, l’archidiacre Boniface, auquel il confère le pallium (vêtement blanc orné de croix noires). Il l’annonce officiellement au clergé, au Sénat et au peuple. Peine perdue, cette précaution, compréhensible à cause du rôle de plus en plus fort joué par les empereur et rois dans le choix des papes, n’empêche pas Boniface et Dioscore de s’opposer dans la succession pontificale.
Le pontificat de Félix IV est marqué par trois faits importants :
L’un est symbolique : il s’agit de la fermeture de l’école philosophique d’Athènes, la prestigieuse Académie fondée par Platon. Désormais la culture grecque ne sera plus transmise principalement que par les moines, jusqu'à la Renaissance.
Le second ouvre des perspectives considérables à la christianisation en profondeur de l’Europe occidentale. Benoît de Nursie (480-547) fonde le monastère du Mont-Cassin en Italie. La règle bénédictine (du nom latin de Benoît, benedictus) repose sur la prière, la lecture d’ouvrages pieux et le travail manuel. « Ora et labora » : prie et travaille. La communauté des laïcs qui se font moines vit de son propre travail. Le monachisme, apparu en Orient, se répand en Occident. La fondation du monastère de Lérins en 410 en était un signe avant-coureur.
Le troisième est son soutien à saint Théodose le Cénobiarque dans son opposition au monophysisme, préconisé par l'empereur Anastase Ier dans les Églises d'Orient.
ANT Dioscore 530 ? Dioscore Dioscore, diacre d'Alexandrie, mort en 530, fut antipape pendant quelques semaines durant la dernière année de sa vie. À la mort du pape Félix IV, le 22 septembre 530, deux candidats se présentent sur le trône de Pierre : un Goth (l'archidiacre Boniface), et Dioscore. Désigné par son prédécesseur, Boniface a le soutien du parti goth de Théodoric le Grand. Dioscore, quant à lui, proche conseiller des différents papes des trente années précédentes, est soutenu par l'Empire byzantin s'opposant à ce choix et se fait élire par le clergé romain, qui refuse l'ingérence des Goths. Dioscore meurt le 14 octobre 530, trois semaines après son élection, évitant ainsi un schisme à l'Église. Boniface II condamna sa mémoire, forçant les électeurs de Dioscore à se rétracter, mais saint Agapet Ier, pape à partir de mai 535, le réhabilita moralement, ce qui amena certains à en déduire que son élection était légitime et à compter Dioscore comme pape.
055 Boniface II 530/532 Rome Boniface II Boniface II, né à Rome et d'origine gothique, 55e pape, du 22 septembre 530 au 17 octobre 532. C'est un saint chrétien. Il avait été désigné par son prédécesseur Félix IV pour éviter les troubles qui accompagnaient régulièrement les élections. En fait, il se produisit le contraire. Boniface II était soutenu par le parti goth. Le parti byzantin lui opposa Dioscore qui avait depuis trente ans une influence bénéfique sur les papes successifs. Dioscore meurt le 14 octobre 530, évitant à l'Eglise romaine un nouveau schisme. Boniface se dévoua en faveur des pauvres en temps de famine et fit construire le monastère du Mont Cassin. La rédaction de la première biographie des papes remonte à cette époque cela deviendra par la suite le Liber Pontificalis . Après un pontificat de 2 ans et 1 mois, il est inhumé dans l'ancienne basilique Saint-Pierre, dans les Grottes vaticanes. On a de lui une Lettres à Saint-Césaire d'Arles, dans les Epistolae rom.pontificum par laquelle il confirme les actes du second concile d'Orange de 529.
056 Jean II 533/535 Rome Jean II Jean II (Mercurius), né à Rome vers 470, est le 56e pape selon l'Église catholique romaine. Il exerce du 2 janvier 533 au 8 mai 535. Portant un nom païen, il inaugure l'usage pour les papes de prendre un nouveau nom à leur avènement. On ne connaît pas la date de la naissance de ce pape. Il était romain et fils d'un certain Projectus ; s'il n'était pas né dans la deuxième région (Coelimontium), il fut au moins prêtre de la basilique Saint-Clément sur les flancs du mont Coelius. Il semble qu'il fut le premier à changer son nom après son élévation à la papauté (2 janvier 533). La basilique Saint-Clément conserve plusieurs témoignages de « Jean, de son nom Mercurius ». Sur un fragment de Ciborium ancien, l'inscription « Presbyter Mercurius » est lisible et plusieurs des plaques de marbre qui entourent la schola cantorum portent sur elles son monogramme dans le style du vie siècle.
À cette époque, la simonie, c'est-à-dire l'achat de charges ecclésiastiques. est très répandue durant l'élection pontificale et celle des évêques, à la fois parmi les membres du clergé que parmi les laïcs. La mort du prédécesseur de Jean II est suivie d'une vacance de plus de deux mois : il s'ensuit un commerce éhonté des objets sacrés (autel, vases sacrés). La question est portée devant le Sénat romain et devant la Cour du roi ostrogoth à Ravenne. Il en résulte le dernier décret (Senatus Consultum) connu du Sénat de Rome dirigé contre la simonie durant l'élection papale le décret est confirmé par le roi ostrogoth Athalaric qui ordonne de le graver sur du marbre et de le placer dans l'atrium de l'antique basilique Saint-Pierre en l'an 533. Par un ajout au décret, Athalaric décide que, si la contestation d'une élection est portée devant les fonctionnaires ostrogoths de Ravenne, par le clergé romain ou le peuple, il faut alors payer trois mille solidi au tribunal, somme qui doit être donnée, par la suite, aux pauvres. Jean II lui-même, cependant, reste toujours en bons termes avec Athalaric, qui rapporte à son tribunal toutes les actions intentées contre le clergé romain. Selon le Liber Pontificalis mais aussi Justinien Ier, Athalaric montre son intérêt pour le Siège de Rome en la personne de Jean II. L'empereur byzantin lui envoie sa profession de foi (ainsi que celle de son neveu Justinien) et de nombreux cadeaux précieux. Cependant, peu de temps avant que Jean devienne pape, l'Orient est ébranlé par la formule reprise dans cette profession de foi : « Unus ex Trinitate crucifixus est » (ou « passus est »), c'est-à-dire « Un de la Trinité (divine) a été crucifié » (ou « a subi la Passion »). Elle est présentée comme un moyen de concilier les différentes sectes hérétiques. Condamnée par le pape Hormisdas, la formule avait été abandonnée, mais elle reprend vigueur plus tard et, sous une forme modifiée, est défendue par Justinien et combattue par les moines Acémètes, une secte monachiste. Ceux-ci sont alors condamnés par le pape qui en informe l'empereur (24 mars 534). Contumeliosus, évêque de Riez, en Provence, France, est accusé d'adultère. Il est déposé et remplacé dans son ministère. Le pape Jean II ordonne de le confiner dans un monastère. Jusqu'à la nomination du nouvel évêque, le clergé de Riez doit l'obéissance à l'évêque d'Arles. Deux cent dix-sept évêques réunis en concile à Carthage (535) soumettent à Jean II la question de savoir si les évêques qui avaient versé dans l'arianisme doivent, après repentance, retrouver leur rang ou n'être admis à la communion que comme simples laïcs. La réponse à leur question leur est donnée par Agapet Ier. En effet, Jean II meurt le 8 mai 535.
Il est enterré à l'antique basilique Saint-Pierre de Rome.
057 Saint Agapet I 535/536 Rome Saint Agapet I Agapet Ier, ou Agapit Ier ou saint Agapet, né à Rome, pape du 13 mai 535 au 22 avril 536. C'est un saint chrétien fêté le 20 septembre ou le 22 avril. Agapet est un pape qui régna de 535 à 536. On ignore sa date de naissance, il mourut le 22 avril 536. Il était le fils de Gordien, un prêtre romain qui avait été tué pendant une émeute au temps du pape Symmaque. Son premier acte officiel fut de brûler, en présence du clergé assemblé, l'anathème que Boniface II avait prononcé contre son rival Dioscore en ordonnant qu'on le conservât dans les archives romaines. Il confirma les décrets du concile tenu à Carthage après la libération de l'Afrique du joug vandale, et selon lesquels les convertis de l'arianisme étaient déclarés inéligibles aux Ordres sacrés, tandis que ceux qui avaient déjà été ordonnés étaient réduits à l'état laïque. Il accepta un appel de Contumeliosus, évêque de Riez, qu'un concile à Marseille avait condamné pour immoralité et il ordonna à saint Césaire d'Arles qu'on accordât à l'accusé un nouveau procès devant les délégués du pape. Pendant ce temps Bélisaire, après avoir conquis très facilement la Sicile, se préparait envahir l'Italie. Le roi des Goths, Théodat ne vit plus que la ressource de prier le vieux pontife de se rendre à Constantinople et d'exercer son influence personnelle sur l'empereur Justinien. Pour payer les coûts de cette ambassade, Agapet fut contraint de mettre en gage les vases sacrés de l'Église de Rome. Il partit au milieu de l'hiver avec cinq évêques et une imposante escorte. En février 536, il parut dans la capitale de l'Orient où il fut reçu avec tous les honneurs dus au chef de l'Église de Rome. Comme il l'avait sans doute prévu, sa visite était vouée à l'échec car Justinien était trop décidé à rétablir les droits de l'Empire en Italie. Mais du point de vue de l'Église, la visite du pape à Constantinople fut en définitive un triomphe, à peine moins mémorable que les campagnes de Bélisaire. Celui qui à l'époque occupait le siège de Constantinople était un certain Anthime qui, sans l'accord des chanoines, avait quitté son siège épiscopal de Trébizonde pour se joindre aux crypto-monophysites, lesquels, de concert avec l'impératrice Théodora, complotaient pour saper l'autorité du Concile de Chalcédoine. Malgré les protestations des orthodoxes, l'impératrice plaça finalement Anthime sur le siège patriarcal. À peine le pape fut-il arrivé que les membres les plus éminents du clergé dénoncèrent le nouveau patriarche comme un intrus et un hérétique. Agapet lui ordonna de faire d'une profession de foi écrite et de revenir occuper le siège qu'il avait abandonné sur son refus, il refusa toutes relations avec lui. Cette attitude contraria l'empereur, qui avait été trompé par sa femme quant à l'orthodoxie de celui qu'elle protégeait, et il alla jusqu'à menacer le pape de bannissement. Agapet répondit avec esprit: « C'est impatiemment que j'étais venu pour contempler Justinien, l'empereur Très-Chrétien. À sa place, je trouve un Dioclétien, dont les menaces, cependant, ne me font peur. » Ce langage intrépide arrêta Justinien, qui finit par se convaincre que la foi d'Anthime était suspecte il ne fit aucune objection quand le pape, exerçant la plénitude de ses pouvoirs, déposa et suspendit l'intrus et, pour la première fois dans l'histoire de l'Église, consacra lui-même son successeur légalement élu, Mennas. Cet exercice mémorable de la prérogative du pape ne devait pas être oubliée par les Orientaux, qui, tout comme les Latins, le vénèrent comme un saint. Afin d'écarter de lui tout soupçon de pactiser avec hérésie, Justinien remit au Pape une confession écrit de sa foi ce dernier l'accepta en faisant remarquer à juste titre que « bien qu'il ne puisse admettre qu'un laïc ait le droit d'enseigner la religion, il remarque avec plaisir que le zèle de l'empereur est en parfait accord avec les décisions des Pères ». Peu de temps après Agapet tomba malade et mourut après un règne glorieux de dix mois. Ses restes furent placés dans un cercueil de plomb à Rome et déposés à Saint-Pierre le 20 septembre, jour où l'on célèbre sa mémoire. Les Grecs le fêtent le 22 avril, jour de sa mort. Il existe deux lettres d'Agapet à Justinien, en réponse à une lettre de l'empereur, dans la seconde il refuse de reconnaître les ordinations des Ariens, et encore deux autres : la première aux évêques d'Afrique sur le même sujet la seconde pour Reparatus, évêque de Carthage, en réponse à une lettre où ce dernier le félicitait de son élévation au pontificat.
058 Saint Silvère 536/537 Frosinone Saint Silvère Silvère fut pape de 536 à 537. C'est un saint des Églises chrétiennes célébré le 20 juin. Silvère était le fils légitime du pape Hormisdas, né avant que son père ne fût entré dans les ordres, ce qui est un cas unique dans l'histoire de la papauté. Il fut probablement ordonné le 1er ou le 8 juin 536. Il s'opposa à la réhabilitation d'Anthime, patriarche de Constantinople, convaincu d'hérésie monophysite et qui fut déposé par Agapet, et s'attira ainsi la haine de l'impératrice Théodora. Théodora fit alors tout pour faire nommer Vigile pape. Pendant le règne de Silvère, il fut allégué qu'il devait son accession au trône de Saint Pierre à Théodat, roi des Ostrogoths. Le 9 décembre 536, le général byzantin Bélisaire entra dans Rome avec l'approbation du pape Silvère. Le successeur de Théodat, Witiges rassembla une armée et assiégea Rome pendant plusieurs mois, soumettant la ville aux privations et à la famine. On accusa le pape Silvère d'avoir écrit à Witiges, offrant de trahir la ville. Il fut déposé probablement par Bélisaire en mars 537, sur accusation de correspondance félonne avec les Goths, et fut dégradé au rang de simple moine. Il fut ainsi le premier pape contraint d'abdiquer. Il se rendit à Constantinople, et Justinien Ier, lui rendant raison, le renvoya à Rome, mais Vigile, apocrisiaire à Constantinople, fut apparemment capable de bannir son rival dans l'île prison de Pandataria (Ventotene), où l'on n'entendit plus parler de lui. La date de sa mort est incertaine. Cependant, d'après le Liber Pontificalis, le pape Silvère n'aurait pas été exilé à Ventotene, mais plutôt à Ponza, où il serait mort quelques mois plus tard, le 20 juin 537. Le pape Silvère fut béatifié plus tard et ensuite canonisé. Il est à présent le saint patron de l'île de Ponza, en Italie. D'après une légende des îles Ponza, des pêcheurs furent pris dans une tempête au large de Palmarola, et ils implorèrent l'aide du pape Silvère. Une apparition de celui-ci les attira vers Palmarola, où ils accostèrent sains et saufs. Ce miracle fit de lui un saint. D'après la Nouvelle Encyclopédie Catholique (1966), les dates du pontificat du pape Silvère sont sujettes à caution : « du 1er ou 8 juin 536 au 11 novembre 537 décès probablement le 2 décembre 537, à Palmaria ». De même, il ne fut jamais béatifié ou canonisé, mais simplement proclamé saint par le peuple. La première mention de son nom dans la liste des saints remonte au xie siècle.
059 Vigile 537/555 Rome Saint Vigile Vigile, né à Rome à la fin du cinquième siècle, est pape du 29 mars 537 jusqu'à sa mort le 7 juin 555. Son pontificat est relativement bien documenté, mais la plupart des sources à son sujet se concentrent sur la querelle dite des Trois Chapitres, et lui sont hostiles1. Diacre romain, il est désigné par le pape Boniface II comme son successeur en 530, mais la nomination est contestée par le clergé de Rome et finalement annulée. Élu pape en 536, il a un début de pontificat paisible, jusqu'à ce que l'empereur Justinien condamne en 544 les « Trois Chapitres », collection de textes de tendance nestorienne. Pour convaincre le pape de prendre parti, Justinien le fait emmener de force à Constantinople. Sous la pression, Vigile appuie la condamnation impériale, ce qui déclenche aussitôt l'ire des Églises non-orientales. Autorisé à rentrer à Rome après neuf ans de séjour forcé à Constantinople, il meurt en chemin. Il est le seul pape du vie siècle à n'être pas enterré dans la basilique Saint-Pierre.
Le siège de Rome par le roi ostrogoth Vitigès permet au nouveau pape de rester relativement discret vis-à-vis de Constantinople, au point que l'empereur Justinien se plaint de son silence en 540. Ce n'est qu'à ce moment que Vigile lui envoie la profession de foi traditionnellement adressée à l'empereur par les nouveaux évêques de Rome depuis le 5ème siècle. Durant ces premières années, Vigile définit l'organisation des Églises de Gaule et travaille à renforcer leurs liens avec Rome. Il est interrogé par le roi franc Thibert Ier qui vient d'épouser la veuve de son frère dans sa réponse à Césaire d'Arles il préconise une longue pénitence et une séparation du couple. En 543, il félicite Auxanius pour son élection à l'archevêché d'Arles en succession de Césaire et l'enjoint à se montrer loyal à la fois au roi franc et à l'empereur byzantin il lui enverra le pallium en 545. En 538, il a aussi rétabli le vicariat espagnol confié à Profuturus de Braga et conseille ce dernier en matière doctrinale et liturgique.
À la fin de l'année 544, Justinien condamne les « Trois Chapitres », collection d’écrits de tendance nestorienne rassemblant les écrits de Théodore de Mopsueste, ceux de Théodoret de Cyr contre Cyrille d'Alexandrie et la lettre à Maris attribuée à Ibas d'Édesse. Or Théodore était mort en communion avec l'Église et les deux autres, déposés par le deuxième concile d'Éphèse, avaient été réhabilités par le concile de Chalcédoine. La décision de Justinien est donc considérée comme une attaque indirecte contre le concile. Les évêques d'Orient ne signent l'édit que sous réserve de l'accord de Vigile, tandis que les évêques d'Occident et d'Afrique ne cachent pas leur opposition. Le 25 novembre 545, Justinien fait enlever Vigile alors qu'il célèbre la messe en l'église Sainte-Cécile-du-Trastevere. Le pape fait néanmoins une longue halte en Sicile, d'où il dépêche deux clercs pour administrer Rome à sa place : l'un sera massacré par les Goths et l'autre aura les mains coupées. Vigile reprend son trajet à l'automne 546 les contacts qu'il a en chemin lui confirment l'opposition des évêques à l'édit de Justinien. Il parvient à Constantinople en janvier 547.
Reçu avec faste par Justinien, Vigile confirme néanmoins l'excommunication prononcée par son apocrisiaire Stephanus contre le patriarche de Constantinople Mennas, qui a approuvé l'édit impérial. Justinien lui fait remettre la traduction de deux lettres de Constantin justifiant l'intervention impériale en matière de foi. Vigile se serait engagé dans des courriers au couple impérial à faire condamner les Trois Chapitres, mais leur authenticité est contestée dès l'époque. En 548, Vigile consulte les évêques présents à Constantinople, ce qui aboutit à le 11 avril à un judicatum exprimant son respect pour le concile de Chalcédoine, mais condamnant les Trois Chapitres. Ce texte suscite la grogne des Latins, au point qu'un concile d'évêques africains excommunie Vigile. En retour, Vigile excommunie plusieurs clercs l'accusant d'hétérodoxie. En août, il retire son judicatum à la condition que Justinien cesse d'intervenir en matière religieuse, mais un nouvel édit de juillet 551 réitère la condamnation impériale contre les Trois Chapitres. Le 4 juillet, Vigile excommunie oralement tous ceux qui adhèrent le texte, en se gardant cependant de nommer l'empereur, puis se réfugie dans une église. La troupe intervient pour l'en faire sortir et veut l'arracher à l'autel auquel il s'est agrippé, mais la foule intervient pour le protéger. Justinien recourt alors à la diplomatie et le persuade de regagner sa résidence, mais le 23 décembre, Vigile s'enfuit de nouveau, cette fois en sautant par la fenêtre, et se réfugie dans une église à Chalcédoine. Il rejette les offres d'une légation comprenant Bélisaire, et fait afficher le texte de son excommunication de juillet. Au printemps, Vigile obtient un texte condamnant les violences exercées contre lui et rentre à Constantinople. Eutychius, successeur de Mennas, propose alors un concile. Vigile accepte : ce sera le deuxième concile de Constantinople. Justinien s'engage à laisser vingt jours de délais à Vigile pour se prononcer sur la base des documents préparatoires, mais le concile démarre avant l'expiration de la période. Vigile refuse alors de siéger. Il produit néanmoins un constitutum condamnant les thèses exprimées dans les Trois Chapitres, mais se refusant à attaquer leurs auteurs. La session suivante du concile ne tient pas compte du texte. Interrogé, l'empereur répond à l'apocrisiaire Stephanus qu'il n'a pas demandé au pape son avis. Quand Vigile insiste, Justinien récuse le texte et fait destituer le pape par le concile, alors que l'entourage pontifical est exilé ou emprisonné. Après six mois, Vigile cède et condamne les Trois Chapitres. Il publie également au début de l'année 554 un judicatum reprenant plus ou moins l'édit de 551 de Justinien. Réconcilié avec Justinien, Vigile obtient de lui un ensemble de lois pour régir l'Italie, la Pragmatique Sanction. Au printemps de 555, après un long séjour de huit ans à Constantinople, Vigile est autorisé à retourner à Rome. Il meurt le 7 juin 555 en chemin, à Syracuse. Son corps est transporté à Rome et enterré dans la basilique de Sylvestre sur la Via Salaria. Seul pape du vie siècle à ne pas être inhumé dans la basilique Saint-Pierre, Vigile a sans doute subi les foudres posthumes de son successeur Pélage Ier.
060 Pélage I 556/561 Rome Pélage I Pélage Ier, né à Rome vers l'an 500, est le 60e pape de l'Église catholique de 556 à sa mort en 561. Il est le second pape de la Papauté byzantine et comme son prédécesseur Vigile, un ancien apocrisiaire de Constantinople. Pélage est issu d'une noble famille romaine. Son père, Jean, aurait été vicaire de l'un des deux diocèses ou districts civils qui divisait l'Italie de l'époque. Entre 535 et 536, Pélage accompagne le pape Agapet Ier à Constantinople et est nommé par lui apocrisarius, c'est-à-dire nonce apostolique de l'Église romaine dans cette ville. Fin novembre 545, le pape Vigile, son prédécesseur, prend la fuite pour se rendre à Syracuse. En effet, depuis 544, Totila, roi des Ostrogoths, assiège la ville de Rome et affame la population. Pélage reste à Rome en tant que représentant du Pape. Pélage gaspille sa fortune pour le bien de la population touchée par la famine. Il recherche un accord avec le roi pour obtenir une trêve. L'effort diplomatique échoue. Le 17 décembre 546, Totila réussi à entrer dans la ville : Pélage rencontre le roi et le convainc d'épargner la vie de la population, bien que la ville est systématiquement pillée. Totila envoie Pélage à Constantinople pour organiser une paix entre lui-même et Justinien, mais l'empereur le fait emprisonner : en effet, Pélage lors de sa venue à Constantinople fait pression sur le pape Vigile, afin de préserver l'orthodoxie de l'Église contre les positions de l'empereur et son édit condamnant les trois chapitres. Pour cela, Justinien ne tarde pas à faire arrêter Pélage.
À la mort de Vigile, le 7 juin 555, Pélage est libéré de prison et retourne à Rome. Alors que, jusque-là, il avait résisté aux efforts de Justinien pour obtenir un compromis entre les diverses factions chrétiennes, il se range à la défense des Trois Chapitres, comme la plupart de l'Église d'Occident et, de retour à Rome, il adopte la position de l'empereur. Ce revirement lui vaut le soutien de Justinien pour son élection à la papauté. Pélage Ier est élu pape, en tant que candidat de l'empereur Justinien, le 16 avril 556. La réputation de la papauté dans le nord de l'Italie, en Gaule et divers endroits de l'Europe de l'Ouest, est entachée. Ses successeurs feront beaucoup d’efforts, durant les cinquante années suivantes, afin de remédier aux dommages causés. Face à des rumeurs persistantes, le jugeant responsable, sinon l'auteur, de la mort du pape Vigile, il est contraint de jurer solennellement de son innocence sur la tombe du martyr Pancrace, qui punit les parjures, puis à une procession solennelle dans l'antique basilique vaticane. Pélage meurt le 4 mars 561, après quatre ans, dix mois et dix-huit jours de pontificat. Il est enterré dans la basilique Saint-Pierre au Vatican. Son épitaphe, le célèbre comme rector Apostolicæ fidei, qui, dans un siècle terrible, a pris soin de l'Église, s'est efforcé de prendre les décisions claires des Pères et a résolu de nombreux problèmes liés à pauvreté sociale4. On attribue à Pélage, la construction de la Basilique des Saints-Apôtres à Rome pour célébrer la victoire totale de Narsès sur les Ostrogoths.
061 Jean III 561/574 Rome Jean III Jean III était un Romain nommé Catelinus. Il mourut le 13 juillet 574. Il appartenait à une famille distinguée, étant le fils d'un certain Anastase qui portait le titre d'Illustris. On ne connaît pas l'année de sa naissance mais il semble bien qu'il ait été sacré 61e pape le 17 juillet 561. Comme il fallait attendre la confirmation de son élection par l'empereur, un intervalle de cinq mois s'écoula entre la mort de Pélage Ier et le sacre dont nous connaissons la date. Bien que son règne ait duré près de treize ans nous en savons très peu sur lui. Il s'est déroulé pendant les temps troublés de l'invasion lombarde, et pratiquement tous les documents de son règne ont disparu. Il semblerait, toutefois, qu'il ait été un pontife magnanime, zélé pour le bien être du peuple. On peut encore voir une inscription du xve siècle qui déclare que « dans les situations les plus difficiles il savait se montrer généreux, et ne craignait pas de se voir écrasé dans un monde qui tombait en ruines ». Deux évêques, Salonius d'Embrun et Sagittarius de Gap, avaient été condamnés au cours d'un synode à Lyon (vers 567). Ils réussirent toutefois à convaincre le roi de Bourgogne, Gontran, qu'ils avaient été injustement condamnés, et en appelèrent au pape. Influencé par les lettres du roi, Jean décida qu'ils devraient être replacés sur leurs sièges. Le 22 septembre 569, le pape accorda à Pierre évêque de Ravenne, l'usage du pallium et confirme tous les privilèges de l'église de Ravenne. Les actes les plus importants de ce pape sont liés au grand général Narsès. Malheureusement, le Liber Pontificalis reste énigmatique à leur sujet. Des intrigues de femmes à la cour de Constantinople avaient valu au général une accusation mensongère de trahison, si bien qu'il fut rappelé alors qu'il était le seul homme capable de résister aux barbares. Il est tout à fait possible que ce soit Narsès lui-même qui, à l'automne, ait appelé les Lombards à fondre sur l'Italie, mais il est plus probable peut-être que c'est en apprenant qu'il avait été rappelé qu'ils envahirent le pays. Sachant que Narsès était l'espoir de l'Italie, Jean III le suivit à Naples, et l'implora de ne pas aller à Constantinople. Le général écouta la voix du pape, et revint avec lui à Rome (571). Mais apparemment le parti de la cour était trop fort dans la ville pour Narsès et pour le pape. Jean se retira dans les catacombes de Prætextatus, où il resta pendant de longs mois. Il y procéda même à des ordinations. À la mort de Narsès (vers 572), Jean revint au palais du Latran. Son séjour dans les catacombes lui avait donné un grand intérêt pour elles. Il les fit remettre en état, et ordonna que les instruments nécessaires pour célébrer la messe y fussent envoyés depuis le Latran. Il mourut le 13 juillet 574 et fut enterré à Saint-Pierre.
062 Benoît I 575/579 Rome Benoît I Bonosio Benoît est romain et fils de Boniface. Il est appelé Bonósos par les Grecs. Élu pape en août 574, après la mort de Jean III, il doit attendre dix mois la confirmation de cette élection par l'empereur byzantin Justin II. Celle-ci prend effet le 2 juin 575. La raison de cette vacance est principalement dû au conflit avec les Lombards qui rend difficile la communication avec Constantinople. Il règne quatre ans, un mois et 28 jours. Le seul acte connu, de Benoît Ier, est l'enregistrement d'une succession qu'il accorde à l'abbé Étienne de Saint-Marc, le Massa Veneris, sur le territoire de Minturnae, près des murs de Spolète. La famine apparaît suite aux dévastations des Lombards. Quelques mots mentionnés dans le Liber Pontificalis indiquent, à propos de Benoît Ier, qu'il est mort durant ses efforts pour faire face à ces difficultés. Il est enterré dans le vestibule de la sacristie de l'antique basilique vaticane. Lors d'une cérémonie qu'il tenait au mois de décembre, il ordonne quinze prêtres, trois diacres et consacre vingt et un évêques.
063 Pélage II 579/590 Rome Pélage II Durant son pontificat, Pélage II œuvre beaucoup pour les soins des malades et des vieillards et va même jusqu'à convertir pour eux son logement en refuge. Il est également réputé pour tolérer le mariage des prêtres, tant que ceux-ci ne transfèrent pas les biens de l'Église à leurs femmes et enfants. Pélage II meurt le 7 février 590 de la peste de Justinien qui frappe durement Rome dès l'an 589.
064 Saint Grégoire I 590/604 Rome Saint Grégoire I Grégoire est né à Rome vers 540, au moment de la reconquête de l'Italie par Justinien, d'une famille chrétienne et patricienne, de la branche Anicia. Son père, le sénateur Gordien, est administrateur d'un des sept arrondissements de Rome. Deux de ses sœurs sont honorées saintes (Tharsilla et Æmiliane), et il avait parmi ses ancêtres le pape Félix III. Sa mère, Sylvie, est elle aussi honorée sainte. Il est éduqué dans le climat de renouveau culturel suscité en Italie par la Pragmatica sanctio, et excelle, « selon le témoignage de Grégoire de Tours, dans l'étude de la grammaire, de la dialectique et de la rhétorique ». En 572, il est nommé préfet de la ville, ce qui lui permet de s'initier à l'administration publique, et devient ainsi le premier magistrat de Rome. Il utilise ses aptitudes pour réorganiser le « patrimoine de Saint-Pierre ». En 574, il souscrit à l'acte par lequel Laurent, évêque de Milan, reconnaît la condamnation des « Trois Chapitres » par le IIe Concile de Constantinople de 553. Vers 574-575, il adopte la vie monastique et transforme en monastère dédié à saint André la demeure familiale située sur le mont Cælius. Il nomme pour abbé le moine Valentien. On ne sait pas si Grégoire assuma personnellement la direction de la communauté. Ayant hérité de grandes richesses à la mort de son père, il fonde aussi six monastères en Sicile. On ne sait pas si Grégoire et ses moines adoptèrent la règle de saint Benoît, mais « on ne saurait cependant douter de l'harmonie fondamentale existant entre l'idéal monastique de Benoît et celle du grand pontife. »
Grégoire est ordonné diacre par le pape Pélage II (ou peut-être par Benoît Ier, mais c'est moins probable) avant d'être envoyé à Constantinople comme apocrisiaire (représentant permanent). Il s'y rend accompagné de quelques frères, et y résidera jusqu'à la fin de 585 ou le début de 586, « sans songer, d'ailleurs, à apprendre le grec ni à s'initier à la théologie orientale ». Il se plaint d'ailleurs de trouver difficilement des interprètes à Constantinople, capables de bien traduire en grec les documents latins. Cela montre qu'entre les cultures latine et hellénique de la chrétienté il existait déjà des clivages au sein de l'Église nicéenne, cinq siècles avant la séparation formelle qui donnera naissance aux Églises catholique et orthodoxes. C'est à Constantinople qu'il rédigea sa plus importante œuvre exégétique, l'Expositio in Job. Il se fit aussi remarquer par une controverse avec Eutychès, le patriarche de Constantinople, à propos de la résurrection des corps. En effet, Grégoire défendait la thèse traditionnelle de l'Église nicéenne sur la résurrection des corps, tandis qu'Eutychès « appliquait au dogme nicéen le principe de l'hylémorphisme aristotélicien ». À la demande du pape, Grégoire attira aussi l'attention de l'empereur Byzantin Maurice sur l'invasion lombarde en Italie. De retour à Rome, Grégoire reprit la vie monastique. Il joua aussi le rôle de secrétaire et conseiller de Pélage II. À ce titre, il rédige l’Épître III de Pélage, où il soutient la légitimité de la condamnation des Trois Chapitres par le concile de Constantinople de 553. Pélage II meurt de la peste le 7 février 590.

Élus au 7 ème siècle

No Nom Pontificat Naissance Notes
065 Sabinien 604/606 Blera Sabinien Sabinien fut envoyé comme nonce apostolique à Constantinople par Grégoire le Grand, mais ne s’acquitta pas de manière satisfaisante de cette charge et retourna à Rome en 597. Il devint impopulaire à cause de son sens déraisonnable de l’économie, bien que le Liber Pontificalis indique qu’il distribua du grain au cours d’une famine à Rome sous son pontificat. L’érudit italien Augustin Onofrio Panvinio (1529-1568), dans son Epitome pontificum Romanorum (Venise, 1557) lui attribue l’introduction de la coutume de sonner les cloches aux heures canoniques et lors de la célébration de l’Eucharistie.
066 Boniface III 607 Rome Boniface III Boniface III, né à Rome, fils de Jean Candiote, fut pape du 19 février 607 au 12 novembre 607. Il avait été nonce à Constantinople sous le règne de l'empereur byzantin Phocas, dont il obtint que le titre « d'évêque universel » appartienne seulement à l'évêque de Rome (il était également porté par le patriarche de Constantinople).
067 Saint Boniface IV 608/615 Marsica Saint Boniface IV Saint Boniface IV, moine bénédictin né dans la région de Marsica, dans les Abruzzes, pape de 608 à 615. L’Église catholique le célèbre le 8 mai. Il fut élu pape dix mois après la mort de son prédécesseur Boniface III. L'empereur Phocas lui ayant fait don de l'ancien Panthéon de Rome, il le consacra à la Vierge sous le nom de Sancta Maria ad martyres (Sainte Marie aux martyrs), il y fit transporter de nombreux corps de martyrs des catacombes. Il eut aussi le souci de l'organisation de l'Église en Angleterre.Le 23 août 613 il accorde le pallium à l'archevêque d'Arles Florien, peu de mois, semble-t-il après la nomination de ce dernier. Boniface IV mourut le 8 mai 615, son corps repose dans le transept gauche de la basilique Saint-Pierre.
068 Saint Adéodat I 615/618 Rome Saint Adéodat I Adéodat Ier ou Dieudonné Ier (en latin Adeodatus ou Deusdedit), fut le 68e pape et patriarche de Rome, du 19 octobre 615 au 8 novembre 618. Il est honoré en tant que saint Deusdedit et fêté le 8 novembre. Le peu que nous savons de sa vie est issu du Liber pontificalis et d'une épitaphe tardive, gravée sur sa tombe de la basilique Saint-Pierre sous le pontificat d'Honorius Ier. Issu d'une famille de clercs, il est élu pape le 19 octobre 615, après 40 ans de sacerdoce. Très âgé, il ne prend pas une part active dans les affaires temporelles. En matière religieuse, il impose une messe quotidienne au clergé romain. Inscrit au martyrologe romain.
069 Boniface V 619/625 Naples Boniface V Boniface V (né à Naples au vie siècle - mort à Rome en 625) était un religieux italien du haut Moyen Âge, qui fut le 69e pape de l'Église catholique, de 619 à 625. Boniface V était prêtre-cardinal de Saint-Sixte quand il est élu le 23 décembre 619. Il y avait alors une grande quantité de prêtres. Le pape voulut qu'on n'en ordonnât plus, qu'en remplacement de ceux qui mourraient. Les hérétiques attaquèrent sa mémoire, parce qu'il a dit dans une lettre adressée à Edwin, roi de Northumbrie, qui, sur la prière de son épouse Ethelburge, voulait embrasser la foi catholique, que Jésus-Christ nous avait rachetés du seul péché originel. Boniface réclame contre les autorités qui ne voulaient pas admettre le droit d'asile dans les églises. En deux ordinations, en décembre, Boniface créé vingt-neuf évêques, vingt-six ou vingt-sept prêtres et quatre diacres. Il gouverne l'Église cinq ans et dix mois, et meurt le 25 octobre 625, et est enterré au Vatican. Le Saint-Siège ne reste vacant que cinq jours, car il ne faut pas attendre de Constantinople la confirmation du successeur. L'exarque de Ravenne, qui alors se trouve à Rome, prétend rétablir l'ancien usage, et donne cette confirmation au nom de l'empereur.
070 Honorius I 625/638 Campanie Honorius I Honorius Ier, né en Campanie à une date inconnue et mort à Rome le 12 octobre 638, fut pape de 625 à 638. Fils d'un consul honoraire, il est élu en succession de Boniface V et consacré le 27 octobre 625. L'empereur Héraclius étant en campagne, il ne peut confirmer l'élection. Pour éviter tout délai, c'est donc l'exarque de Ravenne qui procède à cette formalité. Honorius poursuit les travaux d'urbanisation de Rome menés par la papauté. À cet effet, il fait enlever les tuiles en bronze doré du temple de Rome (en fait la basilique de Maxence) pour réparer le toit de la basilique Saint-Pierre. Il fait également bâtir de nombreuses églises et transformer la Curie Julia en église. Il n'intervient que rarement en Occident, excepté en Angleterre : il envoie un évêque à Dorchester, dans le royaume de Wessex, et sanctionne la fondation de l'évêché d'York après la conversion du roi Edwin Ier de Northumbrie. En Orient, il mène une politique de compromis politique entre « orthodoxes » et monophysites, mais non sur le plan doctrinal. S'il a été poussé à approuver, en 634, une solution intermédiaire proposée par Serge Ier, patriarche de Constantinople, c'est sur un malentendu ; cette solution consistait à admettre que Jésus-Christ aurait deux natures (hypostaseis) mais une seule volonté, qualifiée de « théandrique », c'est-à-dire divino-humaine. C'est cette doctrine que combattirent les saints Maxime le Confesseur, Sophrone de Jérusalem et Martin Ier parce qu'elle privait le Christ d'une partie de sa nature humaine, la volonté humaine. Sous le pontificat de l'un de ses successeurs, Léon II, et le règne de l'empereur Constantin IV, Honorius est condamné comme monothéliste au troisième concile de Constantinople et subit l'anathème en tant que pape de Rome. Son corps repose à la basilique Saint-Pierre.
Honorius et l'infaillibilité pontificale
Certains détracteurs (les protestants et les gallicans) évoquent le cas du pape Honorius Ier comme preuve que le dogme de l'infaillibilité ne peut être fondé ou que l'infaillibilité du Pape n'est limitée qu'aux cas de définitions solennelles. En effet, celui-ci subit l'anathème au Concile de Constantinople III, décision confirmée par le pape Léon II. Un pape aurait donc subi l'anathème pour faute doctrinale : mais de quoi s'agit-il au juste ? En 634, le patriarche de Constantinople Serge prend de vitesse les légats pontificaux et expose de manière adroite au pape Honorius la doctrine du monothélisme. Il lui adresse une lettre très habile en précisant que la doctrine des deux activités-volontés ne pouvait être érigée en règle de foi parce qu'on ne la rencontrait pas chez les Pères de l’Église que de plus cette doctrine des deux volontés en Jésus-Christ, si elle était acceptée comme vérité de foi, reviendrait à admettre la possibilité dans le Christ d'une opposition possible des deux volontés. Il propose donc au pape de s'abstenir de parler d'une ou deux volontés. Le pape dans sa réponse, félicite Sergius de vouloir supprimer de vaines querelles de mots. Il approuve sa politique de silence mais en s'expliquant, dans un sens peut-être admissible car cela venait au terme de tout un raisonnement, il n'en laisse pas moins passer une phrase regrettable : Nous professons aussi la volonté unique du Seigneur Jésus-Christ. Ainsi au terme d'une véritable manipulation, ce pape semble donner donc son aval à une hérésie. On peut au moins faire observer que l'intervention d'Honorius n'a pas revêtu les caractères de l'exercice du magistère couvert par le privilège de l'infaillibilité, puisqu'elle intervient dans le cadre d'un débat théologique. Ainsi, selon le Chanoine Adolphe-Charles Peltier : « Une des objections les plus rebattues contre l'infaillibilité pontificale est assurément celle qu'on prétend tirer de la faute d'Honorius et de sa condamnation par le sixième concile œcuménique. Cependant de quoi s'agit-il ? D'une faute personnelle, qui était plutôt une erreur dans la conduite, qu'une erreur dans la foi. Les lettres qui nous restent de ce pape démontrent en effet qu'il n'admettait pas une seule volonté en Jésus-Christ à la manière des monothélites, mais uniquement en ce sens qu'il ne saurait y avoir dans le Fils de Dieu deux volontés contraires. Comment d'ailleurs le pape Agathon aurait-il pu prescrire à ses légats, comme il l'écrivit à l'empereur, de s'en tenir simplement à la tradition reçue de ses prédécesseurs, si cette tradition avait été rompue par Honorius quelques années seulement avant lui ? Aussi Noël Alexandre, quoique partisan des opinions gallicanes, ne fait-il pas difficulté de reconnaître ingénument que le pape Honorius n'a point enseigné l'hérésie ». En conclusion de ce point historiquement controversé, il faut noter que le Concile de Vatican I, dans ses travaux préparatoires, a longuement étudié cet aspect. Il n'en a pas moins conclu, dans sa constitution dogmatique Pastor Æternus, que le siège suprême est toujours demeuré pur de toute erreur : ce qui exclut donc toute hérésie formelle de la part d'Honorius et le lave définitivement de tout soupçon, à tout le moins aux yeux des catholiques soumis au dogme. Se pose alors toutefois la question de la condamnation par le concile et Léon II : en réalité, Honorius n'a été que maladroit mais n'a cependant pas commis une erreur de foi ou de morale (les deux sujets auxquels s'applique l'infaillibilité). Ce n'est donc qu'une erreur sur le plan historique ou factuel.
071 Séverin 640 Rome Séverin Séverin, né à Rome, fils d'un certain Abienus, est élu pape en octobre 638, mais pour des raisons obscures, n’est consacré que le 28 mai 640. Il meurt le 2 août de la même année. Le déroulement de son bref pontificat est très mal connu. La date de son élection correspond à quelques jours près à la promulgation à Constantinople, par l'empereur Héraclius et le patriarche Serge Ier, de l'Ecthèse, un décret religieux qui faisait du monothélisme la doctrine officielle de l'Empire (affiché dans le narthex de Sainte-Sophie en septembre ou octobre 638). La formulation exacte de l'Ecthèse, tentative de compromis entre le symbole de Chalcédoine et le monophysisme, se réclamait d'une lettre adressée en 634 par le pape Honorius Ier, prédécesseur de Séverin, au patriarche Sergius, reconnaissant l'existence d'"une seule volonté" en Jésus-Christ. La promulgation de l'Ecthèse aurait été connue à Rome grâce aux légats envoyés par Séverin pour solliciter de l'empereur la confirmation de son élection. Les légats auraient reçu d'Héraclius mission de transmettre l'Ecthèse à Séverin pour ratification. Celui-ci aurait refusé et aurait été ainsi à l'origine de la longue lutte que mena la papauté contre le monothélisme. Toutefois on ignore quel lien exact existe entre cette controverse et le fait qu'il s'écoula plus d'un an et demi entre son élection et sa consécration. Cette période transitoire est bien plus longue que son pontificat proprement dit, qui dura à peine deux mois et demi. Au début de l'année 640, les troupes byzantines cantonnées à Rome, incitées par le chartularius ("chef de bureau") Maurice, s'emparèrent de la sacristie de la basilique-cathédrale du Latran, où était entreposé le trésor de la papauté. Prévenu par lettre, l'exarque de Ravenne, Isaac le Patricien, se rendit à Rome, expulsa de la ville "tous les dignitaires de l'Eglise" et fit emporter la totalité du trésor, dont il expédia une partie à Constantinople. Peu après, il fut procédé à la consécration de Séverin comme pape, avant qu'Isaac ne s'en retourne à Ravenne. (récit du Liber Pontificalis) Ce récit fait donc état d'une initiative purement locale de l'administration byzantine, l'exarque étant prévenu après coup et le pouvoir central de Constantinople n'étant pas du tout impliqué. Cependant, la confiscation de biens ecclésiastiques se produisit à de multiples reprises sous le règne d'Héraclius: aux abois du fait des guerres de survie qu'il dut mener successivement contre les Perses mazdéens et les Arabes musulmans, le pouvoir impérial mit largement à contribution l'Église chrétienne. Des prêtres et moines irlandais écrivirent à Séverin pour le consulter sur la date de Pâques, fixée en Irlande selon la coutume des Juifs, et sur la question de la grâce et du libre-arbitre, car les conceptions de Pélage restaient présentes dans ce pays. Toutefois, la lettre ne parvint à Rome qu'après la mort du pape, et la réponse fut faite par des collaborateurs de la curie. Le pape Séverin aurait fait exécuter une nouvelle mosaïque dans l'abside de la basilique Saint-Pierre du Vatican. Son successeur, Jean IV, fut élu le 24 novembre 640 et consacré dès le 24 décembre suivant.
072 Jean IV 640/642 Salone Jean IV Jean IV le Dalmate, né à Salone, aujourd'hui Solin en Croatie, vers 580, pape du 24 décembre 640 au 12 octobre 642, élu après que le siège fut resté vacant quatre mois. Il est originaire de Dalmatie (probablement de la ville de Salona), et fils du scholasticus (responsable d'un service juridique) Venance. Au moment de son élection, il est archidiacre de l'Église de Rome, poste important dans l'administration du diocèse et membre du conseil des seruantes locum sanctae sedis apostolicae chargé d'assurer l'intérim entre la mort d'un pape et l'élection de son successeur. Comme sa consécration suit de très peu son élection (24 novembre), on suppose que les élections papales étaient confirmées par l'exarque de Ravenne plutôt que par l'empereur de Constantinople. Mais il est à noter que pour le pape précédent, Séverin, cet intervalle est de vingt mois. Des troubles dans son pays natal, causés par les invasions slaves, retiennent son attention. Pour soulager la détresse des habitants, il envoie l'abbé Martin en Dalmatie et en Istrie muni de grosses sommes d'argent pour racheter les captifs. Comme les églises en ruines ne peuvent être reconstruites, les reliques de quelques-uns des saints les plus importants de Dalmatie (saints Venance, Anastase et Maurus) sont transférées à Rome. Jean IV érige en leur honneur une chapelle qui subsiste encore. Il la fait décorer de mosaïques qui le représentent lui-même tenant entre ses mains une maquette de sa chapelle. Il semble qu'il ne se contente pas de pallier les maux causés par les Slaves : il essaie de convertir ces barbares. L'empereur Constantin Porphyrogénète dit que Porga, le duc des Croates de Dalmatie, qui appelé en Dalmatie par Héraclius, fait demander à ce dernier des maîtres chrétiens. On suppose que l'empereur à qui ce message fut envoyé était Héraclius lui-même, et qu'il la transmis au pape Jean IV. Alors qu'il n'était encore que le pape élu, Jean IV, avec les autres dirigeants de l'Église de Rome, écrit au clergé du nord de l'Irlande pour lui signaler ses erreurs concernant la date de Pâques et l'exhorte à se méfier de l'hérésie pélagienne (si toutefois la mention "Jean, diacre, évêque élu" figurant dans la liste des signataires le désigne bien). D'autre part, il condamne solennellement le monothélisme, mais l'idée, inspirée par Maxime le Confesseur, selon laquelle Héraclius aurait en réaction retiré son appui à l'Ecthèse, est fortement mise en doute par les historiens modernes (Héraclius meurt le 11 février 641 comme il fallait parfois trois mois pour aller de Rome à Constantinople, il n'est même pas certain qu'il ait appris l'élection de Jean IV). Au fils d'Héraclius, Constantin III (regn. du 12 fév. au 25 mai 641), Jean IV adresse une défense du Pape Honorius Ier (la lettre Dominus qui dixit), dans laquelle il condamne la tentative faite par le patriarche Pyrrhus de Constantinople de lier le nom d'Honorius avec le monothélisme. Honorius, déclare t-il, en parlant d'une seule volonté en Jésus, avait comme seule intention d'affirmer que les deux volontés qui coexistent en lui, correspondant à ses deux natures distinctes, ne peuvent entrer en contradiction. Jean IV est enterré dans la basilique Saint-Pierre.
073 Théodore I 642/649 Jérusalem Théodore I Théodore Ier, né à Jérusalem, fils d'un évêque palestinien de même nom que lui, 73e pape élu le 24 novembre 642, en charge jusqu'à sa mort le 14 mai 649. À la suite de son prédécesseur Jean IV, Théodore Ier se signala comme un farouche adversaire du monothélisme, doctrine que l'empereur Héraclius et le patriarche de Constantinople Serge Ier avaient adoptée officiellement en 638 en promulguant l'Ecthèse. Théodore y était d'autant plus sensible que sa province natale, la Palestine, avait été le principal foyer de résistance au monoénergisme et au monothélisme sous l'influence du patriarche Sophrone de Jérusalem (634-638). Sitôt après sa consécration, Théodore écrivit au patriarche Paul II de Constantinople pour lui signifier son rejet total de l'Ecthèse placardée à Sainte-Sophie. Le patriarche Pyrrhus de Constantinople, ancien collaborateur et successeur de Serge Ier, ardent défenseur du monothélisme, avait été démis de ses fonctions au moment du renversement de l'impératrice Martine et de son fils Héraclonas (septembre 641), et remplacé par Paul II. Réfugié en Palestine, puis à Carthage, il entra en contact avec un des chefs du parti anti-monothélite, le moine Maxime le Confesseur. Les deux hommes débattirent, et une dispute publique fut organisée en présence de l'exarque de la province, Grégoire (juillet 645). Pyrrhus s'avoua vaincu et persuadé, et écrivit même un opuscule contre le monothélisme. Les deux ecclésiastiques se rendirent à Rome, où Théodore Ier prononça la réhabilitation de Pyrrhus et le tint pour le patriarche légitime de Constantinople. Cependant Pyrrhus, de retour à Constantinople, revint peu après au monothélisme. En 647, Théodore Ier excommunia pour hérésie le patriarche Paul II de Constantinople. Quand celui-ci l'apprit, il fit supprimer l'autel appartenant au pape au palais de Placidie et rompit tout contact avec l'Église de Rome (expulsion du nonce). Cependant, soucieux d'éviter un schisme, l'empereur Constant II promulgua en septembre 648 un édit appelé le Typos: l'Ecthèse était retirée de Sainte-Sophie, mais toute discussion sur les points en litige était formellement interdite. Refusant ce compromis, Théodore Ier prépara le concile tenu au Latran par son successeur Martin Ier et qui condamna à la fois le monothélisme et le Typos. Théodore Ier fut le premier pape à reprendre officiellement le titre de pontife, venant du titre latin pontifex maximus ("grand pontife") qui désignait le chef de la religion romaine à l'époque païenne et qui fut porté par les empereurs romains d'Auguste à Gratien, lequel l'abandonna en 379. À partir de Théodore Ier, les papes s'intitulèrent summus pontifex ("souverain pontife"). Le mot pontifex avait parfois été repris auparavant pour désigner le grand-prêtre des Juifs (en quelques endroits de la Vulgate de saint Jérôme), voire les évêques chrétiens (chez quelques poètes). Théodore utilisa aussi le premier le titre de patriarche d'Occident, qui fut abandonné par Benoît XVI en 2006. Il introduisit dans la liturgie romaine la fête orientale de la Dormition de Marie, qui plus tard, vers 770, fut appelée Assomption. À Rome, il fit bâtir l'église Saint-Valentin et orna somptueusement l'église Saint-Étienne.
074 Saint Martin I 649/653 Todi Saint Martin I Martin Ier né v. 600 à Todi (Ombrie), fils d'un patricien nommé Fabrice mort à Cherson (Chersonèse Taurique) le 15 septembre 655 ou, selon les sources orientales, le 13 avril 656. Il est fêté comme saint et martyr par les catholiques, comme saint et confesseur par les orthodoxes. Il est fêté le12 novembre en Occident et le 14 avril en Orient. Avant son élévation au pontificat, Martin est apocrisiaire, c'est-à-dire représentant du pape à Constantinople. Élu pape le 5 juillet 649, cinquante-deux jours après la mort de son prédécesseur Théodore Ier, il est consacré dès le 5 août, sans avoir sollicité la confirmation de son élection par l'empereur, ou son représentant en Italie, l'exarque de Ravenne, ce qui est la règle à l'époque ; il n'est donc pas reconnu pape par les autorités byzantines. Martin Ier réunit du 5 au 31 octobre 649, avec la collaboration du moine oriental Maxime le Confesseur, un concile d'une centaine d'évêques dans la basilique Saint-Jean de Latran, cathédrale du diocèse de Rome. Ce concile condamne le monothélisme, doctrine officielle de l'Empire depuis l'Ecthèse de 638 et surtout le Typos (648), édit par lequel l'empereur Constant II (641-668) interdit toute discussion à ce sujet1. Toutefois, des doutes sont exprimés au xxe siècle sur la réalité ou au moins la dimension et la nature de cette assemblée. En tout cas, le pape Martin fait connaître en Italie, en Gaule et en Orient, la condamnation du monothélisme et du Typos par le Saint-Siège. L'empereur Constant II charge l'exarque Olympius de rétablir l'autorité impériale, d'imposer le Typos et peut-être d'arrêter le pape considéré comme illégitime. Mais, confronté à une forte résistance de la population du Latium et des milices locales, Olympius se range du côté de Martin et se proclame empereur (650). Il chasse du Palatin, les fonctionnaires fidèles à Constant II. Mais l'année suivante, en route vers la Sicile pour repousser une attaque musulmane, il meurt de la peste. Le 17 juin 653 le nouvel exarque, Théodore Calliopas, fait arrêter le pape en pleine basilique du Latran. Accusé de haute trahison, Martin est traité sans ménagement par les soldats byzantins, qui le conduisent à Ostie et l'embarquent le 19 juin pour Constantinople, où il arrive le 17 septembre. Il est fort mal traité pendant la traversée: atteint de goutte, il se voit refuser tout soin, est très peu nourri et ne peut se laver. À l'arrivée, il est débarqué sur une civière. Une foule, certainement payée, l'attend dans le port et l'abreuve d'insultes. Enfermé dans la prison Prandaria, au milieu de détenus de droit commun, il y attend son procès. Le procès a lieu le 20 décembre 653 devant le sénat, où Martin est encore conduit sur un brancard. L'interrogatoire est mené avec la plus grande brutalité par le patrice Boucoléon, qui exige que le pape se tîenne debout, soutenu par deux soldats. Toute question de religion est écartée des débats: Martin se voit signifier qu'il n'ést accusé que de trahison politique, notamment d'avoir inspiré l'usurpation d'Olympius. Le pape est frappé par le sacellaire ("trésorier", agissant dans ce procès comme procureur du fisc) Troïlos ses vêtements sacerdotaux sont déchirés et il est quasiment dénudé par les soldats. Constant II assiste à cette audience depuis une tribune d'où il peut voir sans être vu. Condamné à mort par écartèlement (peine infligée aux traîtres) et chargé de lourdes chaînes, il est conduit à la prison Diomède. Là, deux femmes compatissantes ayant accès à la prison, atténuent quelque peu la rigueur de sa détention. Transi de froid, il perd l'usage de la parole, mais peut faire passer un texte à ses partisans, dans lequel il fait état des avanies subies. Le patriarche Paul II de Constantinople étant mort, son prédécesseur Pyrrhus, démis de ses fonctions au moment du renversement de l'impératrice Martine et de son fils Héraclonas, le (29 septembre 641), est rétabli sur le siège patriarcal le 9 janvier 654. Il meurt le 1er juin de la même année. Partisan hésitant du monothélisme, et proche de sa fin, il obtient de Constant II, la grâce du pape Martin, dont la peine est commuée en exil perpétuel en Chersonèse Taurique (actuelle Crimée). Le pape prisonnier est transporté en avril 654 à Cherson, capitale de la Chersonèse Taurique. Il subit, en ce lieu, une détention rigoureuse qui hâte sa fin (le 15 septembre 655 ou le 13 avril 656 selon les sources). Entretemps, les autorités byzantines organisent l'élection d'un nouveau pape. Eugène Ier est élu le 8 septembre 654.
075 Saint Eugène I 654/657 Rome Saint Eugène I Saint Eugène Ier, né à Rome, fils d'un certain Rustinien, pape élu le 10 août 654, en charge jusqu'à sa mort le 2 juin 657. Il fut élu du vivant de son prédécesseur Martin Ier que l'exarque Calliopas, sur l'ordre de l'empereur Constant II, avait déposé et envoyé à Constantinople pour y être jugé pour trahison. Soumis donc aux Byzantins, il s'abstint de toute prise de position sur le monothélisme. Au cours de son bref pontificat, il se signala surtout par son zèle pour les pauvres. Canonisé après sa mort, on le fête le 27 août.
076 Saint Vitalien 657/672 Segni Saint Vitalien Saint Vitalien (vers 600 - †672), 76e pape du 30 juillet 657 jusqu'à sa mort le 27 janvier 672. Natif de Segni, il fut élu pape cinq ans seulement après la déposition et l'arrestation de Martin Ier, en 653, par l'exarque Calliopas, sur l'ordre de l'empereur Constant II il fut donc contraint, comme son prédécesseur Eugène Ier, à une extrême prudence vis-à-vis des autorités byzantines, alors toute-puissantes à Rome. Il s'abstint de toute prise de position retentissante dans la querelle du monothélisme, et resta ainsi en pleine communion avec le siège de Constantinople ainsi qu'en relations cordiales avec Constant II. Après son élection, celui-ci lui offrit un évangéliaire couvert d'or et de pierreries il vint à Rome lui rendre visite en 663, et lui offrit un tapis incrusté d'or. Cependant, après un séjour de 12 jours, il quitta la ville en emportant les ornements en bronze de plusieurs monuments de la ville, notamment les tuiles en bronze doré qui couvraient la coupole de l'église Sainte-Marie-aux-Martyrs (ancien Panthéon), ce qui fut vu comme un pillage. Il lui fallait sans doute payer les troupes qu'il avait amenées en Italie. S'agissant des relations entre Églises, Vitalien fut le seul pape inscrit sur les diptyques de l'Église de Constantinople entre 638 et 680 (période du monothélisme).
Mais Constant II favorisa le schisme de l'archevêque de Ravenne Maurus, qui rejeta l'autorité hiérarchique du pape, soutenu par l'exarque byzantin. L'empereur reconnut Ravenne comme siège autocéphale en 666. Vitalien lança l'anathème sur Maurus, qui répliqua sur le même ton et se prononça pour la soumission de l'Église latine au patriarche de Constantinople. Le pape s'efforça de mobiliser les autres évêques italiens contre Maurus, mais le schisme durait toujours à sa mort. Il s'ajoutait en Italie au schisme d'Aquilée, non encore résorbé, et à la persistance de l'arianisme parmi les Lombards, notamment sous le roi Grimoald Ier de Bénévent (662-671). Les autorités byzantines tentèrent aussi de soustraire la Crète au ressort du pape. En 664, selon une tradition, deux rois anglo-saxons, Egbert, roi de Kent, et Oswy, roi de Northumbrie, envoyèrent au pape Vitalien des ambassadeurs porteurs de vases d'or et d'argent, dirigés par Wilfrid, évêque d'York, pour lui demander de se prononcer sur certains points de liturgie, dont le principal était la date de célébration de Pâques, différente pour les Églises d'obédience romaine et les Églises d'obédience irlandaise, qui se partageaient la population chrétienne en Angleterre. Le point fut réglé par le synode de Whitby, qui condamna les usages celtiques et renforça l'autorité de la papauté en Angleterre. Mais le détail de ces événements est incertain. En 667, après la mort de Wighard, envoyé à Rome pour être consacré archevêque de Cantorbéry, Vitalien décide, sur la recommandation d'Adrien de Carthage, abbé de Nerida près de Naples, de le remplacer par le Grec Théodore de Tarse, réputé pour son grand savoir. Celui-ci n'accepte la mission que s'il est accompagné d'Adrien. Théodore est consacré archevêque de Cantorbéry par Vitalien le 26 mars 668. Parvenu en Angleterre en mai 669, il y joue un rôle très important, tant dans l'organisation définitive de l'Église anglo-saxonne (il fut selon Bède le Vénérable le premier primat reconnu dans toute l'Angleterre) que dans la diffusion de la culture écrite gréco-romaine dans l'île. Vitalien est également connu pour avoir introduit l'usage de l'orgue et de la musique instrumentale dans les offices religieux (tradition propre à l'Occident). C'est également sous son pontificat que les cloches furent généralisées dans toutes les églises de Gaule. Canonisé après sa mort, il est fêté le 27 janvier.
077 Adéodat II 672/676 Rome Adéodat II Adéodat II ou Dieudonné II, fils d'un certain Jovinianus, qualifié de «romain» fut pape de 672 à 676. Moine de la communauté de Saint-Erasme sur le mont Caelius, il était déjà âgé lorsqu'il fut élu pape son élection fut ratifiée par l'exarque de Ravenne au bout de quelques semaines. Ce pape fut le premier qui data ses actes officiels de l'année de son pontificat, usage resté en vigueur depuis, et qui utilisa la formule "Salut et bénédiction apostolique". Il restaura la Basilique Saint-Pierre à la huitième borne de la Via Portuense. Il se montra généreux envers les pauvres ce qui le rendit populaire. On sait peu au sujet de son règne. Adéodat II est enterré dans la basilique Saint-Pierre de Rome.
078 Donus 676/678 Rome Donus Donus ou Domnus, né à Rome, fils d'un Romain nommé Mauricius, fut pape du 2 novembre 676 à jusqu'à sa mort le 11 avril 678, prenant la succession d'Adéodat ou Dieudonné II. Son bref pontificat fut notamment marqué par le règlement d'un schisme avec l'archevêché de Ravenne, siège de l'exarque byzantin d'Italie. Soutenu par l'empereur Constant II, l'archevêque Maurus avait prétendu s'affranchir de la tutelle de la papauté (reconnaissance d'autocéphalie par Constant II en 666), mais son successeur Reparatus accepta de se soumettre à Donus. Ce pape mit d'autre part fin à l'existence d'un groupe organisé de Nestoriens parmi les nombreux moines orientaux installés à Rome. Il est également connu pour avoir entrepris des travaux de restauration de bâtiments religieux de Rome. L'empereur Constantin IV voulut prendre contact avec lui pour mettre fin au schisme causé par le monothélisme, mais Donus mourut avant l'arrivée du message.
079 Saint Agathon 678/681 Sicile Saint Agathon Agathon était grec, né en Sicile, de parents riches et pieux. On dit qu'il distribua leur héritage après leur mort pour se retirer dans un monastère de Palerme. Cette croyance se fonde sur une lettre de saint Grégoire le Grand à l'abbé de Saint-Hermès à Palerme, un monastère bénédictin, où il parle d'Agathon. Dans cette lettre, Grégoire a écrit que l'abbé pourrait recevoir Agathon dans son monastère si sa femme était disposée à entrer dans un couvent. Dans la mesure où il y a des raisons de croire que ce moine était le pape Agathon, il aurait eu plus de 100 ans au moment de son élection. Peu de temps après qu'Agathon fut devenu pape, saint Wilfrid, archevêque d'York, arriva à Rome pour demander l'aide de l'autorité du Saint-Siège. Il avait été déposé de son siège par Théodore, archevêque de Cantorbéry, qui avait partagé son diocèse, nommant trois évêques aux nouveaux sièges. Dans un synode que le pape Agathon convoqua au Latran pour étudier l'affaire, il fut décidé que le diocèse de Wilfrid devrait effectivement être partagé, mais que c'est Wilfrid lui-même qui devrait nommer les évêques. L'événement important de son pontificat fut le sixième concile œcuménique (680-681), qui mit fin à l'hérésie monothélite, tolérée par les papes précédents (dont Honorius). Le concile commença avec l'envie de l'empereur Constantin IV de mettre fin au schisme qui séparait l'Église en deux. Il écrivit au pape Donus pour lui suggérer une conférence sur le sujet, mais Donus était mort quand la lettre arriva. Agathon cependant se hâta de saisir le rameau d'olivier offert par l'empereur. Il ordonna que des conciles se tinssent dans tout l'Occident pour que les légats pussent présenter la tradition universelle de l'Église occidentale. Alors il envoya une grande délégation à Constantinople pour rencontrer les Orientaux. Les légats et les patriarches se rassemblèrent au palais impérial le 7 novembre 680. Les Monothélites exposèrent leur point de vue. Alors fut lue la lettre du pape Agathon qui expliquait la croyance traditionnelle de l'Église selon laquelle le Christ avait deux volontés, divine et humaine. Le concile conclut que Pierre avait parlé par la bouche d'Agathon. Le patriarche Georges de Constantinople accepta cette lettre d'Agathon, comme le firent la plupart des évêques présents. Le concile proclama l'existence dans le Christ de deux volontés et condamna le monothélisme, incluant le pape Honorius dans sa condamnation. Quand le concile prit fin en septembre 681, les décrets furent envoyés au pape, mais Agathon était mort en janvier. Le Concile n'avait pas seulement mis fin à l'hérésie monothélite, mais avait guéri le schisme. Agathon engagea aussi des négociations entre le Saint-Siège et Constantinople, concernant les rapports de la Cour byzantine avec les élections papales. Constantin promit à Agathon d'abolir ou de réduire la taxe que les papes devaient payer à la trésorerie impériale à l'occasion de leur intronisation. Il est vénéré comme un saint tant par les Latins que par les Grecs. Certains Catholiques traditionalistes disent qu'il fut le premier pape à prêter, au cours de son intronisation, ce qu'ils appellent le serment pontifical.
080 Saint Léon II 682/683 Sicile Saint Léon II Léon II, né en Sicile à une date inconnue, mort le 3 juillet 683 à Rome, fut pape de 682 à 683. Fils d'un certain Paul, il étudie à la Scola cantorum de Rome. À la mort d’Agathon le 10 janvier 681, il est élu pape, sans doute au courant du mois de janvier. Cependant, l'empereur Constantin IV refuse de reconnaître l'élection et demande, en échange, la condamnation du pape Honorius Ier, considéré comme partisan du monothélisme au troisième concile de Constantinople qui se déroule alors. Les tractations se poursuivent jusqu'en 683. Constantin obtient la condamnation du feu pape et en échange, accorde à Léon II, entre autres : la reconnaissance de l'élection pontificale ; la présence d'un apocrisiaire permanent du pape à Constantinople ; le transfert à Rome des monothélistes condamnés par le concile, pour y être jugés par la papauté ; la reconnaissance de la suprématie du pape sur l'exarque de Ravenne ; la diminution des versements de la Sicile et de la Calabre au Trésor impérial. Le corps repose à la basilique Saint-Pierre. Il est considéré comme saint et son culte est attesté dès les martyrologes de Bède le Vénérable et d'Adon. Il est fêté le 28 juin.
081 Saint Benoît II 684/685 Rome Saint Benoît II Benoît II (° ? – † 8 mai 685), né et mort à Rome, fut pape de 684 à 685.C'est un saint chrétien fêté le 7 mai en Orient1 et le 8 mai en Occident. Selon la tradition, il est né à Rome et a pour père un dénommé Jean. Après une éducation à la Schola cantorum, il devient prêtre. Élu pape le 26 juin 684, il obtient que la confirmation soit donnée non plus par l'empereur, mais par l'exarque de Ravenne. Le calcul est simple : faible politiquement, l'exarque approuverait toujours les décisions de Rome. Le pontificat de Benoît II est marqué par son attention envers les pauvres, confinant au populisme. Benoît II renforce également la position du pape en présidant toutes les cérémonies civiles de Rome.
082 Jean V 685/686 Antioche Jean V Le pape Jean V exerce du 23 juillet 685 au 2 août 686. Depuis l'invasion Byzantine, Jean V est le premier pape de la Papauté byzantine, élu au sein de l'Église non désigné mais autorisé et consacré par l'Empereur byzantin Constantin IV1 et le premier d'une lignée de dix papes, originaires de l'Est. Sa papauté est marquée par la réconciliation entre la ville de Rome et l'Empire. Jean V est probablement né à Antioche en Syrie, territoire actuel de la Turquie. En raison de ses connaissances de la langue grecque, il est nommé légat du Pape Agathon au cours du Troisième concile de Constantinople (concile œcuménique). Jean V est le premier pape de la papauté byzantine, consacré sans l'approbation directe de l'empereur. Constantin IV fait disparaître l'exigence sous le règne du pape Benoît II , le prédécesseur de Jean V, qui prévoit que « l'élu au Siège Apostolique peut être ordonné pontife à partir de ce moment et sans délai ». Dans un retour à la « pratique ancienne » Jean V est choisi par le peuple de Rome. Jean est élu le 23 juillet 685. Constantin IV fait confiance sans aucun doute à la population et au clergé de Rome, qui avait été suffisamment orientalisé, mais les neuf pontifes suivants sont d'origine orientale.
Le pontificat de Jean V voit la poursuite de l'amélioration des relations avec Byzance. L'Empereur réduit grandement les impôts sur les patrimoines pontificaux de la Sicile et de la Calabre il abolit les autres impôts, comme une surtaxe sur les céréales qui avait été payée avec difficulté au cours des dernières années. Une lettre de Justinien II assure à Jean V qu'un « synode de hauts fonctionnaires civils et ecclésiastiques » comprenant l'apocrisiaire et l'armée byzantine, avait lu et, par la suite, scellé le texte du troisième Concile de Constantinople, pour éviter toute altération de ses canons. La lettre est adressée au « pape Jean de la ville de Rome » écrite alors que l'Empereur pense que le pape est toujours en vie elle est reçue par le pape Conon. Comme ses prédécesseurs immédiats, Jean V était exceptionnellement généreux envers les diaconies de Rome, distribuant 1 900 solidi à "tous les membres du clergé ainsi qu'aux diaconies monastiques.
Après un pontificat d'un peu plus d'un an, Jean V meurt dans son lit ,il est remplacé par le pape Conon. La mort de Jean V le 2 août 686 donne lieu à un "débat houleux sur son successeur", entre le clergé qui favorise un archiprêtre Petros et l'armée qui soutient un autre prêtre du nom de Theodoros. La faction du clergé se rassemble devant la basilique constantinienne tandis que la faction de l'armée se réunit à l'Santo Stefano Rotondo. Les navettes diplomatiques s'avèrent vaines, les membres du clergé élisent alors Conon, un gréco-sicilien, au lieu de leur candidat d'origine. Jean V est enterré dans les tombes papales de l'ancienne basilique de Saint-Pierre. Son inscription fait l'éloge de sa lutte contre le monothélisme lors du troisième Concile de Constantinople : « avec les titres de la foi, en gardant cette vigilance, vous avez unis les esprits de sorte que le loup hostile n'a pas pu s'emparer de la brebis, ni le plus puissant écraser ceux d'en bas ». La tombe de Jean V est détruite par les Sarrasins lors du sac de Rome en 846.
083 Conon 686/687 Sicile Conon Conon, est le 83e pape du 21 octobre 686 au 21 septembre 687. Fils d'un officier des troupes thraces, il étudia en Sicile et fut ordonné prêtre à Rome. Il fut élu pape le 21 octobre 686 à un âge fort avancé afin que la milice romaine et le clergé alors en désaccord puissent s'accorder un moment de répit pour trouver un successeur au trône de saint Pierre qui agréerait aux deux parties. Durant son pontificat il éleva saint Kilian, le missionnaire Irlandais, au rang d'évêque et l'envoya prêcher la foi en Franconie avec ses suivants. Il tenta aussi de résoudre le conflit qui séparait la milice romaine du clergé mais sans grand succès. Conon disposait des faveurs de l'empereur byzantin Justinien II qui lui reversait une partie des taxes qu'il avait prélevées sur les territoires de la papauté. Il mourut le 21 septembre 687 à Rome gravement malade après un règne très court qui s'étala sur une période d'un an.
ANT Théodore II 687 ? Théodore II Théodore II et Pascal, antipapes en 687 en concurrence avec le pape Serge Ier. Après la mort de Conon le 21 septembre 687, une faction élit l'archidiacre Pascal , une autre l'archiprêtre Théodore. Les partisans de celui-ci se rendent maîtres de l'intérieur du palais du Latran . leurs adversaires en occupent tout l'extérieur. Le tumulte croit et menace de devenir sanglant. Le clergé, les magistrats et le peuple fixent alors leur choix sur le prêtre Sergius, qu'ils conduisirent en triomphe au palais de Latran. Les portes s'ouvrent devant eux. Théodore reconnaît l'autorité du nouveau Pontife mais Pascal ne veut pas céder. Il est dégradé et confiné dans un monastère où il meurt en 692.
ANT Pascal 687 ? Pascal Théodore II et Pascal, antipapes en 687 en concurrence avec le pape Serge Ier. Après la mort de Conon le 21 septembre 687, une faction élit l'archidiacre Pascal , une autre l'archiprêtre Théodore. Les partisans de celui-ci se rendent maîtres de l'intérieur du palais du Latran . leurs adversaires en occupent tout l'extérieur. Le tumulte croit et menace de devenir sanglant. Le clergé, les magistrats et le peuple fixent alors leur choix sur le prêtre Sergius, qu'ils conduisirent en triomphe au palais de Latran. Les portes s'ouvrent devant eux. Théodore reconnaît l'autorité du nouveau Pontife mais Pascal ne veut pas céder. Il est dégradé et confiné dans un monastère où il meurt en 692.
084 Saint Serge I 687/701 Palerme Saint Serge I Saint Serge Ier ou Sergius Ier, est le 84e pape, du 15 décembre 687 au 8 septembre 701. Son pontificat est dominé par sa réponse au Quinisexte, dont il refuse d'accepter les canons. Serge vient d'une famille syrienne d'Antioche qui s'installe à Palerme en Sicile. Il se prénomme alors Osporco. Il quitte la Sicile et arrive à Rome durant le pontificat d'Adéodat II. Il gravit les rangs du clergé puis le pape Léon II l'ordonne cardinal-prêtre de Santa Susanna, le 27 juin 683. Il reste cardinal-prêtre de Santa Susanna jusqu'à son élection en tant que pape. Serge Ier doit son élection, en tant que successeur du pape Conon, aux intrigues habiles contre Pascal et Théodore II, les deux autres candidats considérés dorénavant comme antipapes par l'Église. Théodore avait déjà été candidat au pontificat, à la mort de Jean V. Par des manœuvres politiques, Conon lui est préféré. À la mort de Conon, en 687, Théodore essaie à nouveau de se tenir dans l'opposition à la papauté afin de se faire élire. Pascal Ier, lui, était un archidiacre, soutenu par une minorité du clergé tandis que Théodore était le candidat de l'aristocratie romaine. Selon le Liber Pontificalis, les partisans de Pascal et Théodore s'emparent des différentes parties du Palais du Latran et élisent simultanément les deux hommes. Comme aucun des deux n'est disposé à céder la place à l'autre, ils sont enfermés pendant le combat pour le contrôle de la Basilique de Santo Stefano al Monte Celio. Pendant ce temps, pour régler la situation, les magistrats Romains, les représentants de la garnison, la majorité des membres du clergé et les citoyens rencontrés dans le palais impérial élisent finalement Serge, le conduisent au Latran et forcent l'accès pour installer Serge Ier Pascal est finalement enfermé dans un monastère en raison d'accusations de sorcellerie. Quant à Théodore, encore une fois, il reconnaît le nouveau pape et renonce à son siège. Serge Ier est consacré le 15 décembre 687 ce qui achève le dernier sede vacante de la Papauté byzantine . « Après les morts de certains pontifes, Osporco, un romain, succède à la papauté mais à cause de son appellation incongrue, il prend le nom de Serge, ce qui est l'origine du changement de nom des papes à la suite de leur élection au pontificat. » Le 10 avril 689, Serge Ier baptise le roi de Wessex Cædwalla à Rome. Il ordonne également Saint-Willibrord comme évêque des Frisons et, selon le Liber Pontificalis, Bertwald en tant Archevêque de Cantorbéry. Serge fonde la diaconie de la Santa Maria in Via Lata sur la Via del Corso de la Flaminia Porta à la colline du Capitole à Rome, qui englobe un quart de la ville et se développe durant le viiie siècle. Il restaure et embellit également la Basilique Santi Cosma e Damiano.

Élus au 8 ème siècle

No Nom Pontificat Naissance Notes
085 Jean VI 701/705 Éphèse Jean VI Jean VI, né à Éphèse en Grèce est le 85e pape de l'Église catholique. Il a régné du 30 octobre 701 au 11 janvier 705, durant la Papauté byzantine. Son pontificat est notable en raison des percées militaires et politiques sur la péninsule italienne. Il succède après une vacance du siège pontifical de deux mois, à la suite de la mort du pape Serge Ier. Pendant son règne, il aide l'exarque Theophylactus envoyé en Italie par l'empereur Justinien II et l'empêche d'utiliser la violence contre les Romains. Les interventions de Jean VI évitent à Theophylactos d'être blessé, pour être venu à Rome afin de « causer des ennuis au pontife. » Par ailleurs, il réussit également à inciter Gisulf Ier, le Duc lombard de Bénévent à se retirer des territoires de l'empire, par des tactiques de persuasion et de corruption. Selon certaines sources, il parvient à « lui seul à convaincre le duc lombard Gisulf de Bénévent de retirer ses forces et de rentrer à la maison » après que le duc ait dévasté la Campanie avoisinante et construit un campement à la vue des murs de la ville de Rome. Les autres événements significatifs du pontificat de Jean VI comprennent la restitution aux Alpes Cottiennes de leur ancien statut de patrimoine du pape, de la part du roi lombard Aripert II. D'autres projets aboutissent également, comprenant les nouveaux ambons dans la Basilique Saint-André l'Apôtre de Patras (Grèce) , une nouvelle nappe d'autel pour la Basilique San Marco Evangelista al Campidoglio, des "suspensions" diaphanes en voiles blancs entre les colonnes de chaque côté de l'autel de la Basilique Saint-Paul-hors-les-Murs. Jean VI a également promus des Orientaux au sein de la hiérarchie épiscopale, notamment Boniface, le conseiller du pape. En 702-704, il confirme les biens de l'Abbaye Notre-Dame de Montier-en-Der en (Haute-Marne) et accorde, aux moines, le libre choix de leur abbé. En l'an 704, Saint-Wilfrid d'York, âgé de 70 ans, est expulsé (après plusieurs autres expulsions) de son siège épiscopal. Il se rend à Rome et plaide sa cause devant le Pape Jean VI. Le pontife le soutient et ordonne à Berhtwald, l'Archevêque de Cantorbéry et Gouverneur suprême de l'Église d'Angleterre de convoquer un synode afin de blanchir Wilfrid. À sa mort, Jean VI est remplacé par le pape Jean VII, après une vacance de moins de deux mois . Le corps du pape est enterré dans l'Antique basilique vaticane.
086 Jean VII 705/707 Rossano Jean VII Jean VII (né à Rossano, Calabre1,2 en l'an 650 - décédé à Rome, le 18 octobre 707), est le 86e pape de l'Église catholique. Il est élu le 1er mars 705 et règne jusqu'à sa mort. Il est l'un des papes de la papauté byzantine. Fils de Platon et Blatta, son père était le principal agent de la garde du palais impérial (cura palatii urbis Romae) sur la colline du Mont Palatin. Jean VII, est donc le premier pape, fils d'un fonctionnaire byzantin. Son grand-père Theodorus Chilas était sénateur en 655. L'homme est éloquent, érudit et a une sensibilité artistique : il est d'ailleurs l'auteur d'une inscription en vers à la mémoire de son père et érige un monument avec une inscription pour ses parents. Malgré l'ascendance byzantine, il a d'excellentes relations avec les Lombards. En fait, Aripert II rend au Saint-Siège, des biens, de grande valeur, confisqués sur les Alpes cottiennes au profit du roi Rothari lors de la conquête de la côte ligure à l'époque du pape Jean IV. Il succède au pape Jean VI. Il semble qu'en l'an 706 il accède à la demande de l'empereur Justinien II, les relations entre l'église et le pontificat Byzantins étaient aigries depuis le concile in Trullo de 692. Il ne ratifie pas les textes, très impopulaires en Italie Malgré cela, il a été critiqué, plus particulièrement, par le Liber Pontificalis pour ne pas les avoir signés : « Il (Justinien II) envoya deux évêques métropolitains et envoie également avec eux un mandat dans lequel il a demandé et a exhorté le souverain pontife (Jean VII) de réunir un concile de l'Église apostolique et de confirmer ceux d'entre eux, comme il a approuvé et d'annuler et rejeter ceux qui étaient défavorables. Mais lui, terrifié dans sa faiblesse humaine, les renvoya au prince par les métropolitains mêmes sans aucune emendations correction » Il est aussi le pape qui choisit de quitter, pour un temps, le Palais du Latran sur le Palatin pour la Domus Tiberiana. Ce déplacement avait une signification politique de grande ampleur, parce que c'était un lieu plus protégé du duc de l'Empire byzantin ; d'autres estiment que cela est dû au fait que le Latran était devenu dangereux et favorable à l'arrivée des Lombards. Plus probablement, le Pape a voulu prendre volontairement le parti des Byzantins, non pas par préférence personnelle, mais plutôt parce qu'il sentait qu'il ne pouvait pas résister à Justinien et ceci malgré les critiques sévères de ses contemporains et bien qu'il ait eu de très bonnes relations avec les Lombards. En plus de restaurer les églises, le Pape Jean VII aime orner de mosaïques et de fresques, bon nombre de représentations de sa personne. Jean VII, est le premier pape qui laisse un portrait de lui-même fait alors qu'il était en vie et donc digne de confiance. Il existe en effet plusieurs portraits de Jean VII dans l'église Santa Maria Antiqua à Rome, au pied du Mont Palatin, tandis que d'autres se trouvent dans la chapelle de la Vierge, construite par lui dans la Basilique Saint-Pierre. Il a également restauré le monastère de Subiaco détruit par les Lombards en l'an 601. Jean meurt au bout d'un peu plus de deux années, à compter du début de son pontificat, dans son nouveau palais il est enterré dans la chapelle qu'il a dédiée à Notre-Dame.
087 Sisinnius 708 Syrie Sisinnius Sisinnius (mort le 4 février 708) fut pape pendant environ trois semaines en 708. Syrien de naissance, il fut consacré vers le 15 janvier 708. Il était affligé de goutte et ne pouvait se nourrir lui-même, cependant il était doté d'un fort caractère et voulait le bien de l'Église. Il donna des ordres pour faire de la chaux qui servirait à réparer les murs de Rome, et avant sa mort il consacra un évêque pour la Corse. Le pape Sisinnius fut enterré dans la basilique Saint-Pierre de Rome.
088 Constantin 708/715 Tyr Constantin Constantin (parfois appelé Constantin Ier pour le distinguer de l'antipape Constantin II), né à Tyr, élu pape le 25 mars 708, continue l’œuvre de ses prédécesseurs. Il s’occupe notamment de questions religieuses et théologiques. Il condamne la doctrine monophysite qui ne reconnaît qu’une nature au Christ. L'empereur Justinien II convoque le pape Constantin à Constantinople pour lui faire approuver les canons du Concile in Trullo que le pape Serge Ier avait refusés. Après une période d’hésitation, le pape quitte Rome pour Constantinople, le 5 octobre 710. Il est bien accueilli dans toutes les villes, notamment dans la capitale où son entrée est triomphale. Il réussit à convaincre Justinien II de modifier certaines résolutions du concile précité. Après un an d’absence, le pape, victorieux, regagne sa résidence au Saint-Siège. Mais après le retour du Saint Père à Rome, l’empereur Justinien II tente de se rétracter. Le clergé et le peuple s’opposent à lui. De même, l’armée se soulève et dépose Justinien en l’an 711. Quant au pape Constantin, il décède le 9 avril 715. Il est inhumé à la Basilique Saint-Pierre au Vatican. Selon Cesare Baronio, le pape Constantin adressa au roi wisigoth d'Espagne Wittiza, un tyran cruel et débauché, de vives remarques sur ses mœurs et le menaça même de le déposer s'il ne rétractait pas les décrets qui portaient atteinte à l'autorité du Saint-Siège. Wittiza aurait alors menacé à son tour le pape de marcher sur Rome à la tête d'une armée pour le soumettre.
089 Saint Grégoire II 715/731 Rome Saint Grégoire II Saint Grégoire II, né à Rome en 669, pape de 19 mai 715 à sa mort le 11 février 731. Il condamne les iconoclastes en 727. Il est fait saint, le 13 février 731. Sacellaire et bibliothécaire de l'Église romaine, il est ordonné pape le 19 mai 715, après 40 jours de vacance du Saint-Siège. La première année de son pontificat, il envoie Corbinien en mission évangélique en Allemagne. En 718, il demande à Petronax de rétablir l’abbaye du Mont-Cassin, qui avait été détruite par les Lombards 140 ans auparavant. Le 15 mai 719, il confie à Wynfrid de Wessex (Boniface) la mission d’évangéliser la Hesse et la Thuringe. En 727, invité à adhérer aux édits iconoclastes de Léon III l’Isaurien sous la menace d’une déposition immédiate, il refuse et excommunie l’exarque de Ravenne chargé d’exécuter les édits. Il déclare se tourner vers l'Occident en décidant « le voyage vers la région la plus occidentale » (Texte E. Caspar trad. Hugo Rahner) montrant la réorientation de la papauté vers la mission au détriment des querelles byzantines. Il invite les fidèles à se garder de l’hérésie proclamée par l’empereur, à qui il reproche de ne pas vouloir défendre l’Italie. Il empêche les Romains de payer l’impôt à Byzance. Les troupes impériales cantonnées en Italie se soulèvent et se donnent des chefs. L’exarque Paul est tué dans une émeute des habitants de Ravenne. Les Romains chassent leur duc, s’érigent en République, et le pape acquiert la surintendance ministérielle de la ville et de son duché. En 728 le roi des Lombards Luitprand assiège et prend Ravenne. Pour se concilier le pape, il fait don au Saint-Siège de Sutri et de son territoire. Léon III envoie un nouvel exarque, Eutychius, qui ne peut rien faire sans troupe, d’autant plus que les ducs Lombards de Spolète et de Bénévent, révoltés contre leur roi, soutiennent le pape. Il se rétablit cependant à Ravenne avec l’aide de la République de Venise et à la demande du pape. L’exarque s’allie alors au roi des Lombards Luitprand. En 729, les troupes de Luitprand et d’Eutychius se présentent devant Rome4. Grégoire écrit à Charles Martel pour lui demander du secours, en vain. Il marche à la rencontre du roi Lombard et parvient à le convaincre d’abandonner le siège de la ville. Grégoire II meurt le 11 février 731. Dès le début de son pontificat, son successeur Grégoire III condamne à son tour les iconoclastes et les frappe d’excommunication.
090 Saint Grégoire III 731/741 Syrie Saint Grégoire III Grégoire III, né en Phénicie, fut pape de 731 à 741. Son pontificat fut marqué par la querelle iconoclaste et la pression des Lombards sur les possessions romaines.Il est le dernier pape non européen jusqu'au xxie siècle. Le nouvel élu est surnommé « l'ami des pauvres et des misérables ». Il est remarquable par sa vertu et sa culture. Il inaugure son pontificat en multipliant les relations avec les chefs spirituels et civils. Il envoie le pallium à l'évêque saint Boniface et lui confie le soin de fonder de nouveaux diocèses en Allemagne. Mais ces diocèses ne sont rattachés au Saint-Siège qu'au début de l'an 1000. À la suite de l'édit iconoclaste promulgué en 731 par l'empereur byzantin Léon III, Grégoire III préside un concile au Vatican, 193 évêques y participent. Ils condamnent l'iconoclasme. L'une des plus importantes résolutions du concile consiste à excommunier ceux qui défigurent l'icône du Christ, de la Vierge Marie, des apôtres et des saints. Tandis que le délégué du pape se dirige vers Constantinople en vue de confier à l'Empereur le décret pontifical, il est arrêté par l'armée byzantine et mis en prison. D'autres délégués subissent le même sort. L'attitude négative de l'Empereur à l'égard des icônes entraîne l'immigration à Rome des artistes. C'est ainsi que l'art byzantin oriental s'est répandu en Occident, notamment à Rome où il fut encouragé par le Souverain Pontife et par les autorités ecclésiales en général. C'est alors que l'empereur Léon III tente de réduire l’autorité du Saint-Siège et la mainmise sur les propriétés de l’Église dans les villes de Sicile, Calbéria et autres. Dans ce but, il envoie une flotte en Italie pour combattre les villes non soumises à ses ordres. Il étend les droits du patriarche de Constantinople sur toutes les régions (districts) de l’Italie du Sud et ne laisse au pape que la région du Nord que les Lombards ne cessent d'assaillir. Alors, le pape invoque le secours de Charles Martel, duc et prince des Francs, pour repousser les Lombards, il met sous la protection des Francs toutes ses propriétés et leur demande de reconquérir l'Italie. C'est de là que vient à Charles Martel le titre de « très chrétien » accordé par le pape et auquel ont droit tous ses successeurs. Au cours de son pontificat, le roi des Saxons se rend en pèlerinage à Rome. À son retour dans son pays, il ordonne une contribution annuelle, offrande charitable, appelée « obole de Saint-Pierre ». Elle demeure jusqu'à nos jours. Elle est offerte au Saint-Siège pour les bonnes œuvres. Grégoire III est le premier pape qui ait interdit formellement l'hippophagie comme « pratique abominable » en 732, la dénonçant comme une « pratique abominable ». Il semble que la consommation de viande de cheval, étrangère à la tradition romaine, était liée en Europe du Nord à des rituels païens. Cette interdiction est renouvelée par son successeur Zacharie. Le pape Grégoire III est mort le 28 novembre 741. Il est fêté le 28 novembre.
091 Saint Zacharie 741/752 Calabre Saint ZacharieSuccesseur de Grégoire III, le pape Zacharie, d'origine grecque, fut sacré le 10 décembre 741. Le pape Zacharie, dont les ancêtres familiaux étaient originaires de Byzance, naquit en Calabre où il fut élevé dans la piété et les sciences. Traducteur grec érudit des Dialogues de saint Grégoire le Grand et prédicateur éloquent, il fut admis dans le clergé de Rome sous le pape Grégoire III auquel il succéda alors que le roi des Lombards, Luitprand (712-744), menaçait de s’emparer de Rome, en 741. Ses familiers aimèrent sa douceur et sa compassion, admirèrent son pouvoir de persuasion et eurent confiance en sa grande habileté politique. Alors qu’on venait d’apprendre la mort de Charles Martel (22 octobre 741) dont Grégoire III espérait du secours contre les Lombards, Zacharie fut élu pape le 3 décembre 741 et sacré le 10 décembre 741. Zacharie abandonna le duc de Spolète, allié inefficace du Saint-Siège, pour traiter avec Luitprand et s'entendit si bien avec lui (traité de Terni, août 742) qu'un semblant de paix régna en Italie surtout après le traité de Pavie où le Lombard s'engageait à ne pas attaquer l'exarchat de Ravenne (29 juin 743). Luitprand étant mort au mois de janvier suivant, son neveu et successeur, Hildeprand, se montra plus belliqueux mais il était un si mauvais prince que ses sujets le chassèrent sept mois plus tard au profit du duc de Frioul, Ratchis, qui confirma le traité pour vingt ans. Ratchis rompit le traité en assiégeant Pérouse (749), mais Zacharie, une fois venu sur place, lui fit lever le siège et se montra si édifiant que le roi changea de vie au point que, quelques mois plus tard, il se rendit à Rome et abdiqua pour entrer à l'abbaye du Mont-Cassin tandis que sa femme et sa fille devenaient religieuses (juin 749). Aistolf, le frère et successeur de Ratchis, confirma lui aussi le traité pour vingt ans mais s'empara tout de même de Ravenne (752) et mit fin à l’exarchat byzantin. En dépit du fait que Constantinople était acquise à l’iconoclasme, Zacharie réussit à entretenir de bonnes relations avec Constantin V. Grâce à saint Boniface, son légat en Gaule et au-delà du Rhin, qui lui rendait exactement compte de toutes ses actions, Zacharie eut d’excellentes relations avec les Francs, gouvernés par les fils de Charles Martel, qui veillaient à la réforme ecclésiastique. Après que Carloman se fut fait moine au Mont-Cassin (747), le pape Zacharie, prenant position en faveur de Pépin le Bref qui voulait devenir roi des Francs, décréta qu'il était logique que celui qui détenait effectivement la puissance fût roi (750) ; ainsi après la déposition de Childéric III, Pépin fut élu roi et sacré par des évêques des Gaules, commençant le règne de la dynastie carolingienne (751). Désormais, contre les Lombards qui redevenaient menaçants, le Saint-Siège avait un allié indéfectible. On a longtemps admis que Zacharie était mort le 15 mars 752 et l'on célébrait sa fête le 15 mars, mais le martyrologe de 1922 a estimé que sa mort n'était survenue que le 22 mars. Après lui Étienne fut élu le pape, mais comme il mourut d'apoplexie trois jours seulement après son élection, il ne fut pas retenu dans la liste des papes. Son successeur officiel est donc Étienne II, élu juste après.
092 Étienne II 752/757 Rome Étienne IIÉtienne II (en latin Stephanus), consacré pape le 26 mars 752, mort le 26 avril 757. Il succède à Zacharie et précède Paul Ier. Membre d'une famille riche et aristocratique de Rome, il est élevé au Patriarcho, résidence pontificale attenante à la basilique Saint-Jean de Latran. Devenu adulte, il est ordonné diacre et prend part à l'administration des hospices, qui jouent un rôle crucial dans l'accueil des pèlerins. À la mort de l'éphémère pape Étienne, successeur pendant trois jours de Zacharie, il est élu pape à l'unanimité. Il devient le premier pape italien (Grégoire II excepté) après une longue série de pontifes orientaux. Ses premiers actes sont dirigés contre les Lombards : devenus maîtres de l'exarchat de Ravenne, ceux-ci entendent faire reconnaître leur souveraineté sur toute l'Italie romaine. Refusant cette tutelle, Étienne II demande le soutien de l'Empereur, aussi puissant que lointain. En réponse, Constantin V lui envoie un négociateur, le silentiaire Jean. Étienne délègue son frère pour accompagner celui-ci à Pavie. Peine perdue : Aistolf (ou Aistulf) roi des Lombards, refuse de rendre Ravenne. Après cet échec, l'empereur nomme le pape son négociateur direct. Étienne II, fort de cette prérogative, se met alors en quête d'un protecteur militaire. Or Pépin le Bref, roi des Francs, est redevable à la papauté qui a légitimé le renversement des Mérovingiens. Étienne se met donc en route pour le rencontrer. Au passage, il tente une ultime négociation avec Aistulf, qui échoue. En plein hiver 753–754, Étienne traverse donc les Alpes pour rencontrer Pépin en son palais de Ponthion. Accueilli très favorablement par Pépin, Étienne s'installe à Saint-Denis. Pépin promet d'intervenir contre les Lombards et de restituer au pape l'exarchat de Ravenne, possession théorique de l'Empereur. Le 28 juillet 754, le souverain pontifie sacra Pépin le Bref et ses enfants, à Saint-Denis. Il s'agissait du premier événement pour lequel le rite romain fut implanté en dehors de Rome, dans le royaume des Carolingiens, qui utilisent l'harmonisation et la centralisation de la liturgie. En contrepartie, le 28 juillet 754, Étienne II sacre de nouveau Pépin, ainsi que ses fils Carloman et Charles, ce qui légitime la future lignée carolingienne. Il revient en Italie accompagné de Pépin et de ses troupes. Pavie est prise en 755. Par mesure de rétorsion, Aistulf s'allie avec le duc de Bénévent pour assiéger Rome. Étienne II parvient à demander du secours aux Francs par voie de mer. Pépin vient de nouveau assiéger Pavie, contraignant Aistulf à lever le siège de Rome. Le Lombard doit alors promettre de rendre les territoires pris par ses troupes. Pépin confirme par écrit ses promesses : c'est la donation de Pépin. Fulrad, abbé de Saint-Denis, se voit confier la tâche de prendre possession de ces territoires au nom du pape. Il en dépose ensuite les clefs sur le tombeau de Pierre, faisant ainsi de ces territoires le « patrimoine de saint Pierre »2. Ainsi naissent les États pontificaux. Étienne nomme ensuite deux représentants chargés d'administrer en son nom l'exarchat et la Pentapole byzantine. L'archevêque en titre de Ravenne, Serge, proteste devant ce qu'il juge être une intrusion. Il est arrêté. À la mort d'Aistulf, Étienne II se retrouve en position d'arbitre dans la succession des Lombards. Il favorise Didier de Lombardie, qui promet alors de livrer les villes rendues par Aistulf — promesse dont il ne s'acquittera que partiellement.
093 Saint Paul I 757/767 Rome Saint Paul I Saint Paul Ier, né à Rome vers l'an 700, pape du 29 mai 757 au 28 juin 767. Il succède à son frère le pape Étienne II (III). Il continue la politique de son frère , d'alliance avec les francs contre les lombards. Le souffle iconoclaste, entre-temps, s'est réveillé avec le Basileus Constantin V, provoquant la fuite de nombreux moines grecs à Rome. Geste d'amitié à l'égard des Francs : Paul Ier fait transférer au Vatican les restes de Sainte Pétronille qu'ils vénèrent. Il accepte en outre, d'être le parrain de Gisèle, la fille de Pépin le Bref. Paul Ier meurt le 28 juin 767.
ANT Constantin II 767/768 Nepi Constantin IIConstantin II, né à Nepi (près de Viterbe, Italie), élu antipape le 28 juin 767, déposé le 6 août 768. Il appartient à une famille noble romaine. Avec ses trois frères, Théodore, Passivus et Pascal, il suscite une insurrection armée à la mort du pape Paul Ier et se fait acclamer pape par la foule. Étant laïc, il doit recevoir successivement tous les ordres avant d'être consacré pape. Si le droit canonique désapprouve cette manière de faire, elle n'est pas inhabituelle à l'époque. Constantin annonce son élection à Pépin le Bref, lequel ne répond pas. Le seul opposant déclaré du nouveau pape est Christophe, primicier (chef) des notaires. D'abord réfugié dans la basilique Saint-Pierre, il obtient le droit de quitter Rome, sous prétexte de se retirer dans un monastère. Cependant, il demande et obtient le soutien de Didier, roi des Lombards d'Italie. Revenu à Rome avec une troupe, Christophe fait arrêter Constantin. Un tribunal ecclésiastique dépose Constantin le 6 août 768 parce qu'il était laïc lors de son élection. On lui crève alors les yeux et on l'enferme dans un monastère, où il meurt.
ANT Philippe 768 ? PhilippePhilippe, est un antipape lombard ayant régné un seul jour, le 31 juillet 768. Après déposition de Constantin II par le prêtre Valdibert, le 6 août 768, Philippe est consacré à Saint-Jean-de-Latran, mais est déposé le jour même par celle de Christophe et de Sergius, qui parviennent à faire élire Etienne III. Philippe retourne alors paisiblement dans le monastère où il vivait.
094 Étienne III 767/772 Sicile Étienne III Ce pape est parfois appelé Étienne IV. Il existe un problème de numérotation des papes Étienne, Saint Étienne III, né en Sicile vers 720, pape du 1er août 767 jusqu'à sa mort le 24 janvier 772. Élu contre les antipapes Constantin II, candidat de la noblesse, et Philippe, candidat des Lombards, il réunit un concile à Rome en 769, qui réglementa l'élection pontificale en s'opposant à l'ingérence des laïcs et des non Romains. Ce concile annula les actes de Constantin II et condamna les iconoclastes. Bernaldo de Quiros, fils du prince Constantin, lui-même fils de l'imperator (Empereur) de Constantinople (selon les généalogistes portugais et espagnols) reçut du Pape Étienne III (en 770) le titre de prince héréditaire dont la devise familiale suivante : en espagnol Despues de DIOS, la Casa de de Quiros (devise donnée par le Roi Ramiro Ier de Léon (646) en reconnaissance des secours rendus par ses descendants au cours de différentes batailles.) Il reçut ce remerciement honorifique, papal, pour s'être distingué et l'avoir secouru contre le roi Désidério roi des Lombards qu'il a vaincu après une âpre bataille. La principauté (en Asturies) qui porte le nom de cette famille se trouve près d'Oviedo (Chefs de la Cathédrale donné par Étienne III Pape) en Espagne à peu de distance de Saint-Jacques-de-Compostelle.
095 Adrien I 772/795 Rome Adrien IAdrien Ier, (né à Rome - mort le 25 décembre 795 dans la même ville) fut pape de 772 à 795. Il a été élu pape le 9 février 772 pour succéder à Étienne III, devenant le 95e pape de l'Église catholique romaine. Il mit fin à la première crise iconoclaste. Il se vit inquiété par Didier, roi des Lombards, et fut vengé par Charlemagne, qui lui fit don d'une partie des États de Didier, notamment du Pérugin et du duché de Spolète (774). C'est sous son pontificat que se tint le deuxième concile de Nicée en 787.Fils d'un certain Théodore, il appartenait à une famille distinguée de Rome. Très populaire, il monta progressivement les échelons de la hiérarchie ecclésiastique, devenant notaire régionnaire, puis sous-diacre à l'appel de Paul Ier, avant d'être nommé diacre par Étienne III. Son zèle et sa piété le firent élire pape le 9 février 772, à un moment où l'Église de Rome avait besoin d'un protecteur. L'attitude des empereurs d'Orient à son égard inspirait en effet au pape le désir d'échapper à l'influence de la cour de Constantinople (influence qui était en train de s'affaiblir en Italie du fait de l'arrivée des Lombards et de l'éloignement de la capitale de l'Empire). Mais les Lombards eux-mêmes posaient problème au pape : certains monarques avaient fait des donations que leur successeurs avaient révoquées. Auparavant, Étienne II avait dû appeler à l'aide Pépin le Bref pour contraindre le roi des Lombards Astolfe à une entière restitution. Didier, alors roi des Lombards, revenait sur le traité obtenu grâce au secours de Pépin le Bref, et avait repris plusieurs villes de l'exarchat de Ravenne. À l'imitation d'Étienne II, Adrien Ier s'adressa donc à Charlemagne. Ce dernier se rendit à Rome et fut reçu avec tous les honneurs par le pape, à la fin du carême de 774. Charlemagne confirma au pape les donations faites par ses prédécesseurs, avant de retourner assiéger Pavie, capitale de Didier. Celui-ci se rendit, et fut envoyé en France, au monastère de Corbie, pour y finir ses jours. Charlemagne ajouta le titre de roi des Lombards à son titre de roi des Francs. Ce fut une étape décisive dans la restauration de l'empire d'Occident. Il mourut après 23 années de règne et fut regretté des Romains. Charlemagne lui fit faire cette épitaphe :
Nomina jungo simul titulis, clarissime, nostra :
Hadrianus, Carolus, rex ego, tuque pater.
Quisque legas versus, devoto pectore, supplex
Amborum mitis, dic, miserere Deus.
096 Saint Léon III 795/816 Rome Saint Léon III Léon III, né en 750 et mort le 12 juin 816 à Rome, est un homme d'Église de l'époque carolingienne, pape de 795 à 816, canonisé au xviie siècle sous le nom de « Saint Léon III »
Fils d'Asuppius, Léon est né en 750 à Rome et élevé dès son enfance dans les dépendances de l' Église patriarcale de Latran et formé à toutes les sciences divines et ecclésiastiques. Il fut d'abord moine de saint Benoît, et ensuite fait cardinal-prêtre de Sainte-Suzanne. Il devient prêtre et atteint un niveau élevé dans la hiérarchie ecclésiastique : en 795, il est cardinal (cardinal-prêtre de la paroisse Sainte-Suzanne) et trésorier pontifical. Il est élu pape le 26 décembre 795, le jour même de l’enterrement de son prédécesseur, Adrien Ier. Aussitôt après son couronnement, il envoie à Charlemagne une lettre l’informant de son élection, les clefs de la confession de saint Pierre et le drapeau de Rome. En réponse, Charlemagne rappelle qu’il est le défenseur de l’Église, et joint à son message une partie du trésor pris récemment aux Avars. Malgré la facilité avec laquelle il a été élu, il se heurte à une certaine hostilité de la part de l'aristocratie romaine, dont nombre de membres sont présents à la tête de l'Église. Il est l'objet de rumeurs sur sa moralité.
L'attentat de 799 et ses conséquences
Le 25 avril 799, au cours de la procession des Litanies majeures, Léon III subit une attaque dirigée par le primicier Campulus et le sacellaire Paul, membres de la famille d'Adrien Ier. À cheval et ouvrant la marche, il est « assailli, roué de coups, jeté à bas de sa monture, dépouillé de ses vêtements pontificaux ». Les conjurés l’accusent de toutes sortes de vices et de crimes, de parjure, de fornication et d'adultère et ont l'intention de lui crever les yeux et lui couper la langue. Enfermé dans un couvent en attendant d'être jugé, il est délivré grâce à une intervention du duc de Spolète avec qui se trouvent des missi de Charlemagne. Léon III se rend ensuite avec une suite de 200 personnes à Paderborn, en Saxe, où se trouve alors Charlemagne. Il y passe environ un mois. Il est l'objet d'une procédure visant à le disculper des accusations portées contre lui à Rome : il fait devant le roi et les dignitaires du royaume et de l'Église le serment solennel de son innocence. Léon retourne à Rome le 29 novembre 799 où il est accueilli, disculpé, par une foule en liesse. Par ailleurs, des discussions entre Léon et Charlemagne ont lieu à plusieurs reprises, mais leur teneur n'est pas connue. Il est très probable que l'accession de Charlemagne au rang d'empereur ait été envisagée dès cette époque.
Le couronnement impérial de Charlemagne
À Noël, en 800, Léon III couronne Charlemagne empereur a Rome . En 801, il tente de réunir les deux Empires par l’union de Charlemagne et de l’impératrice Irène l'Athénienne. La déposition de celle-ci l’année suivante ruine ses plans.
Léon III théologien
Sur le plan théologique, Léon III apparaît comme subordonné à Charlemagne, qui a, dès les années 780, un projet d'unification religieuse de ses royaumes et qui, avec les grands lettrés et hommes d'Église de son entourage (Alcuin en particulier), a joué un rôle important sur quelques points : la lutte contre l'adoptianisme, alors défendu par certains évêques en Espagne ; pour l'insertion du Filioque dans le symbole de Nicée (le Credo) ; contre l'iconoclasme de certains évêques byzantins. En ce qui concerne le second point, Léon accepte le Filioque comme une vérité de foi, mais refuse de l’insérer dans la liturgie romaine. Charlemagne l'ayant fait ajouter dans la liturgie de la cour, le pape proteste en faisant apposer, sur les portes de sa cathédrale, les textes latin et grec du credo original, gravés sur des plaques métalliques5. Léon III meurt en 816. Il est enterré le 12 juin à Saint-Pierre, aux côtés de Léon Ier et Léon II.

Élus au 9 ème siècle

No Nom Pontificat Naissance Notes
097 Étienne IV 816/817 Rome Étienne IV Étienne IV, ou Stefano IV ou V, est né à Rome. Il est le 97e pape de l'Église catholique du 12 juin 816 jusqu'à sa mort le 24 janvier 817 à Rome. Lors de son règne, il sacre l'empereur Louis le Débonnaire à Reims en France. Il est le fils d'un noble romain appelé Marinus et fait partie de la même famille qui a également donné les papes Serge II et Adrien II2. Dans sa jeunesse, il est élevé au palais du Latran, sous le pontificat du pape Adrien Ier c'est sous le règne de son prédécesseur, le pape Léon III, qu'il est d'abord ordonné sous-diacre avant d'être ordonné, par la suite, diacre. Très populaire parmi le peuple romain, dans les dix jours qui suivent la mort de Léon III, il est escorté à la basilique Saint-Pierre et consacré évêque de Rome le 22 juin 816. Il a été avancé que sa rapide élection était une tentative du clergé romain afin de s'assurer que l'empereur romain ne puisse pas s'immiscer dans l'élection. Immédiatement après sa consécration, il ordonne au peuple romain de jurer fidélité au roi des Francs et empereur de l'occident Louis le Pieux. Il envoie des émissaires à l'empereur lui notifiant son élection et organise une réunion entre eux deux, à la convenance de l'empereur4. À la suite de l'invitation de Louis, Étienne IV quitte Rome en août 816, traverse les Alpes avec l'aide de Bernard d'Italie, le roi des Lombards. Au début d'octobre, le Pape et l'empereur se rencontrent à Reims Louis se prosterne à trois reprises devant Étienne IV. À la messe, le dimanche 5 octobre 816, Étienne consacre et oint Louis en tant qu'empereur, puis lui place une couronne sur la tête, couronne que l'on prétendait appartenir à Constantin Ier. Dans un même temps, il couronne également impératrice l'épouse de Louis Ermengarde de Hesbaye et la salue avec le titre honorifique d'Augusta. Cet événement est perçu comme une tentative de la papauté à établir un rôle dans la création d'un empereur, en parallèle à l'auto-couronnement de Louis en 813. Louis l'empereur offre un certain nombre de cadeaux à Étienne IV, comprenant une succession de terres (le plus probable à Vendeuvre-sur-Barse)accordées à l'Église romaine. Ils renouvellent également le pacte entre les papes et les rois Francs, confirment les privilèges de l'Église romaine et la persistance des États pontificaux. Étienne IV élève également l'évêque Théodulf d'Orléans au rang d'archevêque tandis que Louis libère de leur exil, tous les prisonniers politiques originaires de Rome qui sont détenus par l'empereur, à la suite du conflit qui a sévi dans la première partie du règne du pape Léon III. Il est également pensé qu'Étienne IV demande à Louis d'appliquer des réformes envers les membres du clergé qui ont vécu sous la Règle de Chrodegang cela comprend de veiller à ce que les hommes et les femmes vivent dans des couvents séparés et qu'ils doivent tenir des maisons sous un titre de propriété commune. Il réglemente également la quantité de nourriture et de vin qu'ils peuvent consommer. Après la visite de Ravenne, sur le chemin du retour de Reims, Étienne IV revient à Rome vers la fin de novembre 816. Puis, il abandonne apparemment la politique de Léon III, qui favorise le clergé plus que l'aristocratie laïque et accomplit l'ordination traditionnelle des prêtres et des évêques. En décembre il confirme les possessions de l'Abbaye de Farfa aux conditions que chaque jour, les moines récitent une centaine de Kyrie eleison mais aussi qu'ils paient annuellement à l'Église romaine, dix solidi d'or. Étienne IV décède le 24 janvier 81715. Il est enterré à Saint-Pierre et remplacé par le pape Pascal Ier. Plus tard, Étienne IV est canonisé comme un saint de l'Église catholique.
Problème de numérotation des papes
L'Annuario pontificio cite Étienne dans sa liste des papes, en tant qu'Étienne II, jusqu'au IIe concile œcuménique du Vatican (Vatican II)(1962–65) qui déclare qu'il n'était pas pape ce qui donne aux papes qui suivent une double numérotation pour refléter ce changement. Ainsi, son successeur qui s'appelait également Étienne peut être Étienne II ou Étienne III. À l'origine, l'église ne faisait pas de distinction des règnes, par numérotation, jusqu'au xe siècle : les sept papes Étienne qui suivent ont donc été numérotés après leur mort. Le pape suivant qui s'appellera Étienne est Étienne X en 1057 : portera le nom de règne d'Étienne IX durant sa vie et signe du nom "Stephanus Nonus Papa".
098 Saint Pascal I 817/824 Rome Saint Pascal I Pascal Ier fut le 98e pape romain, du 25 janvier 817 au 11 février 824. Considéré comme un saint par les Chrétiens, il est fêté le 11 février1 par l'Église catholique, et le 14 mai par l'Église orthodoxe.Né à Rome, il avait été auparavant abbé du monastère Saint-Étienne à Rome. Il reçut en don de la part de Louis le Débonnaire, la Corse et la Sardaigne. Il ouvrit à Rome un refuge pour les Grecs que la persécution des iconoclastes réduisait à quitter l'Orient. Ce pape continua l'ambition d'une Renovatio antiquitatis, commencée par le pape Adrien Ier, qui voulut affirmer l'importance de l'Église à Rome et légitimer le siège du pape. Sous le règne de Pascal Ier (817-824), de nouvelles reconstructions d’églises furent effectuées, telles que Sainte-Praxède (Santa Prassede), Sainte-Cécile du Trastevere (Santa Cecilia in Trastevere) et Santa Maria in Domnica. On retrouve dans celles-ci un renouveau de l’utilisation de la mosaïque de tradition antique réalisée par des mosaïstes romains, lors de leur époque d’apogée.
099 Eugène II 824/827 Rome Eugène II Il négocia avec Louis le Débonnaire la Constitutio romana de 824. Ce texte reconnaissait l'autorité de l'empereur sur Rome et rappelait que l'élection d'un pape était soumis à l'approbation de l'empereur. Il tint un concile à Rome pour la réforme du clergé. Sa charité lui mérita le titre de « père des pauvres ». On lui attribue l'institution de l'épreuve par l'eau froide.
100 Valentin 827 Rome Valentin Peu de choses sont connues sur Bastien Valentin, un pape qui n'a régné que 40 jours selon le Liber pontificalis, ou un mois selon les Annales d’Eginhard. Il succède à Eugène II après une longue période de vacances du trône pontifical. Son père, un certain Leonzio, réside dans le district de via Lata, quartier aristocratique qui a également donné à l'Église les papes Étienne II, Paul Ier et Adrien Ier. Sa carrière ecclésiastique commence sous Pascal Ier, alors qu'il a 25 ans. Nommé sous-diacre, il devient rapidement diacre puis archidiacre. Le Liber pontificalis note que l'archidiacre Valentin parle aisément avec le peuple romain tout comme avec l'aristocratie. La faveur du jeune homme se confirme sous Eugène II : « Le rayonnement de sa bonté et de ses manières émanaient de toutes parts, comme d'un encensoir (...) Favorisé par la grâce divine, il brillait, rempli des lumière de la vérité et de la sagesse, clair quant à la doctrine, affable dans ses paroles, remarquable par son visage, la distinction de sa personne et l'élégante prestance de son physique. » À la mort du pape Eugène II, il est élu pape à l'unanimité. On lui annonce la nouvelle alors qu'il se trouve en prière à la Basilique Sainte-Marie-Majeure, mais dans son humilité il y résiste : « Il résista longtemps, disant d'une voix forte que tout cela est inconvenant. ». Devant les protestations du peuple, il finit par accepter l'élection. « Il fut conduit par eux avec de dignes louanges et un grand déploiement d'honneur au patriarcat du Latran et installé sur le trône. Le sénat unanime vint ensuite lui baiser les pieds avec respect (...). Une immense joie s'empara de tout le peuple, hommes, femmes, jeunes et vieux. » Le lendemain, au lever du jour, il est escorté par les armées, le sénat et le peuple romain du Latran jusqu'à la basilique Saint-Pierre, où il est couronné, « prenant possession du trône de l'Apôtre Pierre, porteurs des Clefs du Royaume céleste. » Rien n'est connu de son très bref pontificat. Le Liber Pontificalis précise seulement qu'« appelé par le Christ, il fut atteint de maladie. » Et d'ajouter : « C'est orné de ses multiples qualités qu'il partit pour le Ciel, avec le fruit de ses saintes actions (...) qu'il se présenta devant la Majesté suprême. »
101 Grégoire IV 827/844 Rome Grégoire IV Grégoire IV est né à Rome. Il est le 101e pape de l'Église Catholique Romaine, d'octobre 827 au 24 janvier 844. Son pontificat est marqué par les tentatives de la papauté à intervenir dans les querelles entre l'empereur Louis le Pieux et ses fils. Il règne également durant l'éclatement de l'Empire carolingien, en l'an 843. Grégoire IV est le fils d'un patricien romain appelé Jean. Grégoire est apparemment un ecclésiastique énergique, mais doux, réputé pour son apprentissage. Il est consacré prêtre sous le pontificat du pape Pascal Ier, au moment de la mort du pape Valentin en 827. Il est fait cardinal-prêtre de la basilique de Saint-Marc à Rome. Comme son prédécesseur, Grégoire est nommé, à son insu, à l'unanimité par les électeurs de la noblesse, qui conviennent qu'il est le plus digne à devenir l'Évêque de Rome. Ils le trouvent à la basilique des Saints Côme et Damien, d'où, malgré ses protestations, il est emmené et installé au palais du Latran. Après quoi, il est intronisé en tant que pape-élu dans le courant d'octobre 827. L'élévation de Grégoire au Saint-Siège est censée représenter une poursuite des tentatives pour contrôler la situation politique locale, à Rome, qui avaient commencées au cours du pontificat d'Eugène II. Sa consécration est cependant retardée, jusqu'au 29 mars 828, date à laquelle il reçoit l'avis d'approbation de l'empereur Louis le Pieux concernant son élection. Ce délai est imposé par les envoyés impériaux, qui ont insisté pour que la Constitution de 824 interdise expressément la consécration de tout pape élu jusqu'à ce que l'empereur soit lui-même convaincu de la validité de l'élection. Il est rapporté que l'empereur a réprimandé Grégoire IV pour avoir tenté de se faire consacrer, avant de recevoir l'approbation de l'empereur. Grégoire IV se conforme alors aux exigences de la suprématie impériale en 828 et 829, le pape envoie des ambassades à Louis le Pieux pour des discussions non dévoilées. En janvier 829, Grégoire est impliqué dans un différend, avec l'Abbaye de Farfa au Latium en Italie, relatif à la propriété des terres monastiques locales par l'Église romaine. Dans un tribunal dirigé par un évêque, un représentant de l'empereur et en présence de Grégoire IV, Ingoald, l'abbé de Farfa, affirme que les empereurs francs leur ont accordé des terres et que les papes Adrien Ier et Léon III ont pris possession illégalement des terres. Le représentant impérial rend une décision en faveur de l'abbaye et ordonne que les terres soient restituées au monastère. Bien que Grégoire IV refuse d'accepter la décision, il n'existe aucune preuve qu'il ait réussi à obtenir le changement de la décision.
Les querelles des Carolingiens
Au fil du temps, toutefois, la dépendance du pape au Saint Empereur Romain est assouplie en raison des querelles de Louis le Pieux et de ses fils, le futur empereur Lothaire Ier, Pépin Ier d'Aquitaine et Louis le Germanique. La décision de Louis le Pieux d'écarter totalement l'accord de 817 (Ordinatio Imperii) en ce qui concerne la division de l'empire par l'attribution d'un royaume à son fils cadet, Charles II le Chauve, en 829 est critiquée par Grégoire IV dans une lettre aux évêques francs. L'année suivante (en octobre 830), après une brève rébellion suivie de la réconciliation entre Louis et ses fils, Grégoire déclare que Judith, la seconde épouse de Louis, doit être libérée du couvent où elle a été forcée de prendre le voile et doit retourner auprès de Louis. Lorsque la guerre reprend entre le père et ses fils, à Pâques de l'an 833, Grégoire IV est approché par Lothaire qui lui demande d'intervenir pour parvenir à la réconciliation avec son père. Il le convainc de quitter Rome et de faire le voyage pour rejoindre Lothaire, dans l'espoir que son intervention serait à même de ramener la paix. En pratique cette action contrarie les évêques francs qui ont suivi Louis mais qui pensaient que Grégoire IV allait activement soutenir Lothaire. Soupçonnant les intentions de Grégoire, ils refusent d'obéir au Pape et le menacent d'excommunication au risque d'être eux-mêmes excommuniés par le pape. Agacé par leurs actions, la réponse de Grégoire IV est d'insister sur la primauté du successeur de Saint-Pierre, la papauté étant supérieure à l'Empereur. Il déclare :
« Vous avez prétendu vous être senti heureux quand vous avez entendu parler de mon arrivée, pensant qu'elle serait un grand avantage pour l'empereur et le peuple vous avez ajouté que vous auriez obéi à mon appel s'il n'y avait pas eu une intimation précédente de la part de l'empereur qui vous en a empêchée. Mais vous auriez dû considérer l'ordre du Siège apostolique qui n'a pas moins de poids que celui de l'empereur. Par ailleurs, il est faux d'affirmer que l'interdiction de l'empereur ait précédé celle que vous avez reçue de moi. Le gouvernement des âmes, qui appartient aux évêques, est plus important que l'empereur, qui n'est concerné que par le temporel. Votre affirmation selon laquelle je suis venu pour excommunier à l'aveuglette est sans vergogne et votre offre de m'offrir une réception honorable, si je venais précisément de la façon voulue par l'empereur, est méprisable. En ce qui concerne les serments que j'ai pris à l'empereur, je vais éviter le parjure en soulignant à l'empereur ce qu'il a fait contre l'unité et la paix de l'Église et son royaume. En ce qui concerne les évêques, en s'opposant à mes efforts en faveur de la paix, ce qu'ils ont menacé de faire, ne s'est jamais fait, depuis le début de l'Église. »
Indépendamment de cette revendication, la grande majorité des évêques francs soutient que le pape n'a pas à interférer dans les affaires intérieures du royaume, ou à attendre du clergé franc de suivre son exemple en la matière. Leur position est claire, à savoir que l'égalité de tous les évêques surpasse la direction du pape. Les armées de Louis et deux de ses fils se réunissent à Rotfeld, près de Colmar le 24 juin 833. Les fils persuadent Grégoire d'aller au camp de Louis pour négocier initialement, Louis refuse de traiter Grégoire avec les honneurs. Cependant, Grégoire réussit à convaincre Louis de sa bonne foi et revient vers Lothaire pour organiser la paix. Toutefois, Grégoire apprend vite qu'il a été trompé par Lothaire. Grégoire est empêché de retourner vers l'empereur, alors que Louis est abandonné de ses partisans et est contraint de capituler sans condition. Louis est destitué et humilié au Mendacii Campus. Lothaire est alors proclamé empereur. À la suite de ces événements, Grégoire revient à Rome, tandis que Louis est, plus tard, restauré en 834. L'empereur envoie une délégation pour voir Grégoire, dirigée par saint Anschar, l'archevêque de Hambourg et de Brême. Il interroge le pape sur les événements qui ont conduit à la destitution du trône, de Louis par Lothaire. Grégoire prête serment que ses intentions étaient honorables et qu'il avait toujours cherché à parvenir à une solution pacifique au conflit entre Louis et ses fils. L'envoyé accepte les paroles de Grégoire et retourne auprès de Louis. Après cet échec, en se mêlant de la politique impériale, Grégoire reporte son attention pour le reste de son pontificat, en traitant de questions religieuses internes. En 836, Lothaire, dans son rôle de roi des Lombards commence à dépouiller les biens de l'Église romaine. Après appel à Louis, l'empereur envoie un émissaire impérial enquêter sur l'affaire. Bien que Grégoire est malade, il parvient à conseiller l'envoyé concernant la situation et lui demande de porter une lettre à l'empereur décrivant les attaques de Lothaire contre l'Église. En l'an 840, avec la mort de Louis et l'accession de Lothaire comme empereur, la guerre éclate de nouveau entre les fils de Louis. Grégoire fait des tentatives de médiations infructueuses dans le conflit qui s'ensuit entre les deux frères et envoie George, l'archevêque de Ravenne, en tant que représentant. Selon Prudence de Troyes, George essaie fidèlement d'atteindre son objectif, mais échoue en raison du refus de Lothaire de permettre George de rencontrer ses frères. Toutefois, selon Agnellus de Ravenne, George tente de corrompre Lothaire à le nommer dans un archevêché indépendant de Rome. Il est capturé à la bataille de Fontenoy-en-Puisaye. Par la suite le traité de Verdun en 843, entraîne la chute de l'empire de Charlemagne : Lothaire conserve le titre impérial et le contrôle de l'Italie.
Activités de construction et les questions religieuses
Grégoire IV a également contribué à l'évolution architecturale de Rome. En 833, Grégoire fait reconstruire complètement la basilique Saint-Marc à Rome, faisant orner les murs avec des mosaïques de style byzantin, ainsi qu'un certain nombre d'autres églises qu'il fait réparer ou reconstruire. Il reconstruit l'atrium de la basilique de Constantin ainsi que l'intérieur de la chapelle, nouvellement décorée dans la basilique. Il fait transférer le corps de Grégoire Ier et déménage des catacombes de Rome, saint Sébastien, saint Tiburce et saint Gorgon. Il fait surélever l'autel dans la basilique de Santa Maria in Trastevere et fonde un monastère près de l'église. Grégoire IV fait également réparer l'aqueduc de l'Aqua Trajana endommagé pendant le pontificat de Léon III. Peu après l'an 841, Grégoire IV fait reconstruire et fortifier le port d'Ostie pour le protéger des attaques de Sarrasins et le renomme Gregoriopolis. Vers la même époque, il rétablit la colonie de Galeria, le long de la Via Portuensis, tout en établissant une nouvelle colonie, appelée Draco, le long de la rive gauche de la rivière du Tibre et le long de la Via Ostiensis à Rome. Ce fut le premier exemple de l'aménagement du territoire entrepris par un pape au sein de son propre territoire. Le pontificat de Grégoire témoigne de la fin de l'iconoclasme controversé dans l'Empire byzantin tandis que Grégoire lui-même célèbre la fête de Tous les Saints dans le royaume franc des deux côtés du Rhin. Grégoire IV est également connu pour la nomination d'Ansgar comme archevêque de Hambourg et de Brême. en 832, mais aussi en tant que légat apostolique des régions septentrionales et orientales de l'Europe. Le 31 mars 837 Grégoire IV envoie le Pallium à l'archevêque de Salzbourg. Il en envoie également un à Venerius, le patriarche de Grado, en 828, à l'appui de ses prétentions à avoir compétence sur les évêques de l'Istrie. Quand un synode attribue la compétence à Maxence. Venerius, le patriarche d'Aquilée, fait appel à Grégoire, qui l'a soutenu. Pendant ce temps, le roi lombard Lothaire soutenu par Maxence, force les évêques de l'Istrie à lui obéir tout en ignorant, dans un même temps, les ordres de cesser de la part de Grégoire. Grégoire IV soutient également la candidature de Jean IV en tant qu'évêque de Naples. Grégoire IV arbitre, lors de son voyage en France, en 833, l'affaire contre l'évêque Aldric du Mans qui est forcé de quitter son siège par les partisans de Lothaire. Le 8 juillet 833, Grégoire écrit aux évêques de « la Gaule, en Europe et en Allemagne » déclarant qu'Aldric avait parfaitement le droit de faire appel au pape et que, jusqu'à ce que le pape ait rendu un jugement dans un sens ou dans l'autre, personne ne pouvait prononcer une sentence contre lui. En outre, il déclare que ce mandat devait être respecté afin de rester en communion avec l'Église romaine. La lettre ainsi que la restauration de Louis le Pieux permettent à Aldric de conserver son siège, encore pendant un certain temps. Grégoire IV a également été sollicité par le représentant de l'empereur Louis, Amalaire de Metz afin de fournir un antiphonaire pour les services religieux à Metz. Ce à quoi Grégoire IV est forcé d'admettre qu'il n'en avait pas attribué à l'empereur, alors qu'il en avait déjà donné un certain nombre à Wala de Corbie qu'il avait déjà prise en France Le 25 janvier 844, Grégoire IV meurt et est enterré dans la basilique de Constantin. Il est remplacé par le pape Serge II.
102 Serge II 844/847 Rome Serge II Serge II ou Sergius II, né à Rome, fut le 102e pape, de 844 à 847. À la mort de Gregoire IV, l'archevêque Jean a été proclamé pape par acclamation populaire, alors que la noblesse élit Sergius, un Romain de noble naissance. L'opposition fut supprimée par l'intervention de Serge pour sauver la vie de Jean. Serge fut alors immédiatement consacré par les nobles sans rechercher la ratification de la cour francque. L'empereur romain Lothaire Ier, cependant, désapprouva cet abandon de la Constitutio Romana de 824 qui incluait le fait qu'aucun pape ne pouvait être consacré sans que son élection ait l'approbation de l'empereur franc. Il envoya une armée par son fils Louis II le Jeune, pour rétablir son autorité. L'Église et l'empereur parvinrent à un accord, avec le couronnement de Louis en tant que roi de la Lombardie par Sergius. La fin de son règne est marqué par le pillage de Rome lors du raid mené par les Sarrazins en août 846. Sergius a contribué au développement urbain de Rome, menant à bien la fortification du Vatican. Sergius mourut alors qu'il négociait avec deux patriarches et le Pape Leon IV lui succéda.
103 Léon IV 847/855 Rome Léon IV Léon IV (né à Rome et mort le 17 juillet 855 dans la même ville) fut le 103e pape de l'Église catholique de 847 à 855, considéré comme saint par l'Église. Romain de naissance, il fut élu pape à l'unanimité le 10 avril 847, quelques mois après une attaque menée sur Rome par les Sarrazins (846), et son grand ouvrage consista à faire construire un rempart autour de la colline du Vatican, pour protéger l'ensemble des constructions religieuses. Cet ensemble, terminé en 852, fut appelé d'après lui la cité léonine. Il fit aussi fortifier d'autres lieux dans le Latium, et restaurer la basilique Saint-Pierre, très endommagée par l'attaque de 846. En 847, selon le Liber Pontificalis, il aurait miraculeusement éteint l'incendie de Borgo par sa seule bénédiction. Il eut à combattre un certain Anastase, qu'il fit anathémiser à deux reprises (en 850 et en 853) par des synodes, et qui tenta de se faire élire pape à sa mort. On ne sait s'il s'agit de la même personne qu'Anastase le Bibliothécaire. Il couronna en 850 l'empereur Louis II, fils de Lothaire Ier, et oignit en 853 le jeune prince anglo-saxon Alfred, futur roi Alfred le Grand. Il entra dans une querelle avec le patriarche Ignace de Constantinople à propos de la déposition par celui-ci de l'archevêque de Syracuse Grégoire Asbestas, la papauté revendiquant la juridiction de la Sicile.
ANT Anastase III 855 ? Anastase IIICandidat impérial.Il est identifié, selon le récit d'Hincmar de Reims (dans les Annales de Saint-Bertin, année 868), à l'antipape Anastase III, élu en 855 contre Benoît III. Il est un neveu d'Arsène, évêque d'Orte et légat pontifical. Anastase apprend le grec des moines byzantins et a une éducation peu commune pour son époque, puisqu'il semble être l'ecclésiastique le plus érudit de Rome du ixe siècle. Pendant le pontificat de Nicolas Ier (855-867) Anastase est abbé de Sainte-Marie du Trastevere, de l'autre côté du Tibre et est employé par le pape pour diverses missions. Il est également un auteur actif et traduit des ouvrages de langue grecque en latin. Dont, la biographie de Jean l'Aumônier qu'il dédie à Nicolas Ier. Le successeur de Nicolas, Adrien II (867-872), le nomme bibliothécaire de l'Église romaine, un poste important qui lui donne beaucoup d'influence à la cour pontificale. En 869, il est mandaté par Louis II d'Italie, empereur d'Occident, comme envoyé à Constantinople, avec deux hommes de rang élevé de l'Empire Franc, pour négocier le mariage entre Léon VI le Sage, fils aîné de l'empereur byzantin Basile Ier, et Ermengarde le seul enfant de Louis. Quand les émissaires arrivent à Constantinople, le quatrième concile de Constantinople est encore en session, et Anastase, qui assiste à la dernière session (février 870), défend avec zèle la cause du pape et rend beaucoup de services à la légation du pape. Sur le chemin du retour, les légats du pape sont agressés et les « actes du concile » sont volés. Toutefois, ils ont donné la plupart des déclarations d'obédience des évêques grecs à Anastase, qui a également une copie des «actes» et est donc en mesure d'apporter ces documents au pape. Sur ordre du pape, il les traduit en latin. Le successeur d'Adrien II, Jean VIII (872-882), a également de l'estime pour Anastase. Il le confirme dans son poste de bibliothécaire, le charge d'affaires importantes et l'encourage à poursuivre son œuvre littéraire. Anastase est en correspondance avec le patriarche byzantin déchu, Photios Ier de Constantinople et cherche à servir de médiateur entre le patriarche et le pape et à apaiser la controverse sur le Saint-Esprit. En août 879, Zacharias d'Anagni devient bibliothécaire de l'Église romaine, de sorte que Anastase doit être mort peu de temps avant cette date.
Si le passage dans les annales d'Hincmar de Reims est authentique, le bibliothécaire Anastase est la même personne que le prêtre romain Anastase, qui en 874 devint prêtre titulaire de Saint-Marcel. Cet Anastase fuit Rome en 848 et réside dans différentes villes. En raison de sa fuite, il est excommunié par le synode romain en 850, puis, comme il ne revenait pas, il est frappé d'anathème et est déposé par un autre synode de 853. Après la mort du pape Léon IV en 855, Anastase est élu pape par le parti impérial, mais l'élection légitime désigne le pape Benoît III. Pendant le pontificat de Adrien II, Anastase est impliqué dans des graves ennuis : en 868 un proche parent, un frère, Eleuthère enlève la fille du pape et peu après, la tue ainsi que sa mère. Le meurtrier est exécuté et Anastase, considéré comme l'instigateur du meurtre, est excommunié et déposé. Vivant à la cour impériale, il recherche l'intervention de l'empereur pour se disculper devant le pape. Joseph Hergenröther soutient que le bibliothécaire et le prêtre antipape sont une seule et même personne et mêle toutes les déclarations relatives à ce dernier dans la biographie d'Anastase, tandis que Joseph Langen les considère comme des personnes différentes. Traducteur et auteur
Anastase traduit du grec en latin les « actes » du deuxième concile de Nicée et du quatrième concile de Constantinople ainsi que plusieurs légendes de saints, et d'autres écrits. Il a également compilé un travail historique, Chronographia tripartita, à partir des écrits grecs de Théophane, Nicéphore, et Georges le Syncelle et a fait une collection de documents concernant les affaires du pape Honorius Ier. Plusieurs de ses lettres ont été préservés. Contrairement à la légende, il n'a pas écrit le Liber Pontificalis qui lui était imputé auparavant. Il semble avoir travaillé avec d'autres à la révision de la Vie de Nicolas Ier. Enfin, Anastase le Bibliothécaire traduit pour Charles le Chauve des récits sur saint Démétrios de Thessalonique et sur saint Denis.
104 Benoît III 855/858 Rome Benoît III Benoît III, né Romain, fils de Pierre, est pape de 855 à 858. Il est le 104e dans la liste des pontifes romains publiée dans l'Annuario Pontificio. Il fait ses études et vit à Rome. Au moment de son élection en tant que pape, il est cardinal prêtre de l'Église San Callisto à Rome. Benoît est réputé pour son apprentissage et sa piété. Il est élu à la suite du refus du futur Adrien II, choix initial des membres du clergé et du peuple, d'accéder à la papauté. Un groupe de personnes importantes lui préfèrent un autre candidat, Anastase : ils désavouent l'élection de Benoît III et installent Anastase, pourtant excommunié par le synode romain en 850, puis frappé d'anathème et déposé par un autre synode en 853. Cependant, l'opinion populaire est si forte que la consécration de Benoît III est acceptée. Les envoyés de l'empereur Louis II contraignent Benoît III à composer avec Anastase. Le schisme contribue à affaiblir l'emprise des empereurs sur les papes, en particulier sur leurs élections. Benoît intervient dans le conflit entre les fils de Lothaire Ier, à la suite de son décès : le futur roi Lothaire II de Lotharingie, l'empereur Louis II d'Italie et Charles de Provence. Il est actif dans d'autres cas également et adopte une position ferme à l'égard de Constantinople. Æthelwulf roi du Wessex et son fils, le futur roi Alfred le Grand, se rendent à Rome sous le règne de Benoît III. Il établit en Angleterre le denier de Saint-Pierre. C'est entre son règne et celui de son prédécesseur, qu'est située la légende de la papesse Jeanne. Il existe des pièces à l'effigie du pape aux côtés de Lothaire Ier, décédé le 29 septembre 855. Le 7 octobre 855, le pape publie une carte à l'abbaye de Corvey. Durant la même année, il entretient également une correspondance avec l'archevêque de Reims et adresse, toujours la même année, une lettre aux évêques qui exercent sous le règne de Charles II le Chauve. L'existence de Benoît III est également démontrée par l'attitude du patriarche Photios Ier de Constantinople qui cite Benoît III comme le successeur de Léon IV, et non pas Jean ou Jeanne.
105 Nicolas I 858/867 Rome Nicolas IIssu d'une famille modeste , il commence sa carrière au palais du Latran , au service du pape. Sous le pontificat de Léon IV (847-855) , il est ordonné sous-diacre. À la mort de Benoît III (855-858) , il est élu pape grâce à l'appui de l'empereur Louis II. Pendant son pontificat , il s'impose comme patriarche d'Occident. Il interdit aux princes bretons de transformer Dol en archevêché , rappelle aux métropolites son autorité sur eux et excommunie en 861 l’archevêque Jean VIII de Ravenne , coupable d'avoir empiété sur les prérogatives spirituelles et temporelles du pape1. En Orient , il s’immisce dans le conflit entre les partisans du nouveau patriarche de Constantinople , Photios Ier et les partisans de l'ancien , Ignace, déposé par Michel III et le césar Bardas. Quand Boris , prince des Bulgares , se convertit au christianisme , Nicolas Ier , prenant le contre-pied de la politique de Photios , envoie des évêques pour l'aider à constituer son Église. Dans sa Lettre aux Bulgares , il explicite les principales divergences entre les deux Églises. En réaction , Photios convoque en 867 un synode qui excommunie Nicolas Ier. Il fait figure d’autorité morale : à ce titre , Charles le Chauve requiert son arbitrage quand son frère Louis le Germanique envahit la France, de même que lors de la révolte de ses fils Louis et Charles. Nicolas Ier intervient également dans le divorce de Lothaire II , roi de Lotharingie : celui-ci , n'ayant pu avoir de descendance de sa femme Theutberge , l'avait répudiée au profit de sa maîtresse , Waldrade. Le pape excommunie les archevêques de Trèves et de Cologne , qui avaient annulé le premier mariage et résiste même aux assauts armés de Louis II , frère de Lothaire. Dès sa mort , Nicolas Ier est considéré comme l'un des grands papes de l’époque. Réginon de Prüm, au xie siècle, écrit à son sujet dans sa Chronique de l'année 868 : « Depuis le bienheureux Grégoire , nul évêque élevé dans la ville de Rome sur le siège pontifical ne peut lui être comparé. ». Il est inscrit au martyrologe romain et son culte est attesté depuis le xive siècle. Il semble qu'il reçoive en 854 des mains de Rothade de Soissons un exemplaire des fausses décrétales , important travail de falsification de documents canoniques cherchant à affirmer le pouvoir papale. Il est considéré comme le premier pape à avoir revendiqué la supériorité du pouvoir pontifical sur le pouvoir impérial. Le chef de l'Église, en vertu de l'origine divine de son pouvoir , se considère désormais comme l'arbitre et le directeur des détenteurs du pouvoir temporel , rois ou empereurs. Relevant de lui comme chrétiens , passibles de sa juridiction morale comme pécheurs , ils peuvent être soumis à une sanction qui garantisse leur obéissance. Dès lors , le pape peut et doit , s'il le juge nécessaire au service de Dieu et de l'Église, intervenir dans les affaires des princes et Nicolas Ier s'est engagé sans hésiter dans cette voie que suivront après lui Grégoire VII et Alexandre II et qui conduira Innocent III et Innocent IV à cette hégémonie théocratique qui prendra fin sous Boniface VIII
106 Adrien II 867/872 Rome Adrien II Adrien II, né à Rome en 792, est le 106e pape, de 867 à 872. Né à Rome, il est élu en 867, après avoir refusé deux fois le pontificat. Il leva l'excommunication lancée contre Lothaire, roi de Lotharingie, qui avait répudié sa femme tint en 869 un concile à Rome contre Photius, patriarche de Constantinople, qu'il fit déposer eut des démêlés avec l'empereur d'Orient Basile et avec le nouveau patriarche grec au sujet du schisme provoqué par Photius, et quelques différends avec Charles le Chauve, au sujet de la déposition de l'évêque Hincmar de Laon. Il mourut en 872. Fils d'un certain Tarare (qui fut plus tard évêque), il fut élu pape le 14 décembre 867, après avoir refusé deux fois le pontificat (après la mort de Léon IV et de Benoît III. Le soutien unanime du peuple romain et du clergé l'empêcha de refuser une troisième fois. Lors de l'élection, quoiqu'ils n'y eurent pas été invités, les envoyés de l'empereur Louis étaient présents ; ils voulurent se plaindre de n'avoir pas été conviés, on leur répondit cependant que cela n'avait pas été fait par mépris pour eux ou pour l'empereur, mais pour éviter que l'on prenne l'habitude d'attendre l'arrivée des envoyés du prince pour procéder à l'élection. Louis fut par ailleurs très satisfait de cette élection. Il réconcilia la papauté avec l'archevêque de Trèves, Theutgaud, et l'évêque d'Anagnia, Zacharie, qui avaient été excommuniés par son prédécesseur. Pendant les cérémonies du sacre, le duc de Spolète Lambert Ier entra dans Rome pour la piller. Il fut aussitôt excommunié, et l'empereur lui retira son duché. Malgré son âge (il avait plus de soixante-seize ans au moment de son élection), le pape fit preuve d'une vigueur remarquable, notamment en poursuivant la condamnation de Photius, patriarche de Constantinople, qu'il fit déposer et soumettre à la pénitence publique. Il se brouilla toutefois avec l'empereur d'Orient, pour avoir voulu juger des évêques qui avaient suivi Photius, en Carie et en Bulgarie, et qui ne relevaient donc pas de sa juridiction. Il força Lothaire le Jeune à demander un pardon général pour ses errements matrimoniaux. En revanche, après avoir pris le parti de Carloman, révolté contre son père Charles le Chauve, il dut finalement céder devant l'hostilité des évêques de France. Malgré une conception assez large de l'autorité pontificale, il laissa à sa mort un bon souvenir en raison de son désintéressement et de sa générosité pour les plus pauvres.
107 Jean VIII 872/882 Rome Jean VIII Jean VIII, né à Rome vers 820, pape du 14 décembre 872 au 16 décembre 882. Il est surtout connu pour ses interventions en direction de l'Église de Constantinople pour mettre fin au schisme de Photius. Il est archidiacre de Rome avant d'être élu pape le 14 décembre 872. Son élection fait l'objet d'une vive opposition de la part de Formose, futur pape. Bien qu'assez âgé au moment de sa montée sur le trône de Pierre, il est un pape énergique, à l'image de Nicolas Ier. Il écrit en 873 la lettre Unum est aux princes de Sardaigne, leur enjoignant d'affranchir les esclaves vendus par des Grecs : « C'est pourquoi nous vous exhortons et nous vous commandons avec un amour paternel, si vous leur avez acheté des captifs, de les laisser aller libres pour le salut de votre âme. » Baluze rapporte, dans ses « Mélanges », que Jean VIII aurait demandé à l’évêque Annon de Freising de lui procurer un orgue et un organiste pour sa cour de Rome. Surnommé le « recteur de l'Europe », il sait éviter un schisme avec l'Orient : lors du concile de Constantinople en 869, il reconnaît la légitimité du Patriarcat de Photius. Il accepte également de ne pas faire réciter le Credo avec le Filioque. Il réitère l'autorisation donnée par Adrien II de la liturgie en langue slavonne et accorde au missionnaire Méthode, en Moravie, un certificat d'orthodoxie. La mort de l'empereur Louis II lui fournit une occasion d'affirmer la supériorité de la papauté sur l'Empire et de montrer que celui-ci dépendait d'elle et non pas le contraire. Louis n'ayant pas eu d'enfant, son plus proche parent mâle était Carloman, fils de Louis le Germanique, et il l'avait désigné comme son héritier. Jean VIII en décida autrement, appela Charles le Chauve à Rome et le couronna le 25 décembre 875. Cependant, à la suite de la mort de Louis le Germanique, Charles se trouve en position difficile. Rappelé par Jean VIII menacé en Italie, Charles meurt dans les Alpes en 877. En 877, Adalgaire, évêque d'Autun, obtient du pape Jean VIII, sur recommandations de Charles le Chauve, l'intégration des revenus de l'Abbaye Saint-Pierre de Flavigny et de la seigneurie d'Alise dans ceux de l'évêque4. Au printemps 878, le pape Jean VIII, en grand danger à Rome, doit fuir l'Italie il est accueilli à Arles par Boson et l'archevêque de la cité Rostang, avant d'assister au Concile de Troyes, où il propose la couronne italienne au roi Louis le Bègue, qui refuse, puis à Boson, qui échouera dans sa tentative. C'est au cours de ce voyage qu'il séjourne 20 jours à l'Abbaye Saint-Marcel-lès-Chalon et se fait voler sa mule. le 28 octobre 878 il consacre l'église de l'Abbaye Saint-Pierre de Flavigny-sur-Ozerain Quelques années plus tard, en 881, suivant la même tactique, Jean VIII fait couronner empereur Charles le Gros. Cependant, cette politique connaît encore une fois l'échec : Charles doit abdiquer en 888. Le pape Jean VIII meurt en 882 dans des circonstances malheureuses. Les Annales de Fulda disent qu’il est empoisonné puis, comme il ne mourait pas assez vite, frappé à coups de marteau. Il serait donc le premier pape assassiné.
108 Marin I 882/884 Gallese Marin I Marin Ier, né à Gallese, est pape de 882 à 884. Le nom de Marin a été confondu au Moyen Âge avec celui de Martin. Par conséquent, Marin Ier et Marin II ont été pendant longtemps listés à tort sous les noms de Martin II et Martin III. Cela explique que les listes de papes actuelles comprennent Martin Ier, Martin IV et Martin V, mais ni Martin II, ni Martin III. Ordonné évêque par le pape Jean VIII, il fut envoyé à trois reprises comme légat à Constantinople et fut chargé d'y prononcer la sentence d'excommunication du patriarche Photius. Son court pontificat fut marqué par l'ajout du Filioque dans la formule du Credo.
109 Adrien III 884/885 Rome Adrien III Saint Adrien III (en latin : Adrianus III - en italien : Adriano III), (nom de naissance Agapito) est né à Rome à une date inconnue. Il succède à Marin Ier en tant que 109e pape de l'Église catholique du 17 mai 884 jusqu'à sa mort, en septembre 885 à San Cesario sul Panaro en Italie. Son successeur sera Étienne V. Il est enterré dans l'abbaye de Nonantola. Sa canonisation est confirmée par le pape Léon XIII en 1891. Sa fête est le 8 juillet. Adrien III naît à Rome dans une famille qui serait liée aux comtes de Tusculum : il pourrait être le fils de Benoît Tusculanus magnus dux lui-même fils d'Alberico consul tusculanus princeps potentissimus frère du pape Adrien Ier (772 -795) et ancêtre des comtes de Tusculum. Ainsi le pape Adrien Ier serait son grand-oncle. Adrien III, c'est-à-dire Agapito, est le frère aîné de Sergio, comte de Tusculum, qui sera le pape Serge III (904-911). Élu le 17 mai 884, son pontificat se déroule dans une période troublée. Son règne est de courte durée : en juillet 885 il est convoqué à une diète de l'Empire à Worms (Allemagne), par l'empereur Charles III le Gros pour déterminer sa succession au Saint Empire romain d'Occident mais aussi pour discuter de la montée en puissance des Sarrasins. Arrivé à la Silva Wilzacarae ou Forêt Wilcazara (correspondant de nos jours à la rue Viazza à San Cesario sul Panaro), Adrien III est saisi d'une maladie soudaine. Il meurt en septembre 885. Son corps est amené à l'abbaye de Nonantola où il est enterré. Les raisons de sa vénération en tant que saint sont pratiquement inconnues, mais il est connu pour avoir aidé la population de Rome lors d'une famine. Son culte est confirmé en 1891 par le pape Léon XIII : il est fêté le 8 juillet.
110 Étienne V 885/891 Rome Étienne V Étienne V (en latin : Stephanus V - en italien : Stefano V ou Stefano VI), est vraisemblablement né à Rome à une date inconnue. Il succède à Adrien III en tant que 110e pape de l'Église catholique de septembre 885 jusqu'à sa mort, en septembre 891 à Rome. Son successeur sera Formose. Il est enterré dans l'antique basilique vaticane. Sa tombe est toujours présente dans l'actuelle basilique Saint-Pierre. Son père Adrien, qui appartient à l'aristocratie romaine, confie son éducation à son parent, l'évêque Zachary, bibliothécaire du Saint-Siège. Étienne est nommé cardinal-prêtre de la basilique des Quatre-Saints-Couronnés par le pape Marin Ier. Son élection a lieu le 15 juillet 885. La résistance d'Étienne est telle qu'il ordonne de fermer les portes de sa maison : celles-ci sont abattues violemment pour s'emparer de lui et le conduire à l'église. Étienne est couronné, sans la confirmation impériale ni l'assistance des ambassadeurs impériaux, à la fin du mois de septembre 885. Quand Charles III le Gros constate l'unanimité de l'élection, il décide d'en rester là. Étienne est appelé à faire face à une famine causée par la sécheresse et les criquets. Le trésor pontifical étant vide, il doit se rabattre sur la richesse de son père pour soulager les pauvres, sauver des prisonniers et pour réparer les églises. En raison de l'influence du clergé allemand, Étienne interdit l'usage de la liturgie slave forçant ainsi les Slaves à rejoindre l'Église orthodoxe. Avec l'aide de l'empereur Léon VI, dit le Philosophe, Étienne éteint le schisme de Photius. Cet hérésiarque est alors confiné dans un monastère et y meurt méprisé de tous les fidèles, ce qui met fin au schisme de l'Église orientale, initialisé par Photius. En 891, Étienne couronne l'empereur Guy III de Spolète, son fils adoptif, qui confirme les dons faits à l'Église romaine par Pépin le Bref et par les empereurs Charlemagne et Louis le Pieux. II meurt fin septembre 891 et est enterré dans l'antique basilique vaticane.
111 Formose 891/896 Rome Formose Formose (mort le 4 avril 896) est pape de 891 à 896. On ne sait pas grand-chose sur les origines de ce pape, l'Encyclopædia Britannica1 nous dit qu'il apparaît pour la première fois dans l'histoire en tant qu'évêque de Porto, la Catholic Encyclopedia pense qu'il est probablement né à Rome. Certaines personnes émettent l'hypothèse qu'il soit né en Corse et précisent que ce serait « à Vivario en 816 » et « dans le hameau de Perello », mais sans indiquer de source fiable. L'Accademia corsa3 suggère qu'il pourrait appartenir à une famille corse réfugiée à Ostie pour fuir les raids des Sarrasins sur l'île. Devenu évêque de Porto en 864, il entreprit des missions diplomatiques en Bulgarie (866) et en France (869 et 872) et il persuada le roi de France Charles II le Chauve de se faire couronner par le pape.
112 Boniface VI 896 Rome Boniface VI Originaire de Rome, fils de l'évêque Adrien, il a été dégradé comme sous-diacre par Jean VIII mais il est rétabli par le pape Marin Ier puis il est dégradé une seconde fois. En 896 (peut- être le 11 avril) il est élu comme successeur de Formose par une faction de Romains. Il ne règne que quinze jours, au bout desquels il meurt de la goutte ou est déposé par la faction spolétaine, suivant les traditions, ce qui en fait le deuxième pontificat le plus court de l'histoire après celui du pape Urbain VII. Son élection est annulée pour promotion peu canonique lors du concile de Rome réuni en 898 par Jean IX.
113 Étienne VI 896/897 Rome Étienne VI Ce pape est parfois appelé Étienne VII. Il existe un problème de numérotation des papes Étienne.Selon la tradition, il est d'origine romaine et fils d'un prêtre nommé Jean. Sacré évêque d'Anagni par le pape Formose, il est lui-même élu pape en mai 896. Le pape Formose, prédécesseur d’Étienne VI, donna la couronne d'empereur d'Occident à Arnulf de Carinthie alors qu’il avait juré son soutien à Lambert de Spolète, chacun représentant une famille et faction. Peu après l'empereur désigné et le pape Formose décédèrent. En janvier 897, le pape Étienne ordonne, poussé par les Spolète, l'exhumation du cadavre de Formose, qu'il met en accusation devant un synode d'évêques romains ; le cadavre est habillé du costume pontifical et installé sur le siège papal. Son successeur l'accuse de ne pas avoir été évêque de Rome. C'est ce que l'historiographie a appelé le « concile cadavérique ». Le corps de Formose est dépouillé de ses décorations, amputé des trois doigts de la main droite, ceux qui servent à bénir, et enfin, jeté dans le Tibre. Il contraint également des clercs ordonnés par Formose à se retirer. Étienne meurt étranglé au cours d'une émeute populaire, à la suite du concile. Il n'a régné qu'un an et demi.
114 Romain 897 Gallese Romain Romain fut pape d'août à novembre 897. Il naquit à Gallese près de Civita Castellana. Il fut élu pour succéder à Étienne VI, qui avait été assassiné. Au cours de son bref règne, il fut sage et vertueux, selon l'historien Flodoard. Il finit ses jours en tant que moine ; le récit ne dit pas s'il a été déposé. Le jour exact de sa mort est inconnu. Le village de Saint-Romain au Canada est nommé en son honneur.
115 Théodore II 897 Rome Théodore II Théodore II, né à Rome en 840, a été pape en décembre 897 pendant seulement une vingtaine de jours. Qualifié d'ami de la paix, il eut le temps de réhabiliter la mémoire de Formose (ses restes sont une nouvelle fois déterrés et déposés solennellement à la basilique Saint-Pierre ce qui ramène provisoirement le calme), fit brûler les lettres de renonciation que les clercs ordonnés par Formose avaient été contraints par Étienne VI de signer et de préparer un synode pour annuler les conclusions du « synode du cadavre ». On ignore les causes exactes de sa mort mais il a été probablement assassiné. Sa dépouille fut inhumée dans l'ancienne basilique Saint-Pierre.
116 Jean IX 898/900 Tivoli Jean IX Jean IX, né à Tivoli en 840, est le 116e pape de l'Église catholique romaine. Il règne de janvier 898 au 26 mars 900. Il réhabilite la mémoire du pape Formose et assure son autorité sur les pays slaves. Jean IX succède à Théodore II mais surtout Formose qui fera l'objet, après sa mort, du Concile cadavérique, sous le règne d'Étienne VI : l'élection de Formose est remise en cause, le corps déterré puis jugé devant le Synode avant d'être dépouillé des insignes papaux. Théodore II donnera à Formose une tombe décente. La mémoire de Formose sera restaurée par Jean IX Il est le fils de Rampoald. Il rentre dans les ordres des Bénédictins et est ordonné prêtre par le pape Formose. À l'époque, différentes factions règnent sur Rome : les ennemis de Formose tentent de faire élire Serge, qui finalement deviendra plus tard le 119e pape (Serge III). Jean IX est élu peut-être en raison du soutien du duc de Spolète, permettant ainsi à Jean IX de maintenir sa position et de faire expulser puis excommunier Serge. Jean IX est reconnu pour avoir été une personne intelligente et modérée. Il tient plusieurs synodes durant son règne (898) ; il fait donc condamner le Concile cadavérique, d'Étienne VI et brûler les acta. Sous Jean IX les ré-ordinations sont interdites mais les membres du clergé dégradés par Étienne VI sont rétablis à leur rang. Il maintient l'interdiction de changer de siège épiscopal : ainsi aucun évêque ne peut devenir évêque de Rome et accéder au trône de saint Pierre. Parlant des païens, il recommande « ramenez les (dans le giron de l'église) par la douceur et la raison et non par la force des armes. » Lors d'un synode à Ravenne, Jean IX décrète qu'un arrêt doit être donné aux violences des factions romaines. Afin de conserver leur indépendance, menacée par les Allemands, les Slaves de Moravie font appel à Jean IX afin qu'ils aient leur propre hiérarchie : il ne tient pas compte des lettres allemandes qui tentent de le dissuader d'écouter les Slaves et sanctionne plusieurs consécrations faites au sein de l'église de Moravie. Jean IX confirmera les privilèges de l'abbaye de mont Cassin. Il est enterré juste à l'extérieur de la basilique de Constantin à Rome.
117 Benoît IV 900/903 Rome Benoît IV Benoît IV, né à Rome et fils d'un certain Mammolus, il fut ordonné par Formose et compte parmi les formosiens (partisans du pape Formose) Il fut pape de mai 900 à août 903. Son pontificat aura duré 3 ans et 3 mois. Il gouverna avec beaucoup de sagesse, mais ne put, malgré ses efforts, corriger la dépravation des mœurs. Le chroniqueur Flodoard loue sa générosité envers les pauvres. Il couronna empereur Louis III l'Aveugle roi d'Italie.

Élus au 10 ème siècle

No Nom Pontificat Naissance Notes
118 Léon V 903 Ardea Léon V Léon V (né à Ardea, dans l'actuelle province de Rome et mort en septembre 903) est le 118e pape de l'Église catholique romaine durant environ 30 jours de juillet à septembre 903. Le court pontificat de ce pape bénédictin provient du fait que des partisans de l'antipape Christophore l'ont incarcéré et étranglé. Né à près d'Ardea dans le Latium, il fut prêtre-cardinal à Priapi près d'Ardea. Rien n'est connu de lui avant son élection. Un écrivain de l'époque, Auxilius le décrit comme un saint et comme un admirable personnage. Il faisait partie des partisans du pape Formose. Fin juillet 903, il fut élu pour succéder à Benoît IV alors qu'il n'était pas membre du clergé romain les raisons de son élection s'expliquent par le fait que le clergé et la noblesse, ne pouvant se mettre d'accord sur un candidat romain, élurent un étranger dont la grande réputation était parvenue jusqu’à eux. Durant son court pontificat, il émit une bulle qui dispensait les chanoines de Bologne du paiement des impôts. En septembre 903, alors qu'il n'est en fonction que depuis environ 30 jours, un membre de son clergé mais aussi son chapelain et son protégé le prêtre Christophore, le renversa, le jeta en prison et se fit nommer pape. Léon V mourut probablement étranglé en prison en décembre 903 par son rival.
ANT Christophore 903/904 ? Christophore L'antipape Christophore (ou Christophe) régna d'août 903 à janvier 904. Romain d'origine, cardinal-prêtre de Saint-Damase, il dépose de force le pape Léon V en 903, et le fait jeter en prison. À la mort de ce dernier, peu après, il se fait élire pape. Il est lui-même chassé par le futur pape Serge III. Il serait mort peu après étranglé dans sa prison, ou aurait fini ses jours comme simple moine, selon la tradition. Son authenticité comme pape a longtemps été un sujet de débat : il figure dans le Liber pontificalis son portrait prend place parmi les papes canoniques sur les fresques de la basilique Saint-Paul-hors-les-murs.
119 Serge III 904/911 Ardea Serge III Serge III, est le 119e pape de l'Église catholique, du 29 janvier 904 au 14 avril 911. Romain, il est élu en 904 pour succéder à Christophore. Sous son pontificat débuta la très forte influence de la famille des comtes de Tusculum (voir pornocratie), notamment de Marozia (892 à 937) fille de Théophylacte (859 à 916) qui (poussée par ses parents) fut sa maîtresse à 13 ans et dont il a un enfant, le futur pape Jean XI (906-936).
120 Anastase III 911/913 Rome Anastase III Anastase III, né à Rome, pape d'avril 911 à juin 913.Ce pape romain fut élu tout de suite après Serge III en raison de ses qualités morales et de son comportement vertueux dont chacun ressentait la nécessité. Cependant, malgré son intégrité, à cause de sa faiblesse, il subit les pressions de Bérenger Ier et concéda de nombreux privilèges à l'évêque de Pavie. Son pontificat vit la conversion au christianisme de nombreux normands installés dans une région du Nord de la France, qui prit d'ailleurs le nom de Normandie. Il mourut, peut-être, par empoisonnement. Il sera inhumé dans l'ancienne basilique Saint-Pierre après un pontificat de deux ans et deux mois.
121 Landon 913/914 Sabine Landon Landon, né en Italie dans la région de Sabine, pape pendant 7 mois du 7 juillet 913 au 5 février 914. On sait fort peu de choses sur ce pape. Son père se serait appelé Taino un riche comte lombard . Il aurait eu des amis puissants qui l'auraient aidé à devenir souverain pontife. Il y a peu de trace sur son règne : il aurait fait une donation à la cathédrale de Sabine, Saint-Sauveur de Fornoue, à la pieuse mémoire de son père. Il fut contraint par Théodora la Jeune à sacrer archevêque de Bologne, le futur Jean X. Les archives nous désignent l'antique basilique vaticane comme le lieu où se trouve sa sépulture. Il fut le dernier pape à porter un nom de règne original jusqu'à François en 2013, Jean-Paul Ier en 1978 résultant de l'évocation simultanée de Jean XXIII et Paul VI (voir l'article Nom de règne des papes).
122 Jean X 914/928 Romagne Jean X Jean X Cenci, en latin : Ioannes X, est le 122e pape de l'Église catholique de mars 914 à sa mort en mai 928. Candidat des comtes de Tusculum, il tente d'unifier l'Italie, sous la direction de Bérenger Ier de Frioul et joue un rôle dans la défaite des Sarrasins lors de la Bataille du Garigliano (915) (en). En raison de son influence, sa chute est provoquée par Marozie Ire et Guy de Toscane, qui pour prendre le pouvoir à Rome, le capturent et le font enfermer au château Saint-Ange où il meurt empoisonné, étouffé ou à la suite de mauvais traitements liés à son enfermement. Son pontificat se déroule durant la période connue en tant que Saeculum obscurum. Jean X est né à Tossignano, au-dessus d'Imola, le long de la rivière Santerno1 dans la famille princière de Cenci. Il est nommé diacre par Pierre IV, l'évêque de Bologne. Il est souvent à Rome en tant que légat de Pierre IV. C'est durant cette période qu'il attire l'attention de Théodora, la femme de Théophylacte Ier de Tusculum, le plus puissant seigneur de Rome. Liutprand de Crémone allègue que Jean est devenu son amant lors d'une visite à Rome. Il est également spéculé que Jean est lié soit à Théodora ou Théophylacte. En tout état de cause, c'est sous l'influence de Théodora que Jean est sur le point de succéder à Pierre, évêque de Bologne, lorsque le poste de l'archevêque de Ravenne devient disponible. Jean est donc consacré comme archevêque, en juillet 905, par le pape Serge III, un autre candidat des comtes de Tusculum . Au cours de ses huit années à l'archevêché, Jean travaille dur avec le pape Serge, dans une tentative infructueuse de faire couronner Bérenger de Frioul en tant qu'empereur des romains et déposer Louis III l'Aveugle. Il a également à se défendre contre un usurpateur qui essaie de prendre le Saint-Siège, qui fait alors partie du diocèse de Ravenne. Il doit aussi confirmer son autorité sur l'Abbaye de Nonantola lorsque l'abbé tente de le libérer de la juridiction de l'archevêque de Ravenne. Après la mort du pape Landon, en 914, une faction de la noblesse romaine, dirigée par Théophylacte de Tusculum, appelle Jean pour assumer le poste vacant de pape. Ce fait est à nouveau interprété par Liutprand comme une intervention personnelle de Théodora qui aurait fait élire pape, son amant. Il est beaucoup plus probable que cela résulte des relations de travail entre Jean et Théophylacte mais aussi son opposition lors du concile cadavérique du pape Formose : ces faits seraient les véritables raisons de son transfert de Ravenne à Rome5. Sa nomination est toutefois considérée comme une violation du droit canonique, ainsi qu'aux décrets du synode de Latran (769) qui interdisent l'installation d'un pape sans qu'il y ait une élection : la nomination de Jean est donc critiquée par ses contemporains. Néanmoins, tant que Théophylacte est en vie, Jean reste fidèle à son chef.
123 Léon VI 928 Rome Léon VI Léon VI, né à Rome et mort en décembre 928 à Rome est un pape italien de l'Église catholique de mai 928 à décembre 928, donc pendant sept mois.Léon VI naquit à Rome de la famille des Sanguigna. Il fut choisi selon la volonté de Marozie Ire, fille de Théodora Ire, souveraine temporelle de Rome qui s'était proclamée senatrix et patricia. Homme honnête, le pape Léon VI, s'efforça durant son bref pontificat de mettre fin aux discordes qui troublaient Rome. Il combattit victorieusement les Sarrasins et les Hongrois. Il écrivit une lettre encyclique aux évêques de Dalmatie pour les rappeler à l'obéissance envers leur primat, Jean, archevêque de Split. Il mourut en décembre 928 et fut enterré à Saint-Pierre, dans les Grottes vaticanes.
124 Étienne VII 929/931 Rome Étienne VII Ce pape est parfois appelé Étienne VIII.Étienne VII, né à Rome, pape du 3 février 929 au 15 mars 931. Hormis qu’il fut Romain, fils d’un certain Teudemund (selon des sources appartenant à la famille Gabrielli), qu’il fut à un certain moment cardinal-prêtre de Sainte-Anastasie, et qu’une fois pape il accorda quelques privilèges à des monastères en France et en Italie, rien d’autre n’est connu à son sujet. Comme pour son prédécesseur, son élection aurait été dictée par Marozie Ire. Après un pontificat d'à peu près deux ans, il sera inhumé dans l'ancienne basilique Saint-Pierre qui se trouvait au même lieu que l'actuelle.
125 Jean XI 931/936 Rome Jean XI Jean XI (906-936) était un pape qui régna de début mars 931 à début janvier 936.La filiation de Jean XI reste encore un sujet discuté. Selon Liutprand de Crémone (Antapodosis, II. c. 48) et le Liber Pontificalis, il était le fils naturel du pape Serge III (904-911), (« Johannes, natione Romanus ex patre Sergio papa», Liber Pont. ed. Duchesne, II, 243). Ferdinand Gregorovius, Ernst Dümmler, Thomas Greenwood (Cathedra Petri: A Political History of the great Latin Patriarchate), Philip Schaff et Rudolf Baxmann s'accordent avec Liutprand pour voir en Serge III le père de Jean XI qu'il aurait eu de Marozie. En pareil cas, Jean XI serait le seul fils illégitime d'un pape qui soit devenu pape lui-même. (Silvère était le fils légitime du pape Hormisdas). D'autre part Horace Kinder Mann, Reginald L. Poole, Peter Llewelyn (Rome in the Dark Ages), Karl Joseph von Hefele, Auguste Friedrich Gfrörer, Ludovico Antonio Muratori et Francis Kenrick soutiennent que le Pape Jean XI devait le jour à Albéric Ier, comte de Tusculum. Sa mère, Marozie, était la maîtresse de Rome à l'époque où il monta sur la chaire de saint Pierre. Elle était donc, pense-t-on, en mesure d'exercer sur le pape une domination complète. Quand Marozie fut renversée, Jean XI passa sous la coupe d'Albéric II (932-954), son frère cadet. Le seul pouvoir qui restait au pape était l'exercice de ses fonctions purement spirituelles. Toutes les autres étaient aux mains d'Albéric II, qui ne se mêlait pas seulement de questions profanes, mais aussi de questions ecclésiastiques. C'est sur l'insistance d'Albéric II, que le pallium fut conféré à Théophylacte, patriarche de Constantinople (935), et aussi à Artaud, archevêque de Reims (933). C'est Jean XI qui siégeait dans la chaire de Pierre pendant le moment que certaines sources traditionnelles catholiques considèrent comme le moment où l'Église était tombée le plus bas, mais c'est lui tout de même qui a accordé un grand nombre de privilèges à la congrégation de Cluny, qui devait être par la suite un puissant acteur de la réforme de l'Église.
126 Léon VII 936/939 Rome Léon VII Léon VII (né à Rome) est un pape de l'Église catholique du 3 janvier 936 au 13 juillet 939. Moine bénédictin, il était né à Rome. Il fut consacré pape selon le désir d'Albéric II qui, sous son pontificat, grâce à l'œuvre pacificatrice d'Odon de Cluny, se reconcilia avec Hugues, roi d'Italie, qui avait tenté de reconquérir Rome par la force et favorisa la réforme des ordres monastiques. Léon VII encouragea ce projet et fit reconstruire l'abbaye de Saint-Paul, les couvents de Sainte-Agnès et de Saint-André à Rome, ainsi que ceux de Subiaco et de Nepi. Après un pontificat de trois ans et demi, il sera inhumé dans l'ancienne basilique Saint-Pierre qui se trouvait au même lieu que l'actuelle.
127 Étienne VIII 939/942 Rome Étienne VIII Étienne VIII, né à Rome, pape du 14 juillet 939 à octobre 942. Il sera pape pendant 3 ans et 3 mois. Romain, prêtre titulaire de Saint-Sylvestre et de Saint-Martin-des-Monts, il dut aussi subir en politique le pouvoir d'Albéric II, mais demeura indépendant au niveau des activités spirituelles. Il poursuivra l'œuvre de réforme monastique de Cluny en Italie et en Lorraine. Il accomplit une œuvre de persuasion auprès des barons français pour qu'ils reconnaissent le roi Louis IV pour souverain, les menaçant d'excommunication. Il mourut en octobre 942 et fut enterré dans la basilique Saint-Pierre, dans les grottes vaticanes.
128 Marin II 942/946 Rome Marin II Marin II, né à Rome, pape du 30 octobre 942 à mai 946. Pape romain, on sait qu'il obéissait aveuglément à Albéric II, lui laissant prendre toutes les décisions. On sait peu de choses de ce pape et de ses œuvres concernant le gouvernement spirituel de l'Église. Il poursuivit la réforme de la discipline monastique, accordant des privilèges en faveur des monastères comme ceux du Mont-Cassin et de Fulda. En ces années là, l'Italie septentrionale vivait une situation difficile à cause du gouvernement tyrannique du roi Hugues. Marin II mourut au printemps 946 et fut enterré à la basilique Saint-Pierre, dans les grottes vaticanes. Le nom de Marin a été confondu au Moyen Âge avec celui de Martin. Par conséquent, Marin Ier et Marin II ont été pendant longtemps listés à tort sous les noms de Martin II et Martin III. Cela explique que les listes de papes actuelles comprennent Martin Ier, Martin IV et Martin V, mais ni Martin II, ni Martin III.
129 Agapet II 946/955 Rome Agapet II Agapet II, né à Rome, pape pendant 9 ans et 6 mois, du 10 mai 946 à sa mort le 8 novembre 955. Romain, il se trouva au centre des profonds changements qui se produisirent ces années-là au niveau politique en Italie et en Europe. Agapet II appela à Rome l'empereur Othon pour le défendre contre Bérenger II qui voulait se faire roi d'Italie, et apaisa par sa modération les discordes de plusieurs princes. En 949, il demanda à l'abbé Aligern de rebâtir l'abbaye du Mont-Cassin qui avait été détruite par les Sarrasins en 883. À Rome, Albéric II domina encore jusqu'en 954, année de sa mort, et demanda au Pape que son successeur sur le trône pontifical fût son fils Octavien. Agapet II n'aimait ni les intrigues politiques, ni la lutte, de sorte qu'il ne fit pas obstacle à Octavien qui lui succéda sous le nom de Jean XII. Le pape Agapet II est enterré à Saint-Jean-de-Latran.
130 Jean XII 955/964 Rome Jean XII Octavien (ou Ottaviano ou Octavius) né vers 937 et mort le 14 mai 964, fut le 130e pape de l'Église catholique romaine sous le nom de Jean XII. Octavien est le fils unique et bâtard d'Albéric II de Spolète et petit-fils de Marousie, et donc issu de la famille des comtes de Tusculum, famille noble du Latium. Albéric, après la perte du pouvoir par sa mère, devint maitre absolu de Rome. Avant sa mort qui survint en 964, il fit prêter serment aux nobles romains rassemblés à Saint-Pierre de Rome qu'à la prochaine vacance du trône pontifical, son fils Octavien serait élu pape. Après la mort du pape Agapet II, Octavien alors probablement âgé de dix-huit ans (ou de seize ans selon les sources, il n'est donc pas établi qu'il ait eu l'âge canonique) fut élu comme son successeur et devint pape sous le nom de Jean XII le 16 décembre 955. L'alliance avec Othon Ier et les promesses
Il est considéré comme le plus scandaleux des « papes Jean », les chroniqueurs ayant dénoncé en termes souvent vigoureux son règne, certains allant même jusqu'à le qualifier d'« Antéchrist siégeant dans le temple de Dieu ». Plus familier en raison de son âge et de son milieu d'origine à la chasse et à la guerre qu'au gouvernement de l'Église, amateur de festins et d'aventures amoureuses, il mène toutefois une politique d'expansion territoriale vigoureuse, qui le conduira à subir une défaite devant le duc Padulf de Capoue et, dans le même temps, voir l'occupation des États pontificaux par Bérenger, roi d'Italie, et son fils Adalbert. Afin de riposter à cette occupation, Jean XII sollicite l'aide du roi de Germanie, Otton Ier, ayant hérité de droits sur l'Italie par son mariage avec Adélaïde de Bourgogne. Voyant Otton arriver en Italie à la tête d'une puissante armée, Béranger, refusant l'affrontement direct, se replia dans des places fortifiées. Otton entra dans Rome le 31 janvier 962. Il fit le serment de reconnaître Jean XII comme pape et maître absolu de Rome, de ne pas prendre de décret sans le consentement papal, et, en cas de délégation du pouvoir en Italie, de faire que la personne à qui le pouvoir est remis prête serment de défendre le pape et les possessions pontificales au maximum de ses possibilités. Jean XII, de son côté, jura allégeance à l'Empereur et de ne pas conclure d'alliance avec Béranger ou Adalbert. Cette reconnaissance des États pontificaux (étendus jusqu'aux régions byzantines) en échange d'un serment de fidélité du pape, librement élu, aux représentants impériaux est formalisé par l'octroi du Privilegium Ottonianum, confirmation de la Donation de Pépin. Jean XII le couronna solennellement empereur le 2 février 962. Le 12 février se tient un synode romain durant lequel le Pape fonde, selon la volonté d'Otton, l'archevêché de Magdebourg et l'évêché de Mersebourg, accorda le pallium aux archevêques de Salzbourg et de Trèves, et confirma la nomination de Rother en tant qu'évêque de Vérone. Le lendemain, Otton prend un décret connu sous le nom de Diploma Ottonianum dans lequel il confirme l'Église catholique romaine dans ses possessions, en particulier celles accordées par Pépin et Charlemagne, et indiqua dans le même temps qu'à l'avenir les papes devraient être élus selon une procédure canonique, bien que leurs consécrations ne puissent avoir lieu qu'après que les gages nécessaires eurent été donnés à l'Empereur et ses ambassadeurs. L'authenticité du contenu de ce document très discuté est avérée, même si le document existant n'est qu'une copie de l'original1. Dès le lendemain, 14 février, Otton quitte Rome à la tête de son armée pour reprendre les hostilités contre Béranger et Adalbert. Jean XII modifia alors ses plans pendant qu'Othon de son côté essayait de pousser l'autorité impériale jusqu'à des limites excessives. Le Pape commença des négociations secrètes avec Adalbert, le fils de Béranger, et dépêcha des émissaires en Hongrie et à Constantinople avec des lettres incitant au déclenchement d'une guerre contre Otton. De plus, Jean XII reprend la tradition, abandonnée dès Adrien Ier (772–795), de dater ses actes à partir des années de règne des empereurs byzantins. Ces missives furent interceptées par des soldats impériaux, ce qui fit que l'Empereur fut mis au courant du revirement papal.
Les manœuvres de Jean et la fin du règne
Jean XII envoya alors une ambassade de conciliation à Otton, et en profita pour lui expliquer ses griefs qui étaient que l'Empereur avait reçu pour lui-même les serments d'allégeance des cités des États pontificaux qu'il avait reconquis sur Béranger. Otton fit alors répondre par une ambassade qu'il réfute cette accusation. Dans le même temps, Adalbert vint à Rome où il fut reçu avec cérémonie par le Pape : cela provoqua la transformation du désaccord qui existait de la part de la noblesse romaine qui avait sympathisé pour la cause impériale en révolte ouverte contre Jean XII. Le retour d'Otton à Rome le 2 novembre 963 provoqua la fuite de Jean XII et Adalbert à Tivoli. Otton fit probablement renouveler à la noblesse romaine la promesse sous serment de n'élire ni consacrer un pape sans le consentement de l'Empereur. Il est à noter que Liutprand, évêque de Crémone et qui décrivit ces faits en tant témoin oculaire, faisait alors partie de l'entourage d'Otton. Le 6 novembre, un synode de cinquante évêques italiens et allemands est convoqué par l'Empereur à Saint-Pierre de Rome : Jean XII y est accusé de sacrilège, simonie, parjure, meurtre, adultère et inceste et fut sommé par écrit de se défendre. Ce dernier refuse de reconnaître la légitimité du synode, et prononce une sentence d'excommunication (ferendæ sententia) contre l'ensemble des participants à cette assemblée, les incitant par là à élire un autre pape. Otton ajouta alors aux accusations celle de rupture de l'accord ratifié par serment, de trahison envers sa personne et d'avoir contacté Adalbert et donna son accord au dépôt de Jean XII par le synode qui intervint le 4 décembre. Le protoscriniaire Léon — un laïc — est donc élu pour le remplacer. Il reçut les ordres le même jour de manière non canonique (sans les délais — interstitia — requis entre chaque) et couronné pape sous le nom de Léon VIII. Cette procédure contraire aux canons de l'Église rendit cette élection invalide de manière quasi-universelle dans la Chrétienté. Le gros des troupes impériales quittant alors Rome, les partisans de Jean XII se soulevèrent encore une fois contre l'Empereur, mais furent matés le 3 janvier 964 dans le sang. Néanmoins, sur la demande de Léon VIII, Otton relâcha la centaine d'otages pour lesquels il avait fait appel, et marcha sur Rome pour rencontrer Adalbert sur le terrain. Une nouvelle insurrection éclate dans la ville contre le parti impérial, provoquant la fuite de Léon VIII et le retour de Jean XII à Rome. Ce dernier prit une revanche sanglante sur les dirigeants du parti adverse : le cardinal-diacre Jean fut amputé de la main droite, l'évêque Otgar de Spire fut fouetté, un haut fonctionnaire du Palatin perdit le nez et les oreilles. Le 26 février 964, Jean tint un synode à Saint-Pierre durant lequel les décrets du synode du 6 novembre furent annulés ; Léon VIII et tous ceux qui participèrent à son élection furent excommuniés, son ordination déclarée invalide et l'évêque Sicon d'Ostie qui l'avait consacré, fut privé à jamais de ses dignités. L'Empereur, ayant les mains libres à la suite de la défaite de Béranger, se préparait à retourner sur Rome lorsque la mort du Pape modifia la situation : Jean XII est mort le 14 mai 964, huit jours après qu'il fut, selon les rumeurs de l'époque, battu à mort par un mari jaloux ou frappé d'une attaque d'apoplexie en plein adultère. Le chroniqueur Liutprand de Crémone attribue pour sa part cette mort subite à un coup infligé par le Diable en personne.
131 Léon VIII 963/965 Rome Léon VIII Léon VIII (né à Rome le ? et mort le 1er mars 965) est un pape de l'Église catholique de 963 à 965. Il fut élu pape à la suite du synode convoqué par l'empereur Otton Ier au cours duquel fut déposé Jean XII ; il était un laïc et reçut les ordres sacrés le jour même de son élection. Son pontificat peut se diviser en deux parties : la première, pendant laquelle certains historiens le qualifient d'antipape, va de son couronnement, le 4 décembre 963, à la destitution de Benoît V en juillet 964 ; la deuxième partie va de cette date jusqu'à sa mort et à ce moment il est considéré comme pape par toutes les sources. En effet, après cette élection son prédécesseur Jean XII fut obligé de fuir. Mais il avait emporté avec lui le trésor de l'Église, ce qui lui permit de lever une armée avec laquelle il rentra à Rome en février 964, profitant du retour en Allemagne de l'empereur Otton. Avec le retour à Rome de Jean XII, ce fut à Léon VIII de fuir ; il ne put donc être présent au concile qui le déposa en tant que pape et annula toutes les ordinations qu'il avait faites. Quelques jours seulement après la clôture de ce concile, Jean XII mourait ; mais cela n'entraîna pas le retour de Léon VIII sur le trône pontifical, puisque le peuple romain choisit comme successeur le diacre Benoît V. Cette élection incita l'empereur Otton à revenir à Rome en juillet 964 : il se saisit de Benoît V, le déposa, le réduisit au rang de diacre et l'exila à Hambourg ; après quoi il replaça Léon VIII, son protégé, sur le trône de saint Pierre. Au pontificat de Léon VIII on attribue trois documents connus sous les noms de Privilegium majus, Privilegium minus et Cessatio donationum, par lesquels le pape renonçait à toutes les donations qui depuis Pépin le Bref avaient été faites à l'Église. Cependant leur authenticité est douteuse puisqu'ils semblent être des faux, réalisés à l'occasion de la Querelle des investitures. Léon VIII mourut le 1er mars 965.
132 Benoît V 964 Rome Benoît V Benoît V, dit Grammaticus (« le Grammairien ») († Hambourg, Allemagne, le 4 juillet 965) fut 132e pape selon la liste de l’Annuario pontificio du 22 mai 964 jusqu'à sa déposition le 23 juin suivant. Élu par le patriciat et la plèbe de Rome le 14 mai 964 à la mort de Jean XII, contre le futur Léon VIII qui resta un fervent rival, il fut consacré fin mai 964. Au moment de son élection il était simple diacre et les circonstances ne lui avaient pas permis d'accéder au sacerdoce et à l'épiscopat, nécessaires pour exercer sa charge ; cependant, bien que le nouveau pontife fût un homme très pieux, moralement irréprochable et de grande culture (les textes de son époque l'appellent grammaticus), l'empereur Othon Ier n'approuva pas ce choix, et après un siège de courte durée, entra en Rome, installa Léon VIII, son favori, et fit arrêter Benoît (23 juin 964). Un synode ayant été convoqué, l'empereur obtint la condamnation comme usurpateur de Benoît qui renonça à se défendre et fut dépouillé de ses vêtements pontificaux et officiellement déposé. Son adversaire le pape Léon VIII lui brisa sur la tête la crosse pontificale : l'épisode est significatif puisqu'il nous transmet la première information sur l'existence d'un sceptre papal particulier. Le pontife déchu ne fut pas cependant réduit à l'état laïc mais on lui permit de conserver le diaconat. Othon Ier l'exila à Hambourg, où l'ordinaire du lieu, Adaltag, le traita avec grand respect en lui permettant même de prêcher, si bien qu'il fut à l'origine de nombreuses conversions au catholicisme et des retours à la pratique religieuse. Il mourut à Hambourg le 4 juillet 965, vénéré de tous pour la sainteté de sa vie, et fut enterré dans la cathédrale de la ville. Comme dans les années suivantes Hambourg fut attaquée et détruite par les Slaves, la rumeur se répandit que Benoît lui-même avait prévu ces malheurs et prédit qu'ils prendraient fin lorsque son corps aurait été enterré auprès de la tombe de saint Pierre. Les restes du pape détrôné furent effectivement transférés à Rome, et inhumés dans ce qu'on appelait le « Paradis », le grand atrium à quatre portiques de la basilique Saint-Pierre, par ordre de l'empereur Otton III en 999. La tombe et les restes de Benoît V disparurent entre 1506 et 1539, pendant les travaux de démolition de la vieille basilique et la construction de la nouvelle. On attribue parfois à Benoît V le titre de saint et sa fête serait le 4 juillet, jour de sa mort ; en réalité son nom ne figure dans aucune édition du martyrologe.
133 Jean XIII 965/972 Rome Jean XIII Jean XIII né Jean de Crescenzi ou Crescentius vers 938 à Rome fut le 133e pape de l'Église catholique romaine du 1er octobre 965 au 6 septembre 972.
Accession au trône pontifical et exil
Après le décès du pape Jean XII en 964, Benedictus Grammaticus fut élu comme son successeur sous le nom de Benoît V. Cependant, l'empereur Othon Ier du Saint-Empire amena à Rome l'antipape1 Léon VIII, qu'il avait promu en 963, et bannit Benoît à Hambourg. Léon VIII étant mort en mars 965, les Romains demandèrent à l'Empereur de le rendre Benoît comme pape. Cependant, Othon refusa, et Benoît mourut peu de temps après en juillet 965. En présence des envoyés impériaux, Liutprand, évêque de Crémone, et Otgar, évêque de Spire, le candidat impérial, Jean Crescentius, évêque de Narni, fut élu pape et couronné le 1er octobre 965 sous le nom de Jean XIII. Jean XIII appartenait à la famille de Théodora l'Ancienne, qui par son mariage avec le sénateur Théophylacte, eut une fille (en plus de Marozie), Théodora la Jeune qui épousa le consul Jean. Ce dernier entra plus tard dans les ordres et devint évêque. De cette union naquirent deux filles et trois fils, dont le futur Jean XIII qui entra jeune dans la prêtrise à Rome et devint plus tard évêque de Narni. Ce descendant de la noblesse fut donc élu par les électeurs au trône pontifical. Certains nobles étaient hostiles au nouveau pape, candidat de l'Empereur et, lorsque ce dernier essaya de réprimer leurs intercessions, ils complotèrent contre lui et en décembre 965, lors d'une émeute conduite par le préfet Pierre Cesi et l'armée du comte Rotfred de Campanie, parvinrent à s'emparer de sa personne sous les quolibets (« la poule blanche ») et l'enfermèrent au château Saint-Ange avant de le déplacer dans une forteresse en Campanie. Il parvint à s'échapper, et trouva refuge et protection auprès du prince Pandulf de Capoue. À Rome, une réaction se produisit en faveur du pape exilé et, lorsqu'en 966 l'empereur Othon monta une nouvelle expédition vers l'Italie, les Romains terrifiés permirent à Jean de regagner la ville le 14 novembre. L'Empereur arriva en décembre, et dispensa une justice expéditive : pendaisons, décapitations, aveuglements. Pierre Cesi est pendu par les cheveux à la statue de Marc Aurèle sur la place du Latran et remplacé par le frère de Jean XIII. Plusieurs consuls furent déportés en Allemagne.
Politique de Jean XIII
Le Pape était alors allié de façon étroite avec l'Empereur. Le 11 janvier 967, un synode se tint à Saint Pierre, dont les issues ne sont pas connues. Jean voyagea avec Othon jusqu'à Ravenne où, en avril 967, il tint un autre synode durant lequel l'élévation de Magdebourg en archevêché métropolite fut confirmée avec la subordination comme suffragants des diocèses de Brandebourg et de Havelberg (confirmation de la décision de son prédécesseur, Jean XII), des disputes furent réglées, des privilèges conférés à certaines églises et couvent et Ravenne et son territoire furent restitués au Pape comme partie intégrante des États pontificaux. Les relations entre l'Empereur et le Pape continuèrent à être cordiales. Le jour de Noël 967, Othon II vint à Rome et se fit couronner empereur conjointement à son père. Peu de temps après, lors de l'un des synodes qui furent tenus à Rome, le monastère fondé par l'Empereur à Meissen en Saxe fut élevé au rang d'évêché. Jean XIII favorisa aussi les négociations qui se tenaient avec les Byzantins pour une alliance matrimoniale entre Othon II et la princesse Théophano Skleraina, princesse porphyrogénète de Byzance et nièce de Jean Ier Tzimiskès. Le mariage eut lieu à Rome, et fut béni par le Pape lui-même le 14 avril 972. Après les décès de l'archevêque Guillaume de Mayence et de l'évêque Bernard d'Halberstadt en 968, l'épiscopat métropolite de Magdebourg en territoire slave, pour lequel l'Empereur avait œuvré avec force et qui avait confirmé par le Pape en 967, fut créé. À Noël 968, l'abbé Adalbert fut consacré premier archevêque de Magdebourg, et à son tour consacra les premiers évêques de Mersebourg, Meissen et Zeitz. Le Pape fut aussi actif à étendre son réseau hiérarchique dans d'autres pays. Au début de son pontificat, Jean XIII avait élevé Capoue au rang d'archevêché par gratitude envers le prince Pandulf qui l'avait recueilli. Lors d'un synode romain en 969, Bénévent reçu la même dignité. Il confirma les décrets des synodes tenus en Angleterre et en France. Des privilèges furent accordés à des églises et monastères, et particulièrement à Cluny, et le Pape décida de nombreux points de loi ecclésiastique, qui lui étaient soumis depuis différents pays. La volonté du duc de Bohème Boleslaus II de fonder un évêché à Prague, bien qu'approuvée par le Pape, ne fut pas immédiatement concrétisée. Benoît VI succéda à Jean XIII après le décès de ce dernier.
134 Benoît VI 973/974 Rome Benoît VI Benoît VI, fils d'un Romain nommé Hildebrand, fut élu le 22 septembre 972, deux semaines après la mort de Jean XIII, par le parti favorable à l'empereur. Il fallut cependant attendre l'accord de celui-ci pour le sacre, le 19 janvier 973. La mort d'Otton Ier en mai le priva de son protecteur et il fut interné au Château Saint-Ange par l'antipape Boniface VII, à la suite de sa capture par Crescent et il mourut étranglé en juin 974. Il sera pape pendant 17 mois avant d'être inhumé dans l'ancienne basilique Saint-Pierre.
ANT Boniface VII 974 Rome Boniface VII Il est nommé d'abord Francon, se fit élire irrégulièrement en 974, du vivant de Benoît VI et de Jean XIV, ses compétiteurs. À sa mort, son corps fut traîné par les pieds et abandonné sur une place, 985. Il était Romain et fils de Ferrucius il usurpa la chaire de saint Pierre en 974, s'y réinstalla en 984 et mourut en juillet 985. En juin 974, un an après la mort de l'empereur Otton Ier, Crescentius, fils de Théodora et frère de Jean XIII, provoqua à Rome une insurrection au cours de laquelle les Romains enfermèrent brutalement Benoît VI dans le château Saint-Ange et lui donnèrent comme successeur le cardinal-diacre Franco, qui prit le nom de Boniface VII. Le pontife emprisonné fut rapidement exécuté sur les ordres de l'usurpateur. Mais un peu plus d'un mois plus tard le représentant impérial, le comte Sicco, avait pris possession de la ville et Boniface, incapable de s'y maintenir, s'enfuit à Constantinople avec les trésors de la Basilique du Vatican. Après un exil de neuf années à Byzance, Otto II mourut le 7 décembre 983 et Franco se hâta de revenir à Rome, se rendit maître de Jean XIV (avril 984), et le jeta dans les cachots de Saint-Ange, où le malheureux mourut quatre mois plus tard, et il dirigea derechef le gouvernement de l'Église. L'usurpateur, qui n'avait jamais cessé de se considérer comme le pontife légitime, data les années de son règne de la déposition de Benoît VI en 974. Pendant plus d'un an Rome supporta ce monstre souillé du sang de ses prédécesseurs. Mais le châtiment fut terrible. Après sa mort soudaine en juillet, 985, dû selon toutes probabilités à la violence, le corps de Boniface fut exposé aux insultes du peuple, traîné par les rues de la ville et finalement, nu et couvert de blessures, jeté aux pieds de la statue de Marc-Aurèle, qui se dressait à cette époque dans le Palais du Latran. Le matin suivant des prêtres pris de pitié enlevèrent le corps et lui donnèrent une sépulture chrétienne.
135 Benoît VII 974/983 Rome Benoît VII Benoît VII fut pape d'octobre 974 à sa mort le 10 juillet 983. Son pontificat a duré 8 ans et 9 mois. Il eut, comme Benoît VI, à lutter contre l'antipape Boniface VII. Né à Rome, fils de David, et auparavant évêque de Sutri, le futur Benoît VII appartenait à la famille des comtes de Tusculum, pivot politique de la noblesse romaine. Il était lié au prince Albéric II (932-954) et apparenté à la famille des Crescenti. Il fut élu par le clergé romain et le peuple sous l'influence de Sicco, envoyé impérial de l'empereur Otton II (973-983), comme candidat de compromis pour remplacer l'antipape Boniface VII (974, 984-985). Ce dernier fut excommunié et tenta sans succès de ressaisir la papauté. Il gouverna Rome paisiblement pendant près de neuf ans, chose assez rare en ces temps là. Il promut le monachisme et la réforme ecclésiastique de concert avec l'empereur Otton II. Il consacra aussi également le prêtre Jacques qui lui avait été envoyé par le peuple de Carthage « pour aider la malheureuse province d'Afrique ». En mars 981, il présida à Saint-Pierre un synode qui interdisait la simonie, pratique devenue très générale dans l'Église et qui avait, entre autres effets, celui d'accroître le nombre des prêtres mariés : ces derniers en effet avaient obtenu que leurs fils légitimes héritassent des bénéfices et des charges que leurs pères avaient achetées. Il visita la ville d'Orvieto avec son neveu, Filippo Alberici, qui devait s'y installer plus tard et devint consul de cette ville-État en 1016. La famille des Alberici y vit encore aujourd'hui.
136 Jean XIV 983/984 Pavie Jean XIV Jean XIV, né Pietro Canepanova à Pavie en Lombardie, fut le 136e pape de l'Église catholique du mois de décembre 983 au 20 août 984. Après la mort de Benoît VII l'évêque Pietro Campanora de Pavie, ancien chancelier impérial d'Italie, fut élu pape avec le consentement de l'empereur Othon II, et fut couronné à la fin de novembre ou au début décembre de l'an 983, où il prit le nom de Jean car il ne voulait pas qu'un autre pape portât le nom de l'apôtre Pierre, premier pape de l'Église. Il est à noter que les quelques autres Pierre qui accèderont à la papauté changeront toujours de prénom pour la même raison. Le 7 décembre de la même année, le jeune empereur Othon II mourut à Rome, préparé à la mort par le Pape, et fut enterré dans le vestibule de Saint-Pierre de Rome. Lorsque l'antipape Boniface VII, créé par les soutiens romains des Crescentius, reçut à Constantinople la nouvelle de la mort de l'Empereur, il revint à Rome (en avril 984) et avec l'aide de ses soutiens, fit le pape Jean XIV prisonnier et l'enferma dans les geôles du Château Saint-Ange puis s'empara du trône pontifical. Après quatre mois de détention, Jean XIV mourut en prison le 20 août 984 de faim et de misère ou assassiné sur l'ordre de Boniface. Quelques siècles après, les archives pontificales ont cru un moment que cette période de quatre mois correspondait à un nouveau pontificat, celui du Pape Jean XIV BIS. Ce comptage erroné fit que le Pape Jean XX n'eut jamais existé, alors qu'un Pape Jean XXI existe !
ANT Boniface VII (2) 984/985 Rome Boniface VII (2) Retourne à Rome après la mort d’Othon II et emprisonne Jean XIV. Il était Romain et fils de Ferrucius il usurpa la chaire de saint Pierre en 974, s'y réinstalla en 984 et mourut en juillet 985.
137 Jean XV 985/996 Rome Jean XV Jean XV (né à Rome sous le nom de Giovanni di Gallina Alba, et mort le 1er avril 996) est le 137e pape de l'Église catholique romaine pendant 10 ans et 8 mois d'août 985 au 1er avril 996. Il fut à l'origine de l'idée de trêve de Dieu. Après que le pape Jean XIV eut été détrôné par la force, l'antipape Boniface VII régna onze mois jusqu'à sa mort en juillet 985. Un romain du nom de Jean, fils de Leo un prêtre romain, fut alors élu pape, et couronné entre le 6 août et le 5 septembre 985. Plus tard, quelques chroniqueurs (comme Marianus Scotus ou Geoffroy de Viterbo) et des catalogues papaux donnèrent comme successeur immédiat de Boniface un autre Jean, fils de Robert, supposé avoir régné quatre mois, et certains historiens le considèrent dans la liste des papes comme le « véritable » Jean XV. Bien qu'il soit avéré que ce pape Jean XV n'ait jamais existé, le fait même qu'il fut catalogué comme tel par certains historiens a introduit une certaine confusion dans la liste des papes, le vrai Jean XV étant parfois affublé du numéro de règne XVI. À cette époque, le patricien Jean Crescentius, fils du duc Crescentius, avait obtenu avec l'appui de ses partisans le contrôle total du pouvoir temporel à Rome. Selon les chroniqueurs de l'époque, l'influence de Crescentius devint si pénible pour le Pape, auquel il interdisait l'accès à Rome sauf versement de pots-de-vin, qu'il s'enfuit en Toscane et rechercha l'appui de l'impératrice Théophano, mais céda finalement devant les promesses de Crescentius et revint à Rome. De fait, Jean passa le reste de son pontificat sous l'influence du puissant patricien, bien qu'il parvint à maintenir des relations amicales avec la cour d'Allemagne et les deux impératrices Adélaïde, veuve d'Othon Ier, et Théophano, veuve d'Othon II, alors en conflit. Le légat du Pape, Léon de Trevi, parvint à faire conclure entre les parties la Paix de Rouen (1er mars 991) ratifiée par une bulle papale. Une sérieuse dispute se produisit lors du pontificat de Jean XV à propos du siège archiépiscopal de Reims, et la médiation papale ne conduisit, dans un premier temps, à aucun résultat. Hugues Capet, qui avait été porté sur le trône de France, fit d'Arnulf, un neveu du duc Charles de Lorraine, l'archevêque de Reims en 988. Charles était un adversaire d'Hugues Capet, et parvint à prendre Reims en faisant prisonnier son archevêque. Cependant, Hugues, considérant Arnulf comme un traitre, demanda au Pape de le déposer. Avant que sa demande obtienne une réponse, Hugues captura le duc Charles et l'archevêque Arnulf, et convoqua un synode à Reims en juin 991, lors duquel Arnulf fut déposé et l'abbé Gerbert d'Aurillac (futur pape Sylvestre II) fut choisi pour lui succéder. Ces méthodes furent rejetées par Rome, bien que le synode tenu ensuite à Chelles ait avalisé les décrets de celui de Reims. Le Pape enjoignit les évêques français à tenir un synode indépendant à Aix-la-Chapelle afin de reconsidérer le problème. Lorsqu'ils refusèrent, il les convoqua à un synode à Rome, mais ils lui opposèrent les situations instables en France et en Italie pour ne pas obéir à cette convocation. Jean XV envoya l'abbé Léon de Saint-Boniface en France comme légat, avec pour instructions de convoquer un synode des évêques français et allemands à Mousson. Seuls les évêques allemands s'y rendirent, les français étant arrêtés sur la route par les rois Hugues et Robert. Gerbert d'Aurillac essaya de se disculper au synode s'étant tenu le 2 juin 995 mais fut condamné et suspendu jusqu'au 1er juillet, lorsqu'un nouveau synode fut tenu à Reims. Suivant les exhortations du légat, la déposition d'Arnulf fut considérée comme illégale. Après la mort d'Hugues Capet le 23 octobre 996, Arnulf fut relâché et en 997 le Saint-Siège confirma sa restauration dans toutes ses prérogatives. Gerbert d'Aurillac se rendit à la cour impériale à Magdeburg, et devint précepteur du futur Othon III. Lors d'un synode romain s'étant tenu au Latran le 31 janvier 993, l'évêque Ulrich d'Augsburg fut solennellement canonisé, évènement annoncé aux évêques français et allemands dans une bulle datée du 3 février : il s'agit de la première canonisation solennelle prononcée par un pape. Jean XV conféra de nombreux privilèges aux églises et couvents, et fut mécène et protecteur des moines de Cluny. En 996, l'empereur Othon souhaitait profiter d'un voyage en Italie pour obtenir un couronnement impérial par le Pape, mais Jean XV mourut début avril, alors qu'Othon n'arriva que le 12 du mois à Pavie, où il célébra Pâques. Jean XV est inhumé dans l'ancienne basilique Saint-Pierre de Rome.
138 Grégoire V 996/999 Saxe Grégoire V Le pape Grégoire V est né en 973, probablement à Stainach ou à Enns, dans le Saint-Empire romain germanique (actuellement en Autriche). Il est nommé pape par Otton III qu'en retour il couronne empereur du Saint-Empire. Son pontificat dure du 3 mai 996 au 18 février 999. Grégoire V, nom d'origine Bruno von Kärnten ou Bruno de Carinthie, est originaire de Styrie en Autriche. Il est le deuxième fils de Otto de Worms, duc de Carinthie et marquis de Vérone et de Judith von Kärnten. Il est le petit-fils de l'empereur Othon le Grand. C'est aussi le cousin d'Otton III du Saint-Empire, roi des Romains à partir de 983 et empereur germanique de 996 à 1002. Grégoire V est également l'oncle de l'empereur germanique Conrad le Salique. Bruno est éduqué à Worms par l'archevêque Willigis de Mayence avec un autre professeur qui était Johannes Philagathos, qui deviendra Jean XVI, considéré comme antipape (997 à 998). Il exerce d'abord comme vicaire à Worms et accompagne en mars 996, en tant que vicaire de la cour royal, avec l'archevêque Willigis et l'évêque Hildebold, son roi et cousin Otto III durant son premier voyage à Rome. En effet, il se rend en Italie afin de se faire couronner, mais aussi pour répondre à l'appel à l'aide du pape Jean XV, agressé et chassé de Rome par le préfet Crescentius et ses partisans. Le pape Jean XV meurt début avril 996. Otto III n'est pas encore à Ravenne lorsqu'il désigne comme candidat au tître de souverain pontife, son parent et chapelain privé, Bruno de Carinthie et le fait accompagner par l'archevêque de Mayence Willigis et l'évêque Hildebold jusqu'à Rome. Il y est reçu avec honneur et élu par le clergé et le peuple. Il est consacré pape le 3 mai 996 et prend le nom de Grégoire V, en hommage à Grégoire Ier, l'un des Pères de l'Église. Il est le premier pape d'origine germanique à recevoir la tiare papale. A 23 ans, il est le 138e pape reconnu par l'Église catholique romaine.
Pontificat
Les premières semaines de son pontificat sont principalement orientées dans les préparatifs pour le couronnement d'Otton III, qui a lieu des mains de Grégoire V, le 21 mai 996, jour de l'Ascension. Le lendemain, grâce à l'intervention de Grégoire V, Otton III pardonne à Crescentius, le préfet de la ville, qui avait été condamné à l'exil. Au milieu de l'agitation des cérémonies du couronnement, sont convoqués un synode à Pavie et un concile à Rome : ils se distinguent par le fait, qu'en raison de la coopération étroite entre l'empereur et le pape, apparaît une coprésidence du synode et la double signature des décrets4. Lors du concile de Rome, les principales discussions portent sur le Grand Schisme d'Orient qui a commencé en 9915, lors du concile de Reims6. Quand l'empereur, en Août 996, quitte l'Italie, il confie au marquis de Tuscia et Conrad Hugues, comte de Spolète et de Camerino, la tâche de soutenir militairement le pape. Il donne à Conrad, sept comtés de la Pentapole, sur lesquels, la souveraineté du pape et de l'empereur n'est pas clairement accordée. Le nouveau pape diffère par sa conduite exemplaire. Les croyants placent de grands espoirs en lui, car la fin du premier millénaire approche, avec les nombreuses craintes d'un jugement de Dieu et le souci de la fin du monde réunis.
Éviction et retour de Grégoire V
Dans les derniers jours du mois de septembre 996, quelques mois seulement après avoir été gracié par l'empereur Otton III, l'ancien préfet, Crescentius entreprend de faire chasser Grégoire V de Rome. Celui-ci fuit à Spoleto. Crescentius complote avec l'archevêque de Plaisance et l'ancien conseiller de Théophano, Jean Philagathos, et fait élire ce dernier (considéré actuellement comme antipape) sous le nom de Jean XVI. La révolte de Crescentius est définitivement écrasée par Otton III, qui marche une fois de plus sur Rome, en février 998. Crescentius est décapité. Jean XVI s'enfuit, mais les troupes impériales le pourchassent puis le capturent, lui coupent le nez et les oreilles, lui arrachent la langue et l'aveuglent, l'empêchant ainsi d'écrire et l'humilient publiquement devant Otton III et Grégoire V, avant de l'enfermer dans un monastère romain. Jean XVI est, par la suite, envoyé dans le monastère de Fulda, en Germanie, où il meurt vers 1001. Grégoire V reprend son siège à Rome, mais le châtiment exemplaire, à l'encontre de Jean XVI et Crescentius, leur vaut la malédiction de l'ermite Nil de Rossano7. Grégoire meurt à Rome, le 18 février 999, probablement de paludisme à l'âge de 27 ans. Selon certains, il pourrait avoir été empoisonné. Il est enterré dans les tombes papales dans l'antique basilique Saint-Pierre, à côté d'Otton II, qui est le seul empereur du Saint Empire romain à mourir à Rome et à être enterré dans l'Antique basilique vaticane.
ANT Jean XVI 997/998 Rossano Jean XVI Jean XVI , né Johannes Philagathos et appelé par les chroniqueurs latins Piligato ou Filagatto, fut antipape de 997 à 998. Né à Rossano, dans les territoires byzantins au sud de la péninsule italienne, il fut chapelain de Théophano Skleraina1, impératrice consort de l'empereur Otton II (973–983), venue de Constantinople. Il fut deux fois chancelier impérial en Italie pour Otton II, entre 980 et 982, où il fut nommé abbé de Nonantola, et entre 991 et 992. Entre ses séjours en Italie, il fut nommé tuteur du fils de l'empereur âgé de sept ans, futur Otton III, en 987. Par entremise de l'impératrice, il fut nommé archevêque de Plaisance, et fut envoyé à Constantinople afin d'accompagner une princesse byzantine pour le jeune Otton. Après la mort de l'empereur, l'empereur Otton III (983–1002) vint en aide au pape Jean XV (985–996) en 996, afin de mater la rébellion d'une faction dirigée par le riche et puissant noble romain Crescentius le Jeune. Otton III s'arrêta à Pavie afin de se faire acclamer Roi de Lombardie, et échoua à rejoindre Rome avant la mort du pape. Une fois à Rome, Otton III poussa à l'élection de son cousin Bruno de Carinthie en tant que pape Grégoire V (996–999), et le nouveau pontife couronna Otton III empereur le 21 mai 996. Une fois Otton III reparti vers la Germanie, la faction menée par Crescentius le Jeune déposa Grégoire V par la violence et, avec le soutien actif de l'empereur d'Orient, Basile II, proclama Johannes comme pape sous le nom de Jean XVI (997–998). Un synode des évêques d'Occident se tint en 997 dans la capitale impériale d'Italie, Pavie, et se prononça en faveur de Grégoire V et excommunia Jean XVI. La révolte de Crescentius le Jeune fut définitivement écrasée par Otton III, qui marcha une fois de plus sur Rome, en février 998. Jean XVI s'enfuit, mais les troupes impériales le pourchassèrent puis le capturèrent, lui coupèrent le nez et les oreilles, lui arrachèrent la langue et l'aveuglèrent, l'empêchant ainsi d'écrire et l'humilièrent publiquement devant Otton III et Grégoire V, avant de l'enfermer dans un monastère romain. Jean XVI fut par la suite envoyé dans le monastère de Fulda, en Germanie, où il mourut vers 1001. Le consentement de Johannes à son investiture pontificale contre l'élection de Grégoire peut être perçue comme une manipulation dans le cadre des complots politiques permanents de la noblesse romaine contre le pouvoir impérial, accroissant l'influence de Byzance contre l'hégémonie du pouvoir impérial à Rome, où Grégoire fut le premier des pontifes germaniques. Jean XVI n'étant pas un pape légitime, les papes Jean XVII, Jean XVIII et Jean XIX prirent les numéros de règne XVI, XVII et XVIII, mais des historiens du Moyen Âge corrigèrent leurs noms en incluant l'antipape Philagathos parmi les papes, et la mauvaise séquence ne fut jamais corrigée par la suite.
139 Sylvestre II 999/1003 Aurillac Sylvestre II Gerbert d'Aurillac (né entre 945 et 950 à Aurillac en Auvergne – mort le 12 mai 1003 à Rome), dit le « savant Gerbert », pape sous le nom de Sylvestre II de 999 à 1003, est un philosophe, un mathématicien et un mécanicien. Il contribua à l'introduction et à l'essor en Occident de la numération de position, des tables d'opérations et des chiffres dits arabesnote. Il œuvra à la restauration d'un empire universel sur les bases de l'Empire carolingien. Dans ce dessein, Otton III — dont il fut le précepteur — favorisa son élection au Saint-Siège. Il fut un acteur scientifique et politique majeur du renouveau de l'Occident médiéval de l'an mille. Fils d'un pauvre pâtre du voisinage, il est admis vers l'âge de douze ans au monastère bénédictin fondé par saint Géraud à Aurillac et y étudie les arts libéraux qui comprennent le trivium et le quadrivium sous l'enseignement de l'écolâtre Raymond de Lavaur. L'abbaye se développe parallèlement à celle de Cluny depuis l'abbatiat d'Odon de Cluny. Depuis que Garin, abbé de Saint-Pierre-de-Lézat, (monastère rattaché à Cluny en 940) est devenu abbé de Saint-Michel de Cuxa, beaucoup d'abbayes bénédictines d'Aquitaine et de Catalogne se regroupent dans la sphère clunisienne. Cependant, Aurillac restera une abbaye chef d'ordre avec une multitude de filiales dans toute l'Aquitaine. En 963, le comte Borrell II de Barcelone se rend à Rodez pour épouser Leutgarde, fille du comte de Rouergue (qui est aussi marquis de Gothie). Il fait étape à l'abbaye d'Aurillac pour vénérer les reliques de saint Géraud. L'abbé Adralde l'interroge sur le savoir des abbayes catalanes. Borrell lui confirme l'excellence de ces monastères et l'abbé convainc le comte d'emmener Gerbert, qui est particulièrement brillant, y poursuivre sa formation. Le comté de Barcelone correspond à la région de Catalogne que Charlemagne a érigée en marche défendant son empire contre les menées éventuelles des Sarrasins. À cette époque, le califat omeyyade est à son apogée et la cour de Cordoue est le plus grand centre intellectuel d'Europe : la bibliothèque du calife Al-Hakam II contient des milliers de volumes. La réputation des savants de Cordoue a gagné la Catalogne et beaucoup de leurs œuvres sont connues et traduites de l'arabe en latin. Au monastère de Ripoll, dirigé par Arnulf entre 948 et 970, les moines recopient des traductions d'ouvrages d'astronomie, d'arithmétique ou de géométrie. En 967, introduit par Borrell, Gerbert est pris en charge par Hatton, le très érudit évêque de Vich, particulièrement féru de mathématiques. Gerbert poursuit son instruction dans les abbayes catalanes de Vich et de Ripoll13 où il peut approfondir son savoir en sciences (quadrivium). Bien qu'ignorant la langue grecque comme presque tous les lettrés occidentaux de son époque14, Gerbert fait preuve d'un exceptionnel appétit de savoir. Il perfectionne sa connaissance de la culture antique à travers Virgile, les traductions latines d'Aristote et de Porphyre de Tyr et les œuvres de Cicéron et surtout de Boèce. C'est par les Apices de ce dernier qu'il s'initie à l'arithmétique. Il y remarque la numérotation décimale (sans le zéro) notée en chiffres Ghûbar, dans le Codex Vigilanus, datant de 976 et provenant du monastère aragonais d'Albelda15 (province de Huesca). Ces chiffres sont utilisés par les nombreux marchands arabes à Barcelone. Libéré de la lourdeur des chiffres romains, il peut ainsi aborder les calculs pratiques et imaginer une table à compter — l’abaque de Gerbert — qui systématise le principe de la numération de position et le procédé de calcul matriciel de nos quatre opérations et de nos tableurs. Le monastère de Ripoll abrite aussi une école musicale (la musique fait partie du quadrivium) et ses moines recopient des hymnaires et des antiphonaires en utilisant la notation neumatique. Après trois ans d'étude, en 970, Gerbert accompagne à Rome Hatton de Barcelone et Borrell II, qui cherchent à émanciper l'Église catalane de la tutelle de l'archevêque de Narbonne. Hatton et Borrell obtiennent du pape Jean XIII que Vich soit élevée au rang de métropole, ce qui autonomise les évêchés catalans et les soustrait à la tutelle de l’archevêché de Narbonne. C'est à cette occasion que Gerbert est présenté au pape, lequel, voyant qu’il maîtrise parfaitement la musique et l’astronomie mal connues en Italie, envoie un légat pour en informer l'empereur Otton Ier. Ce dernier, recherchant des maîtres capables d’encourager un renouveau culturel, apprend ainsi qu’il y a « un jeune homme versé dans les mathématiques et capable de les enseigner avec zèle ». Ayant déjà fait venir Étienne de Novare à Wurzbourg et Gunzo à Saint-Gall puis à Reichenau, l'empereur demande à voir Gerbert. Une fois qu'il eut rencontré Gerbert, Otton Ier voulut absolument le conserver dans son entourage. Il demanda donc à Jean XIII de trouver un moyen de le retenir à Rome. Hatton est assassiné à Rome le 22 août 971 : Gerbert, ayant perdu son maître, n’a dès lors plus d’intérêt à retourner en Catalogne. Il reste au service de l’empereur et devient le précepteur de son fils Otton II. Pendant cette période Gerbert se lie d’amitié avec le jeune Otton et sa mère l’impératrice Adélaïde, ainsi qu’avec de nombreux membres de la cour. Le 14 avril 972, Otton II épouse Théophano, à Saint-Pierre de Rome. Lors de ces festivités, Gerbert rencontre Garamnus, archidiacre de Reims et dialecticien de renom, venu probablement représenter Adalbéron de Reims et le roi Lothaire à ces noces. Garamnus est fort savant en dialectique, discipline que Gerbert veut travailler, et s'intéresse à l’enseignement du quadrivium, que l'Aurillacois maîtrise parfaitement. L’empereur, sur le point de regagner la Germanie, laisse Gerbert partir pour Reims avec son nouvel ami.

Élus au 11 ème siècle * Grand Schisme d'Occident en 1054 sous le pontificat de Léon IX , à partir de cette date il y aura le patriarcat d'Occident (Christianisme Catholique ) et le patriarcat de Constantinople (Christianisme orthodoxe) . *

Depuis des décennies les Byzantins s'éloignent de Rome : ils sont excédés par les liens entre Rome et l'empire ottonien. Surtout que les menées du pape et des empereurs en Italie du Sud ont tout pour faire de Byzance un adversaire. En 1054 , le schisme des civilisations et des cultures est depuis longtemps consommé , mais c'est cette année-là que la rupture devient officielle. Depuis le patriarcat de Michel Cérulaire , les relations entre Rome et Constantinople sont très tendues : les couvents et églises des Latins à Constantinople sont fermés. Si l'affirmation de la papauté comme étant à la tête de l'Église universelle est le fondement du schisme , c'est une controverse sur l'Eucharistie qui le déclenche. Les Latins utilisent un pain sans levain et les Grecs du pain ordinaire. Léon IX fait réfuter les traités grecs traitant du problème. Humbert de Moyenmoutier dans son Dialogus écarte les assertions des Grecs , condamne le mariage des prêtres en usage en Orient et accuse les Byzantins d'hérésie car ils n'admettent pas le Filioque et les menaces d'excommunication. Le pape envoie les légats Humbert de Moyenmoutier et Pierre d'Amalfi à Constantinople pour y explorer la possibilité d'une réconciliation avec l'Église du lieu. Mais malgré les efforts de l'empereur Constantin IX , les légats excommunient le patriarche et ses partisans le 16 juillet 1054. Cérulaire contre-attaque par une excommunication générale des Latins , ouvrant ainsi le schisme entre l'Occident et l'Orient. En fait , les légats ne savent pas lorsqu'ils excommunient le patriarche que leur mandat n'est plus valable du fait de la mort du pape survenue le 19 avril 1054.

No Nom Pontificat Naissance Notes
140 Jean XVII 1003 Rome Jean XVII Jean XVII , né sous le nom de Siccone Sicconi à Rome , fut le 140e pape de l'Église catholique romaine du 16 mai au 6 novembre 10031 (lieu de sépulture inconnu) , succédant ainsi au pape Sylvestre II. Avant d'entrer dans les ordres , puis d'être porté à la tête de l'Église par Jean Crescentius qui dirigeait Rome en opposition à l'empereur Otton III , Siccone Sicconi fut marié et les trois fils qu'il eut devinrent évêques. Le précédent pape légitime portant le nom de Jean est le pape Jean XV , Jean XVI étant considéré comme un antipape. Le numéro de règne aurait donc dû être réutilisé , mais ne le fut pas. Cette confusion a fait que certains catalogues papaux font intervenir un pape fictif sous le nom de Jean XV et que le Jean XV historique se voit attribuer le numéro de règne XVI.
141 Jean XVIII 1003/1009 Rome Jean XVIII Né Jean Fasano (ou Fasanius ou Phasanius) , Jean XVIII fut consacré pape le jour de Noël en 1003 , charge dont il démissionna en juin 1009. Il était le fils d'un prêtre romain nommé Leo et portait le nom , avant son accession au trône pontifical , de Phasanius. Comme ses prédécesseurs Jean XVI (antipape) et Jean XVII , il dut son élection à l'influence de la famille Crescentius. Les principales réalisations de son pontificat consistèrent à régler des détails de l'administration ecclésiastique. Il confirma ainsi les possessions et privilèges de plusieurs églises et couvents autorisa différents dons à des institutions religieuses conféra des privilèges ecclésiastiques au siège épiscopal de Merseburg venant d'être restauré donna son accord lors du synode romain de juin 1007 à la création de l'évêché de Bamberg , créé et doté par le roi allemand Henri II et conféra le pallium aux archevêques Meingaudus de Trèves et Elphege de Canterbury. Jean XVIII s'opposa avec force aux prétentions de l'archevêque Letericus de Sens et de l'évêque Fulco d'Orléans, qui refusaient d'autoriser l'abbé de Fleury , Goslin , d'user des privilèges que lui avait alloués Rome , et essayèrent de lui faire bruler les chartes papales. Le Pape s'en plaignit auprès de l'Empereur, et convoqua les deux prélats devant son tribunal sous la menace de censures ecclésiastiques pour tout le royaume de France. Il fut reconnu à Constantinople comme évêque de Rome. Son épitaphe - sa sépulture se situant dans l'ancienne basilique Saint-Pierre de Rome - indique qu'il soumit les Grecs et surmonta un schisme. Son nom apparaît sur les diptyques de l'Église byzantine. Il mourut au monastère Saint Paul près de Rome , où il s'était retiré en qualité de moine.
142 Serge IV 1009/1012 Rome Serge IV Serge IV , (en latin : Sergius IV) , Pietro Martino Buccaporci , Boccapecora ou Boccadiporco , est peut-être né à Rome , ou d'origine provençale. Il est pape du 31 juillet 1009 au 12 mai 1012. Sûrement en raison d'une malformation au visage , il était affligé du surnom Os porci , ce qui signifie groin ou museau de porc. Il était évêque d'Albano depuis cinq ans lorsqu'il fut nommé pape par Jean II Crescentius , maître de Rome. Il changea son nom par respect pour Saint-Pierre. Instruit et vertueux il se montrait charitable envers les pauvres. Au cours de son pontificat , il fut en contact avec l'empereur Henri II d'Allemagne ratifia les privilèges accordés par le pape Jean XVIII à la cathédrale de Bamberg et s'efforça d'unir les puissances italiennes contre les Sarrasins établis en Sicile. À sa mort , il fut inhumé dans la basilique Saint-Jean de Latran , située à Rome , après un pontificat qui dura deux ans , neuf mois et demi.
143 Benoît VIII 1012/1024 Tusculum Benoît VIII Benoît VIII (Teofilatto) , né en Italie dans la région de Latium , pape du 18 mai 1012 au 9 avril 1024. Il est de la famille des comtes de Tusculum. Il eut pour concurrent un certain Grégoire , qui le força à sortir de Rome mais il fut réintégré par l'empereur Henri II du Saint-Empire. Les Sarrasins étant venus en 1016 envahir ses États , il se mit lui-même à la tête des troupes et extermina l'ennemi. Il rendit des ordonnances contre le célibat des prêtres. Il fut inhumé dans l'ancienne basilique Saint-Pierre , après un pontificat de 11 ans , 10 mois et 3 semaines.
ANT Grégoire VI 1013 ? Grégoire VI En 1045 , le trône pontifical était occupé par un jeune débauché , Benoît IX sa famille , les influents Tusculani , l'y avait placé à la suite d'une élection simoniaque quoiqu'il n'eût pas la moindre vocation. Comme l'idée lui était venue de se marier , il demanda conseil à son parrain Jean Gratien , archiprêtre de Saint Jean Porte latine , dont la droiture était connue , s'il lui était permis d'abdiquer. Quand on lui eut expliqué qu'il en avait le droit , il offrit à son parrain de lui céder sa place contre une grosse indemnité (peut-être mille ou deux mille livres d'argent). Un peu naïvement Jean Gratien accepta , convaincu qu'il valait mieux ne pas laisser un pape aussi indigne sur le trône de saint Pierre et il lui succéda sous le nom de Grégoire VI. Les réformateurs l'accueillirent avec joie et il eut même le soutien de saint Pierre Damien , si strictement légaliste pourtant. L'affaire n'était pas finie : un autre candidat était en lice , Jean , évêque de Sabina , proclamé pape sous le nom de Sylvestre III. Il s'était jadis opposé à Benoît IX , s'était fait élire lui aussi par une élection simoniaque et , bien que finalement vaincu , n'avait pas renoncé à ses prétentions. Pour compliquer encore davantage la situation , comme Benoît IX , le pape démissionnaire , n'avait pas réussi à obtenir la dame qu'il convoitait , il revint sur son abdication , ce qui faisait désormais trois papes se disputant le siège. Dans ces conditions , avec un trésor vide et un clergé corrompu , c'était une tâche surhumaine pour Grégoire de mener à bien son désir de réforme , et il ignorait qu'elle devait par la suite être reprise par son secrétaire Hildebrand qui deviendrait le fameux Grégoire VII. Finalement une partie du clergé abandonna alors les trois papes et demanda l'arbitrage du roi de Germanie Henri III qui vint en Italie à l'automne 1046. À la demande du roi , qui semblait le reconnaître , Grégoire VI convoqua un synode qui s'ouvrit à Sutri le 20 décembre. Il condamna Sylvestre III comme usurpateur , le déclara déchu de ses dignités épiscopale et sacerdotale , et l'enferma dans un couvent pour le reste de ses jours. Avec Benoît IX , on fit encore moins de façon : il avait abdiqué et ne possédait donc plus aucun droit. Mais on se retourna ensuite contre Grégoire VI en lui rappelant qu'il avait acheté son trône et n'était donc pas moins simoniaque que les autres , si bien qu'il fut obligé de démissionner , laissant la place à un Allemand , Clément II , l'évêque de Bamberg. Il suivit ensuite Henri III en Allemagne où il mourut bientôt à Cologne.
144 Jean XIX 1024/1032 Tusculum Jean XIX Après la mort du dernier « Patricien » de la Maison des Crescentius , les comtes de Tusculum s'emparèrent du pouvoir à Rome et un de leurs descendants fut élevé sur le trône pontifical sous le nom de Benoît VIII , alors que son frère , Romanus , exerçait le pouvoir temporel dans la ville en tant que Consul et sénateur. Après la mort de Benoît , Romanus , bien que laïc , fut élu pape entre le 12 avril et le 10 mai 1024. Il entra immédiatement dans les ordres , prit le nom de Jean et tenta de rallier les Romains à sa cause en engageant des dépenses somptuaires. Peu après son accession au trône , l'empereur de Byzance , Basile II , envoya une ambassade à Rome pour réclamer en son nom la reconnaissance par le Pape du titre de Patriarche œcuménique porté par les Patriarches de Byzance , qui indiquait la prééminence de ces derniers sur les Églises d'Orient. Les riches présents apportés par les émissaires étaient destinés à infléchir le Pape , et ce dernier ne semblait pas opposé à accéder aux souhaits byzantins. Bien que les négociations étaient tenues secrètes , l'affaire devint publique et poussa les cercles de penseurs religieux , et tout particulièrement ceux prônant une réforme ecclésiastique en France et en Italie , à agir. L'opinion publique contraint le Pape à refuser les requêtes et présents des Byzantins , ce qui poussa le Patriarche Eustachius de Constantinople à effacer le nom du Pape des diptyques de ses églises. Jean invita le célèbre musicien Guido d'Arezzo à visiter Rome et à expliquer la notation musicale qu'il avait inventée. Il couronna aussi empereur le 26 mars 1027 à Rome Conrad le Salique , élu roi d'Allemagne après la mort d'Henri II le 1er juillet 1024 , qu'il avait invité , avec l'archevêque de Milan Heribert , à se rendre en Italie et qui avait reçu en 1026 la couronne de fer de Lombardie après avoir traversé les Alpes , accompagné de deux rois , Rodolphe des Burgondes et Canut du Danemark et d'Angleterre. Le 6 avril de la même année , un grand synode se tint dans la basilique du Latran , où la discorde entre les patriarches d'Aquilée et de Grado fut tranchée , sous l'influence de l'Empereur , en faveur du premier. Poppo d'Aquilée fut ainsi l'unique patriarche , l'évêque étant sous sa juridiction. De plus , le Patriarcat d'Aquilée pris la primauté sur tous les évêques italiens. Deux ans après (1029) , Jean XIX révoqua cette décision , et lors d'un nouveau synode restaura le Patriarche de Grado dans ses anciens privilèges. Le roi Canut du Danemark et d'Angleterre obtint du Pape la promesse que ses sujets danois et anglais ne soient pas soumis aux taxes douanières lors de leur route vers l'Italie et Rome , et que les archevêques de son royaume ne soient pas aussi lourdement taxés pour l'octroi du pallium. Jean octroya à l'évêque de Silva Candida (près de Rome) le privilège spécial de dire la messe à Saint-Pierre de Rome certains jours. Un antagonisme sur la prééminence entre les archevêques de Milan et de Ravenne fut réglé par le Pape en faveur du premier. Il prit l'abbaye de Cluny sous sa protection , et renouvela ses privilèges malgré l'opposition de Goslin , évêque de Mâcon , et dans le même temps il réprimanda l'abbé Odilon de Cluny pour voir refusé l'épiscopat de Lyon. Il éleva la fête de saint Martial , disciple réputé des Apôtres et fondateur de l'Église de Limoges , au rang d'une fête d'apôtre. Le Pape maintint , pour certains évêques français , les droits du Saint Siège. Jean XIX semble avoir été le premier pape à produire une indulgence en échange de l'octroi d'aumônes. Il mourut à la fin de 1032 , probablement le 6 novembre. Sa dépouille est inhumée dans l'ancienne basilique Saint-Pierre.
145 Benoît IX 1032/1044 Tusculum Benoît IX Benoît IX (Théophylacte de Tusculum), né dans le Latium vers 1012, mort à Grottaferrata entre le 18 septembre 1055 et le 9 janvier 1056, fut pape à trois reprises : du 21 octobre 1032 à septembre 1044 , du 10 mars 1045 au 1er mai 1045 et du 8 novembre 1047 au 16 juillet 1048 , pour une durée totale de douze ans.
Premier pontificat
Issu de la puissante famille des Tusculani , il est le fils d'Albéric III , l'influent comte de Tusculum , et le neveu des papes Benoît VIII et Jean XIX , lesquels étaient frères. À la mort de ce dernier , Albéric fait élire son fils pape. Laïc , Théophylacte est également très jeune. Selon Raoul Glaber (Histoires , IV , 5) , il aurait douze ans à sa montée sur le trône pontifical. L'affirmation est acceptée par Mgr Duchesne mais est mise en doute par la plupart des historiens contemporains : les mœurs dont l'accusent les chroniqueurs ultérieurs supposent qu'il a au moins atteint la puberté. Quoi qu'il en soit , Benoît IX est certainement l'un des plus jeunes papes de l'histoire avec son lointain parent Jean XII , pape à 16 ans. Il est couronné dès le lendemain de son élection. Benoît continue la politique d'apaisement ébauchée par son prédécesseur vis-à-vis de la noblesse : son père se retire partiellement de la vie politique , peu à peu remplacé par son frère , Grégoire II. Les contacts avec l'Empereur ne commencent pas avant la décision de Conrad II le Salique , en 1037 , de déposer Aribert , archevêque de Milan. Contrairement aux espoirs impériaux , Benoît n'approuve pas immédiatement cette décision , mais attend l'année suivante pour excommunier Aribert , comme demandé. Il fait également preuve de son indépendance en cassant en 1044 la décision imposée par Conrad II à Jean XIX au sujet du patriarcat d'Aquilée. En matière ecclésiastique , Benoît IX soutient les ordres monastiques contre les ordinaires. Sur l'initiative de Pierre Damien, il dépose deux évêques considérés comme simoniaques. Il canonise Siméon de Syracuse , mort en ermite à Trèves. En septembre 1044 , une émeute contre le clan Tusculanum, menée par les Stephani — une branche des puissants Crescentii, rivaux des Tusculani — le force à fuir Rome. Poussés par les Stephani , les Romains élisent Jean , évêque de Sabina en janvier 1045 au terme d'une lutte féroce. Il est intronisé le 13 ou 20 janvier 1045 sous le nom de Sylvestre III. Benoît IX réagit par une excommunication immédiate.
Deuxième pontificat
Trois mois plus tard , Benoît IX parvient à prendre Rome et retrouve le trône pontifical le 10 mars. Il devient alors un simple pion dans l'échiquier politique romain , où s'affrontent les grands clans familiaux. Le 1er mai 1045 , il se démet en faveur de son oncle , Jean Gratien , qui est élu sous le nom de Grégoire VI. Les raisons de cette démission restent obscures : Benoît IX aurait été pris de remords après avoir été poussé à la papauté par sa famille , ou aurait voulu épouser l'une de ses cousines. De larges sommes sont également échangées à cette occasion pour dédommager le clan Tusculum. Benoît IX se retire sur ses terres familiales et ne paraît plus en public.
Troisième pontificat
En 1046, l'empereur germanique Henri III, appelé à mettre fin à l'anarchie, se rend en Italie. Grégoire VI convoque le concile de Sutri. Sylvestre III est condamné mais Grégoire VI ne peut pas nier qu'il a acquis sa tiare par simonie : il se voit contraint d'abdiquer. Sous la pression d'Henri III, le concile élit pape, en décembre 1046, Suidger, évêque de Bamberg, qui prend le nom de Clément II. Ce dernier meurt moins d'un an plus tard, le 9 octobre 1047. Les Tusculani profitent de l'occasion pour réinstaurer Benoît IX sur le trône de Pierre. Il accède ainsi une troisième fois au siège pontifical, du 8 novembre 1047 au 17 juillet 1048. Un parti romain proteste auprès de l'Empereur, qui se prononce contre Benoît IX et fait élire à la fin de 1047 le Bavarois Poppo de Brixen, qui prend le nom de Damase II. Ce dernier ne sera pape que 23 jours : il meurt à Palestrina de la malaria. Cependant, Benoît IX a pris la fuite après qu'Henri III a envoyé à Rome le marquis Boniface de Canossa. Celui-ci fait alors élire le Lorrain Brunon d'Eguisheim-Dagsbourg qui prend le nom de Léon IX. Avec l'aide de l'Empereur, le nouveau pape combat les Tusculani et ravage leurs fiefs. Refusant de répondre aux accusations de simonie pesant contre lui, Benoît IX est excommunié, de même que ses proches. À la mort de Léon IX, en avril 1054, Benoît IX tente une nouvelle fois de monter sur le trône pontifical, en vain. Après cet ultime échec, il se retire dans le monastère de Grottaferrata, qui appartient à la sphère d'influence des Tusculani. Il y meurt entre le 18 septembre 1055 et le 9 janvier 1056, et est inhumé dans l'église abbatiale.
Jugements sur Benoît IX
La réputation de ce pontife fut une des pires de celles que nous ont transmises les chroniqueurs contemporains. Saint Pierre Damien (1007-1072) , par exemple, l’a décrit dans le Liber Gomorrhianus , comme « … pataugeant dans l'immoralité , un diable venu de l'Enfer déguisé en prêtre » ou comme « … un apôtre de l'Antéchrist , éclair envoyé par Satan, fouet d'Assur , fils de Bélial, puanteur du monde, honte de l'humanité ». Saint Bonizóne , évêque de Sutri, dit qu'il avait l’habitude de commettre des « lâches adultères et des homicides ». Dans le troisième livre de ses dialogues , le pape Victor III (1086-1087) écrit que Benoit « … se consacrait au plaisir et était beaucoup plus enclin à vivre comme épicurien que comme un pontife » , et il le peignait comme un des pires pontifes qui aient jamais existé. La critique moderne ne peut pas s’écarter beaucoup de cette image. La Catholic Encyclopedia le décrit par exemple comme « … un malheur pour la chaire de saint Pierre » , et Ferdinand Gregorovius écrit que c’est avec Benoît IX que la papauté toucha le fond de la décadence morale « … il menait tranquillement au Latran la vie d’un sultan oriental ». En ce qui concerne son aspect physique , Raffaello Giovagnoli le déduit, dans son roman Benoît IX , de gravures dues à Bartolomeo Platina : « … le visage oblong , la peau de la plus grande blancheur , des pupilles turquoises , des cheveux blonds , bouclés et un peu dégarnis, souffrant d’un léger strabisme et avec un nez aquilin , bien rasé. Il revêt de préférence une tunique de soie blanche , toute travaillée avec des ornements d'or et serrée à la taille au moyen d'une large ceinture de cuir constellée de pierres précieuses […] , un caleçon étroit de soie de Reims très fin et de couleur bleu clair […] , un petit bonnet de soie fort gracieux , d’une couleur bleue rappelant celle de son caleçon et sur lequel s’agitait une plume blanche ». Si des sources postérieures dépeignent Benoît IX comme un homme de mœurs dissolues , selon Luc , septième abbé de Grottaferrata , il aurait fait pénitence sur la fin de ses jours et se serait fait moine.
146 Sylvestre III 1045 Rome Sylvestre III Sylvestre III (Jean de Crescenzi Ottaviani) , né à Rome vers l'an 1000. Évêque de Sabine , il fut élu pape lorsque Benoît IX fut chassé par les Stephani et n'assura son pontificat que du 13 ou 20 janvier au 10 mars 1045. Il excommunia Benoît IX qui excommunie Sylvestre III. Par son très court pontificat de sept semaines , il est titulaire du quatorzième plus court pontificat de toute l'histoire de la papauté. Cette courte durée est due à son abdication , qu'il prit à cause de la contestation régnant lors de son élection. Il est mort vers 1047.
147 Benoît IX (2) 1045 Tusculum Benoît IX (2) Deuxième pontificat
Trois mois plus tard , Benoît IX parvient à prendre Rome et retrouve le trône pontifical le 10 mars. Il devient alors un simple pion dans l'échiquier politique romain , où s'affrontent les grands clans familiaux. Le 1er mai 1045 , il se démet en faveur de son oncle , Jean Gratien , qui est élu sous le nom de Grégoire VI. Les raisons de cette démission restent obscures : Benoît IX aurait été pris de remords après avoir été poussé à la papauté par sa famille , ou aurait voulu épouser l'une de ses cousines. De larges sommes sont également échangées à cette occasion pour dédommager le clan Tusculum. Benoît IX se retire sur ses terres familiales et ne paraît plus en public.
148 Grégoire VI 1045/1046 Tusculum Grégoire VI Grégoire VI (? - Cologne ? , début 1048) né sous le nom de Jean Gratien , fut élu pape le 1er mai 1045 et abdiqua à Sutri le 20 décembre , 1046. En 1045 , le trône pontifical était occupé par un jeune débauché , Benoît IX sa famille , les influents Tusculani , l'y avait placé à la suite d'une élection simoniaque quoiqu'il n'eût pas la moindre vocation. Comme l'idée lui était venue de se marier , il demanda conseil à son parrain Jean Gratien , archiprêtre de Saint Jean Porte latine , dont la droiture était connue , s'il lui était permis d'abdiquer. Quand on lui eut expliqué qu'il en avait le droit , il offrit à son parrain de lui céder sa place contre une grosse indemnité (peut-être mille ou deux mille livres d'argent). Un peu naïvement Jean Gratien accepta , convaincu qu'il valait mieux ne pas laisser un pape aussi indigne sur le trône de saint Pierre et il lui succéda sous le nom de Grégoire VI. Les réformateurs l'accueillirent avec joie et il eut même le soutien de saint Pierre Damien , si strictement légaliste pourtant. L'affaire n'était pas finie : un autre candidat était en lice , Jean , évêque de Sabina , proclamé pape sous le nom de Sylvestre III. Il s'était jadis opposé à Benoît IX , s'était fait élire lui aussi par une élection simoniaque et , bien que finalement vaincu , n'avait pas renoncé à ses prétentions. Pour compliquer encore davantage la situation , comme Benoît IX , le pape démissionnaire , n'avait pas réussi à obtenir la fille qu'il convoitait , il revint sur son abdication , ce qui faisait désormais trois papes se disputant le siège. Dans ces conditions , avec un trésor vide et un clergé corrompu , c'était une tâche surhumaine pour Grégoire de mener à bien son désir de réforme, et il ignorait qu'elle devait par la suite être reprise par son secrétaire Hildebrand qui deviendrait le fameux Grégoire VII. Finalement une partie du clergé abandonna alors les trois papes et demanda l'arbitrage du roi de Germanie Henri III qui vint en Italie à l'automne 1046. À la demande du roi , qui semblait le reconnaître , Grégoire VI convoqua un synode qui s'ouvrit à Sutri le 20 décembre. Il condamna Sylvestre III comme usurpateur , le déclara déchu de ses dignités épiscopale et sacerdotale , et l'enferma dans un couvent pour le reste de ses jours. Avec Benoît IX , on fit encore moins de façon : il avait abdiqué et ne possédait donc plus aucun droit. Mais on se retourna ensuite contre Grégoire VI en lui rappelant qu'il avait acheté son trône et n'était donc pas moins simoniaque que les autres , si bien qu'il fut obligé de démissionner , laissant la place à un Allemand , Clément II , l'évêque de Bamberg. Il suivit ensuite Henri III en Allemagne où il mourut bientôt , probablement à Cologne.
149 Clément II 1046/1047 Saxe Clément II Clément II (Suidger de Morsleben et Hornburg), pape saxon durant 9 mois et demi, entre le 24 décembre 1046 et le 9 octobre 1047. Il est élu au cours du synode réuni par Henri III à Sutri et qui avait invalidé l'élection de Grégoire VI. Clément II prend des mesures pour lutter contre la simonie et la corruption dont ses prédécesseurs Benoît IX et Sylvestre III avaient été accusés. Le jour de son sacre , il couronne Henri le Noir , puis le suit dans le Bénévent , et en excommunie les habitants qui avaient refusé d'accueillir l'empereur. Il canonise la première femme Wiborada en 1047. Il abdique quelque temps avant sa mort à Pesaro en 1048. Son inhumation se fera à Bamberg , endroit où il avait été placé par le roi de Saxe , Henri III , puis consacré évêque.
Enquête sur les circonstances de sa mort
En 1942 la tombe fut rouverte , c'était au moins la troisième fois , on en retira les vêtements du pape qui furent restaurés et remis au trésor de la cathédrale. Depuis l'ouverture du musée diocésain de Bamberg ces vêtements figurent parmi les pièces les plus précieuses de cette collection. Comme la tradition voulait que le pape eût été victime d'une tentative d'assassinat par empoisonnement , à l'incitation peut-être de Benoit IX qui voulait reprendre la chaire de saint Pierre , ses ossements furent soumis à un examen toxicologique. Les résultats confirmèrent l'empoisonnement , car on constata une concentration anormalement élevée de plomb dans les os. Cependant , les résultats correspondaient à une lente accumulation de plomb dans les os et non à un empoisonnement aigu par des sels de plomb. On suspecte plus volontiers l'acétate de plomb mais il est impossible de savoir s'il s'agit d'un empoisonnement intentionnel – Le sucre de plomb était au Moyen Age une substance très utilisée pour adoucir le vin. Après la mort de Clément II , Benoît IX usurpa une troisième fois le trône de saint Pierre et redevint pape.
150 Benoît IX (3) 1047/1048 Tusculum Benoît IX (3) Troisième pontificat
En 1046, l'empereur germanique Henri III, appelé à mettre fin à l'anarchie, se rend en Italie. Grégoire VI convoque le concile de Sutri. Sylvestre III est condamné mais Grégoire VI ne peut pas nier qu'il a acquis sa tiare par simonie : il se voit contraint d'abdiquer. Sous la pression d'Henri III, le concile élit pape, en décembre 1046, Suidger, évêque de Bamberg, qui prend le nom de Clément II. Ce dernier meurt moins d'un an plus tard, le 9 octobre 1047. Les Tusculani profitent de l'occasion pour réinstaurer Benoît IX sur le trône de Pierre. Il accède ainsi une troisième fois au siège pontifical, du 8 novembre 1047 au 17 juillet 1048. Un parti romain proteste auprès de l'Empereur, qui se prononce contre Benoît IX et fait élire à la fin de 1047 le Bavarois Poppo de Brixen, qui prend le nom de Damase II. Ce dernier ne sera pape que 23 jours : il meurt à Palestrina de la malaria. Cependant, Benoît IX a pris la fuite après qu'Henri III a envoyé à Rome le marquis Boniface de Canossa. Celui-ci fait alors élire le Lorrain Brunon d'Eguisheim-Dagsbourg qui prend le nom de Léon IX. Avec l'aide de l'Empereur, le nouveau pape combat les Tusculani et ravage leurs fiefs. Refusant de répondre aux accusations de simonie pesant contre lui, Benoît IX est excommunié, de même que ses proches. À la mort de Léon IX, en avril 1054, Benoît IX tente une nouvelle fois de monter sur le trône pontifical, en vain. Après cet ultime échec, il se retire dans le monastère de Grottaferrata, qui appartient à la sphère d'influence des Tusculani. Il y meurt entre le 18 septembre 1055 et le 9 janvier 1056, et est inhumé dans l'église abbatiale.
Jugements sur Benoît IX
La réputation de ce pontife fut une des pires de celles que nous ont transmises les chroniqueurs contemporains. Saint Pierre Damien (1007-1072) , par exemple, l’a décrit dans le Liber Gomorrhianus , comme « … pataugeant dans l'immoralité , un diable venu de l'Enfer déguisé en prêtre » ou comme « … un apôtre de l'Antéchrist , éclair envoyé par Satan, fouet d'Assur , fils de Bélial, puanteur du monde, honte de l'humanité ». Saint Bonizóne , évêque de Sutri, dit qu'il avait l’habitude de commettre des « lâches adultères et des homicides ». Dans le troisième livre de ses dialogues , le pape Victor III (1086-1087) écrit que Benoit « … se consacrait au plaisir et était beaucoup plus enclin à vivre comme épicurien que comme un pontife » , et il le peignait comme un des pires pontifes qui aient jamais existé. La critique moderne ne peut pas s’écarter beaucoup de cette image. La Catholic Encyclopedia le décrit par exemple comme « … un malheur pour la chaire de saint Pierre » , et Ferdinand Gregorovius écrit que c’est avec Benoît IX que la papauté toucha le fond de la décadence morale « … il menait tranquillement au Latran la vie d’un sultan oriental ». En ce qui concerne son aspect physique , Raffaello Giovagnoli le déduit, dans son roman Benoît IX , de gravures dues à Bartolomeo Platina : « … le visage oblong , la peau de la plus grande blancheur , des pupilles turquoises , des cheveux blonds , bouclés et un peu dégarnis, souffrant d’un léger strabisme et avec un nez aquilin , bien rasé. Il revêt de préférence une tunique de soie blanche , toute travaillée avec des ornements d'or et serrée à la taille au moyen d'une large ceinture de cuir constellée de pierres précieuses […] , un caleçon étroit de soie de Reims très fin et de couleur bleu clair […] , un petit bonnet de soie fort gracieux , d’une couleur bleue rappelant celle de son caleçon et sur lequel s’agitait une plume blanche ». Si des sources postérieures dépeignent Benoît IX comme un homme de mœurs dissolues , selon Luc , septième abbé de Grottaferrata , il aurait fait pénitence sur la fin de ses jours et se serait fait moine.
151 Damase II 1048 Bavière Damase II Damase II ou Poppon de Brixen, né à Pildenau en Bavière , pape pendant 24 jours , soit le septième plus court pontificat , du 17 juillet au 9 août 1048. Il meurt à Palestrina , de la malaria. Il fut nommé Pape par l'empereur Henri III du Saint-Empire , sans avoir été élu. Ses restes reposent à la basilique Saint-Laurent-hors-les-Murs. Il fut le deuxième des pontifes allemands désignés par l'empereur Henri III. Il fut le troisième Allemand à devenir pape et fut un des papes qui régna le moins longtemps. Il était évêque de Brixen lorsque l'empereur le nomma. En intervenant contre le pape Grégoire VI et en installant à sa place Clément II , Henri III avait manifesté sa puissance impériale contre les Romains. Il n’est donc pas étonnant que le jour de Noël 1047 , ceux-ci lui aient envoyé un émissaire pour lui apprendre la mort de Clément II et lui demander , en sa qualité de patrice des Romains , de lui donner un successeur. Henri III se trouvait engagé dans une campagne indécise en Frise , et c’est dans son palais de Pöhlde en Saxe que les délégués le trouvèrent. Conformément à leurs instructions , ils suggérèrent comme candidat approprié Halinard , archevêque de Lyon , qui parlait couramment l'italien , et était fort respecté à Rome. Henri ne voulait pas précipiter les choses , et il demanda à Wazon de Liège , l'évêque le plus respecté au sein de l'empire , de dire qui selon lui méritait d’être pape. Wazon déclara que le meilleur candidat pour le trône pontifical était celui que l'empereur avait déchu , Grégoire VI. Les tractations avec Wazon s'éternisérent , Henri perdit patience et nomma Poppo , évêque de Brixen , dans le Tyrol , un homme de valeur et fort instruit qui avait participé au Synode de Sutri. Cette décision contraria les Romains , qui souhaitaient toujours que Halinard devînt le nouveau pape. Néanmoins , Henri renvoya chez eux les délégués romains avec des cadeaux pour apaiser leur colère.
152 Saint Léon IX 1049/1054 Eguisheim Saint Léon IX Saint Léon IX , né Bruno d'Eguisheim-Dagsbourg (en français Eguisheim-Dabo) à Dabo ou Eguisheim le 21 juin 1002 et mort à Rome le 19 avril 1054 , est un pape du haut Moyen Âge. Noble alsacien et évêque de Toul , il fut nommé pape par l'empereur germanique et accepté par le clergé de Rome. Il fut couronné pape le 12 février 1049 sous le nom de Léon IX. Grand voyageur , il œuvra activement pour la paix. Son pontificat fut marqué par le début de la réforme grégorienne. Reconnu comme saint par l'Église catholique , il est liturgiquement commémoré le 12 avril. Son père , Hugues IV de Nordgau est de la famille des comtes du Nordgau , seigneurs d'Eguisheim. Membre de la très haute aristocratie : sa famille se rattache par sa mère , Heiwige fille du comte de Dabo , aux Carolingiens de Francie occidentale et par son père aux rois de Germanie. Dans la parenté de Bruno figurent aussi bien des comtes de Reims que des évêques de Langres et de Metz il est le cousin des empereurs Conrad II le Salique et Henri III. Ses parents construisirent deux abbayes : à Woffenheim (Sainte-Croix-en-Plaine) , à l'Oelenberg (Reiningue) et , vers 1029 , le château du Wahlenbourg , au Drei-Exen (Husseren-les-Châteaux).
Évêque de Toul
Pendant les 20 ans que dure cet épiscopat , Bruno lutte contre le nicolaïsme et la simonie. Il s'inscrit dans le mouvement réformateur promu par Cluny et Gorze. Il recrute parmi les représentants de ce courant ses collaborateurs. C'est en 1048 qu'il remarque Hildebrand (futur Grégoire VII) et l'attache à lui. Il impose à son entourage et lui-même un train de vie humble et pieux , se comportant en moine bénédictin et donnant ainsi exemple aux abbés de son évêché. À force d'énergie, il obtient l'assainissement moral des abbayes de son évêché. Il reste fidèle à l'empereur et va plaider sa cause devant Robert le Pieux pour la succession du royaume de Bourgogne , où Conrad II , qui a hérité de Rodolphe III mort sans enfants, est contesté par Eudes de Champagne qui a , lui le soutien des Italiens. Il arrive avec succès à ménager la paix entre les deux souverains.Sa renommée franchit largement les frontières de la Lorraine.
Élection
Deux papes désignés par l'empereur sont assassinés (Clément II et Damase II). Henri III doit impérativement désigner un pape dont la moralité ne puisse être mise en doute et suffisamment habile pour gagner la confiance des Romains. Bruno , après son brillant ministère à Toul , est le candidat idéal. Pour se faire accepter , il ne doit cependant pas être le candidat désigné par l'empereur , il se rend en pèlerinage dans la Ville sainte et demande humblement aux Romains de ne l'élire que s'il leur convient. Il est alors intronisé sous le nom de Léon IX (en mémoire de Léon le Grand , qui avait affirmé la primauté de l'évêque de Rome en tant que successeur de Pierre) le 1er février 1049.
Réforme grégorienne
Élevé dans l'esprit clunisien , il déclare que c'est l'indignité des papes précédents qui leur a valu un tel désaveu par les Romains . Il considère que le souverain temporel ne devrait pas intervenir dans la vie religieuse. Comme à Toul , il s'entoure de réformateurs comme le moine Humbert de Moyenmoutier , dont l'intelligence est reconnue , mais qui n'est pas diplomate , Hugues Candide , Frédéric de Lorraine (le futur Etienne IX) ou Pierre Damien. Il nomme un clunisien , Hildebrand (le futur Grégoire VII) , sous-diacre et le charge de l'administration des revenus du Saint-Siège ,alors proche de la faillite. Les organes de gouvernement sont réorganisés suivant le modèle impérial et le rôle des cardinaux , auxquels sont confiés des postes clés de l'administration , s’accroît . Ces fonctions , naguère réservées aux représentants des familles romaines sont ouvertes aux « étrangers » , ce qui imprime un caractère universel au Saint-Siège .
En avril 1049 , Léon IX réunit un concile à Rome condamnant la simonie et une partie du nicolaïsme. Mais les prélats allemands et français ne viennent pas. Il décide alors de parcourir la chrétienté pour défendre énergiquement sa réforme , d'autant que Rome se fait menaçante. Le 3 octobre 1049 : concile tenu par le pape Léon IX pour remédier à plusieurs abus dans le cadre de la réforme de l'Église (simonie, nicolaïsme...) et qui faisait la suite de ceux de Rome et de Pavie. Le pape venait à l'initiative de l'abbé de Saint-Remy pour consacrer la nouvelle église. Henri Ier avait convoqué le banc et l'arrière-banc de son domaine et il ne vint que l'évêque de Senlis et celui de Reims qui les accueillait. Le concile se tenait avec vingt évêques , cinquante abbés et de nombreux clercs , parmi eux : l'archevêque de Trêves , celui du Lyon et celui de Besançon l'évêque de Porto. Le concile prit des sanctions canoniques contre Guillaume le Conquérant à la suite de son mariage avec sa cousine Mathilde de Flandres. Ainsi que contre des gens d'Église , furent excommuniés : l'archevêque de Sens et celui de Saint-Jacques en Galicie , les évêques de Beauvais , d'Amiens , l'abbé de Saint-Médard. Furent déposés les évêques de Langres et celui de Nantes. Douze canons furent promulgués contre l'usure , contre le port des armes par les clercs , l'accès aux charges ecclésiastiques sans élection préalable , la protection des pauvres ... En tant que tout nouvel abbé de Corbie , Foulques de Corbie (homonyme de l'évêque d'Amiens) fut choisi avec l'un de ses moines , Gérault, pour faire partie de la suite du pape à son retour vers Rome. Le pape ordonna prêtres Foulques (qui n'était alors que diacre) et Gérault. Au cours du voyage , Gérault avait fait à pied l’ascension du Col du Grand-Saint-Bernard et du col de La Cisa. Le pape accorda à Foulques , comme un privilège particulier , le port de la dalmatique et des escarpins pour les fêtes solennelles.
De juillet 1050 jusqu'à mars 1053 , il sillonne l'Europe de Bénévent au sud , à Cologne au nord , à Reims à l'ouest , à Bratislava à l'est.
Ses principales luttes sont :
contre l'achat ou la vente de charges ecclésiastiques (la simonie)
contre le concubinage des prêtres (le nicolaïsme)
les évêques ne devaient pas être des préfets de l'Empire , mais des théologiens
le retour à des vertus « plus chrétiennes ».
Il excommunie et dépose les évêques reconnus coupables. Il convoque pendant son pontificat douze conciles. Il impose la trêve de Dieu aux seigneurs constamment en guerre les uns contre les autres. Il tente d'interdire le mariage du duc de Normandie Guillaume le Conquérant et de Mathilde de Flandre. Cette union est entachée de consanguinité , mais le motif politique de cette décision est la crainte de l'Église de voir unies deux grandes puissances : la Flandre et la Normandie (les Normands installés à Aversa et en Apulie ayant déjà menacé la papauté). Le mariage a bien lieu en 1050.
Ses démêlés avec les Normands de l'Italie du sud
Les musulmans venant de s'installer en Sardaigne , il envoie un légat aux Pisans pour leur proposer la concession perpétuelle de l’île à condition de lui reverser un tribut. Ceux-ci s'acquittent pleinement de cette mission , s'emparant même de la Corse au passage. Depuis 1016 , des bandes de cadets normands tentent leur chance en Italie du Sud. Le système de féodalité directe établie par les ducs de Normandie avec des règles héréditaires favorisant surtout les aînés oblige les puînés à rechercher fortune ailleurs. Beaucoup vendent leurs talents militaires comme mercenaires. L'Italie du sud est disputée entre Byzantins , Sarrasins et Lombards qui emploient nombre de mercenaires normands reconnus pour leur efficacité (ils gagnent maintes batailles en infériorité numérique). Ces derniers , malmenés par leurs employeurs , ne tardent pas à guerroyer pour leur propre compte et conquièrent les comtés d'Aversa et d'Apulie en Italie du Sud. Henri III les reconnaît comme vassaux de l'Empire. En 1051 , le duché de Bénévent se soumet au pape et ce dernier , voyant sa dernière acquisition menacée par les pillards normands , entre en guerre contre eux. Cependant , l'aide d'Henri III et des Byzantins est insuffisante et le pape est vaincu en 1053 à la bataille de Civitate en Apulie. C'est un échec : il est fait prisonnier par les Normands la même année et cela brouille définitivement la papauté avec Byzance. Finalement , le pape est libéré au bout de neuf mois de détention en Bénévent après avoir reconnu les possessions normandes en Apulie et en Calabre. Sa réforme lui a attiré beaucoup d'inimitiés , et revenu mourant à Rome , il voit son palais pillé en 1054.
Le schisme
Les Byzantins s'éloignent de Rome : ils sont excédés par les liens entre Rome et l'empire ottonien. Surtout , les menées du pape et des empereurs en Italie du Sud ont tout pour faire de Byzance un adversaire. En 1054 , le schisme des civilisations et des cultures est depuis longtemps consommé , mais c'est cette année-là que la rupture devient officielle. Depuis le patriarcat de Michel Cérulaire , les relations entre Rome et Constantinople sont très tendues : les couvents et églises des Latins à Constantinople sont fermés. Si l'affirmation de la papauté comme étant à la tête de l'Église universelle est le fondement du schisme , c'est une controverse sur l'Eucharistie qui le déclenche. Les Latins utilisent un pain sans levain et les Grecs du pain ordinaire. Léon IX fait réfuter les traités grecs traitant du problème. Humbert de Moyenmoutier dans son Dialogus écarte les assertions des Grecs , condamne le mariage des prêtres en usage en Orient et accuse les Byzantins d'hérésie car ils n'admettent pas le Filioque et les menaces d'excommunication. Le pape envoie les légats Humbert de Moyenmoutier et Pierre d'Amalfi à Constantinople pour y explorer la possibilité d'une réconciliation avec l'Église du lieu. Mais malgré les efforts de l'empereur Constantin IX , les légats excommunient le patriarche et ses partisans le 16 juillet 1054. Cérulaire contre-attaque par une excommunication générale des Latins, ouvrant ainsi le schisme entre l'Occident et l'Orient. En fait, les légats ne savent pas lorsqu'ils excommunient le patriarche que leur mandat n'est plus valable du fait de la mort du pape survenue le 19 avril 1054. Le pape Léon IX a été canonisé en 1087 par Victor III. Sa fête est célébrée traditionnellement au jour d'anniversaire de sa mort terrestre (dite aussi « Naissance au Ciel ») le 19 avril. Son corps repose à la basilique Saint-Pierre. En Lorraine et en Alsace, des églises lui sont consacrées notamment à Dabo , Nancy , Strasbourg.
153 Victor II 1055/1057 Souabe Victor II Victor II, né Gebhard de Dollnstein-Hirschberg en 1018 et mort le 28 juillet 1057, est un prélat allemand, 153e pape de 1055 à 1057. C'est sur l'insistance de son oncle Gebhard III, évêque de Ratisbonne, que Victor II fut présenté, le jour de Noël 1042, à Henri III pour être évêque d'Eichstätt. L'empereur a d'abord hésité parce que Gebhard avait seulement 24 ans. Mais sur le conseil d'une délégation romaine dont faisaient partie l'archevêque âgé Bardo de Mayence et Hildebrand (futur Grégoire VII), il a finalement consenti à son investiture. Gebhard s'est avéré être un bon évêque et un homme d'État prudent. En cette position, il a soutenu les intérêts d'Henri III. Il est d'ailleurs devenu par la suite l'un de ses conseillers les plus influents. Agé de 37 ans, le 13 avril 1055, quand il fut élu pape, prenant le nom de Victor II. Dès le début de son pontificat iI se montra un partisan dévoué de la politique impériale. Il se trouvait à Rome depuis la fin de 1055, quand, dès l'automne 1056, il retourna en Allemagne pour demander la protection de l'Empereur contre les Normands, qu'il présenta comme de « nouveaux Sarrasins ». Il parvint à réconcilier Henri III avec Godefroy II, duc de Lorraine. Après avoir présidé aux obsèques impériales le 28 octobre, Victor II fut, le 5 novembre suivant, le principal artisan de l'élection du jeune fils d'Henri III comme empereur, sous le nom d'Henri IV, et mit en place la régence d'Agnès d'Aquitaine, veuve de l'empereur. L'importance du rôle qu'il continua à tenir dans d'autres affaires politiques de la région, a pu faire dire de Victor II qu'il fut davantage chancelier du Saint Empire romain germanique que chef de l'Église catholique romaine. Il mourut de la malaria à Arezzo le 28 juillet 1057, après un pontificat de 2 ans, 3 mois et 10 jours. Il a été enterré dans S. Maria Rotonda de Ravenne.
154 Étienne IX 1057/1058 Lorraine Étienne IX Frédéric de Lorraine ou Frédéric d'Ardenne fut pape sous le nom d'Étienne IX, du 3 août 1057 au 29 mars 1058. Premier pape à s'émanciper de la tutelle de l'empereur germanique, il est mort assassiné. Canonisé, il est fêté le 29 mars, jour de sa mort. Né à Dun-sur-Meuse (Lotharingie), fils de Gothelon Ier de Lotharingie, Frédéric de Lorraine est un membre de la famille des ducs de Lorraine et est également le frère de Godefroi II, duc de Toscane. Moine bénédictin, il devient chanoine puis archidiacre de Liège avant de devenir abbé de la prestigieuse abbaye du Mont-Cassin et chancelier du pape Léon IX1. Partageant avec ce dernier autant la volonté de réforme que l'hostilité contre les Normands, il est un des promoteurs en 1053 de la campagne militaire contre ces derniers qui voit la coalition anti-normande défaite lors de la bataille de Civitate à l'issue de laquelle Léon IX est capturé. Début 1054, Léon IX libéré envoie à Byzance une légature de trois prélats réformateurs dont fait partie Frédéric de Lorraine qu'accompagnent Humbert de Moyenmoûtier et Pierre d’Amalfi, pour une mission exploratoire à la suite de la fermeture brutale des églises latines de Constantinople décrétée par l'autoritaire et intransigeant patriarche de Constantinople, Michel Cérulaire. Ce dernier, craignant davantage l'expansionnisme romain que les avancées normandes, accuse le pape romain d'hérésie prétextant la doctrine de la double procession. Les légats sont bien accueillis par l'empereur mais le patriarche refuse de les recevoir , le 15 juillet, les trois émissaires excommunient le patriarche (sans réel mandat car Léon IX était mort entre temps) qui réplique par la convocation un synode qui, le 25 du même mois, anathématise à son tour les légats (et non le pape qui est mort le 19 avril). C'est la date qui marque traditionnellement le schisme entre les églises occidentale et orientale, même si la portée réelle de l'évènement est mineur et que les relations diplomatiques perdureront encore deux siècles entre les deux sièges. À la suite du décès de Victor II, Frédéric de Lorraine est élu pape par le clergé et le peuple de Rome et prend le nom d'Étienne IX, sans l'aval de l'empereur Henri IV du Saint-Empire — alors sous la régence de sa mère Agnès d'Aquitaine —, soustrayant de la sorte la papauté à la tutelle de l'empereur du Saint-Empire germanique .Son pontificat sera ainsi marqué par la lutte pour l'indépendance de l'Église vis-à-vis de la volonté impériale de faire nommer les papes par l'empereur germanique. Dans l'idée de former une nouvelle coalition anti-normande, il s'emploie à nouer des alliances avec l'empereur byzantin Isaac Comnène en vain. Étienne IX meurt à Florence le 28 mars 1058 après seulement huit mois de pontificat, vraisemblablement assassiné selon des sources récentes . La motivation de cet assassinat pourrait trouver son origine dans le fait que, premier pape à remettre en question la nomination des papes par les empereurs germaniques depuis le règne de Charlemagne ou par la vox populi de Rome, il propose que le souverain pontife soit élu par un collège de cardinaux, mode d'élection qui sera institué par son successeur. Il pourrait également avoir été empoisonné par l'aristocratie romaine qui sera prompte à tenter de placer sur le siège pontifical le cardinal-évêque de Velletri, Jean de Tusculum dit « le Simplet » (Minchio), qui devient l'antipape Benoît X. Suivant la volonté d'Étienne IX, l'influent Hildebrand intronise Nicolas II le 8 décembre 1058. Benoît X est délogé par l'intervention de Godefroi II de Toscane, frère du pape défunt, puis déposé par un synode se déroulant à Sutri, qui intronise officiellement Nicolas II en janvier 1059.
ANT Benoît X 1058/1059 Rome Benoît X Benoît X (Giovanni dei Conti di Tuscolo), né Jean Mincius, est un évêque et un cardinal italien du xie siècle, qui fut antipape romain du 5 avril 1058 au 24 janvier 1059, successeur d'Étienne IX, pape du 3 août 1057 au 29 mars 1058. Giovanni dei Conti di Tuscolo appartient à l'importante famille romaine des Comtes de Tusculum. La vacance du siège apostolique provoquée par la mort du pape Étienne IX incita cette famille à s'emparer de la ville de Rome et à faire élire, par un groupe de clercs qui ne possédait pas le pouvoir canonique, un pape intrus, Jean Mincius, le 5 avril 1058. Il se fit chasser quelques mois après par les Romains qui élirent Nicolas II. Il mourut en 1074, sous le règne du pape Grégoire VII. Son nom n’apparaît pas dans la liste officielle des papes, qui passe de Benoît IX à Benoît XI.
155 Nicolas II 1059/1061 Bourgogne Nicolas II Du pape Nicolas II, nous ne connaissons que son prénom : Gérard, Gérald, Gherard, Gerardus ou Giroldus. Il serait né, entre 990 et 995, à Chevron (Cisvaro), l'ancienne Caprea-Dunnun en Allobrogie (actuelle commune de Mercury dans la combe de Savoie), et qui, selon la tradition, aurait appartenu à la famille des Chevron (avant la famille Chevron-Villette). Les anciens textes le désignent comme Allobrox, Allobroge, natione Burgondio, sive Sabaudiensis (nation bourguignone ou savoyarde), il fut donc aussi appelé Gérard de Bourgogne, Gérard l'Allobroge et même Gerald de Lorraine. Ce pape fut d'abord un moine d'un grand savoir encyclopédique pour son temps, mais n'appartenait probablement pas à l'ordre de Cluny. Après la victoire de l'empereur Conrad le Salique sur Eudes de Champagne, et la prise de possession du royaume de Bourgogne, le 1er août 1034, Gérard l'Allobroge se mit au service du duc Boniface III de Toscane, un des plus puissants lieutenants de l'empereur, et partit avec lui en Italie. Il aurait entrepris pendant 10 ans des études importantes, qu'il suivit en Italie et peut-être même à Paris. En janvier 1045, il fut élu évêque de Florence, et élu pape à Sienne le 6 décembre 1058 par les soins d'Hildebrand, il fut conduit à Rome par Godefroy le Barbu, frère de son prédécesseur, qui expulsa l'antipape Benoît X, élevé par la faction de Tusculum. Il commença à affranchir la papauté de la tutelle impériale, et mourut à Florence en 1061. Il combattit le nicolaïsme, déviance disciplinaire de certains prêtres mariés ou en concubinage, en interdisant aux croyants d’assister à une messe célébrée par un prêtre marié. Ceux qui avaient pris femme durent s'en séparer. Dans le cadre de ce que les historiens ont appelé a posteriori la réforme grégorienne, il interdit aux clercs de recevoir une église des mains d'un laïc et d'obtenir l'obtention de charges ecclésiastiques contre de l'argent (simonie). Il interdit la nomination des évêques sans l'autorisation papale. En 1059, il réunit le synode de Melfi. Le pape Nicolas II vint en Italie du Sud et reçut les serments de fidélité des princes normands Richard Ier d'Aversa et Robert Guiscard, en échange de leur investiture et de leur fidélité. Le pape comptait sur l'appui normand pour contrebalancer la puissance de l'Empire. Sous l’influence du moine Hildebrand, qui devait devenir pape sous le nom de Grégoire VII, il promulgua le 13 avril 1059, le décret qui remettait l’élection du pape dans les seules mains du collège des cardinaux, confirmant le synode de Melfi. Néanmoins, l'empereur gardait le droit de confirmer le candidat au siège pontifical.Nicolas II voulut aussi que les chanoines reviennent à une discipline plus stricte, en imposant les repas en commun et la nuit au dortoir. Il est mort à Florence le 19 juillet 1061.
156 Alexandre II 1061/1073 Milan Alexandre II Anselme de Lucques est né vers 1010 ou 1015 à Milan et mort à Rome le 21 avril 1073, élu pape en 1061 sous le nom d'Alexandre II. Né à Baggio , dans la région de Milan, il est formé à Cluny, aux côtés du cardinal Hildebrand (futur Grégoire VII) puis à l'abbaye du Bec dirigée par Lanfranc. Il commença sa carrière publique par la prédication. En Lombardie, il attaqua les mœurs du clergé, en particulier le mariage des prêtres. L'archevêque Guido, irrité, le dénonça auprès de l'empereur Henri III. Au lieu de le condamner, l'Empereur lui confia la prédication en Allemagne. En 1057, Anselme se vit confier l'évêché de Lucques. Par la suite, il fut nommé légat apostolique à Milan, la première fois en 1057 en compagnie d'Hildebrand, la seconde en 1059 en compagnie de Pierre Damien. À la mort de Nicolas II, en 1061, il fut élu pape par le Sacré Collège (Élection pontificale de 1061), conformément au décret du feu pape. Une notification fut adressée à la cour de l'Empereur, qui l'ignora. Les cardinaux considérèrent que le privilège impérial de confirmation avait été abandonné. Anselme fut couronné pape sous le nom d'Alexandre II le 30 septembre. Furieux d'être dépossédés de leur ancien droit d'élection, les Romains portèrent leurs griefs devant l'impératrice Agnès, régente pour son jeune fils Henri IV. Celle-ci convoqua une assemblée à Bâle qui, en l'absence de tout cardinal, élit un autre pape, qui prit le nom d'Honorius II. Alexandre II condamna la simonie et le nicolaïsme. Il appuya Guillaume le Conquérant dans la conquête normande de l'Angleterre, politiquement et en lui fournissant un étendard consacré ainsi que des reliques sacrées. Il refusa d'autoriser le divorce de Henri IV et le força à reprendre sa femme, Berthe de Saxe. En 1063, il transforma la Reconquista en guerre sainte, par l'octroi d'une indulgence plénière aux soldats qui participeraient à la prise de Barbastro, ville d'Aragon tenue par les Maures.
ANT Honorius II 1061/1064 Vicence Honorius II Honorius II (Pierre Cadalus), né vers 1009 de souche germanique à Vérone, en Italie, et décédé en 1072, était un religieux italien du Moyen Âge, qui fut évêque de Parme, puis antipape de 1061 à 1072. Né à Vérone il devint évêque de Parme en 1046. Il mourut dans cette ville en 1072. Après la mort du pape Nicolas II (1059-61) en juillet 1061, deux groupes différents se réunirent pour élire un nouveau pape. L es cardinaux s'assemblèrent sous la direction de Hildebrand (le futur pape Grégoire VII) et élurent le 30 septembre 1061 Anselme l'Ancien, évêque de Lucques, un des chefs du parti réformiste, qui prit le nom d'Alexandre II (1061-73). Vingt-huit jours après cette élection, une assemblée d'évêques et de notables allemands et lombards opposés au mouvement de réforme fut réunie à Bâle par l'impératrice Agnès agissant comme régente pour son fils, l'empereur Henri IV (1056-1105) elle était présidée par le chancelier impérial Wilbert. Ils élurent le 28 octobre 1061, l'évêque de Parme, Cadalus, qui prit le nom d'Honorius II. Avec le soutien de l'impératrice et des nobles, au printemps de 1062, Honorius II marcha vers Rome avec ses troupes pour occuper par la force le trône pontifical. L'évêque d'Alba, Benzo, appuya sa cause comme légat impérial à Rome, et Cadalus s'avança jusqu'à Sutri. Le 14 avril eut lieu à Rome un affrontement bref mais sanglant, où les forces d'Alexandre II eurent le dessous, et l'antipape Honorius II prit possession du territoire de saint Pierre. En mai 1062 arriva le duc de Lorraine Godefroy, qui conduisit les deux rivaux à soumettre l'affaire à la décision du roi. Honorius II se retira à Parme et Alexandre II retourna à son siège de Lucques, pendant que la médiation de Godefroy était examinée par la cour d'Allemagne et les conseillers du jeune roi de Germanie, Henri IV. En Allemagne, pendant ce temps, eut lieu une révolution. Anno, le puissant archevêque de Cologne, s'empara de la régence, et l'impératrice Agnès se retira au couvent à Fructuaria dans le Piémont. L'autorité souveraine en Allemagne passa à Anno, qui était hostile à Honorius II. S'étant prononcé contre Cadalus, le nouveau régent fit nommer au Conseil d'Augsbourg (octobre 1062) un émissaire qui devait être envoyé à Rome pour enquêter sur les accusations de simonie proférées contre Alexandre II. Cet émissaire, Burchard II, évêque d’Halberstadt (et neveu d'Anno) ne trouva rien à redire à l'élection d'Alexandre II qui fut reconnu comme le pape légitime, tandis que son rival était excommunié en 1063. L'antipape n'en abandonna pas pour autant ses prétentions. Lors d'un contre-synode tenu à Parme, il défia l'excommunication. Ayant rassemblé une force armée il marcha une fois de plus vers Rome, où il s'établit au Château Saint-Ange. La guerre entre les papes rivaux dura environ un an. Finalement, Honorius II dut renoncer, s'enfuir de Rome, et revenir à Parme. Le 31 mai 1064, à la Pentecôte, le Concile de Mantoue termina le schisme en déclarant officiellement qu'Alexandre II était le successeur légitime de saint Pierre. Honorius II maintint ses prérogatives sur le trône pontifical jusqu'à sa mort en 1072.
157 Saint Grégoire VII 1073/1085 Sovana Saint Grégoire VII Ildebrando Aldobrandeschi de Soana, né vers 1015/1020 et mort le 25 mai 1085 à Salerne , est un moine bénédictin toscan qui devient en 1073 le 157e évêque de Rome et pape sous le nom de Grégoire VII. Il accepte ces fonctions à contre-cœur : il est déjà sexagénaire et en connaît les lourdes responsabilités.Il est le principal artisan de la réforme grégorienne, tout d'abord comme conseiller du pape Léon IX et de ses successeurs, puis sous son propre pontificat. Cette réforme entend purifier les mœurs du clergé (obligation du célibat des prêtres, lutte contre le nicolaïsme) et lutter contre la simonie, le trafic des bénéfices et notamment des évêchés, ce qui provoque un conflit majeur avec l'empereur Henri IV. Celui-ci considère comme relevant de son pouvoir de donner l'investiture aux évêques. Au cours de la querelle des Investitures, Grégoire VII oblige l'empereur excommunié à faire une humiliante démarche de pénitence. Cependant cet épisode ne suffit pas à régler le conflit et Henri reprend l'avantage en assiégeant le pape réfugié au château Saint-Ange. Libéré par les Normands, le pape est chassé de Rome par la population, excédée par les excès de ses alliés. Grégoire VII meurt en exil, à Salerne, le 25 mai 1085.Grégoire VII est considéré comme saint par l'Église catholique il est fêté le 25 mai. L'affrontement avec Henri IV
Grégoire VII entreprend des négociations avec Henri IV, soutenu par quelques évêques de l'Empire à propos de l'investiture royale . Les négociations échouent. En septembre 1075, à la suite du meurtre d'Erlembald, Henri investit (contrairement aux engagements pris) le clerc Tedald archevêque de Milan, ainsi que des évêques dans les diocèses de Fermo et de Spolète. Alors éclate le conflit. Grégoire envoie en décembre une lettre virulente à Henri, dans laquelle il l'exhorte vivement à l'obéissance . C'est la lutte entre le pouvoir sacerdotal et le pouvoir impérial.
Le Dictatus papae
En janvier 1076, Henri réunit autour de lui la majorité des évêques lors de la diète de Worms la plupart des évêques d'Allemagne et de Lombardie entrent alors en dissidence avec le pape qu'ils reconnaissaient jusqu'alors, et déclarent Grégoire destitué. Les évêques et les archevêques se considèrent en effet comme des princes de l'Empire, dotés de privilèges importants que l'attribution des charges ecclésiastiques relève du pape leur paraît une menace pour l’Église de l'Empire, pierre d'angle de son administration. Ils rédigent donc depuis Worms une réponse à Grégoire VII, le sommant de quitter sa fonction : « Henri, roi, non par usurpation, mais par la juste ordonnance de Dieu, à Hildebrand [prénom de Grégoire VII avant son accession au siège pontifical], qui n'est plus le pape, mais désormais le faux moine [...] Toi que tous les évêques et moi-même frappons de notre malédiction et de notre sentence, démissionne, quitte ce siège apostolique que tu t'es arrogé. [...] Moi, Henri, roi par la grâce de Dieu, te déclare avec tous mes évêques : démissionne ! » On justifie cette révocation en prétendant que Grégoire n'a pas été élu régulièrement : il a en effet été tumultueusement élevé à cette dignité par le peuple de Rome. De plus, en tant que Patricius de Rome, Henri a le droit de nommer lui-même le pape, ou du moins de confirmer son élection (droit dont il n'a pas usé). On prétend encore que Grégoire aurait juré de ne jamais se faire élire pape, et qu'il fréquente intimement les femmes.
Le synode de carême de 1076 à Rome
La réponse de Grégoire est rapide, il prêche au synode de Carême de 1076 : « que m'a été donné de Dieu le pouvoir de lier et de délier, sur Terre comme au Ciel. Confiant dans ce pouvoir, je conteste au roi Henri, fils de l'empereur Henri, qui s'est élevé avec un orgueil sans bornes contre l’Église, sa souveraineté sur l'Allemagne et sur l'Italie, et je délie tous les chrétiens du serment qu'ils lui ont ou qu'ils pourraient encore lui prêter, et leur interdit de continuer à le servir comme roi. Et puisqu'il vit dans la communauté des bannis, puisqu'il méprise les exhortations que je lui adresse pour son salut, puisqu'il se sépare de l’Église et qu'il cherche à la diviser, pour toutes ces raisons, moi, Ton lieutenant, je l'attache du lien de la malédiction. » Grégoire VII déclare Henri IV déchu et l'excommunie s'étant rebellé contre la souveraineté de l’Église, il ne peut plus être roi. En conséquence, tous ses sujets sont déliés de l'allégeance qu'ils lui ont prêtée. Cette excommunication du rex et sacerdos, dont les prédécesseurs ont, en tant que patricius Romanorum et dans une conception sacrée et théocratique du roi, arbitré l'élection des papes, parait à l'époque inimaginable et suscite une vive émotion dans la chrétienté occidentale. On rédige quantité de pamphlets pour ou contre la suprématie de l'empereur ou du pape, en se référant souvent à la théorie des deux pouvoirs de Gélase Ier (pape de 492 à 496) la chrétienté allemande s'en trouve profondément divisée.
La pénitence de Canossa
Après cette excommunication, beaucoup de princes allemands qui soutenaient Henri, se détachent de lui à l'assemblée de Tribur en octobre 1076, ils le contraignent à renvoyer les conseillers condamnés par le pape et à faire pénitence avant le terme d'un an et un jour (soit avant le 2 février suivant). Henri doit en outre se soumettre au jugement du pape lors de la diète d'Augsbourg, pour que les princes renoncent à élire un nouveau roi. Grégoire craignant l'approche d'une armée impériale et souhaitant éviter une rencontre avec Henri se retire à Canossa, château bien fortifié de la margravine de Toscane Mathilde de Briey. Henri obtient avec son aide et celle de son parrain Hugues de Cluny, une rencontre avec Grégoire. Le 25 janvier 1077, fête de la Conversion de saint Paul, Henri se présente en habit de pénitent devant le château de Canossa. Au bout de trois jours, soit le 28 janvier, le pape lève l'excommunication, cinq jours avant l'expiration du délai imparti par les princes de l'opposition.L'image d’Épinal d'Henri se rendant à Canossa dans une attitude d'humble pénitence repose essentiellement sur notre source principale, Lambert d'Hersfeld, qui était par ailleurs partisan du pape et membre de la noblesse d'opposition. La pénitence était un acte formel, accompli par Henri, et que le pape ne pouvait refuser elle apparaît aujourd'hui comme une habile manœuvre diplomatique, qui rendait à Henri sa liberté d'action tout en restreignant celle du pape. Il est pourtant acquis que, sur le long terme, cet événement a porté un sérieux coup à la position de l'Empire allemand.
Les Anti Rois
Bien que l'excommunication ait été levée cinq jours avant le délai d'un an et un jour et que le pape lui-même considère officiellement Henri comme roi, les princes de l'opposition le destituent le 15 mars 1077 à Forchheim, en présence de deux légats pontificaux. L'archevêque Siegfried Ier de Mayence fait procéder à l'élection d'un anti-roi, Rodolphe de Rheinfelden, duc de Souabe, qui est sacré à Mayence le 26 mars les princes qui l'élèvent au trône lui font promettre de ne jamais avoir recours à des pratiques simoniaques lors de l'attribution de sièges épiscopaux. Il doit aussi accorder aux princes un droit de vote à l'élection du roi et ne peut transmettre son titre à d'éventuels fils, abandonnant le principe dynastique qui prévalait jusqu'alors. C'est le premier pas vers l'élection libre que réclament les princes de l'Empire. En renonçant à l'hérédité de la couronne et en autorisant des nominations d'évêques canoniques, Rodolphe affaiblit considérablement les droits de l'Empire. Comme au cours de la guerre contre les Saxons, Henri s'appuie surtout sur les classes sociales montantes (petite noblesse et officiers ministériels), ainsi que sur les villes libres d'Empire au pouvoir croissant, comme Spire et Worms, qui lui doivent leurs privilèges, et sur les villes proches des châteaux du Harz, comme Goslar, Halberstadt et Quedlinbourg. La montée des ministériels, autrefois privés de pouvoirs, tout comme l'émancipation des villes, se heurte à la solide résistance des princes qui rangent du côté de Rodolphe de Rheinfelden, contre Henri. Le pape reste tout d'abord neutre, conformément aux accords conclus à Canossa. Au mois de juin, Henri met Rodolphe de Rheinfelden au ban de l'Empire. L'un et l'autre se réfugient en Saxe. Henri subit d'abord deux défaites : le 7 août 1078 à Mellrichstadt et le 27 janvier 1080 à Flarchheim près de Mühlhausen (Thuringe). Lors de la bataille de Hohenmölsen, près de Mersebourg, qui tournait pourtant à son avantage, Rodolphe perd la main droite et est frappé mortellement , il succombe le lendemain, 15 octobre 1080. La perte de la main droite, la main du serment de fidélité prêté à Henri au début de son règne, est utilisée politiquement par les partisans d'Henri (c'est un jugement de Dieu) pour affaiblir un peu plus la noblesse d'opposition. Epilogue
En 1079-1080, Grégoire VII fait venir Eudes de Chatillon (qui est le grand prieur de Cluny et le futur pape Urbain II) à Rome et le nomme cardinal-évêque d'Ostie. Eudes devient un conseiller intime du pape, et soutient la réforme grégorienne. En mars 1080, Grégoire VII excommunie de nouveau Henri, qui soumet alors la candidature de Wibert, archevêque de Ravenne, à l'élection de l'(anti)pape. Il est élu le 25 juin 1080 au synode de Bressanone par la majorité des évêques allemands et lombards, sous le nom de Clément III. Le monde Chrétien se trouve donc à ce moment-là scindée en deux : Henri est roi et Rodolphe anti-roi, Grégoire est pape et Clément antipape. Dans les duchés aussi le pouvoir est contesté : en Souabe, par exemple, Berthold de Rheinfelden, fils de Rodolphe, s'oppose à Frédéric de Hohenstaufen, fiancé d'Agnès, fille d'Henri, qui l'a nommé duc. Après sa victoire sur Rodolphe, Henri se tourne en 1081 vers Rome, afin de trouver là aussi une issue au conflit il réussit, après trois sièges successifs, à prendre la ville en mars 1084. Henri se doit alors d'être présent en Italie, d'une part pour s'assurer le soutien des territoires qui lui étaient fidèles, d'autre part pour affronter Mathilde de Toscane, fidèle au pape et son ennemie la plus acharnée en Italie du nord. Après la prise de Rome, Wibert est intronisé sous le nom de Clément III le 24 mars 1084. Un nouveau schisme commence : il dure jusqu'en 1111, quand le dernier anti-pape wibertiste, Sylvestre IV, renonce officiellement au siège pontifical. Une semaine après l'intronisation, le dimanche de Pâques, 31 mars 1084, Clément sacre Henri et Berthe empereur et impératrice. Eudes de Chatillon est nommé légat en France et en Allemagne, dans le but de démettre Clément III, et rencontre Henri IV à cette fin en 1080, en vain. Il préside plusieurs synodes, dont celui de Quedlinburg (1085) qui condamne les partisans de l'empereur Henri IV et de l'antipape Clément III, c'est-à-dire Guibert de Ravenne. Au même moment, Grégoire VII se retranche dans le château Saint-Ange et attend une intervention des Normands soutenus par les Sarrasins, qui marchent sur Rome, emmenés par Robert Guiscard avec qui il s'est réconcilié. L'armée d'Henri est très affaiblie et n'affronte pas les assaillants. Les Normands libèrent Grégoire, pillent Rome et l'incendient. Après les désordres perpétrés par ses alliés, Grégoire doit fuir la ville suivant ses libérateurs et se retire à Salerne, où il meurt le 25 mai 1085. Ayant accompli l'un des pontificats les plus importants de l'histoire, d'un tempérament à la fois courageux et tenace. Il est enterré dans la cathédrale de Salerne. Sur sa tombe sont gravés ses derniers mots : « Dilexi iustitiam,odivi iniquitatem, propterea morior in esilio ! » (J'ai aimé la justice et détesté l'iniquité c'est pourquoi je meurs en exil !). L'œuvre de Grégoire VII est poursuivie par ses successeurs. En particulier par son conseiller Urbain II qui accède au pontificat en 1088, chasse l'antipape Clément III, prêche la première croisade en 1095 et encourage la reconquista. Grégoire VII sera déclaré saint, canonisé, en 1606 par Paul V.
ANT Clément III 1080/1100 Parme Clément III Clément III (Paolo Scolari) (Rome, vers 1130 - Rome, 27 mars 1191) fut élu pape à Pise le 19 décembre 1187. Avant son élection au pontificat, il était cardinal évêque de Palestrina. Il parvient peu après son élection à calmer les tensions entre l'Église et la population de Rome en permettant aux citoyens romains d'élire eux-mêmes leurs magistrats (tandis que le pape garde le pouvoir de choisir le gouverneur de la ville). Il a fait bâtir le monastère de Saint-Laurent-hors-les-murs, et restaurer le palais du Latran. Il a organisé le regroupement des forces de la Chrétienté contre les Sarrasins. Il a également incité Henri II d'Angleterre et Philippe Auguste à entreprendre la troisième Croisade, à laquelle participa le roi d'Angleterre Richard Cœur de Lion, qui fut lancée après sa mort par Célestin III et fut un échec (mort de l'empereur Frédéric Barberousse).
158 Bienheureux Victor III 1086/1087 Bénévent Bienheureux Victor III Né en 1027 à Benevento sous le nom Dauferius et fils cadet du prince Landolf V de Bénévent, il est plus connu sous le nom de Desiderius (ou Didier) de Mont-Cassin dont il est abbé de juin 1058 jusqu'à son élection au trône pontifical. Victor III est pape du 24 mai 1086 au 16 septembre 1087 Il poursuit l'œuvre de réforme de Grégoire VII. Après 16 mois passés comme chef de l'Église, il s'éteint au Mont-Cassin, dont il avait été l'abbé. Léon XIII lui accorda le titre de bienheureux sans qu'il subisse un procès de canonisation.
159 Bienheureux Urbain II 1088/1099 Lagery Bienheureux Urbain II Lance le 27 novembre 1095 l'appel de Clermont à l'origine de la Première croisade. Il est béatifié le 14 juillet 1881 par le pape Léon XIII. De son vrai nom Odon de Lagery, le pape Urbain II, né en Champagne 53 ans plus tôt, a été à Reims l'élève de Saint Bruno avant de devenir moine à Cluny. Il succède en 1088 à Victor III sur le trône de Saint-Pierre. Il s'inscrit dans la lignée des grands papes réformateurs d'après l'An Mil comme Grégoire VII. Il veut en particulier moraliser la chevalerie, éradiquer la violence et mettre fin aux guerres privées entre seigneurs féodaux, brutales, incessantes et cruelles. Au concile de Clermont (aujourd'hui Clermont-Ferrand, en Auvergne), le pape tente d'abord de régler les problèmes matrimoniaux du roi capétien Philippe 1er. Cela fait, il prononce un sermon retentissant à l'adresse des 310 évêques et abbés français. Il rappelle les menaces très graves qui pèsent sur les chrétiens byzantins, du fait de la défaite de leur empereur face aux Turcs à Malazgerd (1071). Le pape s'inquiète aussi des violences faites aux pèlerins depuis que le Saint-Sépulcre (le tombeau du Christ à Jérusalem) a été détruit sur ordre du sultan fatimide d'Égypte El-Hakim, dans un accès de fanatisme (c'était en 1009). Il encourage en conséquence les « Francs » de toutes conditions à secourir leurs frères chrétiens. Et il accorde l'indulgence plénière, c'est-à-dire la rémission de tous leurs péchés, à tous ceux qui perdraient la vie au cours de leur combat contre les infidèles (il s'agit essentiellement des Turcs).
160 Pascal II 1099/1118 Bieda Pascal II Lorsque Pascal II devint pape, il trouva en face de lui un antipape, Clément III, élu à l'instigation d'Henri IV, dont les partisans tenaient une partie de Rome. Il parvint à chasser l'antipape de Rome et même à emprisonner ses deux successeurs. En 1102, il renouvela l'excommunication contre l'empereur du Saint-Empire romain germanique. Il s'opposa très fermement au roi d'Angleterre qui demandait la reconnaissance des libertés normandes. Pascal II aida Henri V à contraindre son père à abdiquer et Henri V accéda au trône impérial en 1105. Le pape pensait pouvoir négocier car Henri V voulait être couronné empereur par le pape. En 1106, lors de la Diète de Mayence, le pape fut invité à se rendre en Allemagne, mais Pascal II refusa et renouvela l'interdiction des investitures laïques à l'occasion du concile de Guastalla qui se tint en octobre de la même année. À la fin de l'année 1106, il se rendit en France pour chercher la médiation du roi Philippe Ier et du prince Louis. Il séjourna à l'abbaye Saint-Pierre de Bèze du 17 au 19 février 1107. N'obtenant pas les résultats escomptés, il rentra en Italie en septembre 1107. Lorsque Henri V entra en Italie à la tête d'une armée pour être couronné, Pascal II accepta de signer le concordat de Sutri en février 11114. L'empereur s'engageait à renoncer, le jour de son couronnement aux investitures laïques. En échange, les évêques renonçaient aux regalia, c'est-à-dire aux villes, duchés, marquisats, péages, monnaies, marchés qu'ils tenaient du fait de leurs fonctions administratives en Italie depuis le couronnement de Charlemagne. Des préparatifs commencèrent pour le couronnement qui devait avoir lieu le 12 février 1111, mais le peuple romain se révolta et Henri V se retira, emmenant avec lui Pascal II et la Curie, prisonniers. Après 61 jours d'emprisonnement, pendant lesquels l'armée du prince Robert Ier de Capoue venu au secours du pape fut mise en déroute, Pascal II céda et promit son investiture à l'empereur. Henri V fut couronné à la basilique Saint-Pierre le 13 avril 1111 et, après avoir obtenu la promesse que le pape ne chercherait pas à se venger de ce qui venait de se passer, se retira à travers les Alpes. Dès le mois d'octobre 1111 toutefois, un concile qui se tint à Vienne excommunia l'empereur et le concile de Latran, qui suivit en 1112, déclara l'investiture de l'empereur nulle. La question des investitures fut réglée plus rapidement en Angleterre, puisqu'une solution fut trouvée en 1105 déjà à la querelle qui opposait le roi Henri Ier Beauclerc à l'archevêque Anselme de Cantorbéry. Le compromis de Laigle du 22 juillet 1105 prévoyait entre autres qu'Henri abandonnait ses revendications à procéder à des investitures, mais qu'en contrepartie, le clergé local pourrait rendre hommage à sa noblesse. Pascal II approuva ce compromis le 23 mars 1106. Le conflit reprit toutefois à la fin de son pontificat, Pascal II reprochant notamment au roi d'Angleterre, en 1115, de réunir des conciles sans son autorisation. L'année 1115 vit également la mort de Mathilde de Toscane qui avait soutenu la papauté durant la querelle des investitures, et qui céda alors toutes ses terres au pape. L'empereur Henri V revendiqua alors ces terres, jugeant qu'il s'agissait d'un fief impérial, et força le pape à fuir Rome en 1117. Pascal ne put y revenir qu'au début de l'année 1118, après le départ des troupes impériales, et mourut quelques jours après.
ANT Thierry 1100/1101 ? Thierry Élu par des partisans de l’antipape Clément III. N’a pas choisi de nom de règne.Cardinal-diacre de Santa Maria in via Lata, il appartient au parti de l'antipape Clément III (Guibert de Nogent), qui le nomme cardinal-évêque d'Albano. En 1098, il est légat en Allemagne. En septembre 1100, à la mort de Clément III, il est élu pape et consacré à la basilique Saint-Pierre. Pendant son voyage pour rejoindre l'empereur Henri V, il est capturé par des partisans de son rival, Pascal II. Enfermé au monastère de la Trinité à La Cava, il meurt en 1102.

Élus au 12 ème siècle

No Nom Pontificat Naissance Notes
ANT Albert 1101 ? Albert Cardinal-évêque de Porto e Santa Rufina, Albert est élu en février 1102 en succession de l’antipape Thierry, lui-même successeur de Clément III (Guibert de Ravenne). Après son élection, des troubles éclatent à Rome. Il se réfugie dans la demeure d'un partisan de l'ancien antipape Clément III près de Saint-Marcel. Trahi par son protecteur qui s'était laissé soudoyer par le pape légitime, il est traîné devant son rival, Pascal II, qui le dépouille de ses insignes, l'humilie publiquement, le fait emprisonner brièvement dans une tour au Latran et le condamne à être enfermé au monastère de Saint-Laurent d’Aversa, en Campanie, dans l'Italie méridionale. Il y demeure jusqu’à la fin de ses jours.
ANT Sylvestre IV 1105/1111 Rome Sylvestre IV Archiprêtre de Saint-Ange, il est élu comme antipape en novembre 1105 par le parti germanique de Rome contre Pascal II. Délaissé par ses partisans, il fit sa soumission au pape légitime Pascal II en avril 1111 et fut condamné à l'enfermement à vie dans un monastère.
161 Gélase II 1118/1119 Gaète Gélase II Né dans une famille aisée, il est élevé à l'abbaye du Mont-Cassin, puis entre en 1088 au service d'Urbain II. La même année, il est ordonné diacre. Peu de temps après, Urbain II le nomme cardinal-diacre de Santa Maria in Cosmedin et chef de la chancelier de la Sainte Église Romaine. Après la mort d'Urbain II, il se range aux côtés de Pascal II face à l'antipape Clément III. Il partage sa captivité en 1111, puis le soutient lors du synode du Latran de 1116. Deux jours après la mort de Pascal II, le 24 janvier 1118, Giovanni Coniulo est élu à Rome sous le nom de Gélase II. Il est aussitôt capturé par le clan Frangipani, puis libéré par la foule menée par le préfet urbain et le clan Pierleoni. Les troubles empêchent néanmoins sa consécration et il doit quitter Rome au début du mois de mars, poursuivi par les troupes de l'empereur Henri V, lequel exige que la consécration se fasse en sa présence. Face au refus de Gélase II, Henri V suscite l'antipape Grégoire VIII. Gélase II, réfugié dans sa ville natale, se fait ordonner prêtre, puis évêque. Au mois d'avril, il excommunie l'antipape et Henri V. Il revient à Rome au début de juillet 1118, après le départ d'Henri V, pour trouver la ville aux mains des Frangipani, qui soutiennent Grégoire VIII. Il doit de nouveau fuir et cherche protection en France auprès de Louis VI le Gros. Alors qu'il se dirige vers Vézelay pour rencontrer le roi, il tombe malade et meurt à l'abbaye de Cluny, où il est enterré. Selon la tradition, il aurait recommandé sur son lit de mort le cardinal Conon de Préneste, légat en Allemagne puis, devant le refus de ce dernier, celui qui devait devenir Calixte II.
ANT Grégoire VIII 1118/1121 Limousin Grégoire VIII Originaire du sud de la France Maurice Bourdin se fait moine à l'abbaye de Cluny. Il est élu évêque de Coïmbra en 1099 et, 10 ans plus tard, archevêque de Braga au Portugal. Comme archevêque de Braga il sacre l'empereur Henri V du Saint-Empire malgré la défense du pape. Caractère ambitieux et difficile, il s'oppose, dans un conflit de juridiction, à son protecteur Bernard de Sédirac, archevêque de Tolède. Le pape Pascal II tranche en sa faveur en 1114. Cependant, se voyant un meilleur avenir auprès de Henri V, l'archevêque de Braga se tourne contre le pape lorsque celui-ci tente de restreindre ses privilèges. Mécontent du choix fait lors de l'élection de Gélase II, Henri V occupe Rome, met en fuite le pape Gélase et utilisant son protégé (consentant) le fait élire en 1118 sous le nom de Grégoire VIII. Bientôt, pour des raisons politiques, ce prince lui retire son soutien. En 1121 assiégé dans Sutri par les Normands, partisans de Calixte II, successeur de Gélase, il est fait prisonnier et enfermé dans un monastère, puis au château de Fumone, dans le Latium. En 1137 il meurt à l'abbaye bénédictine de Cava de' Tirreni.
162 Calixte II 1119/1124 Quingey Calixte II En 1050, Gui de Bourgogne naît au château de Quingey, bourgade de villégiature des comtes palatins de Bourgogne, situé entre leur château de Poligny (Jura), château de Dole (capitale du comté de Bourgogne, voisin du duché de Bourgogne), château de Gray, et l’archevêché de Besançon, à l'époque à la frontière du saint Empire romain et du royaume de France. Il est fils du comte palatin Guillaume Ier de Bourgogne (comté de Bourgogne, dit Guillaume le Grand, de la maison d'Ivrée) et d'Étiennette de Bourgogne, petit fils du duc Richard II de Normandie, et parent dont nombreux seigneurs d'Europe par mariages historiques des membres de sa famille... Ils sont vassaux contre leur gré, du Saint-Empire romain voisin, à la suite de la succession du Royaume de Bourgogne par le testament du roi Rodolphe III de Bourgogne disparu en 1032 sans héritier, et à la guerre de succession de Bourgogne (1032-1034). (Guillaume Ier de Bourgogne hérite en 1078 du comté de Mâcon et de l'abbaye de Cluny (ordre de Cluny, duché de Bourgogne) de son cousin Guy II de Mâcon qui se retire dans les ordres sans héritier). En 1085, Guillaume Ier de Bourgogne impose ses fils Hugues III de Bourgogne au titre d'archevêque de Besançon, et Guy, comme administrateur du diocèse de son frère, pour succéder aux puissants prince-évêque du Saint-Empire romain Hugues Ier de Salins, puis Hugues II de Montfaucon. Son frère Renaud II de Bourgogne devient comte palatin de Bourgogne, de Mâcon et de Vienne et Guy devient alors en 1088 archevêque de Vienne (Isère) à 38 ans. Il est promu par le pape Pascal II légat du pape en France et probablement cardinal. Ses deux frères comtes palatins de Bourgogne successifs, Renaud II de Bourgogne, puis Étienne Ier de Bourgogne, meurs lors de la première croisade en Terre sainte. Son neveu Renaud III de Bourgogne leur succède.
Pontificat :
Le 1er février 1119, le cardinal légat du pape Kuno von Urach, qui accompagnait le précédent pape dans son voyage, organise à l'abbaye de Cluny l'élection pontificale de 1119, qui nomme pape Gui de Bourgogne (alors âgé de 69 ans) sous le nom de Calixte II (élection de Calixte II à l'abbaye de Cluny). Le 9 suivant, il est couronné pape à Vienne (Isère). Cette même année, Calixte II encourage la réforme grégorienne de l'ordre de Cluny (qui dépend directement des papes), et qui implique entre autres le contrôle des prêtres par les ordres monastiques de l'ordre de Saint-Benoît, pour luter contre la dégénérescence morale de l'église catholique durant la renaissance du xiie siècle. Il approuve la Carta Caritatis (charte de charité et d’unanimité) du nouvel ordre cistercien de l'abbaye de Cîteaux fondé en 1098 par le moine Robert de Molesme, avec un retour au respect plus rigoureux de la règle de saint Benoît, que celle appliquée par l'ordre de Cluny de l'abbaye de Cluny voisine. Ce nouvel ordre monastique connait un essor considérable dans toute l'Europe grâce au moine bourguignon Bernard de Clairvaux (1090-1153). Calixte II réintègre les États pontificaux en 1121, après 45 ans de querelle des Investitures (1075 à 1122) et de rivalité entre papes, antipapes et empereurs germaniques. Il fait prisonnier par les troupes papales l'antipape Grégoire VIII à Sutri (50 km au nord-ouest de Rome) qu'il soumet et fait enfermer dans un monastère jusqu'à sa mort en 1122. Il résout et met fin en 1122, à la querelle des Investitures (guerre de pouvoir hiérarchique opposant la papauté aux empereurs germaniques), par le concordat de Worms (Pactum Calixtinum en latin), signé par l'empereur Henri V du Saint-Empire. Ce concordat prévoit un partage des pouvoirs temporel et spirituel, avec le pouvoir d'investiture laïque pour l'empereur dans le domaine temporel, et le pouvoir d'investiture religieuse au pape pour le domaine spirituel. En 1123, Calixte II convoque le premier concile du Latran à la Basilique Saint-Jean-de-Latran de Rome, avec près de trois cents évêques et six cents abbés de toute l'Europe, pour entre autres ratifier le concordat de Worms précédent, pour imposer le premier célibat sacerdotal complet dans toute l'Église catholique1(à l'image du Christ, les prêtres catholiques vivent modestement de la charité chrétienne), et pour octroyer entre autres l'indulgence catholique / immunité spirituelle aux chevaliers croisés, et encourager la deuxième croisade... À la suite de la prise de Jérusalem en 1099, à la fondation de l'États latins d'Orient, et de l'Ordre du Saint-Sépulcre de Jérusalem par les chevaliers croisés de Godefroy de Bouillon, l'ordre militaire de l'ordre du Temple est créé en 1120 lors du concile de Naplouse. Calixte II instigue le Pèlerinage de Saint-Jacques-de-Compostelle en relation avec son frère Raymond de Bourgogne, devenu roi de León, de Galice et de Castille, par mariage en 1090 avec la reine Urraque Ire de León, fille héritière du roi Alphonse VI de León. Par la bulle Bula Onmipotentis dispositione du 27 février 1120, il élève Saint-Jacques-de-Compostelle au rang d'Archidiocèse de Saint-Jacques-de-Compostelle, et fait rassembler de textes épars pour la rédaction du manuscrit Codex Calixtinus (Livre de Saint Jacques, Liber Sancti Jacobi), pour assurer la dévotion à l'apôtre du Christ Saint-Jaques le Majeur, et assurer la promotion de ce pèlerinage par les chemins de Compostelle. Selon la légende, Calixte II accorde en 1122 à Compostelle le rang de ville sainte au même titre que Jérusalem et Rome, en lui accordant le premier jubilé plein de l'année sainte (année Sainte Compostellane). Il meurt à Rome (siège des états pontificaux), le 12 décembre 1124 à l'âge de 74 ans, après cinq ans de pontificat. Il est inhumé à l'abbaye de Cîteaux. Le pape Honorius II lui succède.
163 Honorius II 1124/1130 Fiagnano Honorius II Honorius II (né Lamberto Scannabecchi), cardinal d'Ostie à partir de 1117, pape du 21 décembre 1124 au 13 février 1130. Après cinq ans et deux mois de pontificat, il sera inhumé dans la basilique Saint-Jean du Latran. Comme légat du pape, il a participé activement au Concordat de Worms (1122). C'est pendant son pontificat que furent approuvés les Prémontrés, et l'Ordre du Temple en 1129 lors du concile de Troyes. Lamberto est né dans une famille simple dans le hameau de Fiagnano dans le village de Casalfiumanese près d'Imola. Au xiie siècle, une telle carrière n'est pas impossible et démontre des qualités hors normes. Ses études le recommandent au pape Pascal II qui l'appelle à ses côtés à Rome. Lamberto est l'un des cardinaux qui ont accompagné Gélase II dans son exil de 1118—1119. Ayant fait la démonstration de son opposition au droit de l'Empereur à choisir les évêques de son empire (voir la querelle des Investitures), Lamberto devenait un choix naturel pour être envoyé comme légat auprès d'Henri V (empereur germanique) en 1119 avec l'autorité pour obtenir un accord sur le droit d'investiture. Cette opposition s'est soldée avec la signature du Concordat de Worms, le « Pactum Calixtinum » (dont on peut dire qu'il est aussi Pactum Lamberti) le 23 septembre 1122. Le nom d'Honorius II avait aussi été porté au siècle précédent (1061-64) par l'antipape Honorius II (Pierre Cadalus), mais celui-ci n'a jamais été reconnu comme pape légitime.
164 Innocent II 1130/1143 Rome Innocent II Membre du clan Guidoni, Gregorio est d'abord chanoine régulier de Saint-Jean de Latran. Nommé cardinal-diacre de Saint-Ange par Pascal II, il suit son successeur Gélase II dans son exil en France. Sous le pontificat de Calixte II, il accompagne le légat pontifical Lambert, cardinal-évêque d'Ostie, dans sa mission en Allemagne. Avec ce dernier, il prend part à l'élaboration du concordat de Worms, qui en 1122 met fin à la longue querelle des Investitures. À son retour, il s'attache au clan des Frangipani, l'une des grandes familles romaines, contre les Pierleoni, plus populaires. Au début de l'année 1130, alors que le pape Honorius II est à l'article de la mort, le cardinal Aymeric, partisan des Frangipani, persuade ce dernier d'instituer une commission de huit cardinaux pour élire son successeur. Il resterait ensuite au Sacré Collège d'approuver ce choix. En pratique, la commission se trouve composée d'une minorité de pro-Pierleoni, pourtant majoritaires dans le Sacré Collège. Quand Honorius II meurt dans la nuit du 13 au 14 février, Aymeric réunit les six autres membres de la commission présents sur place, dont un seul partisan des Pierleoni. Gregorio, proche des Frangipani, est donc élu par six voix contre une ; il prend le nom d'Innocent II. Le vote est confirmé par dix autres cardinaux de la même faction, pour la plupart français. Quelques heures plus tard, les cardinaux de la faction Pierleone, majoritaires, élisent Pierre Pierleone, qui prend le nom d'Anaclet II.
Le schisme :
C'est le schisme. Anaclet II est soutenu par les Normands du roi Roger II de Sicile et par une majorité des Romains. Ainsi, Innocent II ne peut être couronné qu'à Sainte-Marie-Nouvelle, et non à la Basilique Saint-Pierre. Il est également prisonnier un temps des Normands. Contraint de quitter Rome, il se réfugie d'abord en Toscane, puis en Ligurie, et enfin en Provence. Si l'empereur Lothaire II ne se montre guère pressé de trancher, Louis VI de France est plus actif, sans doute sur le conseil de Suger. Il convoque à Étampes les archevêques de Sens, Reims et Bourges ainsi que des évêques et abbés, parmi lesquels Bernard de Clairvaux. Celui-ci prend parti pour Innocent II dès que les Frangipani le contactent, et refuse de prendre connaissance du dossier adverse. Accueilli en France par Suger, Innocent II convoque un synode à Clermont-Ferrand : Anaclet est excommunié en octobre 1130. Il vient à Autun dédicacer la seconde église cathédrale d'Autun. À la suite de Louis VI, Henri Ier d'Angleterre prend parti en faveur d'Innocent. Sur les conseils de Norbert de Xanten, fondateur des Prémontrés, Lothaire II fait finalement de même. En 1133, il intervient militairement en Italie. Cependant, aussitôt couronné par Innocent, il rebrousse chemin avec son armée. De nouveau chassé de Rome, Innocent II s'installe à Pise où il tient, en 1135, un concile réitérant la condamnation d'Anaclet et de ses partisans. En 1136-1137, Lothaire mène une seconde campagne militaire, qui inflige une défaite temporaire à Roger de Sicile, le plus sûr soutien militaire d'Anaclet. C'est la mort de ce dernier, en janvier 1138, qui met fin au schisme : son successeur, Victor IV, se soumet rapidement à Innocent. Innocent II convoque en avril le IIe concile du Latran pour affermir sa position : il reprend l'œuvre du Ier concile du Latran, en 1123, et confirme les décrets des synodes de Clermont, Reims et Pise. À la clôture du concile, il entreprend de réduire Roger de Sicile, son dernier adversaire. Fait prisonnier, il doit finalement traiter avec le Normand : par le traité de Mignano, en juillet 1139, il reconnaît son titre royal ainsi que ses territoires. À sa mort, Innocent II est inhumé dans la basilique du Latran, avant d'être transféré en 1308 en la Basilique Sainte-Marie-du-Trastevere.
ANT Anaclet II 1130/1138 Rome Anaclet II Anaclet II (Pietro Pierleoni) est antipape du 14 février 1130 à sa mort, le 25 janvier 1138. Son rival est le pape Innocent II. À la mort d'Honorius II, les cardinaux se scindent en deux factions qui se choisissent chacune un pape : le premier groupe, d'origine française, vient de créer l'Ordre du Temple au concile de Troyes. Il opte pour le cardinal Grégoire, qui devient Innocent II ; le second groupe, d'origine romaine, élit Pierre de Léon sous le nom d'Anaclet II. Celui-ci appartient à une famille issue d'un Juif converti, les Pierleoni1. Il est soutenu par les Juifs de Rome. Le roi franc Louis VI le Gros n'accepte pas cette situation. Il convoque les évêques de son royaume à Étampes, afin de juger lequel des deux papes est le bon sur le plan canonique. Il fait aussi venir Bernard de Clairvaux, alors au sommet de sa gloire. Celui-ci vient de participer au concile de Troyes, où fut rédigée la règle de l'ordre du Temple2. C'est Bernard qui décide de la chose devant les évêques français : il juge qu'Innocent II est canonique. Il n'hésite pas à se rendre ensuite auprès des puissants seigneurs de l'époque pour faire valoir son candidat. Il emporte l'adhésion du roi d'Angleterre, mais rencontre des difficultés avec d'autres, dont le duc d'Aquitaine. Innocent II, reconnu par le roi de France, fait rapidement convoquer les évêques au concile de Reims, qui commence le 13 octobre 1131. À l'issue de celui-ci, Innocent II est solennellement approuvé, tandis qu'Anaclet se voit excommunié3… De son côté, Anaclet II est soutenu par les Normands de Sicile. Mais il se heurte rapidement à une forte opposition, notamment à celle de Bernard de Clairvaux qui lui reproche ses origines juives. Bernard — qui prendra par ailleurs la défense des Juifs pendant la deuxième croisade — écrit qu'il considère comme une injure que la « race » juive « puisse occuper le siège de saint Pierre4 ». Innocent II est un moment prisonnier du roi normand Roger II de Sicile. Anaclet II est cependant excommunié en 1135 par le concile de Pise. Il meurt en 1138.
ANT Victor IV 1143/1144 Ceccano Victor IV Ottaviano Crescenzi Ottaviani appartenait à une branche cadette de l'importante famille noble des Crescenzi. En 1138, il fut nommé cardinal-diacre de San Nicola in Carcere par Innocent II et en 1151 cardinal-prêtre de Santa Cecilia de Trastevere. Le 1er septembre 1159 le pape Adrien IV mourut. Lorsque le 7 septembre eut lieu l'élection du nouveau pape, Octaviano était le candidat de l'empereur Frédéric Barberousse. Cependant les opposants à Frédéric étaient les plus nombreux et ils préférèrent Orlando Bandinelli qui prit le nom d'Alexandre III. Octaviano réagit en convoquant des troupes armées et se fit acclamer par elles en tant que pape sous le nom de Victor IV (Victor en latin signifie « vainqueur »). Le 4 octobre 1159 il fut intronisé sous la protection de l'armée impériale tandis qu'Alexandre était forcé de s'enfuir en France. Cependant Barberousse était le seul à reconnaître Victor il en appela à un concile à Pavie en février 1160, officiellement pour trancher la question de cette double élection. En réalité il voulait faire reconnaître Victor IV comme seul pape légitime car par ailleurs les partisans d'Alexandre ne furent pas admis au concile. Ce dernier confirma donc Victor comme prévu, mais la décision resta sans effet car le concile était considéré comme illégitime par la majorité du clergé. De plus, les dirigeants chrétiens (principalement Henri II d'Angleterre et Louis VII de France) reconnaissaient, après un autre concile tenu dans la collégiale Saint-Pierre de Neuf-Marché, pour leur part Alexandre III. L'empereur continua à essayer d'imposer la reconnaissance de Victor comme pape, mais sans résultat. L'antipape mourut à Lucques le 20 avril 1164 et Pascal III fut élu pour le remplacer.
165 Célestin II 1143/1144 Città di Castello Célestin II Célestin II (Guido di Città di Castello), né à Città di Castello (Ombrie), ce qui l’avait fait nommer Gui du Chastel avant son exaltation, il étudia sous Bernard de Clairvaux succéda à Innocent II en 1143, et fut pape de 1143 au 8 mars 1144. Il mit fin aux querelles intérieures de l’Église avec l’aide de Bernard de Clairvaux, troublée par Arnaud de Brescia, mais mourut dès l’année suivante. Il essaya de mettre un terme à la guerre entre l’Écosse et l’Angleterre. Il releva la France de l’interdit de trois ans après l’absolution de Louis VII (1137–80). Il fut le premier pape de la liste de la prophétie de saint Malachie sous la devise : "Ex castro Tiberis". Le nom de Célestin II avait déjà été choisi le 15 décembre 1124 par un pape nouvellement élu, mais ce Célestin II dut renoncer sous la contrainte dès le lendemain et, pour cette raison, il n’apparaît jamais dans les listes de papes.
166 Lucius II 1144/1145 Bologne Lucius II Il est le deuxième pape de la liste de la prophétie de saint Malachie sous la devise : Inimicus expulsus Sommé par les partisans d’Arnaud de Brescia de renoncer à toute souveraineté temporelle, il réclama l’appui de l’empereur Conrad III et marcha lui-même contre Rome avec quelques troupes , mais il fut blessé à mort en montant à l’assaut du Capitole.
167 Bienheureux Eugène III 1145/1153 Pise Bienheureux Eugène III Moine de l'abbaye de Clairvaux, Eugène III est disciple et ami de Bernard de Clairvaux avec qui il poursuit la réforme engagée par Grégoire VII. Suivant les conseils de son maître à penser, il crée l'auditorium, ancêtre du tribunal de la Rote. Cette institution permet au pape de se dégager des procès de plus en plus nombreux que la papauté devait régler1. Il crée le Sacré Collège, commence la construction du palais pontifical et approuve l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem. Lorsque le royaume de Jérusalem est menacé après la chute du comté d'Édesse, demandant à Bernard de Clairvaux de la prêcher, il lance la deuxième croisade, laquelle sera entreprise en grande partie à l'initiative du roi de France Louis VII le Jeune2. Forcé de s'éloigner de Rome, la ville étant contrôlée par Arnaud de Brescia, il voyage en Italie, en Allemagne, en France et ne peut rentrer que momentanément à Rome. Pendant son séjour en France, il tient un synode à Paris pour examiner la doctrine de Gilbert de la Porrée, qu’il condamne. Il visite également Clairvaux, l'abbaye de sa jeunesse (1146). Il consacre l'église Saint-Pierre à Montmartre le 21 avril 1147, lundi de Pâques 1147. Le 27 avril, il assiste à Paris au chapitre général de l'ordre du Temple. À cette occasion, il accorde aux Templiers le port de la croix rouge sur leur manteaux blancs3. Il consacre l'abbatiale de l'Abbaye de Fontenay le 21 septembre 1147 en présence de dix cardinaux, huit évêques et de nombreux abbés cisterciens, dont celui de Clairvaux, saint Bernard, puis la cathédrale Saint-Étienne de Châlons le 26 octobre, celle de Verdun en novembre. Eugène III meurt le 8 juillet 1153 à Tivoli.
168 Anastase IV 1153/1154 Rome Anastase IV Anastase IV, Corrado del Suburra, né à Rome vers 1070/1075, fut couronné pape le 12 juillet 1153 et mourut le 3 décembre 1154. Âgé au moment de son élection, il avait une grande expérience des affaires de la curie et fit preuves de ses capacités comme vicaire du Saint-Siège en temps d’épreuve. Durant son pontificat, il put résider à Rome et eut des bonnes relation avec les autorités civiles. Ayant fait preuve d’une grande charité durant une famine à Rome, il fut aimé et est inhumé au Latran qu’il avait embelli. Il fit restaurer le Panthéon de Rome et confirma les privilèges de l’Ordre de Saint-Jean de Jérusalem (Hospitaliers). Il mit fin à la querelle au sujet de l’élection du siège d’York et se montra modéré dans ses relations avec l’empereur Frédéric Barberousse. Il obtint de la Suède le paiement du denier de saint Pierre.
169 Adrien IV 1154/1159 Abbots Langley Adrien IV Seul pape anglais.
En 1145, Nicolas rejoint la cour pontificale. Avant 1150, Eugène III le fait cardinal d'Albano et l'envoie comme légat en Scandinavie. En 1153, Nicolas promulgue une série de constitutions qui fixent le cadre de l'Église de Norvège. Il l'organise sur un modèle romain : la même année, il constitue la province ecclésiastique de Norvège, avec Nidaros (actuelle Trondheim) comme métropole. En Suède, il convoque le synode de Linköping pour mettre sur pied les institutions ecclésiastiques3. Cependant, les Suédois ne s'accordent pas sur le choix du siège archiépiscopal — celui-ci ne sera déterminé qu'en 1164 : ce sera Uppsala. Dans l'intervalle, Nicolas se contente de promettre la primatie à l'archevêque danois de Lund3. Nicolas rentre à Rome en novembre 11543. Le 4 décembre 1154, deux jours après la mort d'Anastase IV, Nicolas est élu pape à l'unanimité, sans doute grâce à sa gestion habile des affaires scandinaves4. Étant déjà évêque, il n'a pas besoin d'être consacré. Il est couronné le lendemain à la basilique Saint-Pierre, où s'est déroulée l'élection, et prend le nom d'Adrien IV, peut-être en souvenir de son compatriote, Adrien de Cantorbéry († 709), ou d'Adrien Ier († 795), défenseur des droits pontificaux en Italie. Aussitôt élu, Adrien doit reprendre en main la ville de Rome, secouée par les prédications subversives d'Arnaud de Brescia. Rompant avec les demi-mesures de son prédécesseur, il lance l'interdit sur la ville. La cessation des pèlerinages, et donc des flux d'argent apportés par les pèlerins, finit par mettre la Ville au pas : le prédicateur Arnaud de Brescia est expulsé. L'empereur Frédéric Barberousse livre Arnaud au préfet de Rome en juin 1155 où il est pendu la même année ; son corps sera brûlé et ses cendres jetées dans le Tibre. Sur le plan temporel, il doit affronter les Normands de Sicile : quand Roger II meurt en 1154, son fils Guillaume le Mauvais s'empare de la couronne, sans l'aval du pape, et envahit le Bénévent et la Campanie. Contre lui, Adrien IV espère l'appui de l'Allemagne. Malheureusement pour lui, le roi Frédéric Barberousse, malgré le récent renouvellement du traité de Constance, lance une campagne en Italie du Nord, occupant au passage une partie des États pontificaux. Une réconciliation intervient : Barberousse fait exécuter Arnaud de Brescia et le 18 juin 1155, il est couronné par le pape empereur du Saint-Empire. Cependant, pendant la messe, Adrien décide de lui-même de modifier le rituel pour bien marquer sa supériorité sur l'empereur. Furieuses, les troupes allemandes manquent d'emprisonner le pape. Très vite, le conflit entre pape et empereur reprend et Barberousse décide finalement de ne pas attaquer les Normands de Sicile. Or c'est précisément le moment où des barons adversaires de Guillaume le Mauvais se soulèvent contre lui. Soutenus par l'Empire byzantin, ils font également appel au pape. À leur demande, Adrien IV se rend à Bénévent. Las, au printemps 1156, Guillaume parvient à repousser les Byzantins et à défaire les rebelles. Il assiège Bénévent, où se trouvent encore Adrien et quelques-uns de ses cardinaux. Contraint de négocier, Adrien IV doit reconnaître à Guillaume la couronne de Sicile et accepter la création d'un État unifié comprenant la Sicile, l'Apulie ou encore la Campanie. En compensation, Adrien IV obtient le droit de libre nomination des évêques dans ces régions. Du côté allemand, les relations restent tendues. En 1157, Adrien doit dépêcher deux cardinaux en Allemagne, pour justifier auprès de Barberousse le traité de Bénévent conclu avec les Normands. Une « erreur » de traduction du chancelier allemand provoque la colère des princes allemands : Adrien IV considèrerait l'Empire comme un « fief » (beneficium) de la papauté. Les légats sont aussitôt expulsés. Adrien IV doit expliquer l'année suivante qu'il avait voulu parler d'un « bienfait », et non d'un fief. Les relations s'apaisent, du moins en apparence. Dès 1159, Barberousse lance une nouvelle campagne en Italie du Nord. L'organisation qu'il met en place est loin de rencontrer l'approbation du pape. Le désaccord s'envenime et à la mi-année, Adrien menace même d'excommunier l'empereur. La mort d'Adrien le 1er septembre met fin à la crise. Le corps d'Adrien IV est d'abord inhumé dans une tombe de granite rose de la basilique Saint-Pierre, en face du maître autel de l'oratoire de la Vierge. Sa tombe est plus tard déplacée dans les grottes vaticanes.
La donation d'Adrien :
Dans le dernier chapitre du Metalogicus, Jean de Salisbury attribue à Adrien IV une lettre qui donne à Henri II d'Angleterre la suzeraineté de l'Irlande ; le pape aurait également remis au souverain une bague en or ornée d'une émeraude, symbole de son investiture. Selon Jean, qui se déclare à l'initiative de la lettre, le pape est fondé à donner ainsi l'Irlande par la donation de Constantin8. Le gallois Giraud de Barri fournit une copie de cette lettre, connue comme la bulle Laudabiliter, dans son récit de la conquête de l'Irlande, l’Expugnatio Hibernica (1188). Le document et les deux références sont dénoncés comme des faux au xviie siècle par deux érudits irlandais, Stephen White et John Lynch. Cette contestation marque le début d'une longue querelle de spécialistes. L'exemplaire original de Laudabiliter n'a pas été retrouvé dans les archives du Vatican, qui n'en font pas mention, mais c'est également le cas pour beaucoup d'autres documents considérés comme authentiques. À ce jour, Laudabiliter reste un document controversé.
170 Alexandre III 1159/1181 Sienne Alexandre III Après des études de droit canonique à l'université de Bologne, il enseigne cette matière d'abord à Bologne, puis à Pise. Il compose la Stroma ou Summa Magistri Rolandi, l'un des premiers commentaires du Décret de Gratien. En octobre 1150, le pape Eugène III le nomme cardinal, au titre de saints Côme et Damien ensuite il devient cardinal-prêtre de Saint Marc. C'est probablement à cette période qu'il compose ses Sentences, basées sur l'Introductio ad theologiam de Pierre Abélard. En 1153, il devient chancelier de l'Église et est le meneur des cardinaux opposés à l'empereur Frédéric Barberousse, élu Roi des Romains en 1152, qui veut étendre son pouvoir sur l'Italie.
Le 7 septembre 1159, il est élu comme successeur du pape Adrien IV cependant, une minorité de cardinaux pro-germaniques, élit le cardinal prêtre Octavien, qui prend le nom de Victor IV. Ce dernier, comme ses successeurs Pascal III (1164-1168) et Calixte III (1168-1178), reçoit le soutien de l'empereur. Celui-ci réunit alors un concile à Pavie, qui reconnait Victor IV comme seul pape légitime, mais les grands États catholiques (France, Angleterre, Sicile, et royaumes ibériques), après avoir réuni un autre concile dans la collégiale Saint-Pierre de Neuf-Marché reconnaissent, eux, Alexandre III. En 1160, il excommunie Barberousse. C'est la guerre et Alexandre III doit se réfugier en France à partir de 1162. Il arrive tout d'abord, le 11 avril, à Maguelone puis Montpellier. Au mois de juin, il se dirige vers le nord à travers le Massif central. Il est ainsi reçu à Alis, Mende et Le Puy avant d'arriver à Clermont le 14 août. Il reçoit dans cette ville le roi d'Angleterre. Puis il se dirige vers Tours où il passe les fêtes de Noël. Durant l'année 1163 il réside tantôt à Tours, tantôt à Paris. Il convoque le concile de Tours le 19 mai. Au mois d'octobre, il se retire à Sens, où il reste jusqu'au 23 novembre 1165. À cette date, il retourne à Rome, mais il doit à nouveau fuir sous la pression de l'empereur venu en 1166 à Rome se faire couronner par l'antipape Pascal III. Il se réfugie à partir de 1167, à Gaète, Bénévent, Anagni et Venise et trouve des appuis dans le nord de l'Italie. Les cités lombardes s’unissent et forment la Ligue lombarde, qui inflige à Barberousse une sévère défaite à Legnano. L'empereur cède et reconnait Alexandre III comme pape au traité de Venise en 1177. Le 12 mars 1178 Alexandre III rentre à nouveau à Rome, chassant l'antipape Calixte III, qui abdique quelques mois plus tard. En mars 1179, il réunit le IIIe concile du Latran, reconnu par l'Église romaine comme le onzième concile œcuménique il réussit à faire adopter plusieurs de ses propositions pour améliorer l'état de l'Église, dont la règle, encore en vigueur, de la majorité des deux tiers pour l'élection d'un nouveau pape (constitution licet de vitandia discordia). Ce synode marque l'apogée du pouvoir d'Alexandre III. En plus d'avoir fait céder Barberousse, il a humilié Henri II d'Angleterre dans sa confrontation avec Thomas Becket, archevêque de Cantorbéry, il a confirmé le droit d'Alphonse Ier du Portugal à la couronne, et, fugitif, il a joui de la faveur et de la protection de Louis VII de France. Néanmoins, peu de temps après la fin du synode, la république romaine (en) le force à quitter la ville où il ne reviendra jamais. Le 29 septembre 1179, quelques nobles mettent en place l'antipape Innocent III. Utilisant judicieusement le pouvoir de la finance, Alexandre III revient au pouvoir. En 1181, il excommunie Guillaume Ier d'Écosse et jette l'interdit sur le royaume d'Écosse.
ANT Victor IV 1159/1164 Tivoli Victor IV Ottaviano Crescenzi Ottaviani appartenait à une branche cadette de l'importante famille noble des Crescenzi. En 1138, il fut nommé cardinal-diacre de San Nicola in Carcere par Innocent II et en 1151 cardinal-prêtre de Santa Cecilia de Trastevere. Le 1er septembre 1159 le pape Adrien IV mourut. Lorsque le 7 septembre eut lieu l'élection du nouveau pape, Octaviano était le candidat de l'empereur Frédéric Barberousse. Cependant les opposants à Frédéric étaient les plus nombreux et ils préférèrent Orlando Bandinelli qui prit le nom d'Alexandre III. Octaviano réagit en convoquant des troupes armées et se fit acclamer par elles en tant que pape sous le nom de Victor IV (Victor en latin signifie « vainqueur »). Le 4 octobre 1159 il fut intronisé sous la protection de l'armée impériale tandis qu'Alexandre était forcé de s'enfuir en France. Cependant Barberousse était le seul à reconnaître Victor il en appela à un concile à Pavie en février 1160, officiellement pour trancher la question de cette double élection. En réalité il voulait faire reconnaître Victor IV comme seul pape légitime car par ailleurs les partisans d'Alexandre ne furent pas admis au concile. Ce dernier confirma donc Victor comme prévu, mais la décision resta sans effet car le concile était considéré comme illégitime par la majorité du clergé. De plus, les dirigeants chrétiens (principalement Henri II d'Angleterre et Louis VII de France) reconnaissaient, après un autre concile tenu dans la collégiale Saint-Pierre de Neuf-Marché, pour leur part Alexandre III. L'empereur continua à essayer d'imposer la reconnaissance de Victor comme pape, mais sans résultat. L'antipape mourut à Lucques le 20 avril 1164 et Pascal III fut élu pour le remplacer.
ANT Pascal III 1164/1168 Crema Pascal III Pascal III, de son vrai nom Guido da Crema, né à Crema en Lombardie vers 1100, et mort à Rome le 20 septembre 1168, a été antipape de 1164 à 1168. Alors que le schisme apparu avec Victor IV semblait résolu avec sa mort, Rainald de Dassel, le représentant de Frédéric Barberousse en Italie, fait élire un nouveau pape sous le nom de Pascal III, le 22 avril 1164, à Lucques. Il est consacré par Henri II de Leez le 26. Cette élection aggrave encore le schisme et entraîne en plus une opposition des villes du nord de l'Italie à Frédéric Barberousse, qui formeront plus tard la Ligue lombarde. En 1165, il canonise Charlemagne, à la demande de l'empereur. Cette canonisation ne sera jamais reconnue par l'Église. Puis il s'installe à Rome lorsque Barberousse prend la ville en juillet 1167, forçant Alexandre III à fuir. Cette même année il couronne Frédéric et l'impératrice à Saint-Pierre. Il reste à Rome jusqu'à sa mort le 20 septembre 1168. Malgré les négociations ouvertes entre Frédéric Barberousse et Alexandre III, l'antipape Calixte III sera élu comme son successeur. En 1179, le troisième concile du Latran révoqua toutes les décisions de Pascal III.
ANT Calixte III 1168/1178 Hongrie Calixte III Créé cardinal par Victor IV, Giovanni de Struma fut nommé cardinal-évêque d'Albano par l'antipape Pascal III. Il fut lui-même élu à Rome à la mort de ce dernier, en septembre 1168, par quelques cardinaux nommés par Pascal III. Il n’était en fait qu’une monnaie d’échange entre les mains de l’empereur pour faire pression sur Alexandre III. En 1177 Frédéric Barberousse lui retira son soutien après sa défaite à Legnano et le traité de Venise qui en découlait. Chassé de Rome, Calixte III se maintint quelque temps à Albano mais finit par abdiquer le 29 août 1178 en faveur d'Alexandre III. Il fut alors nommé recteur dans la possession papale de Bénévent, où il serait mort avant le 19 octobre 1183.
ANT Innocent III 1179/1180 Rome Innocent III Lando Sitino était probablement issu d'une famille noble allemande. Victor IV, le premier antipape qui s'était opposé à Alexandre III, l'avait nommé cardinal. En 1178, Calixte III, deuxième successeur de Victor IV, démissionna et se soumit à Alexandre III. Les adversaires d'Alexandre III ne se rallièrent pourtant pas et élurent comme nouveau pape Lando qui prit le nom d'Innocent III et choisit de résider à Palumbara. Mais, au contraire des précédents antipapes, les soutiens politiques lui faisaient défaut contre Alexandre III. Les antipapes précédents avaient bénéficié de l'appui de l'empereur Frédéric Ier, mais en 1177, celui-ci avait fait la paix avec Alexandre III et avait retiré son soutien aux antipapes. L'influence d'Innocent III était donc très faible. En 1180, Alexandre III parvint à acheter quelques partisans d'Innocent III. Trahi, ce dernier fut condamné à être emprisonné à vie au monastère de La Cava, à Cava de' Tirreni, où il mourut. Satisfaits de la situation, les partisans d'Innocent n'opposèrent aucun antipape à Alexandre III. C'était la fin du schisme religieux commencé en 1159.
171 Lucius III 1181/1185 Lucques Lucius III Le pape Lucius III, né vers l'an 1097, est originaire de la république indépendante de Lucques. Il est le fils d'Orlando, membre de la famille aristocratique des Allucingoli mais cela n'est pas prouvé1. Il a des liens étroits avec les cisterciens, mais il semble qu'il n'ait jamais fait vœu. Il est nommé cardinal par le pape Innocent II en décembre 1138 : initialement il est nommé cardinal-diacre de l'église Saint-Adrien-du-Forum (l'actuelle Curie Julia du Forum Romain) puis en mai 1141, cardinal-prêtre de la basilique Sainte-Praxède. Le pape Adrien IV l'élève au rang de cardinal-évêque d'Ostie en décembre 1158. Il a été le doyen du Collège des cardinaux et l'un des cardinaux les plus influents sous le règne de son prédécesseur, le pape Alexandre III. Après avoir été élu pape en 1181, il vit à Rome de novembre 1181 à mars 1182, mais des dissensions dans la ville l'obligent à passer le reste de son pontificat en exil, principalement à Velletri, Anagni et Vérone. Il conteste l'empereur romain Frédéric Barberousse au cours de la répartition des territoires de la fin des années de la comtesse Mathilde de Toscane. La controverse, sur la succession de l'héritage de la comtesse, est laissée en suspens par un accord de 1177. L'empereur propose en 1182 que la curie renonce à sa demande et reçoive en échange de deux dixièmes du revenu impérial d'Italie, un dixième pour le pape et l'autre dixième pour les cardinaux. Lucius III ne consent ni à cette proposition, ni à un autre compromis proposé par Frédéric Barberousse l'année suivante la discussion personnelle avec l'empereur à Vérone en 1184 ne mène à aucun résultat définitif. Pendant le conflit entre l'empereur et la papauté, le problème de l'hérésie a besoin d'une réponse politique. En 1184, le pape Lucius III édicte la bulle pontificale Ad abolendam qui annonce que tous les « comtes, barons, les recteurs, [et] les consuls des villes et autres lieux » qui n'ont pas adhéré à la lutte contre l'hérésie, lorsqu'ils sont appelés à le faire, seraient excommuniés et leurs territoires déclarés interdits. Il déclare que ces dispositions dépendent de l'autorité apostolique de l'Église avec la sanction du pouvoir impérial3. Entre temps, d'autres causes de désaccord apparaissent, lorsque le pape refuse de se conformer aux souhaits de l'empereur Frédéric au sujet de la réglementation des élections épiscopales allemandes qui avaient eu lieu pendant le schisme, en particulier, en ce qui concerne une élection contestée à Trèves), en 1183. En novembre 1184, Lucius tient un concile à Vérone qui condamne les cathares, les pateri, les vaudois et les arnoldistes. Il frappe d'anathème tous ceux qui sont déclarés comme des hérétiques et leurs fauteurs. Contrairement à ce qu'on dit souvent, il n'a pas institué l'Inquisition. En raison de sa politique anti-impériale, Lucius III refuse en 1185 de couronner l'empereur romain-germanique Henri VI en tant que successeur de Frédéric Barberousse la rupture entre l'Empire et la Curie Romaine se creuse notamment sur les questions de politique italienne. En 1185, les préparatifs pour la troisième croisade commencent, en réponse aux appels du roi Baudouin IV de Jérusalem. Lucius III, meurt à Vérone, le 25 novembre 1185, avant le début de celle-ci.
172 Urbain III 1185/1187 Milan Urbain III Urbain III (Uberto Crivelli), né à Milan vers 1120 a été pape de 1185 (élu le 25 novembre 1185 le jour de la mort de Lucius III son prédécesseur et consacré le 1er décembre 1185) à 1187 († 20 octobre 1187). « Sus in cribro » dans la prophétie de saint Malachie. Il lutta contre Frédéric Barberousse et, selon la légende, mourut de douleur quand les Sarrasins occupèrent Jérusalem.
173 Grégoire VIII 1187 Bénévent Grégoire VIII Grégoire VIII (Alberto di Morra) est un prélat italien qui naquit à Benevento et devint cardinal de Saint-Laurent en Lucina, pape du 21 octobre 1187 au 17 décembre 1187, date de sa mort. Il est appelé « Ensis Laurentii » dans la prophétie de saint Malachie. Avant de devenir pape, il fut chanoine régulier de l'abbaye Saint-Martin de Laon. Devenu pape en octobre 1187, il leva l'excommunication du roi Henri II d'Angleterre qui avait fait assassiner Thomas Becket. Il émit peu de temps après son accession à la papauté la bulle Audita tremendi qui appelait à la troisième croisade contre les musulmans menés par Saladin, qui venait de conquérir Jérusalem. Il mourut avant de voir le début de celle-ci.
174 Clément III 1187/1191 Rome Clément III Clément III (Paolo Scolari) (Rome, vers 1130 - Rome, 27 mars 1191) fut élu pape à Pise le 19 décembre 1187. Avant son élection au pontificat, il était cardinal évêque de Palestrina. Il parvient peu après son élection à calmer les tensions entre l'Église et la population de Rome en permettant aux citoyens romains d'élire eux-mêmes leurs magistrats (tandis que le pape garde le pouvoir de choisir le gouverneur de la ville). Il a fait bâtir le monastère de Saint-Laurent-hors-les-murs, et restaurer le palais du Latran. Il a organisé le regroupement des forces de la Chrétienté contre les Sarrasins. Il a également incité Henri II d'Angleterre et Philippe Auguste à entreprendre la troisième Croisade, à laquelle participa le roi d'Angleterre Richard Cœur de Lion, qui fut lancée après sa mort par Célestin III et fut un échec (mort de l'empereur Frédéric Barberousse).
175 Célestin III 1191/1198 Rome Célestin III Il sacra l'empereur Henri VI du Saint-Empire, avec l'impératrice Constance de Hauteville, ce qui ne l'empêcha pas d'excommunier ce prince en 1194, parce qu'il retenait prisonnier Richard au retour de la croisade. Il condamna le divorce de Philippe-Auguste, donna la Sicile à Frédéric II du Saint-Empire, fils de Henri, à condition qu'il payât tribut au Saint-Siège, fit prêcher des croisades, et approuva la création de l'Ordre Teutonique dont le rôle le plus important était de défendre les pèlerins en Terre Sainte. Il fut enterré dans la basilique Saint-Jean-de-Latran. « De rure bovensi » dans la prophétie de saint Malachie. Il reste de lui 17 lettres dans les Epistolae Romanorum Pontificum de Pierre Coustant.
176 Innocent III 1198/1216 Gavignano Innocent III Lotario, de la famille des comtes de Segni, (Gavignano, 1160 – Pérouse, 1216), élu pape le 8 janvier 1198 sous le nom d'Innocent III, est considéré comme l'un des plus grands papes du Moyen Âge. Théologien et homme d'action, préoccupé de remplir au mieux sa fonction de pape, il fut un chef à la décision rapide et autoritaire. Il chercha à exalter au mieux la justice et la puissance du Saint-Siège de façon à renforcer son autorité suprême, gage selon lui de la cohésion de la Chrétienté à cette fin, à partir de 1199, il développa la lutte contre les hérésies, qu'il confia en 1213 à l’Inquisition, tribunal ecclésiastique d'exception. Une de ses œuvres majeures fut de soutenir Dominique de Guzmán ainsi que saint François d'Assise et ses frères mendiants et de valider leur première règle. Ce pape fut également celui du plus important concile du Moyen Âge, le IVe concile du Latran, qui statua entre autres sur les dogmes, les sacrements, la réforme de l'Église, la conduite des prêtres et des fidèles, la croisade, le statut des Juifs et des homosexuels3. C'est sous son pontificat qu'eut lieu la quatrième croisade, appelée par son prédécesseur Célestin III cette croisade échappa au pouvoir de la papauté et se termina par le sac de Constantinople par les Croisés, événement qui creusa le fossé entre orthodoxes et catholiques.
Lotario pourrait avoir choisi son nom de pape en référence à son prédécesseur Innocent II (1130-1143), qui avait imposé à l'empereur de reconnaître la supériorité du Sacerdoce sur l'Empire en se prêtant, en 1131 à Liège, à un rituel (décrit dans la Fausse Donation de Constantin) au cours duquel le titulaire de l'Empire, à pieds, promenait par la bride un cheval blanc sur lequel le pape était monté. C'est Innocent III qui impose le monopole de la papauté sur le titre de "Vicaire du Christ (en)", jusque là partagé par les évêques (le titre de "Vicaire de Pierre" étant alors abandonné). À travers ses lettres, ses sermons et ses bulles, se développe une doctrine théocratique cohérente de la plenitudo potestatis ("plénitude de puissance") qui confère au pape une puissance illimitée le programme de la Réforme grégorienne est ainsi porté à son aboutissement. Classiquement, Innocent III soutient l'idée que le pape détient seul l'entière souveraineté (l'auctoritas des Romains). Les princes possèdent la potestas, c'est-à-dire la puissance politique qui leur est donnée directement par Dieu. Ils accomplissent comme ils l'entendent leur office dans leur domaine. Il en découle que les souverains ne peuvent se soustraire à l'autorité pontificale pas plus que les Églises nationales. « Nous avons été institués prince sur la Terre (...) avec le pouvoir de renverser, de détruire, de dissiper, d'édifier et de planter ». Il déclare au patriarche de Constantinople que l'univers entier a été confié à saint Pierre et à ses successeurs. Cependant, sa doctrine est plus souple que celle des dictatus papae énoncés au temps de Grégoire VII (1073-1085) : même s'il pense que le pouvoir spirituel l'emporte sur le pouvoir temporel, Innocent III limite l'intervention du pape dans le domaine temporel à trois cas : un grave péché des princes, la défense des biens ecclésiastiques et la nécessité de trancher dans un domaine où nulle juridiction n'est compétente. Ainsi, il se comporte comme l'arbitre incontesté de l'Occident chrétien et porte à son zénith la théocratie pontificale. Le Pape veut en outre réaliser sur Terre la Cité Céleste, placée sous son autorité. Il s'agit d'augustinisme politique, en référence à Saint Augustin mais là où saint Augustin décrivait un idéal irréalisable sur Terre, Innocent III prétend le réaliser sous son pontificat. Pour ce dernier, l'Église doit promouvoir la Cité Céleste sur Terre et ainsi faire régner la paix et l'ordre. Dans sa lettre Etsi non displiceat de 1205, Innocent III condamne quelques activités des juifs et exhorte Philippe II Auguste à mettre fin à ces abus dans son domaine (en latin: abusiones huiusmodi de regno Francorum studeas abolire) et à persecuter les loups qui ont adopté l'air de brebis afin de démontrer la ferveur avec laquelle Sa Majesté (regia celsitudo) professe la foi chrétienne12. Auparavant, il n'a pas hésité à jeter l'interdit sur le royaume de France lorsque Philippe II Auguste fait illégalement annuler son mariage avec Ingeburge de Danemark pour épouser Agnès de Méran le 1er juin 1196. Il frappe aussi l'Angleterre d'interdit et dépose même Jean sans Terre quand celui-ci refuse l'accession d'Étienne Langton au siège de Cantorbéry en 1208. Il excommunie le roi d'Angleterre l'année suivante et le menace de déposition. Lorsque Jean se plie à la volonté papale et demande son pardon en 1213, le pape exige une soumission complète. Le roi doit réparer les dégâts causés dans les églises pendant le conflit et se reconnaître vassal du Saint-Siège. Il prend deux ans plus tard la défense du souverain contre les barons révoltés, qui, à ses yeux, menacent la paix de la chrétienté. À l'image de l'Angleterre, les rois d'Aragon, de Bulgarie et du Portugal se reconnaissent vassal du pape.
Le pape tente de rétablir son autorité sur Rome et ses propres États. Il liquide définitivement ce qui restait de la république romaine en obtenant la démission de la municipalité et la révocation des officiers nommés par le sénat républicain. Le préfet, jusqu’alors agent de l’empereur, devient un fonctionnaire du Saint-Siège. Ces mesures entraînent la révolte des Romains dirigée par la noblesse. Il faut environ six ans au pape pour reprendre le contrôle de la ville. Innocent III parvient dans le même temps, à mettre la main sur l’héritage de la comtesse Mathilde de Toscane, la marche d’Ancône, la Campanie, le duché de Spolète14. Il joue aussi des rivalités entre les Hohenstaufen, la maison du défunt empereur, et les guelfes. Au poste d'empereur, les guelfes font élire Otton de Brunswick tandis que les partisans des Hohenstaufen, majoritaires, font élire le frère du roi, Philippe de Souabe. Innocent III profite de l’occasion pour affirmer les droits supérieurs de la papauté. Dans la décrétale Venerabilem de 1202, il affirme qu’en cas de contestation de l’élection impériale, la décision finale appartient au pape. Il favorise d’abord le guelfe Othon IV, qui, pour obtenir le soutien pontifical, lui a promis la souveraineté totale des États de l’Église, plus l’exarchat de Ravenne, les domaines de la comtesse Mathilde, la marche d’Ancône, le duché de Spolète et la reconnaissance de sa souveraineté sur la Sicile. Mais dès que son pouvoir est affermi, Othon IV renie sa promesse et se comporte comme tous les empereurs précédents. Innocent III excommunie alors Othon IV en 1210 et favorise la marche au pouvoir de Frédéric II, son pupille. Celui-ci est couronné roi à Aix-la Chapelle en 1215 après avoir donné au pape toutes les garanties sur le maintien des droits de l'Église et sur la séparation des royaumes germaniques et de Sicile.
Innocent III est à l'origine du détournement de l'idée de croisades : il forge l'idée de « croisades politiques » qui sera reprise par ses successeurs. Il est le premier à lever des taxes pour financer les croisades, et aussi à exprimer le droit à « l'exposition en proie », c'est-à-dire le droit pour le pape d'autoriser les catholiques à s'emparer des terres de ceux qui ne réprimeraient pas l'hérésie. Dès 1199, il menace ainsi de lancer une croisade contre un partisan de l'empire. À partir de 1207-1208, Innocent III fait prêcher la croisade contre les Albigeois. Dans une lettre aux évêques du Midi, il expose pour la première fois les principes justifiant l'extension de la croisade en pays chrétien : l'Église n'est pas obligée de recourir au bras séculier pour exterminer l'hérésie dans une région à défaut du suzerain, elle a le droit de prendre elle-même l'initiative de convoquer tous les chrétiens, et même de disposer des territoires des hérétiques en les offrant, par-dessus le suzerain, comme butin aux conquérants. Il offre à tous ceux qui participeraient à la réduction de l'hérésie les mêmes indulgences que pour les croisés de Terre sainte mais en plus, ils leur donnent les terres conquises lors de la croisade. Le IVe concile du Latran de 1215 confirme ces dispositions. Le concile ordonne aussi la prédication d'une nouvelle croisade dans toute la chrétienté. Il demande l'indulgence plénière laquelle est étendue à ceux qui contribuent à la construction de bateaux pour la croisade alors que jusque là seuls les combattants en bénéficiaient. C'est un appel direct aux armateurs de villes italiennes. Il décide par ailleurs de frapper les revenus ecclésiastiques d'un impôt d'un vingtième et les biens de pape et des cardinaux d'un impôt d'un dixième. La cinquième croisade aura lieu après la mort d'Innocent.
Innocent III cherche à mieux contrôler le clergé de manière à mettre fin aux critiques adressées à certains de ses membres. Il s'appuie sur les cisterciens pour lutter contre l'hérésie cathare. Il désigne parmi eux ses légats avec pleine autorité sur les évêques en la matière. Leur action est plutôt inefficace. En 1208, le meurtre de l'un d'entre eux, Pierre de Castelnau, permet au pape de lancer la croisade contre les Albigeois, à laquelle il avait appelé à plusieurs reprises depuis 120428. Il est ainsi à l'origine d'une guerre particulièrement violente contre les anticléricaux et évangélistes du Midi de l'actuelle France, déclarés hérétiques. Dès 1199, Innocent III a développé la lutte contre les hérésies. Dans sa bulle pontificale Vergentis in senium (25 mars 1199), il assimile l’« aberration dans la foi » à un crime de lèse-majesté, concept romain redécouvert à cette époque par les autorités laïques. En 1205, dans sa bulle Si adversus vos, il condamne ceux qui viennent à la défense des hérétiques, leur interdisant de fait le secours d'un avocat, voire de témoins à décharge. La procédure inquisitoire, destinée à la répression de tous les méfaits (et pas seulement des hérésies) est complétée et codifiée par une série de décrétales, en particulier Licet Heli (1199) et Qualiter et quando (1206). Toutes les dispositions relatives à la procédure inquisitoriale seront reprises et mises en ordre par le même Innocent III en novembre 1215 à l'occasion du IVe concile du Latran, au 8e canon, lui aussi nommé Qualiter et quando. Ce concile marque l'aboutissement des efforts d'Innocent III pour le rétablissement de l'orthodoxie catholique. Il affirme (principalement pour condamner les cathares) la Trinité, l'incarnation humaine du Christ, et introduit dans le dogme, sous l'influence des théologiens Pierre Lombard et Étienne Langton, le concept de la transsubstantiation qui est défini comme dogme pour la première fois dans un canon de l'Église catholique. La simonie et le nicolaïsme sont de nouveau condamnés, de même que, pour les clercs, l'ivrognerie, le jeu, la participation aux festins et aux duels ou encore la pratique de la chirurgie. Il est rappelé que les contributions des fidèles sont volontaires et qu'il est hors de question de les tarifer. En 1210, il voit en rêve saint François d'Assise soutenant la basilique Saint-Jean de Latran en ruines. Frappé par ce rêve, il valide verbalement la première règle rédigée par François régissant la fraternité naissante. Malgré leur vision radicalement différente de l'Église, Innocent III et François se sont respectés. Innocent III est très souvent représenté aux côtés de saint François.
En 1216, il entreprend un voyage en Italie du Nord afin d'user de son autorité pour rétablir la paix entre Gênes et Pise. De passage à Pérouse, il est atteint de fièvre et y meurt le 16 juillet. Il y est inhumé dans la cathédrale San-Lorenzo. Ses restes, mêlés en 1615 dans une urne à ceux d'Urbain IV et de Martin IV, sont par la suite transférés en 1891 à la basilique Saint-Jean de Latran. Face à la montée des hérésies en France (Vaudois, Cathares...), qui utilisent des traductions en langues vulgaires de la Bible, il interdit à plusieurs reprises les traductions en français de la Bible (voir la section « chronologie »).

Élus au 13 ème siècle

No Nom Pontificat Naissance Notes
177 Honorius III 1216/1227 Rome Honorius III Honorius III, né Cencio Savelli fut pape de 1216 à 1227. Il naquit à Rome à une date inconnue et y mourut le 18 mars 1227. Sa famille Savelli était nommée d'après la forteresse de Sabellum, près d'Albano. Il fut d'abord chanoine à l'église de Sainte-Marie-Majeure à Rome puis devint chambellan du Pape en 1188 et cardinal-diacre de Santa Lucia in Silice en 1193. Sous Clément III et Célestin III, il fut le trésorier de l'Église catholique. En 1197, il devint un tuteur du futur empereur Frédéric II, qui avait été confié à la garde d'Innocent III par l’impératrice Constance. Innocent III en fit un cardinal-prêtre le 13 mars 1198 et il devint plus tard cardinal de Saints Jean et Paul. Le 18 juillet 1216, dix-neuf cardinaux se rassemblèrent à Pérouse, où venait de mourir Innocent III, pour élire son successeur. Cencio Savelli fut consacré le 24 juillet. Il avait pour projets principaux de relancer la Cinquième croisade, commencée en vain par son prédécesseur, et la réforme de l'Église.
178 Grégoire IX 1227/1241 Anagni Grégoire IX Grégoire IX, né Ugolino de Anagni ou Hugolin d'Anagni (v. 1145 - 22 août 1241) –, est pape de 1227 à 1241. Successeur d'Honorius III, il hérite des traditions de Grégoire VII et de son cousin Innocent III. Son pontificat est marqué par un intense travail de codification, la création de l'Inquisition, ainsi que par des conflits avec l'empereur du Saint-Empire et avec les rois de France et d'Angleterre, mais aussi avec la population de Rome. Grégoire IX puis Innocent IV reprennent les théories théocratiques d’Innocent III, son cousin, justifiant la souveraineté absolue du pape par la fausse donation de Constantin, le transfert du pouvoir impérial d’Orient vers l’Occident, la consécration par laquelle seul le pape fait l’empereur, ou encore la théorie des deux glaives. L'un des premiers actes du pape Grégoire IX fut de suspendre l'empereur Frédéric II de Hohenstaufen, pour son retard à entreprendre la sixième croisade. La suspension fut suivie par la première excommunication prononcée en 1227 en la cathédrale d'Anagni1 et des menaces de déposition après que Frédéric II se fut plaint de ce traitement auprès des autres souverains. L'empereur tenta une invasion des États pontificaux en 1228 mais elle échoua et il fut contraint d'implorer l'absolution et la levée de l'excommunication. Le 13 avril 1231, Grégoire IX publia la bulle Parens Scientiarum Universitas, qui traite des privilèges et des interdits concernant les universitaires. Les Romains se soulevèrent contre le pape après cette période et il dut s'exiler à Anagni et demander l'aide de Frédéric II contre les citoyens de la Ville éternelle en 1232. Les hostilités entre l'Empereur et le pape reprirent ensuite et le Pape renouvela une excommunication en 1239, ce qui déclencha une nouvelle guerre dont Grégoire IX ne vit pas la fin puisqu'il mourut le 22 août 1241. Le pape, qui avait été un avocat érudit, fit réunir en 1234 la Nova Compilatio Decretalium (Nouvelle compilation des décrétales). C'est également lui qui organisa la canonisation de Sainte Élisabeth de Hongrie, Dominique de Guzmán, Antoine de Padoue, et François d'Assise, qu'il avait personnellement connus. Enfin, il institua l'Inquisition en 1231, et en confia l'exécution aux frères prêcheurs (Franciscains et Dominicains). Ainsi, il enleva au pouvoir laïque le pouvoir doctrinal de juger, mais faute d'effectifs suffisant, l'Inquisition devra s'appuyer sur les princes locaux, qui trouveront les moyens de renforcer leurs pouvoirs. A le demande de son inquisiteur exerçant en Allemagne Conrad de Marbourg, il édicta en 1233 la première bulle de l’histoire contre les sorcières, la Vox in Rama (en) en décrivant le sabbat des sorciers et leur culte du diable. Parmi ses nombreuses particularités, cette bulle considère le chat, comme le crapaud, comme une incarnation du Diable et déclare que toute personne abritant un chat noir risque le bûcher. Il condamna, en 1236, les excès de la Cinquième croisade contre les Juifs.
179 Célestin IV 1241 Milan Célestin IV Petit-neveu d'Urbain III, il est le petit-fils de Jean de Montluel, marié à Cassandre Crivelli, sœur du pape Urbain III. Il devient moine à Hautecombe en Savoie, où il écrit une histoire de l'Écosse. Il est fait cardinal-évêque de Sabina en 1238. Son élection au trône pontifical a lieu pendant la période troublée du siège de Rome par les troupes de l'empereur Frédéric II. Les cardinaux sont enfermés en conclave d'août à octobre. Comme ils ne parviennent pas à s'entendre pour élire un nouveau pape, les Romains les auraient menacés de les enfermer avec le cadavre du défunt Grégoire IX s'ils n'arrivaient pas plus rapidement à un choix. Gofredo Castiglioni sera finalement élu le 25 octobre 1241 par seulement sept cardinaux. Il n'occupe cependant le trône que durant dix-sept jours. Il meurt le 10 novembre, et est enterré au Vatican par les cardinaux qui n'avaient pas fui le long conclave. Après lui, le trône pontifical restera vacant durant dix neuf mois, jusqu'en juin 1243.
180 Innocent IV 1243/1254 Gênes Innocent IV Innocent IV, né Sinibaldo de Fieschi (vers 1180/90 – 7 décembre 1254), est pape du 25 juin 1243 à sa mort. Il appartenait à l'une des principales familles de Gênes. Formé à Parme et Bologne, il passait pour l'un des meilleurs canonistes de son époque. Son pontificat est notamment marqué par la lutte contre Frédéric II dans le cadre de la longue querelle du sacerdoce et de l'Empire.
Après la mort de Célestin IV, dont le règne ne dure que dix-sept jours, en 1241, l'Église demeure plus d'un an sans souverain pontife. Le nouveau conclave se tient à Anagni et, le 25 juin 1243, le cardinal Sinibaldo de Fieschi est élu dans la cathédrale Santa Maria d'Anagni. Il prend le nom d'Innocent. Au cours de son pontificat long de onze ans et demi, il crée quinze cardinaux, dont douze au consistoire du 28 mai 1244.
L'empereur Frédéric II, avec qui il avait eu de bons rapports, dit à l'occasion de son élection qu'il perdait l'amitié d'un cardinal et gagnait l'inimitié d'un pape. L'empereur commence des négociations pour mettre fin à l'excommunication et au conflit qui durait depuis Grégoire IX. Mais, Innocent IV reprend rapidement la lutte contre l'empereur. Il s'efforce d'empêcher Frédéric II d'aller secourir la Terre sainte qui retombe sous contrôle musulman et tente d'organiser un concile pour le déposer. Enfin, il crée plusieurs antirois en Allemagne, Heinrich Raspe, puis Guillaume de Hollande. Frédéric II, de son côté, condamne la rapacité, le népotisme et la corruption de l'Église.
Les Mongols d'Ögödei, le fils de Gengis Khan, s'étaient emparé de Moscou en 1238, puis de Kiev, en 1240. Ils envahissent la Pologne et la Hongrie, menacent Vienne, occupent Zagreb. Afin d'exhorter les Tartares à renoncer à attaquer la chrétienté et les autres nations, le pape Innocent IV décide, en 1245 de prendre contact avec Ögödei, grand khan des Tartares. Dans ce but il rédige deux lettres : les bulles Dei patris inmensa, une exposition de la foi catholique pour le peuple des Tartares datée du 5 mars, et Cum non solum, un proteste contre les attaques des Mongols contre les chrétiens et une proposition de paix datée du 13 mars. Innocent IV envoie simultanément plusieurs informateurs-ambassadeurs auprès des pouvoirs mongols : Jean de Plan Carpin, André de Longjumeau, Ascelin de Lombardie et Laurent du Portugal. Le pape leur confie également la lettre Cum simus super du 25 mars 1245, dans laquelle il invite à l'union les Églises séparées d'Orient.
Au moment même où Innocent IV convoque le Concile de Lyon, Louis IX de France décide d'entreprendre une septième croisade. Le pape l'encourage, mais se désintéresse par la suite du cours des événements. Le roi juge alors Innocent IV en déclarant qu'il n'« avait trouvé chez le pape aucun sentiment véritablement chrétien ». En 1246, il vient en Bourgogne, dans la Nièvre, consacrer l'église de l'abbaye Notre-Dame du Réconfort de Saizy dont la fondatrice est Mathilde de Courtenay, comtesse de Nevers. « Innocent IV, par ailleurs initiateur d'une véritable politique missionnaire, fut relayé par Louis IX qui avait rencontré à Chypre, à la fin de 1249, des émissaires du khan mongol de Perse lesquels lui transmirent des lettres du Grand khan de Karakorum. » Dans la lettre Impia Judaeorum perfidia du 9 mai 1244, Innocent IV exhorte le roi Louis IX à brûler publiquement le Talmud et d'autres livres juifs dans son royaume.
181 Alexandre IV 1254/1261 Jenne Alexandre IV Alexandre IV, né Rinaldo Conti di Segni (Jenne, diocèse d'Agnani, vers 1199 – 25 mai 1261), est pape de 1254 à 1261. Son pontificat est marqué par les efforts d'unification entre les églises orthodoxe et catholique, la protection des universités, les faveurs accordées aux ordres mendiants dans leur différends avec les séculiers et les tentatives d'organiser des croisades contre les Tartares. Par sa mère, il fait partie de la famille du pape Grégoire IX, dont il était le neveu, et de la famille du pape Innocent III. Son oncle Grégoire IX le fait cardinal en 1227, puis cardinal-évêque d'Ostie en 1231.
À la mort d'Innocent IV, il est élu pape à Naples le 12 décembre 1254. Il est décrit comme un homme ferme, accueillant et bon mais sans être particulièrement brillant. Il succède à Innocent IV en tant que tuteur de Conradin, le dernier descendant des Hohenstaufen, lui promettant sa protection bienveillante. Mais il conspira aussitôt contre lui, puis s'opposa à son oncle Manfred. Alexandre IV menace en vain Manfred d'excommunication et d'interdit. Il ne réussit pas non plus à entraîner les rois d'Angleterre et de Norvège dans une croisade contre la dynastie des Hohenstaufen. Rome devenant trop proche du parti Gibelin, le pape s'établit à Viterbe en 1257, en raison de l'hostilité du peuple et de la bourgeoisie romaine, fomentée par le sénateur Brancaleone degli Andalò. Il fait rénover et agrandir le palais épiscopal de la ville pour en faire le palais des papes de Viterbe, où il meurt en 1261. Ses successeurs y demeureront jusqu'en 1281.
182 Urbain IV 1261/1264 Troyes Urbain IV Urbain IV, né Jacques Pantaléon (Troyes, ca. 1195 – Pérouse, 2 octobre 1264), est pape du 29 août 1261 à sa mort. Il était le fils d'un savetier de Troyes. Il est clerc à la cathédrale vers 1210, prêtre et prédicateur vers 1215, attaché à l'évêque de Laon en 1216, docteur en théologie en 1220. Il devient archidiacre de Laon en 1238, de Liège en 1241. Il est évêque de Verdun de 1253 à 1255. En 1255, le pape Alexandre IV le nomme patriarche de Jérusalem. Il est élu pape le 29 août 1261. Un mois plus tôt, le 25 juillet 1261, Michel VIII Paléologue a repris Constantinople aux Croisés. Son chapelain est le mathématicien Campanus de Novare. En 1263 et en 1264, il négocie avec Louis IX et son frère Charles d'Anjou en vue de donner à ce dernier la couronne du royaume de Sicile, à charge pour lui de la conquérir par une expédition militaire contre Manfred de Hohenstaufen, fils bâtard l'empereur Frédéric II1 En 1264, il instaure la Fête de l'Église universelle qui deviendra la Fête-Dieu. Cette fête avait déjà été célébrée à Liège sous le nom de « Saint-Sacrement » en 1246.
Dans la prophétie de saint Malachie, il est désigné comme « Jerusalem Campaniæ », ce qui s'explique du fait qu'il était patriarche de Jérusalem lors de son élection et que la ville de Troyes où il est né se situe en Champagne. Le mot latin comporte une majuscule il ne peut donc s'agir de « campagne » mais bien d'un nom propre comme « Champagne ». Il est aussi connu pour avoir croisé le poète Tannhäuser et lui avoir refusé l'absolution.
183 Clément IV 1265/1268 Saint-Gilles Clément IV Clément IV (Gui Foucois ou Foulques ou Foucault), né un 23 novembre à la fin du xiie siècle à Saint-Gilles, près de Nîmes et mort le 29 novembre 1268 à Viterbe en Italie) fut le 183e pape de l'Église catholique. Son pontificat s’étendit du 5 février 1265 au 29 novembre 1268. Gui Foulques, lettréNote 1, avocat, grand juriste, fut marié et eut des enfants (et une descendance attestée jusqu'à nos jours) avant d'entrer, veuf, dans les ordres, et d'entamer une carrière au service de l'Église. Il fut évêque du Puy, honoré d’une prébende de chanoine au Chapitre noble de Brioude (1259), puis archevêque de Narbonne. Conseiller de saint Louis, il est élu pape sous le nom de Clément IV. Durant ses trois ans et demi de pontificat, il mena une politique ambitieuse et fut l'ami de saint Thomas d'Aquin.
Docteur en droit civil, il devient un professeur et avocat renommé. Il enquête en Venaissin pour le compte d'Alphonse de Poitiers (fin 1253-début 1254) Veuf, il est ordonné prêtre en 1255 et nommé archidiacre du Puy, curé de Saint-Gilles puis évêque du Puy en 1257, archevêque de Narbonne en 1259. Conseiller de Saint Louis, en un temps garde du sceau, conseiller du pape Urbain IV, il est créé cardinal évêque de Sabine le 17 décembre 126111. Légat en Angleterre pour une médiation entre Henri III et ses prélats et barons en 1264, il est en voyage lorsqu'il est élu pape (le 183e) après la mort d'Urbain IV. Il rentre alors à Pérouse en Italie, déguisé en moine, avant de coiffer la tiare, le 5 février 1265, sous le nom de Clément IV. Il habite pendant presque tout son pontificat dans le palais des papes de Viterbe, la capitale de la Tuscie romaine ayant été choisie comme siège pontifical par Alexandre IV en 1257.
La principale affaire de son pontificat est la réalisation de la dévolution, désirée par Urbain IV, du royaume de Sicile à Charles d'Anjou, frère du roi de France Louis IX, chargé de tenir tête aux ambitions impérialistes de Manfred de Hohenstaufen, fils naturel de l'empereur Frédéric II de Hohenstaufen, et du parti gibelin. Après la mort de Manfred en 1266 à la bataille de Bénévent, le pape intervient dans l'élection de Conradin, neveu de Manfred et dernier descendant de Frédéric II. Mais après que Charles d'Anjou exécute Conradin, Clément IV se voit contraint de s'opposer aux ambitions de Charles. Dans le même temps, il favorise le double mariage qui lie les familles de Hongrie et de Sicile. Cette politique ambitieuse, mais onéreuse, qu'accompagne une ferme reprise en main de l'Église par la Curie, fait de Clément IV l'un des créateurs de la fiscalité pontificale et de ce qui en est déjà la condition nécessaire, la réserve au Saint-Siège de la collation des bénéfices ecclésiastiques. Clément IV est sur le trône de saint Pierre le plus intransigeant des rigoristes et le plus théocratique des papes du xiiie siècle, agissant quasi simultanément sur tous les plans, continuant l'œuvre de ses prédécesseurs Grégoire IX et Urbain IV, mais en la poussant jusqu'à son extrême logique : il autorise la torture dans les causes d'hérésie (3 novembre 1265), privilégie les dominicains et leur confie la direction de la lutte contre l'hérésie. À l'égard des juifs relaps, il ordonne des châtiments allant jusqu'à la mort, et exhorte saint Louis à établir contre les blasphémateurs des peines temporelles capables de leur inspirer la terreur.
À la fin du xiiie siècle, de nombreux musulmans étaient installés en Espagne, terre historiquement chrétienne. Dans cette Espagne soumise à des souverains catholiques, les mudéjars vivent dans leurs aljamas. Les plus nombreux demeurent dans la vallée de l’Èbre et la région de Valence. Mais le roi d’Aragon se vit admonester par le pape Clément IV qui exprima le fond de la pensée catholique sur la question : « On a des exemples de la dangereuse affaire qu’est d’avoir des musulmans dans vos domaines... Il est certes aussi raisonnable de garder chez soi des ennemis si perfides et malfaisants, ou même de les avoir pour voisins que de se mettre un serpent dans le giron ou le feu dans son sein... Votre Créateur ... souffre pendant que ces musulmans célèbrent le nom de Mahomet parmi les chrétiens... Vous devenez votre propre adversaire si vous persécutez les musulmans dans leurs propres terres, mais les protégez patiemment dans les vôtres. Une fois tout cela débattu... il est indubitable qu’il serait conforme à vos excellentes œuvres que vous exiliez ces gens hors des frontières de vos domaines ». Le pape a parlé, il ne peut y avoir de musulmans en royaume chrétien.
184 Bienheureux Grégoire X 1271/1276 Plaisance Bienheureux Grégoire X Sa vie est peu connue. C'était un homme extrêmement sévère et d'une grande dignité, ami de saint Thomas d'Aquin et confident des rois de France et d'Angleterre. Il fut archidiacre de Liège et quitta ce poste pour se retirer en Terre sainte, reprochant à l'évêque de cette ville de transformer le palais épiscopal en lieu de débauche. Il accompagna le cardinal Ottobono Fieschi en voyage en Angleterre, puis Édouard d'Angleterre en pèlerinage en Palestine à la tête d'une armée de croisés. Alors qu'il se trouvait à Saint-Jean-d'Acre, il fut convoqué par le conclave qui s'éternisait depuis la mort de Clément IV en 1268. Il réussit à négocier une trêve entre les Génois et les Vénitiens, et persuada la noblesse de la ville de coopérer avec le prince Édouard d'Angleterre, mais il ne disposait pas d'une autorité suffisante ni de pouvoir pour mener plus loin la négociation pour sauver le royaume. La situation était alors bloquée par un désaccord entre les Italiens et les Français qui voulaient chacun un pape de leur pays du fait de la situation politique autour de Charles Ier de Sicile. La situation fut débloquée lorsque les habitants de Viterbe, où les cardinaux étaient assemblés dans la Salle du conclave du palais des papes, décidèrent de les enfermer en ne leur laissant que du pain et de l'eau et ôtèrent le toit du bâtiment « afin de permettre aux influences divines de descendre plus librement sur leurs délibérations. » Cette façon inhabituelle de susciter l'action du Saint-Esprit remporta un étonnant succès elle sera d'ailleurs reprise, notamment par le futur Philippe V lors du concile qui vit l'élection de Jean XXII. Les cardinaux déléguèrent leur pouvoir décisionnaire à six d'entre eux qui, pressés de sortir, élurent Tedaldo le jour même, trois jours après son arrivée à Viterbe en février 1272. Il apprit la nouvelle de son élection alors qu'il n'était ni cardinal, ni même prêtre et cet événement tourna au scandale international. Il accepta la tiare et prit le nom de Grégoire X. Grégoire comprit alors que le seul espoir qui restait aux croisés était de signer un pacte avec les Mongols, eux aussi ennemis des Égyptiens. Cette alliance lui procurait un avantage stratégique en outre, le bruit courait que Kublai Khan semblait de plus en plus enclin à embrasser le christianisme. Cela n'avait rien d'invraisemblable. L'armée mongole comptait beaucoup de chrétiens orientaux et une alliance militaire avait déjà été conclue entre Bohémond, prince d'Antioche, et Hulagu, prince mongol de Perse. Il comptait donc convertir les Mongols au christianisme et faire du Grand Khan Kubilai le fils spirituel du pontife romain. L'empire mongol s'étendait de l'Euphrate à l'océan Pacifique c'était le plus vaste qu'il y ait jamais eu au monde. Grégoire se disait que s'il pouvait en faire un pays chrétien, les jours de l'Islam seraient comptés et le royaume des croisés, sauvé. C'est sous son pontificat, le 4 mars 1272 avant même son intronisation, que commence l'enquête en vue de la canonisation du roi Louis IX de France, deux ans après la mort de ce dernier. L'enquête aboutira à la canonisation du souverain en 1297 par le pape Boniface VIII. Le premier acte de Grégoire, une fois intronisé, fut de convoquer à Saint-Jean-d'Acre une galère vénitienne qui venait d'arriver à Ayas en Asie Mineure. Il y avait à bord deux frères vénitiens, Matteo et Niccolò Polo, ainsi que le fils de 17 ans de Niccolò, prénommé Marco, le célèbre Marco Polo. Il chercha à réconcilier les Guelfes et les Gibelins. En outre, le 7 octobre 1272, il signa une bulle demandant la protection des Juifs vivant dans la chrétienté1. Devant la résistance de Florence, il excommunia la ville. Lors de l'élection impériale de 1273, il favorisa Rodolphe de Habsbourg au détriment d'Alphonse X de Castille. Il convoqua le deuxième concile de Lyon, ouvert le 1er mai 1274. En 1274, le roi Philippe III lui céda le Comtat Venaissin, base du futur établissement de la papauté à Avignon au xive siècle. L'année suivante le pape se rendit à Lausanne pour y consacrer la cathédrale Notre-Dame et y rencontrer Rodolphe de Habsbourg.
185 Bienheureux Innocent V 1276 Champagny Bienheureux Innocent V Innocent IV, né Sinibaldo de Fieschi (vers 1180/90 – 7 décembre 1254), est pape du 25 juin 1243 à sa mort. Il appartenait à l'une des principales familles de Gênes. Formé à Parme et Bologne, il passait pour l'un des meilleurs canonistes de son époque. Son pontificat est notamment marqué par la lutte contre Frédéric II dans le cadre de la longue querelle du sacerdoce et de l'Empire.
Après la mort de Célestin IV, dont le règne ne dure que dix-sept jours, en 1241, l'Église demeure plus d'un an sans souverain pontife. Le nouveau conclave se tient à Anagni et, le 25 juin 1243, le cardinal Sinibaldo de Fieschi est élu dans la cathédrale Santa Maria d'Anagni1. Il prend le nom d'Innocent. Au cours de son pontificat long de onze ans et demi, il crée quinze cardinaux, dont douze au consistoire du 28 mai 1244.
L'empereur Frédéric II, avec qui il avait eu de bons rapports, dit à l'occasion de son élection qu'il perdait l'amitié d'un cardinal et gagnait l'inimitié d'un pape. L'empereur commence des négociations pour mettre fin à l'excommunication et au conflit qui durait depuis Grégoire IX. Mais, Innocent IV reprend rapidement la lutte contre l'empereur. Il s'efforce d'empêcher Frédéric II d'aller secourir la Terre sainte qui retombe sous contrôle musulman et tente d'organiser un concile pour le déposer. Enfin, il crée plusieurs antirois en Allemagne, Heinrich Raspe, puis Guillaume de Hollande. Frédéric II, de son côté, condamne la rapacité, le népotisme et la corruption de l'Église.
Les Mongols d'Ögödei, le fils de Gengis Khan, s'étaient emparé de Moscou en 1238, puis de Kiev, en 1240. Ils envahissent la Pologne et la Hongrie, menacent Vienne, occupent Zagreb. Afin d'exhorter les Tartares à renoncer à attaquer la chrétienté et les autres nations, le pape Innocent IV décide, en 1245 de prendre contact avec Ögödei, grand khan des Tartares. Dans ce but il rédige deux lettres : les bulles Dei patris inmensa, une exposition de la foi catholique pour le peuple des Tartares datée du 5 mars, et Cum non solum, un proteste contre les attaques des Mongols contre les chrétiens et une proposition de paix datée du 13 mars. Innocent IV envoie simultanément plusieurs informateurs-ambassadeurs auprès des pouvoirs mongols : Jean de Plan Carpin, André de Longjumeau, Ascelin de Lombardie et Laurent du Portugal. Le pape leur confie également la lettre Cum simus super du 25 mars 1245, dans laquelle il invite à l'union les Églises séparées d'Orient.
Au moment même où Innocent IV convoque le Concile de Lyon, Louis IX de France décide d'entreprendre une septième croisade. Le pape l'encourage, mais se désintéresse par la suite du cours des événements. Le roi juge alors Innocent IV en déclarant qu'il n'« avait trouvé chez le pape aucun sentiment véritablement chrétien ». En 1246, il vient en Bourgogne, dans la Nièvre, consacrer l'église de l'abbaye Notre-Dame du Réconfort de Saizy dont la fondatrice est Mathilde de Courtenay, comtesse de Nevers. « Innocent IV, par ailleurs initiateur d'une véritable politique missionnaire, fut relayé par Louis IX qui avait rencontré à Chypre, à la fin de 1249, des émissaires du khan mongol de Perse lesquels lui transmirent des lettres du Grand khan de Karakorum. » Dans la lettre Impia Judaeorum perfidia du 9 mai 1244, Innocent IV exhorte le roi Louis IX à brûler publiquement le Talmud et d'autres livres juifs dans son royaume.
En 1252, il fait adopter la bulle Ad extirpanda Celle-ci établit la norme pour les procédures inquisitoriales. Elle présente, entre autres, la torture comme un moyen d'établir la vérité, une mesure qui n'était pas commune auparavant dans les procès contre les hérétiques mais qui, à partir de cette date, sera considérée comme normale pendant plusieurs siècles. La bulle impose néanmoins des limites à l'utilisation de la torture contre les hérétiques par les autorités civiles et ecclésiastiques, en interdisant le recours à toute torture risquant d'entraîner la mort ou la mutilation de l'accusé6. En 1253, il consacre à Assise la basilique Saint-François, complètement édifiée et désormais appelée « Tête et Mère de l'Ordre des Frères mineurs ». La fin de son pontificat est consacrée à la lutte contre Manfred de Hohenstaufen, fils naturel de Frédéric II, qui était soutenu comme successeur légitime du royaume de Sicile par les villes et les nobles. Sur son lit de mort à Naples, le pape entend la nouvelle de la victoire de Manfred à Foggia, et il meurt le 7 décembre 1254. Son érudition en droit canonique a laissé un Apparatus in quinque libros decretalium. Il avait la réputation d'un homme savant et intelligent, mais avare, mesquin, couard et vindicatif.
186 Adrien V 1276 Gênes Adrien V Nommé chapelain pontifical en 1243, il est créé cardinal-diacre au titre de saint-Adrien en 1251 par son oncle, le pape Innocent IV. Il est nommé archidiacre de Parme à cette époque et est archidiacre de Reims en 1251. En 1265, le pape Clément IV l'envoie en mission en Angleterre pour réconcilier Henri III et ses barons, et y prêcher la croisade. Il reste en Angleterre jusqu'en 1268 comme légat pontifical. Élu pape en 1276, alors qu'il n'est que simple diacre, il n'a pas le temps d'être ordonné prêtre et évêque et donc ne sera pas intronisé sur le siège pontifical. Il est pourtant considéré comme pape légitime. « Bonus Comes » dans la prophétie de saint Malachie.
187 Jean XXI 1276/1277 Lisbonne Jean XXI Jean XXI, connu en latin sous le nom de Petrus Hispanus, né Pedro Julião vers 1220 à Lisbonne et mort le 20 mai 1277 à Viterbe, est le 185e pape de 1276 à 1277, le seul portugais de l'histoire.
Pedro Julião naît à Lisbonne entre 1210 et 1220 il est le fils du médecin Julião Rebelo et de Teresa Gil. Il commence ses études dans l'école cathédrale de Lisbonne, et fréquente ensuite l'université de Paris puis celle de Montpellier, où il étudie la médecine et la théologie, accordant une attention particulière aux conférences de dialectique, de logique, et, surtout, à la physique et à la métaphysique d'Aristote. Entre 1245 et 1250, il enseigne la médecine à l'université de Sienne, où il écrit quelques œuvres, parmi lesquelles se distinguent les Summulæ Logicales, qui furent, pour les universités européennes, le manuel de référence de la logique aristotélicienne. En 1272, il est nommé archevêque de la séculaire cité de Braga et de toute sa région d'influence, succédant à D. Martinho Geraldes. Il est créé cardinal par Grégoire X en 1273. Après la mort du pape Adrien V, le 18 août 1276, Pedro Hispano est élu pape par le conclave du 8 septembre1 et couronné le 20 septembre. Très intéressé par la chirurgie dans une époque vouée à l'obscurantisme médical, il reste le seul pape médecin et chirurgien. Il est aussi le seul portugais monté sur le trône de saint Pierre. Avant lui Damase Ier était aussi natif de la même région, mais à son époque le Portugal n'existait pas encore comme entité politique. Il meurt huit mois plus tard, le 20 mai 1277, des séquelles d'un grave accident survenu dans son palais de Viterbe dont il dirigeait les travaux et dont une partie du toit s'était effondrée sur lui2. Il est inhumé dans la cathédrale de la ville. En mars 2000, par un engagement spécial du maire de Lisbonne, João Barroso Soares et la volonté du pape Jean-Paul II, un nouveau mausolée à la mémoire de Jean XXI a été installé dans l'allée centrale de la cathédrale.
188 Nicolas III 1277/1280 Rome Nicolas III Nicolas III, né Giovanni Gaetano Orsini – Rosa composita dans la prophétie de saint Malachie (Rome, entre 1210 et 1220 - Soriano, près de Viterbe, 22 août 1280) – est pape de 1277 à 1280. Il était membre de la célèbre famille Orsini. Nicolas III reprend en douceur les prérogatives que Clément IV avait accordées au roi de Sicile Charles d'Anjou, dont il a toujours combattu l'influence, pour dix ans, en même temps que le vicariat de Toscane. À l'échéance de 1278, le pape, en sa qualité de citoyen romain, se fait élire lui-même « sénateur à vie » puis, rejetant le cumul des fonctions, délègue le titre à des membres de l'aristocratie urbaine, d'abord à son propre neveu Matteo Rosso en 1278/1279, puis conjointement à un Colonna et à un Savelli en 1279/1280. La constitution Fundamenta militantis Ecclesiæ du 12 juillet 1278, mettant en avant la nécessité de préserver la liberté du pape et celle de ses cardinaux, notamment pendant les vacances du Saint-Siège, faisait la part belle aux grandes familles de la Ville : elle posait en principe que nul ne pourrait être sénateur sans permission expresse du Saint-Siège et que la fonction ne pourrait en aucun cas excéder la durée d'un an. Il meurt à Soriano, le 22 août 1280, probablement d'une attaque d'apoplexie. Dante parlant à Nicolas III, envoyé en Enfer pour simonie gravure sur bois de Gustave Doré, 1861. Cité dans l'Enfer de Dante (chant XIX, 31-120), il est condamné au huitième cercle (3e bolge) comme simoniaque. On lui reprochera aussi son népotisme.
189 Martin IV 1281/1285 Mainpincien Martin IV Martin IV (Simon de Brion, alias « Mompis » ou « Mompitius »), né vers 1210/1220, est pape du 22 février 1281 jusqu'à sa mort le 28 mars 1285 à Pérouse. Son pontificat dure quatre ans et un mois. Jugé sévèrement par ses contemporains comme par les historiens modernes,entièrement inféodé aux intérêts de Charles d'Anjou et aux ambitions françaises, ce pape au règne calamiteux paraît manquer autant de caractère que d'intelligence politique. Sa véritable personnalité, il est vrai, nous échappe presque entièrement.
Né vers 1210 au hameau de Mainpincien, paroisse d'Andrezel1, village de la Brie française. Il paraît appartenir à une famille de petite noblesse de Brion près de Joigny. Son père Jean de Brion est receveur et grand-juge-maire de la seigneurie de Donnemarie-en-Montois, qui appartient au chapitre de Saint-Martin de Tours1. Il a pour frère, Gilles († 1287)2, gouverneur de Champagne de 1260 à 1261 conjointement avec Robert de Cochere et peut-être, Guillaume de Brion qu'on trouve parmi les conseillers de saint Louis. Après avoir fait de brillantes études à Tours, Simon de Brion poursuit son apprentissage théologique à l'université de Paris. Puis il étudie la jurisprudence à Parme, et se perfectionne dans la science du droit canon et du droit romain à Bologne. Il est à Rouen, de 1248 à 1255, où il exerce les fonctions d'official, puis d'archidiacre, et de trésorier. Chanoine à Saint-Quentin en Vermandois, il obtient un canonicat à Saint-Martin de Tours et devient trésorier du chapitre en 12562. Ce sont là au xiiie siècle des prébendes recherchées qui ne sont accessibles qu'à des clercs bien introduits auprès des puissants et qui ne constituent souvent, pour leurs titulaires les plus jeunes, qu'une simple étape sur la voie des honneurs.
En 1260, Simon de Brion est nommé chancelier de France par le roi Louis IX1 pour la garde des sceaux, une fonction plutôt honorifique qu'il ne paraît pas avoir réellement exercée. L'année suivante le pape Urbain IV – qui l'a peut-être connu en France – le fait cardinal au consistoire du 17 décembre 1261 cardinal, il reçoit le titre de Sainte-Cécile en 1263. Sous les courts pontificats qui se succèdent jusqu'à Nicolas III, il passe le plus clair de son temps en France comme légat. En 1264, Urbain IV le charge de conclure le traité définitif qui donne à Charles d'Anjou la couronne de Sicile, puis, sous le pontificat de Clément IV (1265-1268), il s'active à prêcher et à organiser le soutien à la politique antigibeline du pape, contre Manfred et les Hohenstaufen. Au cours d'une seconde légation, de 1274 à 1279, la situation ayant évolué en Italie, ses missions apparaissent moins politiques, mais il s'occupe de nombreux problèmes disciplinaires et notamment de la réforme des statuts de l'Université de Paris. En 1276, il présida à Bourges un concile local qui traita de la liberté de l’Église, des élections, du pouvoir des juges délégués ou ordinaires, du for compétent, des dîmes, des testaments, des privilèges, des peines canoniques et des Juifs. En 1279, il participa sans succès aux efforts de la diplomatie pontificale pour réconcilier Philippe III et la Castille. C'est assurément pendant sa première légation que les convictions politiques du futur pape se sont sinon forgées, du moins profondément ancrées et que se sont nouées ses fidélités indéfectibles.
Après la mort de Nicolas III, en août 1280, les cardinaux réunis à Viterbe ne parviennent pas à s'entendre sur le nom d'un successeur et le siège pontifical reste vacant pendant six mois. Ce conclave s'achève en février 1281 par un coup de force de Charles d'Anjou qui fait jeter en prison deux cardinaux du groupe « romain » partisans de poursuivre la politique anti-angevine de Nicolas III (dont son neveu Matteo Rubeo Orsini) et impose l'élection de son homme, le français Simon de Brion. Élu après un long (six mois) et difficile conclave tenu au Palais des papes de Viterbe, Martin IV a été intronisé à Orvieto, en raison de l'hostilité du peuple romain envers un pape français, et il décréta l'abandon de Viterbe, en tant que siège pontifical, précisément en raison de la forte ingérence des autorités de la ville au cours du conclave qui l'avait élu4. Simon paraît bien ne pas avoir été candidat. Même ses adversaires affirment qu'il fut élu contre son gré et qu'il n'accepta la tiare que sous la pression du roi de Sicile. Il prit le nom de Martin IV, en hommage, dit-on, à saint Martin pour lequel il avait ramené de Tours une dévotion particulière.
Martin IV meurt en effet le 28 mars 1285, un peu plus de trois mois après Charles d'Anjou. Il est enseveli dans la Cathédrale de Pérouse. Les cardinaux élisent pour lui succéder un aristocrate romain, Giacomo Savelli, qui, sous le nom d'Honorius IV, arrivera à pacifier les États de l'Église et s'efforcera d'initier en Italie du Sud une politique réaliste.
190 Honorius IV 1285/1287 Rome Honorius IV Descendant d’une lignée aristocratique romaine, Giacomo Savelli avait été nommé cardinal par Urbain IV. Il est le petit neveu d’Honorius III, dont il prend le prénom pour monter sur le trône pontifical. Très peu de choses sont connues de sa vie avant qu'il ne soit monté sur le trône papal. Il a étudié à l’université de Paris. Durant son règne il élimine des États de l’Église les brigands qui l’infestaient. Le successeur de Charles Ier d'Anjou étant mort en 1285, prisonnier des Aragonais, Honorius IV s’immisce dans les affaires du royaume de Sicile pour combattre les prétentions des Espagnols. Il excommunie Jacques II d'Aragon, fils de Pierre III d'Aragon, lui aussi mort cette même année, et prend sous sa protection le futur royaume de Naples, possessions ayant appartenu à Charles Ier d’Anjou. Il cède la Sicile aux Aragonais et obtient néanmoins un statut très favorable pour le clergé. Il encourage les ordres mendiants mais condamne la secte des apostoliques, qui, à Parme prône la pauvreté évangélique. Il est mort le 3 avril 1287.
191 Nicolas IV 1288/1292 Lisciano Nicolas IV Girolamo Masci est élu à la suite d'un conclave qui dura 10 mois et 19 jours (du 3 avril 1287 au 22 février 1288), ce qui en fait le quatrième plus long à avoir été tenu. Franciscain connu sous le nom de Jérôme d'Ascoli, il avait été ministre général de son Ordre. Durant son pontificat, il couronna Charles II d'Anjou en tant que roi de Sicile en 1289. Son pontificat aura fait en tout quatre ans, un mois et demi.
192 Saint Célestin V 1294 Isernia Saint Célestin V Saint Célestin V (Pietro Angeleri, plus connu sous le nom de Pietro de Morrone), né en 1209 ou au début de 1210 dans le Molise en Italie et mort le 19 mai 1296 à Fumone, était un moine-ermite italien appartenant à l'ordre des bénédictins. Il en fonda une nouvelle branche, qui prit par la suite le nom de célestins. Élu pape le 5 juillet 1294 à l'âge de 85 ans, il devient le 192e pape de l'Église catholique sous le nom de Célestin V, avant de renoncer à sa charge le 13 décembre de la même année. Il fut canonisé le 5 mai 1313.
Né d'Angelerius et Maria, des paysans, Pietro est l'avant-dernier d'une famille de douze enfants. Il est sans doute élevé à Sant'Angelo Limosano dans l'actuel Molise, dans le sud de l'Italie — la région appartient alors au royaume de Sicile. À l'âge de vingt ans, Pietro prend l'habit bénédictin au couvent voisin de Santa Maria in Fayfolis. Il se fait ermite vers 1231, pour suivre la règle primitive de saint Benoît, et vit dans une grotte du massif de la Majella. Il est ordonné prêtre à Rome quelques années plus tard, puis s'installe dans les années 1235-1240 sur le mont Morrone, dans les Apennins. Il y fonde une congrégation d'ermites et une église consacrée d'abord à la Vierge Marie, puis au Saint Esprit. Bien que la congrégation se rattache à la règle bénédictine, elle est profondément influencée par les franciscains, et en particulier le mouvement des Spirituels, disciples de Joachim de Flore, comme le montrent les nombreuses dédicaces de monastères au Saint-Esprit3. La réputation de sainteté de Pietro attire de nombreux pèlerins qui le contraignent à fuir l'endroit pour gagner un lieu plus isolé dans la Majella. En 1264, l'évêque de Chieti incorpore la congrégation de Pietro dans l'ordre des bénédictins. En 1273, il se rend à pied à Lyon pour la faire confirmer par le pape Grégoire X, alors occupé aux travaux préparatoires du second concile de Lyon. Pietro devient abbé de Santa Maria in Fayfolis et, à plusieurs reprises, de Santo Spirito di Maiella : l'abbé général est élu pour trois ans et non à vie, comme c'est le cas chez les cisterciens. Il sera également abbé de San Giovanni in Plano. Il noue des relations avec Charles Ier de Sicile et voyage en Toscane et à Rome. En 1293, il revient dans la région de sa naissance et se retire dans la grotte à Sant'Onofrio, qui surplombe l'abbaye de Santo Spirito.
À cette époque, le trône pontifical est vacant depuis le 4 avril 1292, date de la mort de Nicolas IV : divisé entre factions, le Sacré Collège ne parvient pas à s'entendre sur le choix d'un successeur. Sur le chemin entre la Sicile et la Provence, Charles II d'Anjou fait halte à Rome et pousse les cardinaux à se déterminer, en vain3. Il s'arrête de nouveau à Sant'Onofrio pour saluer l'ermite qu'avait déjà connu son père et lui demande de rédiger une lettre pour admonester les cardinaux. Le cardinal Latino Malabranca Orsini connaît déjà le nom de Pietro, mais le courrier lui donne l'idée de le proposer comme nouveau pape3. Le 5 juillet 1294, Pietro de Morrone est élu pape à l'unanimité. L'octogénaire apprend la nouvelle par une délégation venue le rencontrer à Sant'Onofrio et accepte la charge. Il est couronné le 29 août à Santa Maria di Collemaggio à L'Aquila, qui appartient au royaume de Charles II. Basilique Sainte-Marie de Collemaggio (L'Aquila) S'il a une expérience d'administrateur à la tête de plusieurs abbayes, le nouveau pape n'a reçu qu'une formation théologique sommaire et ne connaît ni le droit canonique, ni le fonctionnement de la Curie romaine3. Son latin est très médiocre, ce qui explique qu'il n'ait laissé aucun document écrit. Il est rapidement dépassé par sa charge. Dès son élection, il tombe sous la coupe de Charles II, qui l'empêche de gagner Rome et le contraint à s'installer au Castel Nuovo de Naples, c'est-à-dire dans la capitale de son royaume. En ce qui concerne l'administration de l'Église, il rétablit la constitution Ubi periculum de Grégoire X qui prescrit l'enfermement du conclave. Il accorde de nombreux privilèges à sa congrégation et attire à lui les chefs spirituels franciscains Ange Clareno et Pietro Liberato, qui sont appelés « pauvres ermites et frères du pape Célestin ». Il installe un membre de sa congrégation à l'abbaye Saint-Vincent du Volturne puis à l'abbaye du Mont-Cassin, malgré l'opposition des moines. Le 18 septembre, il crée treize nouveaux cardinaux, soit plus que les trois précédents papes réunis. Six de ces nouveaux cardinaux sont moines, mais aucun n'est franciscain ni dominicain, ce qui remet en cause la représentation traditionnelle. Au niveau international, il confirme le traité de La Junquera qui met fin à la guerre sicilienne et envoie des ambassadeurs à Philippe IV de France et Édouard Ier d'Angleterre qui se livrent bataille.
Devant la montée des critiques sur son administration, Célestin V consulte des canonistes qui lui montrent qu'une démission pontificale est tout à fait licite. Le 9 ou le 10 décembre 1294, le pape annonce à son entourage sa décision il invoque l'humilité, son insuffisance physique et intellectuelle face aux exigences de sa charge, et son souhait de se retirer dans son ermitage. Il promulgue une constitution apostolique sur la renonciation pontificale dont le texte a disparu, mais qui est connu par un acte dans le même sens pris par son successeur. Le 13 décembre, Célestin V renonce au trône de Pierre devant le collège des cardinaux à Castel Nuovo. Le texte de son discours semble avoir été rédigé par Benedetto Caetani, l'un des canonistes qu'il avait consultés. Le 24 décembre, ce même Caetani est élu pape sous le nom de Boniface VIII et fait placer l'ancien pontife sous surveillance au motif qu'il pourrait être enlevé par ceux qui contestent la licéité de la renonciation. Pietro s'enfuit à Sant'Onofrio, puis à San Giovanni in Piano, avant de tenter de partir pour la Grèce. Il est arrêté en chemin et transféré à Anagni puis au château de Fumone en Campanie sur l'ordre de Boniface VIII. L'ancien pape y meurt de mort naturelle le 19 mai 1296, à l'âge de 86 ans .
193 Boniface VIII 1294/1303 Anagni Boniface VIII Boniface VIII (ca. 1235 - 1303), originaire d'Anagni dans le Latium en Italie, de son vrai nom Benedetto Caetani, est un pape de l’Église catholique romaine. Ses armes portaient des ondes, et son prénom original était Benedetto, qui signifie « béni » en italien. Le pape Boniface VIII lors de la querelle qui l'oppose à Philippe IV le Bel mourut de honte après avoir été frappé au visage par Sciarra Colonna, avec un gantelet de fer, accompagnant Guillaume de Nogaret, envoyé direct du Roi. Cet événement, qui relève plus que probablement de la légende, est connu sous le nom de l'attentat d'Anagni.
D'abord avocat et notaire du pape à Rome, il obtint le chapeau de cardinal en 1281 par Martin IV et fut élu pape le 24 décembre 1294 après que Célestin V eut renoncé à ses fonctions. Bien que son élection fût régulière, on l'accusa d'avoir poussé son prédécesseur, qu'il fit emprisonner pour éviter le risque de schisme, à se retirer. Une fois arrivé au pouvoir, il mit l'interdit sur le royaume du Danemark. De même que Grégoire VII, ce pontife voulait élever la puissance spirituelle au-dessus de la puissance temporelle, et prétendait disposer des trônes il eut de vifs démêlés avec les Colonna, qui soutenaient les droits de la couronne d'Aragon, avec l'empereur d'Allemagne, mais surtout avec Philippe le Bel en France. Il incita les princes allemands à se révolter contre Albert Ier. Le conflit avec Philippe Le Bel s'envenima au sujet de la perception de certains impôts que Boniface VIII estimait revenir à l'Eglise. Le roi de France proclama un acte d'accusation contre le pape en mars 1303. Il délia les sujets de Philippe le Bel de leur serment de fidélité et fulmina contre lui les célèbres bulles Clericis laicos, Ausculta fili– dont Pierre Flote, juriste du roi, écrivit une version falsifiée – et la fameuse Unam Sanctam prônant la supériorité des papes sur les rois (du spirituel sur le temporel). Boniface VIII écrivit également une bulle d'excommunication, Super Petri Solio, mais elle ne fut jamais publiée : le roi fit appel au concile et lui envoya certains hommes qui le firent prisonnier à Anagni. Il fut arrêté le 8 septembre 1303 dans la son palais1 par Guillaume de Nogaret , nouveau conseiller du roi, d'après les ordres de Philippe, qui voulait l'amener en France et le faire juger par un concile. Ce faisant, il se couvrit de sa tiare, prit en main sa crosse et les clefs, en disant : « Je suis pape, je mourrai pape ». Il se vit maltraité par Sciarra Colonna. Tiré des mains des Français le 9 septembre par une révolte de la population d'Anagni, il mourut peu après, à Rome le 11 octobre 1303. Il déclara les Fraticelli hérétiques en 1296. Il canonisa Louis IX, désormais appelé saint Louis de France, au mois d'août 1297. En 1298, il fit promulguer le recueil de décrétale appelé Sexte. En 1299, Boniface VIII nomma Jean de Chevry, seigneur de Chevry et de Torcy évêque de Carcassonne de 1299 à sa mort en 1300. Il créa le premier jubilé, ou année sainte, en 1300. Le succès fut considérable, l'afflux de pèlerins étant extraordinaire. Les fastes furent tels que Dante situa le début de son poème au cours de la semaine sainte et n'hésita pas, dans la Divine Comédie, à placer Boniface VIII dans la troisième bolge du huitième cercle, la fosse des simoniaques.

Élus au 14 ème siècle

No Nom Pontificat Naissance Notes
194 Bienheureux Benoît XI 1303/1304 Trévise Bienheureux Benoît XI Benoît XI, Nicolas Boccasini, né en 1240 à Trévise dans le Saint Empire Romain Germanique et mort en 1304 à Pérouse, a été pape de 1303 à 1304.
Fils d'un berger de Trévise, il avait été maître d'école. Entré chez les dominicains, il devint Maître général de l'ordre des Prêcheurs. Il est créé cardinal en 1298 par Boniface VIII. Il est élu pape en octobre 1303 à la mort de Boniface VIII. Par amour de la paix, il chercha à réconcilier la papauté avec Philippe le Bel : annulation des bulles lancées par son prédécesseur amnistie accordée aux frères Jacques Colonna et Pierre Colonna sans pour autant les réintégrer au Sacré Collège. Cependant il écarta de l'amnistie les coupables directs de l'attentat d'Anagni : Sciarra Colonna et Nogaret, en fulminant contre eux la bulle d'excommunication Flagitiosum Scelus, du 7 juin 1304, les citant à comparaître devant son tribunal, dans le délai d'un mois, à Pérouse, sous peine d'être condamnés par contumace. Nogaret, pour sa part, ne se présentant pas, est resté canoniquement sous le coup de la sentence d'excommunication. Après cinq mois de présence à Rome, il décida de s'établir à Pérouse où il mourut le 71 juillet 1304. Peu avant sa mort, Benoît XI avait annulé presque toutes les mesures prises par son prédécesseur Boniface VIII contre Philippe le Bel (dont une menace d'excommunication), mais en gardant dans sa mire quelques mandataires du roi, notamment Guillaume de Nogaret, qu'il avait cité à comparaître, mais qui s'abstint de se présenter. Le pape s'apprêtait à le condamner par contumace au moment où il mourut. Des mauvaises langues de l'époque ont prétendu qu'il avait été empoisonné par des figues envoyées par Nogaret, mais cette accusation n'est pas prouvée. Jean Favier, dans Les Papes d'Avignon, parle simplement d'indigestion pour avoir trop mangé de figues fraîches. Il a été béatifié le 24 avril 1736 par le pape Clément XII4.
195 Clément V 1305/1314 Villandraut Clément V Bertrand de Got, premier des sept papes qui siégèrent à Avignon entre 1309 et 1377, naquit vers 1264 en Guyenne, près de Villandraut (actuellement en Gironde), fut élu pape en 1305, et décéda le 20 avril 1314, à Roquemaure (actuellement dans le Gard). Son tombeau se trouve dans l'église collégiale (qu'il avait fait bâtir) à Uzeste. Il fut évêque de Saint-Bertrand-de-Comminges puis archevêque de Bordeaux, avant de devenir pape sous le nom de Clément V. Sous son égide furent aussi construits dans le sud de l'actuel département de la Gironde les châteaux dits « clémentins » : Villandraut, Roquetaillade, Budos, Fargues, La Trave. Il a donné son nom au château Pape Clément. On retient de lui l'image d'un pape de bonne foi qui manquait toutefois d'audace et d'esprit de décision, autant par tempérament qu'en raison d'une santé déliquescente.
Après un court pontificat, la mort de Benoît XI, en juillet 1304, fit ouvrir le conclave de Pérouse et laissa éclater les dissensions du Sacré Collège entre cardinaux bonifaciens et anti-bonifaciens. Les discussions durèrent jusqu’au mois de juin 1305, et les cardinaux se mirent d'accord pour choisir un pontife hors de leurs rangs, qui par le même coup n'aurait pas été mêlé aux problèmes de la politique bonifacienne. Ainsi, le 5 juin 1305, ils désignèrent l’archevêque de Bordeaux, dont le nom fut choisi par Napoléon Orsini, parmi trois prélats choisis hors du Sacré Collège. Différents récits se contredisent sur le déroulement de l'élection. Selon le récit du chroniqueur Jean Villani, le parti italien du Sacré Collège, bonifacien, devait nommer trois évêques de France, et le parti français choisir celui des trois qu'il préférerait. Mis au courant de la liste, Philippe le Bel alla trouver Bertrand de Got pour s'accorder avec lui, en échange de son élection au trône pontifical. Selon Villani, ceux-ci se seraient rencontrés en forêt près de Saint-Jean-d'Angély et le roi de France aurait fait promettre au cardinal de réaliser six actions dès lors qu'il débuterait son pontificat : révoquer les actions de Boniface VIII à son encontre, redonner aux Colonna leur honneur et dignité, ou encore accorder à la France les décimes du Clergé pour une durée de cinq ans. Cependant, cette rencontre n'a pu être vérifiée et serait contredite par plusieurs chroniques prouvant que les deux hommes ne se trouvaient pas à Saint-Jean-d'Angély à cette date. D'après Ferretto de Vicente, les habitants de Pérouse, las de voir les cardinaux préférer leurs maisons personnelles au palais pontifical et à son conclave, les poussèrent à se réunir à nouveau au palais, les y enfermèrent, et les privèrent du toit et des vivres tant qu'ils ne se seraient pas accordés. Un troisième récit fait intervenir Robert d’Anjou à la tête de « trois cents cavaliers aragonais armés et d’une multitude d’almogavares qui ne l’étaient pas moins ». Impressionnés par tant de lances, les cardinaux français et italiens qui étaient représentés à égalité dans le conclave s’empressèrent de se mettre d’accord sur une seule chose : choisir un pontife hors de leurs rangs. Selon Jean Favier, enfin, la nomination de Bertrand de Got est à la fois désirée par le roi de France, et considérée comme acceptable par Francesco Caetani, neveu de Boniface VIII et chef de file de son parti depuis la sortie du conclave de Matteo Rosso, malade, qui s'opposait par contre à un candidat extérieur au Sacré Collège. Napoléon Orsini, allié des Colonna, convainc Caetani de favoriser de Got, et de rallier son parti à cette candidature. Le nouveau pape choisit de régner sous le nom de Clément, le cinquième, le 24 juillet 13059.
Bertrand de Got aurait voulu se faire couronner à Vienne (Dauphiné) comme son lointain prédécesseur Gui de Bourgogne qui en fut l’archevêque de 1083 à 1110 et qui régna, jusqu’en 1124, sous le nom de Calixte II. Mais Philippe le Bel préféra Lyon et le nouveau pape obtempéra. Dans un froid glacial, Clément V se dirigeait vers la vallée du Rhône, puis remonta vers la capitale des Gaules, pour son couronnement. La cérémonie déploya ses fastes devant le roi de France, en la basilique Saint-Just, le dimanche 14 novembre 1305. Peu décidé à se rendre à Rome, où régnait le marasme le plus total (troupes pontificales en guerre contre Venise pour le contrôle de Ferrare), il semblerait que la prime intention de Clément V fut de passer son pontificat à Bordeaux. Rome au xiiie siècle n'était pas encore la capitale politique et administrative de l'Église, la cour pontificale étant itinérante, mais elle gardait la prééminence car elle conservait les reliques des apôtres Pierre et Paul. Entre février et mars, il séjourna à Cluny, Nevers et Bourges avant de rejoindre son ancien archevêché, traînassant d’abbayes en diocèses de France et nommant des cardinaux à sa dévotion. Quand il s'approcha de Bordeaux, les Gascons tout au long du chemin le saluaient et l'acclamaient. Il trouva une ville en liesse lors de son arrivée en juillet 1306. Cela entraîna la prise de mesures de sécurité et de ravitaillement par le sénéchal d'Aquitaine. Le 4 septembre 1306, le pape quitta son ancienne ville épiscopale et, en chemin, passa à Villandraut, où il était né et dont il était le seigneur.
Clément V fut d'abord le pape du procès de l'Ordre du Temple. Philippe le Bel, le 17 novembre 1307, avait fait parvenir à Clément V les aveux de hauts dignitaires templiers. En Guyenne, le pape, malade, malgré ces premiers aveux et la promesse royale de lui remettre tous les coupables, manquait d’enthousiasme. Cela était insupportable à Guillaume de Nogaret. Le Garde des Sceaux pensa avoir trouvé la parade en faisant prononcer par Pierre Dubois, avocat de Coutances, une violente diatribe en place publique « contre ceux qui refusaient de faire manger le pain du roi » aux chevaliers du Temple .
Sans doute atteint d'un cancer des intestins, ses « physiciens » (médecins), pour tenter d’apaiser ses douleurs lui faisaient ingurgiter des émeraudes pilées. Rongé par la maladie, il publia le 24 mars les décrétales du concile et quitta sa retraite de Monteux, avec l’espoir de rejoindre Villandraut, le fief de sa famille près de Langon. Le pape atteignit les rives du Rhône le 5 avril 1314 pour s’éteindre, quinze jours plus tard, le 20 avril 1314, à Roquemaure dans la demeure du chevalier Guillaume de Ricavi qui l’avait hébergé. La dépouille de Clément V fut ramenée à Carpentras pour des hommages solennels. Durant la veillée funèbre, un cierge renversé mit le feu au catafalque et carbonisa le mollet du pontife défunt.
196 Jean XXII 1316/1334 Cahors Jean XXII Pape en Avignon. Jacques Duèze, né en 1244 à Cahors, mort en 1334 à Avignon, issu d'une famille de la bourgeoisie aisée de Cahors, est élu pape en 1316, sous le nom de Jean XXII. Âgé de 72 ans lors de son élection, il inaugure la série des papes d’Avignon , série dont il assurera le plus long pontificat : il meurt à 90 ans après 18 ans d'exercice.
Après la mort de Clément V, le Sacré Collège s'installe à Carpentras, le 1er mai 1314, pour élire un nouveau pape. Or, trois partis étaient en compétition : les Gascons au nombre de dix, les Italiens au nombre de sept, adversaires acharnés des Gascons, avec Napoléon Orsini, Nicolas Albertini de Porto, et des cardinaux Français d’origines diverses : trois Languedociens, un Quercinois et deux Normands complétaient le Sacré Collège. Les luttes de tendances entre Italiens, Gascons et Français furent telles que deux longs mois passèrent sans qu’ils parviennent à un accord pour trouver un successeur à Clément V.
Le 24 juillet 1314, le conclave est attaqué. Les responsables de ce coup de force sont Bertrand de Got, seigneur de Monteux, et Raymond Guilhem de Budos, recteur du Comtat Venaissin, neveux de Clément V. Ils pillent la ville, incendient nombre de demeures et surtout emportent avec eux le trésor de guerre de leur oncle, un million de florins destinés à la croisade. Affolés, les cardinaux s’enfuient. Deux ans plus tard, la chrétienté est toujours sans pape. Sur l’initiative de Philippe de France, comte de Poitiers, frère du roi Louis X le Hutin, un nouveau conclave est réuni à Lyon. Il commence ses travaux, au début du mois de mars 1316, avec un certain mauvais vouloir. Les cardinaux, entre deux sessions, apprennent que, le 5 juin, le Hutin a rendu l’âme. Le comte de Poitiers qui n’est pour l’instant que régent car la reine Clémence attend un enfant qui sera Jean I le posthume et mourra à quatre jours, veut accélérer l'élection pour rentrer à Paris. Le 28 juin, prenant prétexte de la célébration d’un service funèbre en l’honneur du roi défunt, celui-ci assemble le Collège des cardinaux dans l’église des Dominicains. Elle est aussitôt cernée par les troupes de Guigue de Forez et, lors de l’office, le Régent en fait murer portes et ouvertures. Les cardinaux se devaient de trouver un pape. Cependant, il faut attendre jusqu’au 7 août 1316, pour que Napoléon Orsini s’entende avec ses collègues Francesco Caetani et Arnaud de Pellegrue. Les trois cardinaux proposent d’élire le candidat pour lequel s’étaient déjà prononcés Philippe de Poitiers et Robert d’Anjou, nouveau comte de Provence et roi de Naples. C’était Jacques Duèze, originaire de Cahors, ancien évêque d’Avignon et cardinal de Porto, en qui ses confrères ne voyaient qu’un vieillard cacochyme. Le pape était âgé de 72 ans. Il n’est pas impossible que son âge avancé fût pris en considération par les cardinaux qui pensaient élire ainsi un pape de transition. D'autant que n'étant ni italien ni gascon, il n'avait eu qu'un rôle politique effacé jusqu'alors. Or son aspect chétif, sa petite taille, son teint pâle et sa voix fluette cachaient une robuste santé renforcée par une remarquable hygiène de vie. Le pape mourut à 90 ans, après 18 ans d'un pontificat qui fut le plus long de tous ceux des papes d’Avignon. Dans Lyon en liesse, le nouveau pape est couronné le 5 septembre et choisit le nom de Jean XXII. Il décide alors de rejoindre Avignon. Le Souverain Pontife débarque au pied du pont Saint-Bénézet, le 2 octobre 1316, et s’installe dans le palais épiscopal qu’il avait longtemps occupé .

Pour Clément V, prédécesseur de Jean XXII, Avignon avait été plutôt une halte qu’une résidence. Au contraire Jean XXII fut le pape qui s’implanta effectivement à Avignon. Le choix de cette ville présentait de nombreux avantages. En effet l’Église possédait déjà le comtat Venaissin, grâce au traité de Paris, signé le 12 avril 1229 entre Louis IX, roi de France, et le comte Raymond VII de Toulouse. Ce dernier précisait dans ce traité « quant aux païs et domaines qui sont au-delà de ce fleuve (Rhône) dans l’Empire, avec tous les droits qui peuvent m’appartenir, je les ai cédés précisément et absolument à perpétuité à l’église romaine. ». Avignon qui ne faisait pas partie de cette donation car la ville appartenait aux comtes de Provence, présentait de nombreux avantages. Elle est située au carrefour d’axes de communication, elle dispose d’un port fluvial et possède le fameux pont Saint-Bénezet, premier ouvrage de franchissement du Rhône en remontant ce fleuve. De plus cette ville se trouve à l’intérieur d’une riche zone agricole produisant les ressources nécessaires au ravitaillement d’une population nombreuse telle que celle de la cour pontificale. Seulement neuf jours après son élection, Jean XXII se réserve le 16 août 1316 la disposition du couvent des frères prêcheurs. Son neveu Jacques de Via étant évêque d’Avignon, il le nomme cardinal sans lui désigner de remplaçant, afin de disposer du palais épiscopal qu’il avait habité auparavant. Il sait que ces bâtiments sont dans le secteur de la ville le plus facile à défendre, d’où son choix. Il entreprend d’adapter son ancien palais à sa nouvelle charge. Guasbert Duval (ou Gasbert de la Val) vicaire général, compatriote du pape et futur évêque de Marseille, est chargé des acquisitions nécessaires à l’agrandissement. Il est nommé le 26 août 1323 archevêque d'Arles, puis archevêque de Narbonne le 1er octobre 1341 par le pape Benoît XII. Les premiers travaux sont confiés à Guillaume de Cucuron. Le logement du pape se trouve dans l’aile ouest, ainsi que les bureaux et appartements de ses plus proches collaborateurs. Le côté nord est constitué par l’église paroissiale Saint-Étienne qui est transformée en chapelle pontificale. À l’est, sont installés les logements des cardinaux neveux, ainsi que différents services. Dans cette aile orientale, mais plus au sud, se trouvent les services du trésorier et du camérier. Au sud un bâtiment est construit pour les audiences.
ANT Nicolas V 1328/1330 Corvaro Nicolas V Nicolas V (Pierre Rainalducci, Pietro Rainalducci ou encore Pierre de Corbière), né vers 1275 à Corvaro dans les Abruzzes en Italie et mort le 16 octobre 1333 à Avignon, était un franciscain italien. Il fut nommé pape le 12 mai 1328, sous le nom de Nicolas V, par l'empereur Louis IV. Chassé de Rome l'année suivante, il se retira à Pise, où il fut contraint d'abdiquer il rejoignit Avignon à l'instigation de Simone Saltarelli, archevêque de Pise, où il demanda pardon au pape Jean XXII, la corde au cou. Il mourut deux ou trois ans après.

Le coût de la réorganisation du Saint-Siège en un état moderne lui suscite des ennemis : la levée des annates et la centralisation, mécontentent les collateurs ordinaires dont elle rogne les prérogatives et pousse à bout les contribuables impitoyablement pressurisés1. La fraction de l'ordre franciscain qui prône une pauvreté radicale se dit profondément scandalisée par la richesse des dignitaires ecclésiastiques ; certains de ces « Spirituels » professèrent le joachimisme qui annonçait l'irruption d'une ère nouvelle. Condamnés par la papauté, persécutés à l'intérieur de leur famille religieuse, ils pouvaient penser qu'ils étaient seuls à être marginalisés ; or, en 1323, nombreux sont ceux qui contestent le poids de la fiscalité papale, l'accusant de servir à financer les fastes de la cour Avignonaise. Dans les faits, Jean XII refusait le luxe des cours princières même s'il n'était pas austère. Les Fraticelles ont la surprise de voir la majorité de leurs confrères, ministre général en tête, les rejoindre dans l'opposition au pape: celui-ci venait de condamner l'idée de la pauvreté personnelle du Christ, une opinion partagée par la plupart des franciscains. Les ordres mendiants sont très présents dans les milieux universitaires et leur pensée est très largement relayée: En promulguant ce texte Jean XXII se fait des adversaires dans toute la chrétienté et nombre de théologiens de talent, tel Guillaume d'Occam, les rallient.
197 Benoît XII 1334/1342 Saverdun Benoît XII Pape en Avignon.
198 Clément VI 1342/1352 Rosiers-d'Égletons Clément VI Pape en Avignon.
199 Innocent VI 1352/1362 Les Monts Innocent VI Pape en Avignon.
200 Bienheureux Urbain V 1362/1370 Grizac Bienheureux Urbain V N’était pas cardinal au moment de son élection. D’abord pape en Avignon, il part pour Rome et s’y installe avec la cour pontificale. Cependant il ne peut s’y maintenir et retourne en Avignon où il meurt très peu de temps après. Il est béatifié le 10 mars 1870 par le pape Pie IX
201 Grégoire XI 1370/1378 Rosiers-d'Égletons Grégoire XI Neveu de Clément VI. Dernier pape français reconnu par l’Église. D’abord pape en Avignon, il part pour Rome et s’y installe avec la cour pontificale.

Grand Schisme d'Occident
seuls reconnus par l’Église Catholique Romaine          

No Nom Pontificat Naissance Notes
202 Urbain VI 1378/1389 Naples Urbain VI Dernier pape à ne pas être cardinal au moment de son élection. Les cardinaux affirment avoir voté sous la pression de la foule romaine qui voulait un pape italien. Peu après, ils se rassemblent à Fondi, proclament Urbain VI illégitime et élisent à sa place Clément VII, déclenchant le Grand Schisme d’Occident.
203 Boniface IX 1389/1404 Naples Boniface IX Boniface IX (Pietro Tomacelli), noble napolitain né vers 1355, élu pape le 2 novembre 1389, consacré le 9 novembre à Rome, décédé le 1er octobre 1404 à Rome1. Pendant son règne, les antipapes Clément VII et Benoît XIII continuèrent à tenir une cour papale à Avignon sous la protection de la monarchie française.
Pietro Tomaselli venait d'une ancienne mais appauvrie famille baronniale de Naples. Une source germanique contemporaine hostile, Dietrich de Nieheim, assurait qu'il était illettré. À défaut d'être un théologien entraîné ou habile dans les relations avec la Curie, il a su être plein de tact et prudent dans une période difficile. L'Allemagne, l'Angleterre, la Hongrie, la Pologne et la plus grande partie de l'Italie l'acceptèrent comme pape. Le jour avant son élection, l'antipape Clément VII couronna un prince français, Louis II d'Anjou, roi de Naples. Boniface IX soutint lui son rival, le jeune Ladislas Ier de Naples. Ce dernier était l'héritier de droit de Charles III de Naples (assassiné en 1386) et de Margaret de Durazzo, descendante d'une famille qui avait traditionnellement soutenu les papes dans leurs querelles romaines contre le parti anti-impérial de la cité elle-même. Boniface IX fit couronner Ladislas roi de Naples à Gaeta le 29 mai 1390 et travailla avec lui à l'expulsion des forces angevines du sud de l'Italie. Durant son règne, Boniface IX réussit finalement à supprimer l'indépendance de la Commune de Rome et à y établir son pouvoir temporel, bien que, pour y parvenir, il dut non seulement fortifier le Château Saint-Ange, mais également tous les ponts et fut obligé de résider durant de nombreuses années à Assise ou à Pérouse. Il prit également le port d'Ostie à son Cardinal-évêque. Il reprit également progressivement le contrôle des châteaux et des villes des États pontificaux. Il leur donna la forme qu'ils auront au cours du xve siècle. Le 20 mai 1394 il vendit, contre rétribution, la principauté de Masséran à Ludovico Fieschi. Clément VII mourut à Avignon le 16 septembre 1394, mais les cardinaux français élurent rapidement un successeur : le cardinal Pedro de Luna, qui prit le nom d'antipape Benoît XIII. Durant les quelques années qui suivirent, Boniface IX fut poussé à abdiquer, même par ses plus proches alliés : le roi Richard II d'Angleterre, la Diète de Francfort en 1397 et l'empereur Venceslas Ier. Il refusa, tout comme il refusa la tenue d'un concile œcuménique qui était pourtant considéré comme le seul moyen de mettre fin au Grand Schisme. Deux Années saintes furent célébrées à Rome durant le règne de Boniface IX. La première, en 1390, avait été décidée par son prédécesseur, le pape Urbain VI, et connut un fort afflux de pèlerins allemands, hongrois, polonais, bohêmiens et anglais. Plusieurs villes allemandes obtinrent les privilèges de l'Année sainte, comme étaient nommées les indulgences. L'Année sainte de 1400 causa à nouveau un fort afflux de pèlerins à Rome, notamment de France, alors même qu'il y régnait une épidémie de peste désastreuse. Le pape demeura dans la ville. Durant la deuxième partie de l'année 1399, un nouveau mouvement de flagellants, les pénitents blancs, se développa en Provence, moins d'un siècle après l'extermination des Albigeois, et se répandit en Espagne et dans le nord de l'Italie. Cela rappelait les processions massives des flagellants de l'époque de la peste noire, en 1348 et 1349. Ils se rendaient en processions de ville en ville, habillés en blanc, portant une croix rouge dans leurs dos et suivant en meneur qui portait une grande croix. Les rumeurs de l'imminence du Jugement dernier et les témoignages de visions de la Vierge Marie abondèrent. Ils chantaient l'hymne Stabat Mater, qui était populaire depuis peu. Boniface IX et la curie soutinrent un temps ce mouvement lorsqu'il s'approchait de Rome, mais lorsqu'il y arriva, Boniface IX fit pendre leur chef et les flagellants se dispersèrent rapidement. En Angleterre, les prêches anti-papaux de John Wyclif aidaient l'opposition du roi et du haut clergé à l'habitude de Boniface IX d'attribuer des bénéfices anglais, lorsqu'ils devenaient vacants, à ses favoris à la Curie. Le pape avait en effet introduit une nouvelle forme de revenu, l'annates perpetuæ, qui attribuait au pape la moitié du revenu engrangé lors de la première année de tout bénéfice attribué au sein de la curie. Afin de s'opposer à cette pratique, le Parlement anglais confirma et étendit les droits du roi, lui donnant un droit de veto sur ses nominations en Angleterre. Boniface IX dut céder face à l'unité anglaise et satisfaire aux exigences du roi. En 1398 et 1399, Boniface IX appela l'Europe chrétienne à soutenir l'empereur byzantin Manuel II Paléologue, menacé à Constantinople par le sultan Bayezid Ier. L'enthousiasme pour une nouvelle croisade fut très restreint. En Allemagne, les Princes-Électeurs se réunirent à Rhense le 20 août 1400 pour déposer Venceslas Ier et choisirent à sa place Robert Ier du Saint-Empire, duc de Bavière et Comte palatin du Rhin. En 1403, Boniface IX approuva la déposition de Venceslas et reconnut Robert. Notons par ailleurs que Boniface IX canonisa Brigitte de Suède en 1391, qu'il fonda les universités de Ferrare la même année et de Fermo en 1398. En 1392, il confirma également celle d'Erfurt, en Allemagne. Il mourut en 1404 après une brève maladie.
204 Innocent VII 1404/1406 Sulmona Innocent VII Nomme cardinaux dans un même consistoire le 12 juin 1405 le futur pape de Rome Grégoire XII, le futur pape de Pise Alexandre V et le futur pape de la réunification Martin V.
205 Grégoire XII 1406/1415 Venise Grégoire XII Est déposé par le Concile de Pise, mais ne se soumet pas. Doit fuir Rome prise par le pape de Pise. Il finit par reconnaître le Concile de Constance et à renoncer au trône afin de mettre fin au Grand Schisme d’Occident toutefois son successeur n'est élu qu’après son décès.

Papes d’Avignon                                                                 Papes d’Avignon
considérés comme antipapes par l’Église Catholique Romaine

No Nom Pontificat Naissance Notes
ANT Clément VII 1378/1394 Annecy Clément VII Élu à Fondi par les cardinaux qui avaient élu, puis désavoué Urbain VI. Reçoit le soutien de nombreux États, dont la France et les royaumes d’Espagne. Réinstalle la papauté de son obédience en Avignon.
ANT Benoît XIII 1394/1423 Illueca Benoît XIII Déposé par le Concile de Pise en 1409, mais ne se soumet pas. Déposé à nouveau par le Concile de Constance le 27 juillet 1417, mais ne se soumet pas. S’installe à Peñíscola en Aragon, dernier État à le reconnaître. Même s’il continue à régner en Aragon, le Grand Schisme d’Occident est de facto terminé. La nouvelle de sa mort n'est révélée qu'après plusieurs mois.
ANT Clément VIII 1423/1429 Teruel Clément VIII Élu à Peñíscola. N’était pas cardinal quand il est élu par trois des quatre derniers cardinaux fidèles à l’obédience d’Avignon. Se soumet à Martin V quand le roi d’Aragon se réconcilie avec lui. Nommé évêque de Majorque en compensation.
ANT Benoît XIV ****/**** France Benoît XIV Né en 1370 en France , ne figure pas dans la liste de l’Annuario pontificio, même comme antipape. Peu après la fin du Grand schisme d'Occident, la veille même de sa mort, l’antipape d’Avignon Benoît XIII, abandonné de presque tous ses soutiens parmi lesquels la totalité des cardinaux qu’il avait jusqu’alors créés, nomma quatre nouveaux cardinaux. Trois d’entre eux élurent pour lui succéder l’antipape Clément VIII. Le quatrième, Jean Carrier, absent lors du vote, considéra cette élection comme nulle et non avenue pour simonie. Il constitua alors à lui seul le Sacré Collège et éleva secrètement, le 12 novembre 1425, un dénommé Bernard Garnier, sacriste de Rodez, au rang de pape sous le nom de Benoît XIV.
Bernard Garnier, avant sa mort en 1429, avait nommé quatre pseudo-cardinaux. Ceux-ci se réunirent en conclave, en 1430, et élurent Jean Carrier, qui prit aussi le nom de Benoît XIV. Il désigna à son tour six nouveaux pseudo-cardinaux : Pierre Trahinier, cardinal de Bethléem, Bernard, cardinal d'Hébron, Pierre Tifane, cardinal de Tibériade, Jean, cardinal de Gibelet, X, cardinal de Iona, et Jacques, cardinal de Césarée.

Papes de Pise                                                                      
considérés comme antipapes par l’Église Catholique Romaine

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ANT Alexandre V 1409/1410 Candie Alexandre V Pierre Phylargis ou Philarges ou Filargo, dit Pierre de Candie (Pietro di Candia en italien), (né en 1340 et mort le 3 mai 1410) a été élu pape à Pise sous le nom d'Alexandre V durant le Grand Schisme d'Occident. Comme tous les papes d'Avignon et les papes de Pise de cette époque, il est aujourd'hui considéré par l'Église catholique romaine comme un antipape. Il naît en Crète (alors vénitienne et appelée Candie) de parents inconnus et entre chez les Franciscains. Ses talents sont tels qu'on l'envoie étudier à l'université d'Oxford puis à celle de Paris. Le Grand Schisme d'Occident se produit pendant son séjour à Paris. Il soutient alors le camp du pape de Rome Urbain VI. Il s'installe en Lombardie où, grâce au duc de Milan Jean Galéas Visconti, il devient évêque, d'abord à Plaisance en 1386, puis à Brescia en 1387, Vicence en 1388, à Novare en 1389, avant de devenir archevêque de Milan en 1402. Il enseigne également la théologie à Pavie et mène de nombreuses missions diplomatiques dans toute l'Europe.
Créé cardinal par le pape de Rome Innocent VII le 12 juin 1405, le même jour que les futurs papes Grégoire XII et Martin V, il consacre toute son énergie à la réunification de l’Église, divisée entre deux papes rivaux. Il est l’un des promoteurs du concile de Pise, ce qui provoque le mécontentement de Grégoire XII qui le prive alors de son archevêché et de sa dignité de cardinal. Le concile de Pise, ouvert le 25 mars 1409, dépose le pape de Rome Grégoire XII et celui d’Avignon Benoît XIII, mais ceux-ci refusent de s’effacer. Les cardinaux présents choisissent Pierre de Candie pour occuper le trône pontifical qu’ils tiennent pour vacant. Il est élu pape sous le nom d’Alexandre V le 26 juin 1409 et couronné le 7 juillet 1409. Son élection ne réussissant qu’à créer un troisième pape rival ! Pendant les dix mois de son règne, il promet plus qu’il ne réalise un certain nombre de réformes : il abandonne les droits de dépouille et de procuration et rétablit le système de l’élection canonique pour les cathédrales et les principaux monastères. Il distribue avec prodigalité les faveurs papales dont profitent avant tout les ordres mendiants. Pour contrer Grégoire XII et pour étendre son influence avec l’assistance de la France, il excommunie Ladislas Ier, roi de Naples, et nomme à sa place Louis II d’Anjou, prétendant à ce royaume soutenu jusqu’alors par le pape d’Avignon. Il lève des troupes qui s’emparent de Rome en janvier 1410, mais il préfère s’installer à Bologne.
C’est dans cette ville qu’il meurt subitement dans la nuit du 3 au 4 mai 1410 à l’âge de 69 ans. La rumeur prétendit qu’il avait été empoisonné par le Pisan Baldassare Cossa, son successeur connu sous le nom de Jean XXIII.
Le concile de Pise a échoué dans sa prétention à réunifier l’Église catholique. Le Grand Schisme ne prit fin qu’en 1415 au concile de Constance qui déposa le pape d’Avignon et celui de Pise et reçu la démission du pape de Rome le 4 juillet 1415, avant d’élire le 11 novembre 1417 Martin V. Déterminer si Alexandre V doit être considéré comme un antipape ou un pape légitime est encore aujourd’hui matière à débats. Le Vatican considère comme légitimes pour cette époque les seuls papes de Rome. Ce qui est la seule position logique, car il ne peut pas y avoir en même temps deux pontifes légitimes. Pourtant, quand en 1492 Rodrigo Borgia fut élu pape, il choisit le nom d’Alexandre VI, se gardant de reprendre le nom et le numéro d’Alexandre V. Mais ceci ne prouve rien car alors la liste des papes (qui n'a jamais eu un caractère de foi) n'était pas définitivement fixée. Il est tout à fait exact que la liste des papes, telle qu'elle apparaît dans l'annuaire pontifical, n'a pas une autorité suffisante pour trancher la question de la légitimité de tel ou tel pape, et donc s'il est exact que l'existence d'un pape Alexandre VI ne rend pas Alexandre V légitime, pour la même raison le fait que ce même Alexandre V ne se trouve pas sur la liste dans l'annuaire pontifical ne le rend pas illégitime pour autant. En 1958, le cardinal Angelo Giuseppe Roncalli n’eut pas le même scrupule en reprenant le nom et le numéro de Jean XXIII qui étaient ceux du second (anti)pape de Pise. Mais alors la liste officieuse des souverains pontifes avait été modifiée.
Alexandre V Alexandre V
ANT Jean XXIII 1410/1415 Procida Jean XXIII Baldassarre Cossa (Procida, province de Naples, v. 1360–Florence, 22 décembre 1419), élu pape par le concile de Pise en 1410 sous le nom de Jean XXIII, déposé par le concile de Constance en 1415, est considéré comme un antipape par l’Église catholique romaine.
Baldassarre naquit dans une famille noble, les Cossa, seigneurs de l’île de Procida, au large de Naples. Dans sa jeunesse, il aurait participé aux activités de piraterie de sa famille et paraissait davantage fait pour ce genre d'affaires que pour l’état clérical1. On soupçonna la fortune paternelle d’avoir beaucoup contribué à l’obtention de son doctorat en droit canonique auprès de l’université de Bologne en 1389. Il devint chanoine de Bologne. En 1386, dans le contexte du Grand Schisme d’Occident, il fut admis comme familier de Boniface IX, pape de Rome. En 1392, il fut nommé chambrier puis en 1396, archidiacre de Bologne. En 1402, Boniface IX le promut au rang du cardinalat. Peu après, il reçut la charge de légat à Bologne, ville alors dominée par les Visconti, que le pape souhaitait récupérer. Il entra dans la cité en 1403, à la tête de son armée victorieuse. Sa fortune personnelle s’accrut beaucoup de son gouvernement de Bologne.
En mai 1408, devant le refus de Grégoire XII de convoquer un synode, une poignée de cardinaux firent dissidence. Le cardinal Cossa en faisait partie. Ces cardinaux convoquèrent un concile à Pise qui rassembla près de 500 évêques, abbés, docteurs, et déposèrent les deux candidats à la véritable papauté, Grégoire XII et Benoît XIII. En remplacement, ils élurent Pierre Philargès de Candie, qui prit le nom d’Alexandre V. Malheureusement, aucun des deux rivaux n’accepta sa déposition. L’Église catholique se retrouva donc avec trois papes prétendus.
Le 3 mai 1410, Alexandre V mourut à Rome. Les cardinaux pisans décidèrent de poursuivre l’aventure, et le conclave présidé par le cardinal Jean Allarmet de Brogny élut Cossa le 17 mai. Il fut ordonné prêtre quelques jours plus tard et couronné le 25 sous le nom de Jean XXIII. Il prit parti en faveur de Sigismond de Hongrie lors de l’élection impériale qui eut lieu la même année. En 1411, allié avec Louis d’Anjou, il mit en déroute les armées de Ladislas Ier de Naples, mais ne sut pas exploiter sa victoire. Quand Anjou rentra en France, les forces de Ladislas se regroupèrent. Jean XXIII dut négocier avec lui. Ladislas le reconnut comme pape légitime en échange de l'approbation pontificale de sa conquête de la Sicile. En 1412, Jean XXIII convoqua un concile à Rome. Le faible nombre de cardinaux présents réduisit beaucoup les ambitions du concile, qui se borna à condamner les écrits de John Wyclif.
Quand Ladislas se retourna contre lui, Jean XXIII dut faire appel à Sigismond. Celui-ci décida de se substituer au concile défaillant, et contraignit le pape à convoquer un concile dans une ville d’Empire. Ce fut le concile de Constance en 1414. Peu après l’ouverture du concile, les intentions de Sigismond devinrent claires : il souhaitait déposer les trois apprenti-papes, et ainsi mettre fin au schisme. Jean XXIII refusa : il bénéficiait du soutien de nombreux cardinaux italiens. Sigismond passa outre en modifiant le mode de scrutin. Le vote par nation réduisit les voix italiennes à un seul et unique suffrage. Prévoyant sa défaite, Jean XXIII s’enfuit dans la nuit du 20 mars 1415, déguisé en civil et accompagné d'un seul serviteur. Il alla trouver refuge dans divers châteaux en Autriche, mais fut finalement capturé et ramené à Constance le 27 avril. Quand les Pères adoptèrent le décret Hæc sancta, proclamant la supériorité du concile sur le pape, Jean XXIII renonça à dissoudre le concile et s'inclina. Le 29 mai, il fut formellement déposé par le concile. Soixante-dix chefs d'accusation étaient portés contre lui, notamment la simonie, le viol, la sodomie, l’inceste, la torture et le meurtre. On le soupçonnait aussi d'avoir empoisonné son prédécesseur, ainsi que son médecin2. Il fut confié à la garde de Louis le Palatin, qui avait toujours été son ennemi. Après l'élection de Martin V le 28 décembre 1417, il fut libéré. Il fit son hommage au nouveau pape, qui le nomma cardinal-évêque de Tusculum en juin 1419. Moralement brisé, Cossa mourut le 22 décembre de la même année à Florence. Son corps fut inhumé au baptistère Saint-Jean-Baptiste de Florence, dans un tombeau commandité par les Médicis et sculpté par Donatello.
Jean XXIII Jean XXIII

Élus au 15 ème siècle après le Schisme d’Occident

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206 Martin V 1417/1431 Genazzano Martin VDe l’obédience de Rome, puis de Pise,il est élu par le Concile de Constance pour remplacer les trois papes rivaux Grégoire XII (décédé), Benoît XIII et Jean XXIII et mettre fin au Grand Schisme d’Occident. Il réinstalle définitivement la papauté à Rome. Martin V Martin V
207 Eugène IV 1431/1447 Venise Eugène IVNeveu par sa mère de Grégoire XII. Eugène IV Eugène IV
ANT Félix V 1439/1449 Chambéry Félix V Dernier antipape, élu par le Concile de Bâle qui prétend déposer Eugène IV. N’était pas cardinal quand il a été élu il le devient après sa renonciation. Félix V Félix V
208 Nicolas V 1447/1455 Sarzana Nicolas V Tommaso Parentucelli, né à Sarzana vers 1397, deviendra le pape Nicolas V du 6 mars 1447 à 14551 et vit ainsi la chute de Constantinople. Il mit fin au schisme de l’antipape Félix V et il fonda la Bibliothèque vaticane. Libre de tout népotisme, il était de petite taille et de faible constitution physique. Son regard perçant engendrait l'obéissance il était bien davantage un homme de lettres qu'un homme d'action. Sa grande générosité, son goût pour l'art et ses choix politiques difficiles lui valent néanmoins d'être considéré comme un pape mondain.
Il est le fils de Bartolomeo Lucando, alias Parentuccelli et d'Andreola Bosi della Verrucola aussi appelée Andreola Tomeo dei Bosi (ce qui signifie en italien fille de Tomeo de la famille des Bosi2). Cette famille était originaire de Fivizzano. Veuve elle se remaria avec Ser Giarente Calandrini avec lequel elle eut Filippo Calandrini, évêque de Bologne et cardinal (1403 Sarzane - 18 juillet 1476). Dans sa jeunesse, il perd son père, médecin pauvre mais talentueux, ce qui l'empêche de compléter ses études à Bologne. Tuteur à Florence des familles Strozzi et Albizzi, il y rencontre les penseurs les plus marquants de son époque. De retour à Bologne, il termine ses études de maître en théologie et entre au service de Niccolo Albergati, évêque de Bologne, devenant bibliographe pour l'évêché. Parentucelli met en pratique ses connaissances patrologiques et scolastiques lors du concile de Florence, ce qui lui permet de dialoguer avec les évêques grecs. Le pape Eugène lui confie alors des tâches diplomatiques de première importance, et après la mort de ce dernier, en 1447, il lui succède et choisit le prénom Nicolas.
Pontificat :
Devenu le pape Nicolas V, il met en place à Rome de nouveaux équilibres politiques et internationaux. Constructeur de fortifications et restaurateur d'églises, il commence son pontificat en embellissant la grande ville (il commencera la construction du Palais du Vatican voulant en faire le plus grand palais du monde), et en invitant les peintres, les architectes et avant tout les écrivains. Reconnu comme seul véritable souverain pontife (1449), il stabilise ses rapports avec le Royaume de Naples, et garde une position de neutralité en Italie, jusqu’à la paix de Lodi (1454). Dans ses états, il accorde aux dirigeants municipaux un certain nombre de privilèges tout en gardant fermement le contrôle de la commune. Surnommé le « pape humaniste », il a à sa cour Lorenzo Valla en tant que notaire apostolique. Les œuvres d'Hérodote, Thucydide, Polybe sont réintroduites en Europe occidentale grâce à son patronage. L'un de ses protégés, Enoch d'Ascoli, découvre un manuscrit complet des Opera minora de Tacite dans un monastère d’Allemagne. Blessé par les dommages faits à la culture grecque, il tente sans succès de lancer une croisade pour délivrer les Byzantins de l'emprise turque. Pour cela, il remet sur pied une armée efficace et augmente les rentrées fiscales. Voulant assurer la réussite de la réforme catholique, il envoie plusieurs légats, dont Nicolas de Cues, Jean de Capistran et Guillaume d'Estouteville, au nord et au sud de l'Allemagne, en Angleterre, et en France. Il donne des gages à ses puissants voisins : à la demande de Charles VII, Jeanne d'Arc est réhabilitée, et en 1448, il conclut le concordat de Vienne avec le roi Frédéric de Habsbourg. Par la bulle Romanus Pontifex, il se pose en arbitre des empires espagnols et portugais et assure la portée universelle de l'autorité du pontife, y compris dans la christianisation des peuples indigènes et musulmans. Dans cette même bulle, il donne au Roi du Portugal l'autorisation de réduire en servitude les Sarrasins. Le nom de Nicolas V est pour cette raison souvent lié à l'esclavage. L'historien contemporain Norman Cantor a accusé le pape de complaisance envers les traiteurs portugais il fut néanmoins le continuateur d'Eugène IV, auteur de l'encyclique Sicut Dudum qui interdisait clairement la possession d'hommes. Paul III écrira plus tard Sublimus Dei pour réaffirmer cette prise de position. La fin de son pontificat est cependant marquée par l'anxiété, car Stefano Porcaro, homme politique cultivé et favori du défunt pape Martin V, tente à plusieurs reprises d'instituer une république à Rome. Malade, il rassemble autour de lui les cardinaux et résume les labeurs qui avaient guidé sa vie et son pontificat, avant de mourir le 24 mars 1455 âgé d'environ 57 ans.
Nicolas V Nicolas V
209 Calixte III 1455/1458 Xàtiva Calixte III Calixte III (Alonso de Borja i Llançol, plus connu sous le nom de Alfonso Borgia), né à Canals dans le royaume de Valence le 31 décembre 1378, mort le 6 août 1458 à Rome, est un cardinal espagnol du xve siècle, évêque de Valence, élu pape le 8 avril 1455 et couronné le 20. Candidat de compromis, âgé, il est généralement jugé comme faible, en particulier à cause de son népotisme.
Alonso est le fils de Domingo de Borja et de Francina Llançol. Il fait ses études à l'université de Lérida où il étudie le droit canon avant de devenir un professeur reconnu notamment pour son éloquence. Remarqué par Alphonse V d'Aragon pour son tact et son habileté diplomatique, il prend part au concile de Bâle-Ferrare-Florence-Rome durant lequel il obtiendra l'abdication de l'antipape Clément VIII. En guise de remerciement, Alphonse en fait son secrétaire et conseiller et avec l'accord de Martin V lui permettra d'accéder à l'évêché de Valence en 1429. Il accompagnera par la suite Alphonse V lors de la conquête de Naples en 14421, qui tombera le 12 juin de la même année. Naples étant de jure sous l'égide de la Papauté, son suzerain l'envoie prêter allégeance devant Eugène IV son talent diplomatique l'élèvera au rang de cardinal en mai 1444 : c'est à cette occasion qu'Alonso de Borja voit son nom latinisé en Alfonso Borgia par la bulle du pape Martin V .
Pontificat :
Le conclave réuni en séance ne parvient pas en trois tours de scrutin à élire un pape en raison de l'opposition des Colonna et des Orsini3. Le choix se porte « par accession » - par ralliements successifs - sur un candidat neutre et vieux, et Alfonso Borja alors âgé de 77 ans est le candidat idéal. L'élection ne suscite aucun enthousiasme auprès des Italiens qui voient d'un mauvais œil un valencien accéder au poste suprême.
Le projet principal de son pontificat est la lutte contre les Ottomans, qui après la chute de Constantinople, avancent dans les Balkans. Dans le but de lever une croisade, il fait plusieurs gestes en direction des rois occidentaux. Il autorise dans la bulle Inter Caetera le Portugal à asservir des infidèles ce qui permet implicitement l'esclavage des noirs qu'avait interdit le pape Eugène IV dans la bulle Sicut Dudum de 1435. En juin 1455, Calixte III donna les pouvoirs à une commission ecclésiastique afin qu'elle révise le procès par lequel Jeanne d'Arc avait été jugée, en 1431, « relapse et hérétique ». Le jugement solennel qui intervint le 7 juillet 1456 déclara que « ladite Jeanne, ses parents et les demandeurs eux-mêmes, n’ont été entachés d’aucune souillure d’infamie à l’occasion des prémisses, et qu’ils en doivent être réputés exempts et saufs les en disculpant autant que de besoin est ». Calixte ne la béatifia pas mais il autorisa les expiations religieuses qui eurent lieu à Rouen au lieu de son supplice. D'après la légende, la Vierge Marie lui serait apparue au début de l'année 1450 pour lui demander de porter assistance aux habitants de Sienne touchés par la peste. Une peinture de Sano di Pietro, réalisée vers 1456-60, montre cette apparition. Ce fut apparemment l'un des rares papes à avoir eu une vision de Marie. Il finance le Hongrois Jean Hunyadi dans son combat contre les Ottomans, en vendant une partie des bijoux pontificaux. Le 29 juin 1456, il lance un appel à la croisade, accompagné d'un ordre de faire sonner toutes les cloches de la chrétienté à midi. Cette volée de cloches est associée à la victoire sur les Ottomans qui assiégeaient Belgrade, dont le siège est levé le 22 juillet. La victoire est célébrée lors de la fête de la Transfiguration le 6 août. Une légende posthume rapporte qu'il aurait excommunié la comète de Halley parce qu'on la considérait comme un mauvais présage pour les assiégés. Toutefois, il échoue à mobiliser les princes chrétiens. On reproche surtout son népotisme en faveur de sa famille, les Borgia, népotisme qu'il pratique avant tout pour s'entourer d'hommes de confiance2. Il a un enfant naturel, François, cardinal et archevêque de Cosenza et évêque de Teano et de Chieti, mort en 1511. Il fait de deux de ses neveux des cardinaux dont Rodrigo, futur pape.
Calixte III Calixte III
210 Pie II 1458/1464 Corsignano Pie II Pie II, de son nom de naissance Enea Silvio Piccolomini, et généralement connu dans la littérature sous son nom latin Æneas Sylvius (né le 18 octobre 1405 à Corsignano, dans la République de Sienne et mort le 14 août 1464 à Ancône) fut le 210e pape de l'Église catholique romaine (du 19 août 1458 au 14 août 1464).
Formé à Sienne et à Florence, alors foyers d'humanisme, Enea Silvio commence très jeune sa carrière dans le domaine diplomatique. Il participe au concile de Bâle (1431-1449) où il assume une charge prééminente comme orateur et secrétaire. Quand le pape Eugène IV transfère le concile à Ferrare, en 1438, Enea reste à Bâle avec les dissidents. Il fait partie de la délégation qui porte à Amédée VIII de Savoie l'annonce de sa nomination au pontificat. Devenu l'antipape Félix V (1439-1449), celui-ci le nomme son secrétaire. Couronné poète en 1442 par l'empereur Frédéric III, pour son œuvre poétique et romanesque, il devient secrétaire de cet empereur qui l'utilise comme ambassadeur. En 1445, au cours d'une mission, il choisit de se rallier au pape légitime de Rome, Eugène IV, et abjure devant lui ses erreurs. Il est nommé en 1446 secrétaire apostolique du pape. Il joue un rôle majeur dans le ralliement de l'Allemagne, qui jusque là était restée neutre, à Eugène IV. Il est ordonné prêtre le 4 mars 1447 et nommé évêque de Trieste le 19 avril 1447, puis de Sienne le 23 septembre 1450. Il est envoyé comme nonce en Autriche et en Bohême par le pape Nicolas V. Pendant son séjour en Autriche, il écrit (1450) pour le jeune roi de Hongrie et de Bohême Ladislas un traité de l'éducation des enfants : Tractatus de liberorum educatione ad Ladislaum Ungariae et Boliemiae regem. Créé cardinal le 17 décembre 1456 par le pape Calixte III, il est nommé évêque de Varmie le 12 août 1457. Il est élu pape le 19 août 1458, sous le nom de Pie II, et couronné le 3 septembre à la basilique Saint-Pierre de Rome.
Pontificat :
Comme son prédécesseur, Pie II consacre toute son activité de pontife à la préparation de la croisade contre les Turcs, qui venaient de s'emparer de Constantinople (en 1453) et menaçaient la chrétienté. Il crée un ordre de chevaliers appelé l’Ordre de Jésus, institué à Rome en 1459 pour organiser avec leur concours une croisade populaire. Il réunit un congrès à Mantoue (Lombardie) du 1er juin 1459 au 14 janvier 1460, où il convoque tous les princes. Mais le succès est mitigé. Le 18 janvier 1460, à Mantoue, il publie la bulle Execrabilis qui interdit les appels au concile et condamne le conciliarisme, comme doctrine de la supériorité du concile sur le pape. À son retour à Rome, il réprime une conjuration qui s'était dressée contre le pouvoir temporel des papes. Exécution de Tiburzio et des principaux meneurs, le 31 octobre 1460. En 1461, il écrit une Lettre à Mehmet II le Conquérant ottoman qui avait pris Constantinople en 1453 (Epistola a Maometto) lui promettant de le reconnaître comme nouvel Empereur d'Orient s'il se convertissait au catholicisme et protègeait l’Église. Cette lettre, très controversée, n'a jamais été envoyée2. Il canonise Catherine de Sienne le 29 juin 1461 au milieu de grandes festivités. Cette même année 1461, Giovanni di Castro découvre les gisements d'alun de La Tolfa, sur le territoire pontifical, qui procurent au Saint-Siège d'importants revenus. Le 12 avril 1462, réception solennelle à Rome du chef (de la tête) de saint André, enlevé à Patras par le despote de Morée, Thomas Paléologue. Le pape promet à cette occasion que la précieuse relique sera rendue à son siège « quand Dieu le voudra ». Cette promesse est réalisée par le pape Paul VI. Le 12 avril 1462, dans la lettre Rubicensem, adressée à l'évêque de Guinée portugaise, il qualifie l'esclavage des Noirs de grand crime (magnum scelus). En 1462, il élève son village natal de Corsignano au rang de ville et de résidence épiscopale, sous le nouveau nom de « Pienza », dérivé de Pius. Il avait entrepris un vaste programme confié à l'architecte Bernardo Rossellino, destiné à faire de Pienza une cité idéale de la Renaissance. Profitant d'une période favorable de paix entre les États d'Europe, le 22 octobre 1463, il déclare la guerre aux Ottomans. Le 18 juin 1464, il se dirige vers Ancône, sur l'Adriatique, où il attend les Vénitiens et le duc Philippe de Bourgogne, pour conduire la guerre contre les Turcs. Pie II meurt d'épuisement le 14 août (il souffrait depuis longtemps de la goutte), et l'entreprise est abandonnée. Son corps est inhumé à Rome dans l'église Sant'Andrea della Valle.
Pie II Pie II
211 Paul II 1464/1471 Venise Paul II Pietro Barbo (né le 23 février 1417 à Venise - mort le 26 juillet 1471) était un religieux italien du xve siècle , neveu par sa mère d'Eugène IV , qui fut abbé , évêque , cardinal , et fut élu pape le 30 août 1464 , pour succéder à Pie II. Il devint le 211e pape de l'Église catholique et prit le nom de Paul II.
D'abord éduqué comme futur homme d'affaires , le jeune Pietro entre dans la prêtrise lorsque son oncle maternel devient pape sous le nom d'Eugène IV. Il devient rapidement archidiacre de Bologne et évêque de Cervia , Padoue et Vicence. Il fut aussi abbé du Mont-Cassin. En 1440 , âgé de 23 ans , il reçoit la barrette de cardinal des mains de son oncle. Il fut également grand maître de l'ordre des hospitaliers du Saint-Esprit vers 1440 jusqu'en 1447. Lors du conclave suivant la mort de Pie II , il rassemble sur son nom les cardinaux mécontents du règne du feu pape. Il aurait préféré choisir le nom de Formose II , mais les cardinaux l'en dissuadèrent. Amateur de magnificence, il introduit à Rome un carnaval plus spectaculaire et fait bâtir le palais Saint-Marc , actuel palais de Venise (palazzo Venezia). Il dépensa 200 000 florins d'or pour une tiare ornée de saphir . En 1464 , il accueillit à Rome le Prince Albanais , George Castriote Scanderbeg lui accordant une aide de 3 000 écus , confiés à son trésorier Dhimiter Frangu , une somme dérisoire à ce grand prince et combattant , qui était gratifié comme le défenseur du Christianisme contre l'empire ottoman. En 1469 , il accorde une dispense pour permettre le mariage entre Charles de France , fils de Charles VII de France et frère de Louis XI , et Marie de Bourgogne en raison de leur lien de parenté. Il décrète également l'année sainte de 1475. Par ailleurs , à la suite d'une demande de Louis XI , il autorisa la création de l'université de Bourges le 12 décembre 1464. Il meurt d'une crise cardiaque , dans des circonstances indéterminées : officiellement on a parlé d'une indigestion de melon. C'est à ce pape que les cardinaux doivent la couleur pourpre de leur vêtement , qui était jusque-là l'apanage du pontife romain. Mais d'après une autre source , ce serait le pape Innocent IV , au concile œcuménique de Lyon , en 1245 , qui aurait décrété que ses cardinaux , pour marquer leur disposition perpétuelle à défendre la foi catholique jusqu'à verser leur sang pour elle ("usque ad effusionem sanguinis") , seraient habillés de pourpre.
Paul II Paul II
212 Sixte IV 1471/1484 Celle Ligure Sixte IV Francesco della Rovere, né le 21 juillet 1414 à Celle Ligure, près de Savone, et mort le 12 août 1484 à Rome, est couronné pape le 25 août 1471 sous le nom de Sixte IV.
Fils d'un marchand de draps aisé, il est oblat à 9 ans au couvent San Francesco de Savone, où il prononce ses vœux. Il fait par la suite des études de théologie à Chieri, Bologne et Pavie. Après avoir obtenu sa licence, il est nommé professeur de théologie ,il enseigne tour à tour la logique et la philosophie dans plusieurs villes italiennes dont l'université de Padoue. Il devient ensuite prédicateur et gravit successivement la hiérarchie franciscaine jusqu'à devenir ministre général en 1464. En 1467, il est élevé à la dignité de cardinal par Paul II. Il résigne sa charge de général en 1469. En 1471, il est élu pape après quatre jours de conclave. Ses premiers efforts sont consacrés à la guerre contre les Turcs. Comme ses prédécesseurs, il connaît l'échec. De même, il ne parvient pas à réunir les Églises orthodoxe et catholique par le mariage de Zoé Paléologue et d'Ivan III de Russie. Par ailleurs, il eut l'idée de taxer les prostituées et les prêtres concubinaires de Rome, ce qui rapporta au Saint-Siège des sommes considérables1. Juan Antonio Llorente rapporte qu'il autorisa la sodomie durant les mois d'été à cause "de l'ardeur brûlante de cette saison". Il est inhumé dans la chapelle de la Conception de la basilique Saint-Pierre. Jusqu'à son élection, Sixte IV jouissait d'une bonne réputation. Sous son pontificat, il fit l'objet de jugements controversés dus à l'emprise que ses neveux prirent sur lui. Il est soupçonné de simonie par ses contemporains et pratique un népotisme éhonté. Machiavel, Alexandre Dumas, et, au xvie siècle, le théologien anglican Baele accentuèrent cette mauvaise réputation, au service de causes idéologiques. De fait, il nomma cardinal de nombreux jeunes gens, célèbres par leur beauté, parmi lesquels son neveu Raphaël Riario - cardinal à 17 ans, accusé d'être son amant.
Sous son pontificat, il embellit Rome : fondation des Musées capitolins don au peuple romain des statues détenues au palais du Latran, dont la fameuse louve romaine ouverture, alignement et pavage de nombreuses voies (via Recta, via Sistina, via Papale et via Florea) restauration de l'aqueduc de l'Aqua Verfina construction du pont Sisto confié à l'architecte Baccio Pontelli. construction et restauration de nombreux édifices religieux (basilique Saint-Jean de Latran, églises Santa Maria della Pace, Santa Maria del Popolo et Sant'Agostino). construction de la Chapelle Sixtine au Vatican, entre 1477 et 1483 (d'où le nom de cette célèbre chapelle, décorée par Michel-Ange) Ses contemporains baptisent son œuvre restauratio Urbis : la restauration de la Ville. Il fait aménager la chapelle Sixtine qui porte son nom. Il se montre également un mécène humaniste, en partie pour des fins politiques. Il reconstitue l'Académie romaine, embauche des chanteurs pour la chapelle pontificale, accroît les fonds de la Bibliothèque vaticane. Il fit appel à l'architecte florentin Giovanni Dolci pour reconstruire entièrement le château de Ronciglione, apanage de la famille Della Rovere. Les travaux furent effectués de 1475 à 1480. Cette forteresse massive est flanquée de quatre puissantes tours, raison pour laquelle on l'appelle "I Torrioni" ou "La Rocca".
Il fit dédier expressément la chapelle Sixtine à l'Immaculée Conception5, En 1483, Par la Constitution Grave Nimis, il interdit, sous peine d'excommunication, de taxer de faute grave contre la foi la croyance en l'Immaculée Conception ou la célébration solennelle de l'office de la Conception de Marie. Mais, de crainte que cette décision ne soit considérée come une décision dogmatique proprement dite, la constitution était suivie d'une déclaration formelle précisant que le Siège apostolique ne s'était pas encore prononcé sur le fond et qu'en conséquence il n'était pas permis non plus de taxer d'hérésie les adversaires de l'opinion immaculatiste soutenue par Duns Scot et l'université de Paris (Extrav. commun., 3.12.2).
Par la bulle Exigit sincerae devotionis du 1er novembre 1478, il accorde aux souverains espagnols, Ferdinand II d'Aragon et Isabelle de Castille, l'autorisation de nommer des inquisiteurs de la foi. D'après certains auteurs, il y a eu en l'espace de 15 ans, 125 000 procès et environ 13 000 condamnations à mort, qui furent exécutées par les autorités civiles. Sur 100 000 femmes poursuivies pour actes de sorcellerie, la moitié le fut par l'Inquisition et sur ces 50 000 dernières, environ 100 furent condamnées à la peine capitale. Il nomma Torquemada Grand inquisiteur
Sixte IV Sixte IV
213 Innocent VIII 1484/1492 Gênes Innocent VIII Giovanni Battista Cybo, né à Gênes en 1432, mort à Rome le 25 juillet 1492, consacré pape le 12 septembre 1484 sous le nom d'Innocent VIII (en latin Innocentius VIII, en italien Innocenzo VIII). Il est connu pour la bulle Summis desiderantes affectibus qui étendit le rôle de l'Inquisition à la chasse aux sorcières et pour son soutien à l'Inquisition espagnole menée par Torquemada.
Fils d'Arano Cybo (ou Cibo) et d'une patricienne génoise, il passe sa jeunesse à la cour de Naples. Il entre ensuite dans les ordres et reçoit l'évêché de Savone des mains de Paul II en 1467. Grâce à la protection du cardinal della Rovere, futur Jules II, il entre à la Curie romaine. En 1473, il est élevé à la dignité de cardinal. À la mort de Sixte IV, il est élu pape lors du conclave de 1484 grâce aux intrigues des cardinaux della Rovere (futur Jules II) et Borgia (futur Alexandre VI).
Pontificat :
Sous son pontificat, il recule les limites de l'opprobre par une vénalité effrénée des charges. Corruption, vénalité, népotisme, faux privilèges, fausses bulles, intrigues sont des mesures courantes. Il est le premier pape à reconnaître ses enfants illégitimes, cependant nés avant qu'il ne devienne clerc, pour lesquels il organise des noces au Vatican.
En Italie, il fait appel à Florence, dirigée par Laurent le Magnifique, pour obtenir des finances. En remerciement, il marie son bâtard Franceschetto à la fille de Laurent, Maddalena, ce qui fait murmurer ses contemporains, et il élève à la dignité de cardinal le fils de Laurent, Giovanni, âgé seulement de 13 ans — le futur Léon X. Il mène la guerre contre Ferdinand Ier de Naples, qui avait refusé à plusieurs reprises de payer le tribut d'investiture au pape. Une première campagne se solde par une paix mitigée en 1486, qui n'apaise pas l'hostilité entre les deux monarques. En 1489, Innocent VIII excommunie son adversaire et demande l'intervention de Charles VIII de France, lui promettant officiellement le royaume de Naples. Le conflit ne prend fin qu'en 1492.
Djem, frère cadet du sultan Bajazet, avait dû fuir Istanbul pour échapper à son frère. Après diverses pérégrinations, à Rhodes, à Nice, à Bourganeuf, il est confié au pape à Rome. Le sultan, désireux de tenir éloigné un rival pour son trône, offre au pape la somme de 120 000 ducats pour le retenir prisonnier dans ses États. Par cupidité, Innocent VIII accepte aussitôt la proposition. « C'est ainsi qu'on vit le chef de la chrétienté protéger le trône du chef de l'islam en hébergeant au Vatican le fils du conquérant de Constantinople ». Paradoxalement Innocent VIII tente, à l'instar de ses prédécesseurs, de lancer une croisade contre les Turcs. Mais ce pragmatique est peu convaincu du succès de celle-ci. Il finit par nouer des relations diplomatiques lucratives avec le sultan Bayezid II, qui, en gage d'amitié, lui remet la Sainte Lance, censée avoir transpercé Jésus-Christ. Pour les chrétiens d'Orient, abandonnés aux Turcs, tout espoir d'un quelconque soutien par l'Église de Rome est désormais enterré. Il reconnaît Henri VII comme monarque légitime au sortir de la guerre des Deux-Roses.
Ce pape superstitieux a attaché son nom à la chasse aux magiciens et sorcières. Il publie la bulle Summis desiderantes affectibus (5 décembre 1484), autorisant l'Inquisition à agir en matière de sorcellerie, pratiquée à la fois par les hommes et les femmes. Plus précisément, elle autorise Henri Institoris et Jacques Sprenger à instruire le procès de deux sorcières présumées en Allemagne. À leur retour, les deux dominicains publient le fameux Malleus Maleficarum (Le Marteau des sorcières) en 1486 avec le soutien d'Innocent VIII, mais qui en raison de ses excès et de ses aberrations, sera peu après interdit par l'Église elle-même en 1490. Il approuve la très dure répression menée par l'Inquisition espagnole dirigée par Torquemada contre les marranes, juifs convertis et soupçonnés de continuer à pratiquer leur religion originelle. Il le confirme dans ses fonctions de grand Inquisiteur et supprime la possibilité pour les accusés de faire appel auprès de l'évêque de Séville. Il accorde le titre de « rois catholiques » à Ferdinand II d'Aragon et Isabelle de Castille et leur confère le droit de nommer les successeurs du grand Inquisiteur. Lorsque l'humaniste Pic de la Mirandole suggéra de réunir à ses propres frais un congrès de philosophes pour instituer un projet de paix universelle où il se proposait d'y prononcer un discours sur la dignité de la personne humaine, le pape s'y opposa et les thèses de Pic de la Mirandole furent condamnées.
Il restaure plusieurs églises romaines. Il fait bâtir le palais du Belvédère. Il fait travailler Antonio Pollaiolo, le Pinturicchio, Andrea Mantegna ou encore le Pérugin.
Innocent VIII meurt à Rome le 25 juillet 1492. Son corps repose dans la basilique Saint-Pierre. Le Pape agonisant aurait bénéficié de la première tentative de transfusion recensée dans l'Histoire : un médecin aurait tenté de lui injecter le sang de trois enfants ce qui aurait provoqué leur mort. Cependant, selon le médecin et essayiste Gérard Tobelem, « aucun récit historique fiable ne permet d'authentifier » l'événement.
Innocent VIII Innocent VIII
214 Alexandre VI 1492/1503 Xàtiva Alexandre VI Dernier pape espagnol. Rodrigo de Borja, né Roderic Llançol i de Borja le 1er janvier 1431 à Xàtiva (royaume de Valence, couronne d'Aragon), mort le 18 août 1503, devenu Rodrigo Borgia après son arrivée en Italie, fut pape sous le nom d’Alexandre VI de 1492 à 1503. Il est connu pour ses mœurs dissolues. Son pontificat est marqué en 1493 par la bulle Inter caetera, qui partageait le Nouveau Monde entre l'Espagne et le Portugal. Issu d'une famille noble installée dans le royaume de Valence après avoir participé à sa Reconquista, Rodrigo de Borja est le neveu et fils adoptif du pape Calixte III (Alphonse de Borja). Il eut six enfants (il en aurait eu en plus , sept ou huit de trois ou quatre maitresses différentes). Le pape Calixte III le fait venir en Italie où il lui offre la meilleure éducation, dispensée par l'humaniste Gaspard de Vérone. Il obtient son doctorat en droit civil et canonique à Bologne. Avec la mort en 1492 de Laurent le Magnifique, le garant de la paix de Lodi disparaît et Jérôme Savonarole prophétise qu'un pape débauché va s'asseoir sur le trône de Pierre. Au lendemain de son élection, Alexandre VI doit faire face aux grands seigneurs romains qui tiennent la ville sous leur coupe. Ce qui reste des Ětats pontificaux est mal défendu et attise les envies des voisins napolitains, florentins ou vénitiens. De surcroit demeure le risque d'une "descente" française, les Valois utilisant le prétexte de leurs droits sur Milan ou sur Naples. Il joue néanmoins pour partie la carte française ce qui lui crée de nouveaux ennemis. Le 6 juin 1494, le traité de Tordesillas conclu entre les rois catholiques et Jean II de Portugal confirme à l'exception de quelques modifications la bulle Inter caetera qui divise le Nouveau Monde en attribuant le Brésil au Portugal et le reste de l'Amérique latine à l'Espagne, les autres nations ayant été écartées. Cette décision ne sera pas sans conséquences lorsque éclatera la Réforme. Pour Alexandre VI, cet arbitrage doit affirmer l'autorité papale face aux puissances séculières. En 1495, pour lutter contre la présence française en Italie, il forme avec Milan, Venise, l'empereur Maximilien et les rois catholiques d'Espagne la Ligue de Venise qui connaît une lourde défaite à la bataille de Fornoue, remportée par Charles VIII grâce à la supériorité de son artillerie. Après son accession au trône, Louis XII, roi de France, cherche à faire annuler son mariage afin d'épouser Anne de Bretagne. Alexandre VI consent à lui rendre ce service, en échange de quoi il obtient que son fils César devienne duc de Valentinois. César Borgia, prototype du Prince de Machiavel, conquiert la Romagne, puis Urbino et Camerino. Dépouillant les unes après les autres les grandes familles romaines, les Colonna, les Savelli, les Caëtani, les Orsini, il ne vise rien de moins que la royauté sur l'Italie. Pour mener toutes ces guerres, il faut de l'argent. L'année 1500, proclamée année sainte par le souverain pontife, va renforcer les finances avec les revenus du pèlerinage. Quant à la vente du chapeau de cardinal, elle rapporte de gros revenus au pape et à ses bâtards. « Offrir la pourpre à un candidat rapportait gros. L'assassiner ensuite encore davantage, tous les biens d'un cardinal revenant de droit au pape. Enfin, il y avait l'apport régulier des indulgences ». Alexandre VI s’est notamment rendu célèbre par les fêtes somptueuses organisées à l'occasion du mariage entre sa fille Lucrèce et Alphonse d’Este, le 31 octobre 1501, pendant lesquelles ses convives ont été invités à faire preuve de la plus grande virilité auprès d’une cinquantaine de danseuses dévêtues. La compétition a été arbitrée par les propres enfants d’Alexandre VI, César et Lucrèce, ce qui déclencha l'un des plus grands scandales de la chrétienté. Quoi qu'il en soit, le népotisme et les scandales s'accumulent au Saint-Siège, et ce malgré les remontrances du frère Jérôme Savonarole. Sans scrupules, ni remords, Alexandre VI fait face : Savonarole est arrêté, torturé et exécuté le 23 mai 1498. Selon Jean Burckhart, témoin muet, mais indigné, la débauche du pape Alexandre et de sa progéniture atteint son paroxysme en cette nuit orgiaque du 31 octobre 1501 . Les dépêches envoyées aux cours d'Europe par leurs ambassadeurs, et figurant dans de nombreuses archives diplomatiques, confirment l'incroyable témoignage du Père Burckhardt. On comprend dès lors pourquoi tant de récits faisant référence à des pactes avec le Diable ont pu circuler à la mort d'Alexandre VI. Plusieurs hypothèses entourent la mort du pape Alexandre VI. En effet, le 6 août 1503, il aurait dîné avec son fils César chez le cardinal Adriano di Castello. Tous deux furent pris par la fièvre. La première hypothèse accorde ce mal à la malaria, très présente à Rome à cette époque. L'autre hypothèse est que le pape aurait voulu se débarrasser de certains de ses ennemis. Il aurait lui-même empoisonné le vin et serait donc tombé dans son propre piège. Cependant, on peut se référer au témoignage de Johann Burchard, qui organisa un certain nombre de cérémonies de 1483 à sa mort en 1503. Les responsabilités de Burchard étaient de surveiller l'application du protocole et des procédures lors des cérémonies officielles. Il tint un journal détaillé de ses expériences et nous donne, en même temps, un aperçu du règne des Borgia. Il était présent lors de la mort d'Alexandre VI. Il témoigne : « Le samedi matin, le 12 août, le pape se sentit mal, et à 3 heures de l'après-midi il devint fiévreux. Tôt le 17 août, on lui donna des médicaments mais son état empira et à 6 heures le lendemain matin, il fit ses dernières confessions à Don Pietro Gamboa, l'évêque de Carinola, qui a ensuite célébré la messe en présence de Sa Sainteté. Après s'être communié, il donna au pape l'hostie et continua la messe. Le service était suivi par cinq autres évêques : Serra, Francesco Borgia, Giovanni Castelar, Casanova et Loris de Constantinople, à qui sa Sainteté déclara qu'il était tombé malade. À la dernière heure, l'évêque de Carinola lui donna l'extrême-onction et il mourut en présence de l'évêque, des cardinaux et serviteurs qui étaient là. Son corps avait tellement enflé qu'on ne put le mettre dans le cercueil qu'on lui destinait. On le roula ainsi provisoirement dans un tapis, pendant que ses appartements furent livrés au pillage. » Alexandre VI Alexandre VI

Élus au 16 ème siècle après le Schisme d’Occident

No Nom Pontificat Naissance Notes Blason Photo
215 Pie III 1503 Sienne Pie III Neveu par sa mère de Pie II. Un des pontificats les plus courts. Pie III Pie III
216 Jules II 1503/1513 Albisola Jules II Neveu de Sixte IV. Tombeau sculpté par Michel-Ange (1545, Rome, San Pietro in Vincoli). Jules II Jules II
217 Léon X 1513/1521 Florence Léon X Fils de Laurent de Médicis, seigneur de facto de Florence et de la région environnante. Tombeau sculpté à Rome, basilique Santa Maria sopra Minerva Léon X Léon X
218 Adrien VI 1522/1523 Utrecht Adrien VI Dernier pape non italien avant Jean-Paul II. Seul pape moderne avec Marcel II à conserver son nom de baptême. Adrien VI Adrien VI
219 Clément VII 1523/1534 Florence Clément VII Cousin germain de Léon X. A repris le nom du pape d’Avignon Clément VII, considéré comme un antipape. Tombeau sculpté à Rome, basilique Santa Maria sopra Minerva. Clément VII Clément VII
220 Paul III 1534/1549 Canino Paul III Tombeau sculpté par Guglielmo della Porta (1549 - 1575, Rome, basilique Saint-Pierre). Paul III Paul III
221 Jules III 1550/1555 Rome Jules III Giammaria Ciocchi del Monte, né à Rome le 10 septembre 1487 et mort à Rome le 23 mars 1555, fut élu pape le 7 février 1550.
Giammaria Ciocchi del Monte, qui devait devenir pape sous le nom de Jules III, était le fils d'un fameux juriste romain il étudia le droit à Pérouse et à Sienne et la théologie auprès du dominicain Ambrosius Catharinus. En 1512, il succéda à son oncle, Antonio del Monte, comme archevêque de Siponto (Manfredonia) et en 1520 comme évêque de Pavie, retenant pourtant l'administration de Siponto.
Plus tard, il devint vice-légat de Pérouse et, sous Clément VII, fut deux fois nommé préfet de Rome. Après le sac de Rome (1527) il figura parmi les otages donnés par Clément VII aux Impériaux et aurait été tué par les lansquenets impériaux à Campo di Fiori, s'il n'avait pas été libéré en secret par le cardinal Pompeo Colonna. En 1534, il devint légat de Bologne en Romagne, de Parme et de Plaisance. Le pape Paul III le créa cardinal-prêtre des SS. Vitalis, Gervais et Protais le 22 décembre 1536 et l'éleva à la dignité de cardinal-évêque chargé du diocèse de Palestrina le 5 octobre 1543. En 1542, on lui avait confié le travail préparatoire à la convocation du concile de Trente et lors d'un consistoire tenu le 6 février 1545, il fut nommé le premier président du concile. En cette qualité il ouvrit le concile à Trente le 13 décembre avec un bref discours solennel (cf. Ehses, Concilium Tridentinum, IV, Freibourg im Br., 1904, p. 516). Au concile il représentait les intérêts pontificaux contre l'empereur Charles-Quint, avec qui il entra en conflit à différentes occasions, surtout quand le 26 mars 1547, il transféra le Concile à Bologne.
Pontificat :
Après la mort de Paul III, le 10 novembre 1549, les 48 cardinaux présents à Rome entrèrent en conclave le 29 novembre. Ils étaient divisés en trois factions dont aucune n'avait la majorité : les Impériaux, les Français et les partisans de Farnèse. Les amis de Farnèse s'unirent avec le parti Impérial et proposèrent comme candidats Reginald Pole et Juan de Toledo. Le parti français les rejeta tous deux et, bien que minoritaire, fut assez fort pour empêcher l'élection de tout autre candidat. Les partisans de Farnèse et du parti français passèrent finalement un compromis et s'entendirent sur le nom du cardinal del Monte, qui fut élu en bonne et due forme le 7 février 1550, après un conclave de dix semaines, bien que l'empereur l'eût expressément exclu de la liste des candidats. Le nouveau pape prit le nom de Jules III. Obéissant aux promesses faites pendant le conclave, il restitua Parme à Octave Farnèse quelques jours après son élection. Mais quand Farnèse s'allia à la France contre l'empereur, Jules III, allié lui-même avec l'empereur, déclara Farnèse privé de son fief et envoya des troupes sous les ordres de son neveu Giambattista del Monte pour prendre Parme de concert avec le duc Gonzague de Milan. Dans une Bulle, datée du 13 novembre 1550, il ramena le concile de Bologne à Trente et ordonna qu'on y reprît les séances le 1er mai 1551, mais il fut contraint de le suspendre de nouveau le 15 avril 1552, parce que les évêques français ne voulaient pas y participer et, pour échapper à ses ennemis, l'empereur dut fuir d'Innsbruck. Le succès des armes françaises en Italie du Nord contraignit Jules III, le 29 avril 1552, à conclure avec la France une trêve, dans laquelle il fut stipulé que Farnèse resterait tranquillement en possession de Parme pendant deux ans. Découragé par son échec en tant qu'allié de Charles Quint, le pape s'abstint désormais de se mêler des affaires politiques de l'Italie. Il se retira à son luxueux palais, la Villa Giulia, qu'il avait fait construire à la Porta del Popolo. C'est là qu'il passa la plupart de son temps dans l'aisance et le confort, faisant de temps en temps un effort timide pour réformer l'Église en réunissant des commissions de cardinaux pour proposer des réformes. Il soutint ardemment l'Ordre des Jésuites qui prenait son essor et, sur les instances d'Ignace de Loyola, publia, le 31 août 1552, la Bulle qui fondait le Collegium Germanicum et lui accorda une subvention annuelle. Pendant son pontificat, le catholicisme fut provisoirement rétabli en Angleterre par la reine Marie, qui avait succédé à Édouard VI sur le trône en 1553. Il envoya le cardinal Reginald Pole comme légat en Angleterre des pouvoirs étendus qu'il devait utiliser à sa discrétion pour favoriser la restauration catholique. En février 1555, une ambassade fut envoyée par le Parlement anglais à Jules III pour l'informer de sa soumission sans réserve à la suprématie pontificale, mais l'ambassade était toujours en voyage quand le pape mourut. Peu de temps avant sa mort, Jules III envoya le cardinal Morone pour représenter les intérêts du catholicisme à la Paix religieuse d'Augsbourg. Au début de son pontificat Jules III désirait sérieusement provoquer une réforme dans l'Église et dans cette intention il rouvrit le concile de Trente. Si ce dernier fut de nouveau suspendu, ce fut la faute des circonstances. Son inactivité pendant les trois dernières années de son pontificat peut avoir été causée par les crises fréquentes et sévères de la goutte qui le tourmentait. La grande faute de son pontificat fut le népotisme. Peu de temps après son accession au trône, il accorda la pourpre à son favori, l'indigne Innocenzo del Monte, un jeune garçon de dix-sept ans qu'il avait ramassé dans les rues de Parme quelques années plus tôt et qui avait été adopté par Baudouin, le frère du pape. Un tel acte fut le prétexte de quelques rumeurs venimeuses concernant la relation entre le pape et Innocenzo. Jules se montra aussi extrêmement généreux dans l'attribution à ses parents de dignités ecclésiastiques et de bénéfices. Un juif converti, Salomone Romano, dénonça au pape le contenu du Talmud comme antichrétien1 et Jules III le fit brûler, à Rome et à Venise. Dans sa bulle Contra Hebraeos retinentes libros du 29 mai 1554, il ordonna que les livres juifs où se trouvent des citations mentionnant ignominieusement le nom de Jésus Christ soient brûlés2. Enfin, c'est sous son pontificat qu'a eu lieu la Controverse de Valladolid entre 1550 et 1551.
Jules III Jules III
222 Marcel II 1555 Montefano Marcel II Un des pontificats les plus courts. Dernier pape à conserver son nom de baptême. Marcel II Marcel II
223 Paul IV 1555/1559 Capriglia Irpina Paul IV (tombeau sculpté à Rome, Basilique Santa Maria sopra Minerva). Paul IV Paul IV
224 Pie IV 1559/1565 Milan Pie IV Dernier pape né dans le Saint-Empire si on considère le 22 septembre 1499 (traité de Bâle) comme date de sortie de facto des États d’Italie du Nord du Saint-Empire. Pie IV Pie IV
225 Saint Pie V 1566/1572 Bosco Marengo Saint Pie V Il est canonisé le 4 août 1712 par le pape Clément XI. Saint Pie V Saint Pie V
226 Grégoire XIII 1572/1585 Bologne Grégoire XIII A nommé cardinaux dans un même consistoire le 12 décembre 1583 les futurs papes Urbain VII, Grégoire XIV, Innoncent IX et Léon XI tous eurent un règne très bref. Tombeau sculpté par Camillo Rusconi (1719 - 1725, Rome, basilique Saint-Pierre). Grégoire XIII Grégoire XIII
227 Sixte V 1585/1590 Grottammare Sixte V Appelé le plus souvent Sixte Quint en français. Sixte V Sixte V
228 Urbain VII 1590 Rome Urbain VII Mort avant même d’avoir été couronné si l’on excepte celui d’Étienne, son pontificat est le plus court connu. Urbain VII Urbain VII
229 Grégoire XIV 1590/1591 Somma Lombardo Grégoire XIV Grégoire XIV (en latin Gregorius XIV, en italien Gregorio XIV), de son nom de baptême Niccolò Sfondrati, est né à Somma Lombardo le 11 février 1535 et décédé à Rome le 16 octobre 1591. Il est élu pape le 5 décembre 1590.
Fils du cardinal Francesco Sfondrati, Niccolò Sfondrati est élu lors du conclave d'octobre 1590. Il choisit le nom de Grégoire XIV et inaugure son règne par un don de 1 000 écus à chacun des 52 cardinaux qui l’ont élu. Les sollicitations de l’Espagne et du duc de Mayenne l’entraînent à renouveler l’excommunication d'Henri IV, qu'il étend à tous ceux qui le soutiendront (elle a pour effet de rallier au roi bon nombre de catholiques gallicans), et à envoyer des secours aux ligueurs (une troupe dirigée par son neveu). Il publie une bulle demandant aux ecclésiastiques français de « quitter le roi » et une bulle exhortant les seigneurs et les catholiques français à « se ranger parmi les défenseurs de la vraie foi ». Henri IV publie un édit déclarant « nuls et non avenus » la bulle et les monitoires du pape contre les catholiques de son parti il s'engage à « maintenir la religion catholique apostolique et romaine », et se déclare disposé à convoquer un « saint et libre concile ». Les deux cardinaux et les huit évêques de France qui soutiennent Henri IV se réunissent à Chartres les 20 et 21 septembre 1591 et déclarent « nulles et dépourvues de toute justice » les bulles du pape. Le Parlement du roi, séant à Tours, fait brûler les bulles par le bourreau, et déclare Grégoire « perturbateur du repos public et complice de l'assassinat d'Henri III puisqu'il l'a approuvé ».
Grégoire XIV Grégoire XIV
230 Innocent IX 1591 Bologne Innocent IX Giovanni Antonio Facchinetti, né à Bologne le 20 juillet 1519 et mort à Rome le 30 décembre 1591. Il fut le 230e pape, sous le nom d'Innocent IX (en latin Innocens IX, en italien Innocenzo IX), de l'Église catholique romaine pendant 62 jours du 29 octobre au 30 décembre 1591.
Ancien juriste, issu de l'université de Bologne, il est nommé évêque de Nicastro en 1560. Le pape Pie V l'envoie en 1566 comme nonce apostolique à Venise pour renforcer l'alliance avec les Espagnols contre les Turcs. En 1576, il est transféré patriarche latin de Jérusalem. Après un court conclave et poussé par les Espagnols, il est élu pape en octobre 1591. Durant ses deux mois de pontificat, il supporte le roi Philippe II d'Espagne dans sa lutte contre Henri IV de France durant la huitième guerre de religion. Il a laissé divers essais dont l'un qui s'opposait à Machiavel, Adversus Machiavellem. Tombeau sculpté dans la chapelle Pauline de la basilique Sainte-Marie-Majeure.
Innocent IX Innocent IX
231 Clément VIII 1592/1605 Florence Clément VIII Tombeau sculpté dans la chapelle Pauline de la basilique Sainte-Marie-Majeure. Clément VIII Clément VIII

Élus au 17 ème siècle après le Schisme d’Occident

No Nom Pontificat Naissance Notes Blason Photo
232 Léon XI 1605 Bologne Léon XI Petit-neveu par sa mère de Léon X. Un des pontificats les plus courts. Tombeau sculpté par Alessandro Algardi (1634, Rome, basilique Saint-Pierre). Léon XI Léon XI
233 Paul V 1605/1621 Rome Paul V Tombeau sculpté par Flaminio Ponzio (1615, Rome, basilique Sainte-Marie-Majeure). Paul V Paul V
234 Grégoire XV 1621/1623 Bologne Grégoire XV Tombeau sculpté par Pierre Legros et Pierre-Étienne Monnot (après 1697, Rome, Sant'Ignazio). Grégoire XV Grégoire XV
235 Urbain VIII 1623/1644 Florence Urbain VIII Tombeau sculpté par Gian Lorenzo Bernini dit Le Bernin (1627 - 1647, Rome, basilique Saint-Pierre). Urbain VIII Urbain VIII
236 Innocent X 1644/1655 Rome Innocent X Arrière-arrière-arrière-petit-fils d’Alexandre VI. Tombeau sculpté par Giovanni Battista Maini (1730, Rome, église Sainte-Agnès en Agone). Innocent X Innocent X
237 Alexandre VII 1655/1667 Sienne Alexandre VII Petit-neveu de Paul V. Tombeau sculpté par Gian Lorenzo Bernini dit Le Bernin (1671 - 1678, Rome, basilique Saint-Pierre). Alexandre VII Alexandre VII
238 Clément IX 1667/1669 Pistoia Clément IX Tombeau sculpté par Ercole Ferrata (Rome, basilique Sainte-Marie-Majeure). Clément IX Clément IX
239 Clément X 1670/1676 Rome Clément X Emilio Altieri, né à Rome le 13 juillet 1590, pape Clément X (en latin Clemens X, en italien Clemente X) du 29 avril 1670 au 22 juillet 1676. Il intervient dans l'élection du roi de Pologne et obtint la nomination de Jean III Sobieski estimé pour sa profonde foi chrétienne et pour avoir combattu les Turcs dans la bataille de Chaezim. Il célébra le 15e Jubilé de 1675.
Tombeau sculpté par Ercole Ferrata (Rome, basilique Sainte-Marie-Majeure).
Clément X Clément X
240 Bienheureux Innocent XI 1676/1689 Côme Bienheureux Innocent XI Tombeau sculpté par Pierre-Étienne Monnot (1697 - 1704, Rome, basilique Saint-Pierre). Il est béatifié le 7 octobre 1956 par le pape Pie XII. Bienheureux Innocent XI Bienheureux Innocent XI
241 Alexandre VIII 1689/1691 Venise Alexandre VIII Alexandre VIII (en latin Alexander VIII, en italien Alessandro VIII), né Pietro Vito Ottoboni (22 avril 1610 - 1er février 1691). Vénitien, il fut pape du 6 octobre 1689 au 1er février 1691.
Il était fils de Marco Ottoboni, chancelier de la République de Venise et appartenait à une famille noble de cette ville. Pour son éducation le futur pape profita de tout ce que sa richesse et sa position sociale pouvaient lui apporter. Après des études brillantes à l'Université de Padoue, où en 1627, il obtint le doctorat en droit canon et droit civil, il se rendit à Rome, sous le pontificat d'Urbain VIII (1623-1644) et fut fait gouverneur de Terni, Rieti et Spolète. Pendant quatorze ans il servit comme auditeur au Tribunal de la Rote. Fils de famille, il fut fait cardinal à la demande de la République de Venise par Innocent X le 19 février 1652, puis reçut l'évêché de Brescia, en territoire vénitien, où il vécut tranquillement. Il devint cardinal dataire sous Clément IX. Presque octogénaire il fut élu pape mais ne régna que quinze mois pendant lesquels il se passa peu de choses. Louis XIV qui se trouvait alors en difficulté voulut profiter des dispositions conciliantes du nouveau pontife, qu'il avait contribué à faire élire, et pour se le rendre favorable lui restitua Avignon qu'il avait fait occuper, en même temps qu'il renonçait au droit d'asile dont l'ambassade française avait trop longtemps abusé. Ces concessions n'empêchèrent pas le Pape le 4 août 1690 de déclarer nulle et non avenue la Déclaration de 1682 concernant les privilèges gallicans. Par de larges subventions il aida Venise, sa ville natale, à lutter contre les Turcs, envoyant à son aide sept galères et deux mille hommes d'infanterie. Il acheta pour la bibliothèque du Vatican des livres et des manuscrits appartenant à la reine Christine de Suède. Il condamna diverses propositions hérétiques parmi lesquelles la doctrine dite « du péché philosophique » (24 août 1690). C'était un homme honnête, généreux, pacifique et indulgent. Il chercha à secourir les pauvres en réduisant les impôts. Mais sa trop grande bonté le poussa au népotisme : il nomma cardinal son neveu Pietro âgé de dix huit ans, son neveu Marco fut fait duc de Fiano et son neveu Antonio placé à un poste important. Il rétablit par ailleurs des sinécures supprimées par son prédécesseur.
Alexandre VIII Alexandre VIII
242 Innocent XII 1691/1700 Spinazzola Innocent XII Antonio Pignatelli, né à Spinazzola, près de Bari le 13 mars 1615, et mort à Rome le 27 septembre 1700, pape sous le nom d’Innocent XII (en latin Innocentius XII, en italien Innocenzo XII) de 1691 à 1700, il succède à Alexandre VIII.
Antonio Pignatelli était le fils de Francesco, marquis de Spinazzola, et de Porzia Carafa, princesse de Minervino, fille de Fabrizio Carafa, duc d'Andria (la famille Carafa avait déjà donné un pape au xvie siècle, Paul IV). Il fut baptisé dans l'église San Giovanni Battista di Regina di Lattarico (Cosenza). Il fit ses études au Collège des Jésuites à Rome. À vingt ans, il reçut un poste à la cour du pape Urbain VIII. Pendant les pontificats suivants, il servit comme vice-légat d'Urbino, puis comme gouverneur de Pérouse. Il devint ensuite inquisiteur dans l'île de Malte en 1646. Deux ans plus tard, on le retrouve gouverneur de Viterbe, puis en 1652 nonce apostolique à Florence, en 1660 en Pologne puis en 1668 à Vienne. En 1671, il reçut la charge de diriger le diocèse de Lecce, mais pour deux ans seulement du fait qu'il avait la charge du secrétariat de la Congrégation des évêques et des réguliers. Le 1er septembre 1681, il fut créé cardinal par Innocent XI, puis l'année suivante fut nommé archevêque de Faenza et légat apostolique de Bologne. En 1687, il devint archevêque de Naples. À la mort d'Alexandre VIII survenue le 1er février 1691, il fut élu le 12 juillet après un conclave de 5 mois, comme candidat de compromis entre les cardinaux français et ceux du Saint-Empire. Immédiatement après son élection, il prit position contre le népotisme qui avait longtemps été l'un des grands scandales de l'Église la bulle Romanum decet Pontificem, promulguée en 1692, interdisait aux papes à tout moment, de donner des propriétés, des charges ou des rentes à des parents quels qu'ils fussent en outre, un seul de leurs parents pouvait être élevé au cardinalat. Tout au long de son pontificat, il se tint à cette décision et pas un membre de sa famille ne reçut de charge au Vatican il alla jusqu'à refuser la pourpre à l'archevêque de Tarente parce qu'il était son neveu. En même temps, il tenta de lutter contre les pratiques simoniaques de la chambre apostolique et, dans ce but, il introduisit dans sa cour un mode de vie plus simple et moins coûteux. Il imposa aux prêtres le port de la soutane et l'accomplissement d'exercices spirituels quotidiens. Il déclara lui-même : « Mes neveux, ce sont les pauvres », en comparant sa bienfaisance publique au népotisme de nombre de ses prédécesseurs. En 1694, il fonda la Congrégation pour la discipline et la réforme des ordres réguliers dans l'intention de réformer l'Église dans le sens d'une plus grande spiritualité. Dans les États de l'Église, il procéda à plusieurs réformes nécessaires et très utiles et, pour une meilleure administration de la justice, il fit construire le Forum Innocentianum. En 1693, il incita les évêques français à retirer la Déclaration des quatre articles de 1682 relative aux « libertés gallicanes » qui avait été formulée par l'Assemblée de 1682. Louis XIV de France renonça aux « propositions gallicanes », permettant ainsi au pape de reconnaître les évêques nommé par le roi depuis 1673, date de l'éclatement de l'affaire de la régale, auxquels ses prédécesseurs avaient refusé l'investiture canonique. En 1699, il se prononça en faveur de Bossuet dans la controverse entre ce prélat et Fénelon sur l'Explication des maximes des Saints sur la vie intérieure que ce dernier avait écrite pour soutenir Madame Guyon. Son pontificat contrasta avec celui de nombre de ses prédécesseurs, du fait qu'il penchait pour la France plutôt que pour l'Allemagne. Ce pape bienveillant, plein d'abnégation et pieux, mourut le 27 septembre 1700 après avoir célébré la même année le seizième jubilé.
Innocent XII Innocent XII
243 Clément XI 1700/1721 Urbino Clément XI Gianfrancesco Albani (23 juillet 1649, Urbino, Marches - 19 mars 1721, Rome) est le 241e pape, de 1700 à sa mort en 1721, sous le nom de Clément XI (en latin Clemens XI, en italien Clemente XI).
D'origine albanaise, de Laç de Kurbini, son ancêtre, Michel Laçi, quitta l'Albanie avec ses deux fils, Georges et Philippe (combattants avec Skanderbeg) à cause des Turcs. Il s'installa à Urbino, en Italie, où il prit le nom d'Albani. Georges eut deux fils, Altobelli et Hannibal. Altobelli eut aussi deux fils, Horace et Charles. Horace s'installa à Rome, au Vatican, où il fut nommé sénateur par le pape Urbain. Charles était le père de Gianfrancesco. Une autre branche de la famille Albani s'installa à Bergame, se distinguant avec Gian Girolamo Albani (1504-1591), chanoine, auteur d'ouvrages importants, qui devint cardinal en 1570. Clément XI nomma cardinal son neveu Hannibal (1682-1751).
Gianfrancesco Albani entre à 11 ans au Collège romain, tenu par les Jésuites. Il y suit des études brillantes et est remarqué par la reine Christine Ire de Suède. À 28 ans, il est nommé gouverneur de Rieti. Il a ensuite la responsabilité des diocèses de Sabina et Orvieto. Rappelé à Rome, il est nommé vicaire de Saint-Pierre de Rome, puis secrétaire des brefs pontificaux. En 1690, il reçoit le chapeau de cardinal au titre cardinalice de Santa Maria in Aquiro. Il n'est pas encore prêtre cependant.
Pontificat :
En 1700, à la mort d'Innocent XII, le conclave s'apprêtait à élire le cardinal Mariscotti, mais la France y met son veto. Les cardinaux se tournent alors vers le cardinal Albani, diplomate qui n'a pourtant que 51 ans. Ordonné prêtre vingt-quatre heures avant son élection, il est immédiatement consacré évêque. Dès son élection, le nouveau Clément XI doit faire face à la guerre de Succession d'Espagne : Charles II est en effet mort durant le conclave. Il prend d'abord parti, en 1701, pour Philippe V et la France. Néanmoins, cela lui vaut l'hostilité autrichienne et le problème de l'investiture du royaume de Naples et de Sicile lui vaut également le mécontentement de Philippe V. Les revers des troupes franco-espagnoles face à l'Empire laissent à découvert les États pontificaux. Eugène de Savoie-Carignan y fait entrer ses troupes. Clément XI doit se résigner à reconnaître Charles III en 1709. Enfin, de nouveaux coups de théâtre surviennent : les Français reprennent le dessus, Joseph Ier meurt et Charles quitte l'Espagne après son élection au trône impérial. Louis XIV, furieux, refuse la médiation de Clément XI et la papauté est représentée seulement par un observateur au traité de Rastatt. La papauté mit un certain temps à se remettre de la Succession d'Espagne. Dans le domaine de la doctrine chrétienne, il émit les bulles Vineam Domini (1705) et Unigenitus (1713) contre le jansénisme. Il fit de la fête de la conception de la Vierge Marie une fête d'obligation et canonisa entre autres Pie V. Une petite phrase marque un grand tournant dans la vie religieuse féminine : « Que les femmes gouvernent les femmes ». Dans une lettre du 23 avril 1718, le pape Clément XI institue canoniquement à Rome l'Académie pontificale de théologie (it), qu'il combla de privilèges, pour que ce lieu d'études soit, selon les mots de Jean-Paul II, « le siège des disciplines sacrées et nourrisse les nobles esprits, et que, comme une source, elle produise des fruits abondants pour la cause catholique »1. Concernant son origine, il considérait l'Albanie comme sa patrie. Il fait part d'un intérêt pour ses compatriotes, accordant deux bourses d'études à des Albanais pour le collège de « Propaganda Fide » en 1708, et une troisième avec un somme de 4 000 écus. Il a envoyé en Albanie les Franciscains qui ouvrent des écoles à partir de 1711, où on enseigne la langue albanaise. Il organise un Concile à Merqine de Lezhe, pour faire face à l'islamisation du pays. Les origines albanaises du Pape Clément XI jouèrent un rôle dans les hostilités contre les Turcs. Il devint le promoteur de la Ligue européenne qui conduisit à deux défaites sanglantes des Turcs, à Petrovaradin et à Belgrade, par le prince Eugène de Savoie. Il meurt le 19 mars 1721. Son successeur est Innocent XIII. La famille Albani s'éteint en 1852, avec le prince don Philippe, dernier fils d'Horace III.
Clément XI Clément XI

Élus au 18 ème siècle après le Schisme d’Occident

No Nom Pontificat Naissance Notes Blason Photo
244 Innocent XIII 1721/1724 Poli Innocent XIII Michelangelo Conti (13 mai 1655, Poli, dans l'actuelle province de Rome, dans le Latium, à l'époque dans les États pontificaux – 7 mars 1724, Rome) est élu pape le 8 mai 1721 sous le nom d'Innocent XIII (en latin Innocentius XIII, en italien Innocenzo XIII).
Né dans une famille aristocratique, les Conti, ducs de Poli et de Guadagnolo, descendant de la famille du pape Innocent III, Michelangelo Conti suit des études au Collège romain avant d'entrer dans la Curie romaine. En 1695, il fut promu archevêque de Tarse et nonce apostolique de Lucerne puis en 1698 au Portugal. En 1706, Clément XI lui accorda le chapeau de cardinal. Au conclave de 1721, il fut élu pape. En mémoire d'Innocent III, l'un de ses ancêtres, il prit le nom d'Innocent XIII. En 1723, il protesta en vain contre l'invasion par l'empereur Charles VI du duché de Parme et de Plaisance, territoires sous suzeraineté pontificale. Il soutint le parti jacobite du prétendant Jacques François Stuart, auquel il donna huit mille écus pour l'entretien de sa cour à Rome, dans le palais Muti Papazzurri le cousin du pape, François Marie Conti, de Sienne, fut gentilhomme de chambre du prétendant. Il tint bon face aux Français et refusa de retirer la bulle Unigenitus. Néanmoins, il concéda le chapeau au cardinal Dubois. En 2005, à l'occasion des 350 ans (1655-2005) de la naissance d’Innocent XIII, les citoyens de Poli, village de naissance du pape, ont demandé au Saint-Siège d’introduire la cause de béatification du pape Innocent XIII.
Innocent XIII Innocent XIII
245 Benoît XIII 1724/1730 Gravina in Puglia Benoît XIII Il choisit d’abord de s’appeler Benoît XIV, puis devient peu après Benoît XIII pour ne pas légitimer le pape d’Avignon Benoît XIII. Tombeau sculpté par Pietro Bracci (1734, Rome, Santa Maria sopra Minerva). Benoît XIII Benoît XIII
246 Clément XII 1730/1740 Florence Clément XII Lorenzo Corsini, né le 7 avril 1652 d'une célèbre famille dont était membre saint André Corsini et mort le 6 février 1740, est un pape de l'Église catholique qui régna sous le nom de Clément XII (en latin Clemens XII, en italien Clemente XII).
Après des études au collège jésuite, Lorenzo Corsini obtient un doctorat en droit à l'université de Pise. Créé cardinal par Clément XI au titre de Santa Susanna et élu pape le 12 juillet 1730, succédant à Benoît XIII, il devint presque totalement aveugle et paralysé, bien que ses brillantes facultés intellectuelles et sa capacité à choisir un entourage compétent lui permirent un brillant pontificat. Pope Clement XII, portrait.jpg Clément XII commença par atténuer la corruption de certains bénédictins, et il améliora l'efficacité du gouvernement des États pontificaux, bien qu'on lui ait reproché la création d'une loterie comme moyen de lever des fonds. Dans ses rapports avec les grandes puissances de l'époque, Clément reçut les mêmes humiliations que la plupart des papes de ce siècle. Son droit de suzerain sur Parme fut ignoré, et les Bourbons s'allièrent avec les Habsbourg contre le vieux pape. Il continua par ailleurs la pression sur les Jansénistes, dont la bulle Unigenitus marque le commencement, et surtout il fulmina, en 1738, la bulle In eminenti apostolatus specula contre la franc-maçonnerie. Par ailleurs, il reçut dans l'Église un grand nombre de coptes monophysites. Il continua la politique d'aménagement de la ville de Rome voulue par ses prédécesseurs. On lui doit notamment la construction de la fontaine de Trévi et l'agrandissement du musée du Capitole et des musées du Vatican. Il disparut le 6 février 1740, son successeur fut Benoît XIV.
Clément XII Clément XII
247 Benoît XIV 1740/1758 Bologne Benoît XIV Tombeau sculpté par Pietro Bracci (1763 - 1770, Rome, basilique Saint-Pierre). Benoît XIV Benoît XIV
248 Clément XIII 1758/1769 Venise Clément XIII Tombeau sculpté par Antonio Canova (1792, Rome, basilique Saint-Pierre). Clément XIII Clément XIII
249 Clément XIV 1769/1774 Santarcangelo di Romagna Clément XIV Tombeau sculpté par Antonio Canova (Rome, basilique des Saints-Apôtres). Clément XIV Clément XIV
250 Pie VI 1775/1799 Césène Pie VI Un des pontificats les plus longs. Premier pape moderne mort hors d’Italie. Pie VI Pie VI
251 Pie VII 1800/1823 Césène Pie VII Barnaba Niccolò Maria Luigi Chiaramonti (en religion Gregorio), né le 14 août 1742 à Cesena (Romagne) et mort le 20 août 1823 à Rome, était un moine bénédictin, prieur de la Basilique Saint-Paul-hors-les-Murs, une des quatre basiliques majeures de Rome et évêque de Tivoli en 1782. Transféré à Imola et créé cardinal en 1785, il est élu pape le 14 mars 1800, et prend le nom de Pie VII.
Avant-dernier enfant du comte Scipione Chiaramonti (1698-1750) et de Giovanna Coronata Ghini (1713-1777), fille du marquis Barnaba Eufrasio Ghini, femme profondément religieuse qui terminera sa vie au Carmel de Fano et que son fils prendra toute sa vie comme modèle, particulièrement aux moments les plus douloureux de son pontificat, il appartient à une famille de vieille noblesse d'origine française, sans doute celle de Clermont-Tonnerre amie des Braschi (famille dont est issu Pie VI). Sa famille est noble, mais assez pauvre. Comme ses frères, il fréquente d'abord le Collegio dei Nobili de Ravenne, mais à sa demande, il est admis à l'âge de 14 ans, (2 octobre 1756) comme novice à l'abbaye bénédictine Santa-Maria del Monte, à Cesena. Il y est sous la direction de dom Gregorio Caldarera. Deux ans plus tard (20 août 1758), il prend l'habit sous le nom de dom Gregorio. Jusqu'en 1763, il étudie à l'abbaye Santa-Giustina de Padoue où il est soupçonné de jansénisme par l'Inquisition vénitienne. Ses brillantes qualités intellectuelles conduisent ses supérieurs à l'envoyer ensuite au Collège Pontifical Saint Anselme, à Rome, adjacent à la résidence urbaine de l'abbaye Saint-Paul-hors-les-Murs qui avait été ouvert pour recevoir les étudiants les plus prometteurs de la Congrégation bénédictine de Monte-Cassino. Le 21 septembre 1765, il est ordonné prêtre et peu après, reçoit son doctorat en théologie. Il enseigne, à partir de 1766, à l'abbaye San-Giovanni de Parme, duché ouvert aux idées nouvelles. Amoureux de la culture et soucieux de donner un enseignement moderne, proche des réalités sociales et scientifiques de son temps, il souscrit à l'Encyclopédie de Diderot et se montre curieux des idées de Locke et Condillac, alors précepteur du prince héritier, l’infant don Ferdinand, et dont il traduit l’Essai sur l'origine des connaissances humaines. En 1772 lui est attribué le grade académique de « lecteur », par lequel l'Ordre bénédictin l'habilite à l'enseignement de la théologie et du droit canonique. De 1772 à 1781, il se trouve au collège Saint-Anselme, cette fois en tant que professeur de théologie et bibliothécaire. Il est ensuite nommé abbé titulaire du monastère Santa-Maria-del-Monte dont il avait été oblat dans son enfance. Le jeune moine Chiaramonti ressent le besoin d'un profond renouveau pour son ordre, en particulier dans le domaine de la formation. Il souhaite, d'une part, le retour à l'inspiration originelle de la vie monastique et, de l'autre, une modernisation des programmes d'enseignement, de façon à conduire les jeunes moines à un contact plus direct avec les réalités concrètes et actuelles.
Pontificat :
Dans cette situation où Rome était occupée par les troupes françaises et où le pape ne disposait plus de son pouvoir temporel, les cardinaux se trouvaient dans une position délicate. Ils furent obligés de tenir le conclave à Venise, alors sous contrôle autrichien, et ce fut le dernier jusqu'à nos jours à se tenir hors de Rome. Ils répondaient ainsi à deux ordonnances de Pie VI (17 janvier 1797 et 13 novembre 1798) à propos des mesures à prendre après son décès. Craignant que la papauté ne soit abolie, il y stipulait que le conclave devait être convoqué par le doyen du Collège des cardinaux et se tenir dans la ville qui comptait, au sein de sa population, le plus grand nombre de cardinaux. C’est le monastère bénédictin de San Giorgio Maggiore (situé sur l’île de San Giorgio Maggiore) qui fut choisi. La ville de Venise, ainsi que d’autres villes du Nord de l’Italie, étaient sous la domination de l'Empereur François Ier d’Autriche qui accepta de couvrir les frais du conclave. Chiaramonti faillit ne pas y participer: comme il avait dépensé tous ses revenus à soulager les pauvres de son diocèse, il n'avait pas de quoi payer le voyage. Un de ses amis lui prêta mille écus. Bien que le conclave ait débuté le 30 novembre 1799, les cardinaux ne parvinrent pas à se déterminer entre les trois candidats favoris jusqu’au mois de mars 1800. Trente-quatre cardinaux étaient présents depuis le début (le nombre le plus faible entre 1513 et nos jours). Un trente-cinquième allait bientôt se joindre à eux: Franziskus von Paula Herzan von Harras qui était aussi le représentant de l’empereur d’Autriche et qui allait par deux fois utiliser son droit de veto. Ercole Consalvi avait été choisi à l’unanimité comme secrétaire du conclave. Il allait devenir un personnage-clé pour l’élection du nouveau pape. Carlo Bellisomi était le grand favori et bénéficiait de nombreux soutiens, mais les cardinaux autrichiens lui préféraient Mattei et utilisèrent leur droit de veto. Le conclave porta alors son dévolu sur un troisième candidat possible: le cardinal Hyacinthe-Sigismond Gerdil mais il fut lui aussi victime du veto de l’Autriche. Alors que le conclave entrait dans son troisième mois, le cardinal Maury, neutre depuis le début, suggéra le nom de Chiaramonti qui fit savoir qu’il n’était absolument pas candidat (et qui fit à nouveau appel à son ami, cette fois pour pourvoir à ses frais de nourriture et d'hébergement). C’est sur l’insistance d’Ercole Consalvi qu’il finit par accepter et qu’il fut élu le 14 mars 1800 après 104 jours de conclave et 227 jours après la mort de Pie VI (le plus long siège vacant entre 1415 et nos jours). Il prit le nom de Pie VII en hommage à son prédécesseur, surnommé le « pape martyr ». Immédiatement après son retour à Rome, il nomma Consalvi cardinal et pro-secrétaire d'État (le 11 août 1800). Pendant 23 ans, malgré tous les revers, Consalvi restera fidèle à celui qu’il avait fait élire et c’est lui qui assistera Pie VII lors de ses derniers moments, le 20 août 1823. L’Autriche prit acte de l’élection sans aucun enthousiasme (puisque son candidat n'avait finalement pas été élu) et - acte de mauvaise humeur - refusa que le nouveau pape soit couronné dans la basilique Saint-Marc de Venise. En conséquence, le pape déclina l'invitation de l'empereur François Ier et refusa de se rendre à Vienne. Il sera couronné le 21 mars 1800 dans une petite chapelle attenante au monastère de San Giorgio. Comme les vêtements et insignes pontificaux étaient restés à Rome, ce furent des femmes nobles de Venise qui réalisèrent une tiare de papier mâché qu’elles décorèrent avec leurs propres bijoux et qui servit pour le couronnement.
La restauration des États pontificaux :
À la bataille de Marengo, le 14 juin 1800, la France arrache le Nord de l’Italie à l’Autriche. Le nouveau pape, toujours à Venise, se trouve donc soudainement sous autorité française. Ce n'est pas un inconnu pour Napoléon qui avait qualifié son discours de Noël 1797 à Imola de « jacobin ». Bonaparte décide de reconnaître le nouveau pape et de restaurer les États pontificaux dans les limites du traité de Tolentino. Pie VII rejoint donc Rome où la population l’accueille chaleureusement le 3 juillet 1800. Craignant de nouveaux conflits, il décrète que à l'avenir les États Pontificaux resteront neutres aussi bien vis-à-vis de l’Italie napoléonienne dans le Nord que du Royaume de Naples dans le Sud. Pie VII trouve sa capitale profondément déstabilisée par les guerres révolutionnaires. Il demande au cardinal Consalvi, son secrétaire d'État, de s'atteler à la restauration de Rome et à la modernisation des structures administratives des États pontificaux. Il s'entoure de prélats réformateurs et commence par amnistier les partisans des Français. Il forme quatre congrégations cardinalices pour examiner la réforme de l'État. Leurs travaux sont synthétisés dans la bulle Post diuturnas du 30 octobre 1800 : les institutions de Pie VI sont remises en place mais réformées. Ainsi, des fonctionnaires laïques font leur entrée dans l'administration pontificale, en particulier à l'annone ou dans l'armée. Un bref établit la liberté du commerce pour les denrées alimentaires. Une réforme monétaire tente, en 1801, de limiter l'inflation. Elle est suivie par une réforme fiscale, qui fond 32 impôts et taxes en une taille personnelle et réelle, la dativa. Pie VII fait assécher les Marais Pontins pour élargir le domaine des terres cultivables et fait établir des filatures de laine et de coton pour y donner du travail aux indigents. Ces réformes se heurtent à la résistance du Sacré Collège et des évêques. Malgré la création de la garde noble, la noblesse romaine reste insatisfaite. Lorsque Consalvi doit quitter son poste en 1806 (c'est lui-même qui, persuadé d'être devenu un obstacle aux négociations avec la France, suggérera à Pie VII de le remplacer), sa politique hardie a été oubliée. Le 15 juillet, la France reconnaît officiellement le catholicisme comme la religion de la majorité de ses citoyens (mais non comme une religion d’État). Par le concordat de 1801, l’Église reçoit un statut de liberté lié à la Constitution Gallicane du clergé. Le Concordat reconnaîtra aussi les États de l’Église et restituera ce qui avait été confisqué ou vendu pendant leur occupation. En vertu de l'accord de 1801 et à la demande du chef de l'État français, le souverain pontife dépose l'ensemble des évêques français, évêques qui avaient été nommés dans le cadre de la Constitution civile du clergé. C'est la fin des principes de l'Église gallicane, et la reconnaissance, implicite, de la primauté de juridiction du pape. Certains évêques et prêtres réfractaires, d'esprit gallican, refusent de se soumettre et fondent la Petite Église. En 1803, la Restauration des États Pontificaux sera officialisée par le traité de Lunéville.
Le bilan d'une vie profondément chrétienne :
Face à l’histoire globale, Pie VII et son prédécesseur Pie VI (qui totalisent à eux seuls 47 ans de règne) se trouvent à la charnière entre l’Ancien Régime et l’éclosion d’un monde nouveau, industriel, marqué par les nationalismes, les aspirations à la démocratie et au pluralisme de pensée. C’est la fin de la lutte entre le Pape et l’Empereur, initiée au Moyen Âge et c’est l’Empereur (le pouvoir civil) qui, malgré la résistance des pontifes du xixe siècle, va s’imposer. En 1870, Rome devient la capitale du tout nouveau Royaume d’Italie et, réfugié au Vatican, le pape s’y considère prisonnier. En 1929, les accords du Latran limitent le pouvoir temporel du pape à la cité du Vatican, ce qui lui assure la liberté nécessaire à l'exercice de son pouvoir spirituel. La plupart des États occidentaux, au xxe siècle, officialiseront constitutionnellement la liberté religieuse et la prééminence du droit civil sur le droit religieux. L'Église catholique devient une institution parmi d'autres, même si dominante et majoritaire en de nombreux pays, et son enseignement devra convaincre plutôt que s'imposer parmi d'autres options philosophiques et religieuses qui structurent des sociétés urbaines à tous niveaux métissées et plurielles. C’est par sa personne elle-même que Pie VII a marqué son temps et qu’il attire aujourd’hui encore l’attention.Lors du conclave de 1800, Pie VII résistera longtemps au choix des cardinaux de l'élire pape. Plus tard, lors de sa captivité à Fontainebleau, le moine bénédictin qu'il était toujours resté intérieurement insiste pour laver lui-même sa soutane blanche, et en repriser les boutons. Lors de ses nombreux transferts au cours de sa déportation, il accepte de revêtir la bure noire des moines bénédictins que ses geôliers voulurent lui imposer, car il s'agissait pour eux de transporter le Pape dans un incognito total, pour que les gens, le voyant peut-être monter ou descendre de voiture, ne le reconnaissent pas à sa soutane blanche et à sa mozette rouge dans l'esprit du pape, resté bénédictin au fond de l'âme, revêtir l'habit noir d'un simple moine ne posa aucun problème, et il répondit simplement : « Sta bene » (« C'est bien, qu'il en soit ainsi »). L'un des soldats chargés de le garder lors de sa captivité à Savone, écrit, le 10 janvier 1810 : « Moi qui étais l’ennemi des prêtres, il faut que je confesse la vérité, car j’y suis obligé. […] Depuis que le Pape est relégué ici, dans ce palais épiscopal, et gardé à vue, non seulement par nous mais aussi à l’intérieur de la maison, je peux vous dire que ce saint homme est le modèle de l’humanité, le modèle de la modération et de toutes les vertus sociales, qu’il se fait aimer de tous, qu’il adoucit les esprits les plus forts et fait devenir amis ceux-là mêmes qui sont les ennemis les plus implacables. Le Pape passe presque tout son temps en prière, souvent prostré, et la face contre terre. Et le temps qui lui reste, il s’occupe à écrire ou à donner audience » Contrairement aux habitudes de népotisme de nombre de ses prédécesseurs, Pie VII veillera toujours à ne favoriser en rien les membres de sa famille. À son frère Grégoire, il n'accorde qu'une pension de 150 écus par mois et à son neveu orphelin, il n'accorde qu'une microscopique propriété à Césène. Dénué d’ambition personnelle, ami fidèle (des cardinaux Pacca et Consalvi notamment), sobre (il avouait vivre d’un écu par jour), pieux, doux (jamais il n’élevait la voix), discret, modeste, généreux (il dépense tous ses revenus d'évêque à soulager les pauvres de son diocèse), ferme au point de risquer sa vie pour défendre ses convictions (sa résistance à Napoléon est à cet égard exemplaire), Pie VII brille aussi par sa grandeur d’âme (il a recueilli à Rome toute la famille Bonaparte et insisté pour que la captivité de l'Empereur déchu soit adoucie). Sans doute vaut-il mieux de laisser la parole à ce sujet à Napoléon Bonaparte, son principal adversaire qui, dans ses Mémoires de Sainte-Hélène, écrit ces mots étonnants : « C’est véritablement un bon, doux et brave homme. C’est un agneau, un véritable homme de bien, que j’estime, que j’aime beaucoup et qui, de son côté, me le rend un peu, j’en suis sûr … » Tombeau par Berthel Thorvaldsen (Rome, Basilique Saint-Pierre).
Pie VII Pie VII

Élus au 19 ème siècle après le Schisme d’Occident

No Nom Pontificat Naissance Notes Blason Photo
252 Léon XII 1823/1829 La Genga Léon XII Annibale Sermattei della Genga (la Genga, près d'Ancône, 22 août 1760 – Rome, 10 février 1829), est le 252e pape sous le nom de Léon XII (en latin Leo XII, en italien Leone XII), de 1823 à 1829.
Né dans une famille de noblesse pontificale, il est le fils du Comte Flavio Sermattei et de la Comtesse Maria Luisa Periberti Di Fabriano, qui eurent également neuf autres enfants. Il est ordonné prêtre en 1783. En 1793, il devient archevêque de Tyr et est ensuite nommé nonce apostolique à Cologne puis Bavière. Sa carrière diplomatique dura jusqu'en 1798. En 1814, à la chute de l'empereur des Français (et roi d'Italie) Napoléon Ier, il fut envoyé porter les félicitations pontificales au roi Louis XVIII. En 1816, il accéda au cardinalat, puis en 1820, fut nommé vicaire de Rome. À la mort de Pie VII, il fut élu le 28 septembre 1823 par le parti conservateur, après une période de sede vacante débutée le 20 août 1823. Après son décès, le 10 février 1829, la période suivante de sede vacante dura jusqu'à l'élection de Pie VIII le 31 mars 1829.
Les premières mesures prises par le nouveau pape sont significatives de son désir de ramener l’ordre dans les États pontificaux : par des ordonnances de police, Léon XII relance la lutte contre le brigandage endémique dans ces régions montagneuses du centre de l’Italie sont également concernés par ces mesures les patriotes carbonari dont les menées clandestines et l’organisation en sociétés secrètes inquiètent le Saint Siège. Il oblige bientôt la population juive des États pontificaux à regagner dans les villes les ghettos que certains d’entre eux avaient quittés à la suite de la Révolution française. C'est aussi sous son pontificat que la cour quitta le palais du Quirinal pour celui du Vatican.
S'inscrivant dans une mouvance conservatrice que suivront ses successeurs, Pie VIII puis Grégoire XVI, Léon XII publie en 1826, la lettre apostolique Quo graviora par laquelle il condamne la franc-maçonnerie. Son intervention doctrinale la plus marquante demeure cependant la lettre apostolique "Dirae Librorum", publiée le 26 juin 1827, dans laquelle il déclare qu'« au terrible torrent de boue constitué par les livres sortis de l'officine ténébreuse des impies, sans autre but, sous leur forme éloquente et leur sel perfide, que de corrompre la foi et les mœurs et d'enseigner le péché, le meilleur remède, on en peut être assuré, est de leur opposer des écrits salutaires et de les répandre. » Politiquement, Léon XII est considéré comme le " pape de la Sainte-Alliance " : son hostilité au libéralisme fait de lui l'héritier politique du Congrès de Vienne. Son conservatisme politique le conduit également à s'ingérer dans la politique interne des États catholiques : il demandera ainsi à Louis XVIII d’écarter Villèle devenu président du conseil, dont ses conseillers jugent la politique trop libérale. Mais le roi Louis XVIII lui répondit que "des rapports dictés par un zèle imprudent et peu éclairé avaient trompé la religion du Saint-Père sur le véritable état des choses". Troublé, Léon XII se renseigna de plus près il se rendit compte qu'une fois de plus on avait essayé de le manœuvrer. Il marqua son regret en allant prier à Saint-Louis-des-Français, pour la France. Peu populaire en raison de son hostilité au mouvement des nationalités, Léon XII décède à Rome le 10 février 1829. Tombeau sculpté par Antonio Canova (1792, Rome, basilique Saint-Pierre).
Léon XII Léon XII
253 Pie VIII 1829/1830 Cingoli Pie VIII Francesco Saverio Maria Felice Castiglioni naît le 20 novembre 1761 à Cingoli dans une famille noble et est élu pape Pie VIII (en latin Pius VIII, en italien Pio VIII) le 31 mars 1829, il meurt le 30 novembre 1830.
De famille noble, il effectue ses études au collège des Jésuites d'Osimo. Puis, se destinant à la prêtrise, il poursuit une formation en droit canon à Bologne et enfin à Rome. Il prête alors son concours à l’un de ses maîtres, Devoti, qui travaille à cette époque à la constitution d'une compilation de textes juridiques. Lorsque Devoti devient évêque d’Anagni, Francesco Castiglioni reste alors dans l'entourage du nouveau prélat, présidant le chapitre cathédral du diocèse. Il occupe ensuite la même charge dans l'évêché de Cingoli dirigé à cette époque par Monseigneur Severoli. L’ensemble de la péninsule italienne entre sous la domination française. En 1800, le pape Pie VII nomme Francesco Castiglioni évêque de Montaldo[Lequel ?]. Ayant refusé de prêter serment au roi d'Italie, le prélat est exilé à Mantoue puis est contraint finalement de rejoindre la France. En 1816, il est nommé évêque de Césène et est créé cardinal-prêtre de Santa Maria in Traspontina par Pie VII. À partir de 1821, il est Grand pénitencier et devient cardinal-évêque de Frascati. Après avoir été vainement candidat lors du conclave de 1823, qui voit l'élection de Léon XII, Castiglioni devient pape le 31 mars 1829, après le décès de Léon XII, à l'âge de soixante-huit ans. Il prend le nom de Pie VIII à son couronnement le 5 avril 1829. Stendhal relate son élection dans ses chroniques de Promenades dans Rome. Le 24 mai 1829 il publie l'encyclique Traditi humilitati nostrae. Celle-ci est complétée, le 25 mars 1830 par la bulle Litteris altero, dans laquelle il condamne les sociétés secrètes. Il y précise également que la bénédiction de l'Église ne sera donnée, lors de la cérémonie du mariage qu’en ayant connaissance d’une promesse effectuée au préalable par les futurs époux d'élever leurs enfants dans la religion catholique. Dans les mois qui suivent, ce nouveau point de règlement ecclésiastique devient une source de conflit dans le royaume de Prusse, protestant, entre les évêques et le gouvernement. Comme son prédécesseur Léon XII, Pie VIII condamne le libéralisme car cette idéologie conçoit la liberté comme le droit de faire tout ce qu'on veut, et la voit comme le fondement de toute action. Or cette vision s'oppose à la doctrine catholique selon laquelle le fondement de toute action doit être la recherche de ce qui est juste. La liberté, si elle est aussi conçue comme l'expression du libre arbitre, ne peut se concevoir dans l'exercice de n'importe quelle volonté de l'homme mais seulement dans l'exercice du Bien. Il doit également faire face à l'agitation européenne qui prépare les révolutions de 1848 : ce sont tout d'abord les troubles de Pologne et de Belgique dans les États pontificaux, il doit faire face aux tentatives d'insurrection engagées par les carbonari en France, Charles X, remplacé par Louis-Philippe d'Orléans : en dépit du libéralisme du nouveau gouvernement, Pie VIII préconise aux Français de se rallier au nouveau souverain. au Royaume-Uni, il permet l'émancipation politique des catholiques en leur permettant de participer à la vie politique.
Pie VIII Pie VIII
254 Grégoire XVI 1831/1846 Belluno Grégoire XVI Bartolomeo Alberto (en religion Mauro) Cappellari, né à Belluno, ville du nord de la république de Venise, le 18 septembre 1765 et décédé à Rome le 1er juin 1846, est un moine prêtre et abbé camaldule élu pape sous le nom de Grégoire XVI (en latin Gregorius XVI, en italien Gregorio XVI), successeur de Pie VIII. Élu pape le 2 février 1831, il est ordonné évêque de Rome et intronisé le 6 du même mois. Il a défendu les États pontificaux contre les attaques des mouvements révolutionnaires, et est à l'origine d'une relance de l'engagement missionnaire outre-mer.
Bartolomeo Alberto Cappellari, futur Grégoire XVI, naquit le 18 septembre 1765 à Mussoi, devenu actuellement un faubourg de Belluno, dans la maison de campagne de sa famille. Ses parents Giovanni Battista Cappellari et Giulia Cesa, appartenaient tous deux à la petite noblesse1 et étaient enfants de notaires d'une famille originaire de Pesariis. À Mussoi, petit village de basse montagne de la haute Venetie, existe toujours la maison de campagne de ses parents. Il se découvre une vocation religieuse à l’âge de 18 ans et entre, en 1783, au monastère camaldule de saint Michel de Murano. En 1786, il prononce ses vœux monastiques et prend le nom de 'Frère Maur' (Fra Mauro, d'après un célèbre moine camaldule et cartographe du xve siècle). Il reçoit l’année suivante l'ordination diaconale et sacerdotale. Se consacrant à l’étude de la philosophie et de la théologie, il s’occupe également de l’instruction des novices. Envoyé à Rome en 1795, il réside au monastère Saint-Grégoire (San Gregorio) et en devient l’abbé en 1805. C'est pendant cette période ébranlée par la Révolution française, qu’il publie son ouvrage Le Triomphe de la sainte Église dans lequel il défend l'idée de l’infaillibilité pontificale contre les jansénistes italiens, et la souveraineté du pape sur les États pontificaux. Il s’oppose aussi aux efforts maçonniques visant à contrer l’influence de l’Église et dénonce un complot pour affaiblir la papauté. Devenant autrichienne puis française, la République de Venise disparaît dans la tourmente des guerres révolutionnaires, à l'instar des États pontificaux. L’exil du pape Pie VII à Savone, en 1808, interrompt son séjour romain. Il quitte Rome et retourne à Murano puis, en 1813, s'installe à Padoue. Le retour triomphal du pape Pie VII à Rome en 1814 lui permet de réintégrer le monastère Saint-Grégoire. Il refuse à deux reprises une nomination épiscopale. Cependant, le 21 mars 1825, le pape Léon XII le crée cardinal in pectore, création qu'il publie le 13 mars 1826, et lui confie la charge de Préfet de la Congrégation de la Propagation de la Foi. À ce titre, il négocie en 1827 avec succès un concordat avec le roi calviniste Guillaume Ier des Pays-Bas régissant les relations entre son royaume et l'Église catholique, principalement présente dans les provinces du Sud, la future Belgique. La situation de l’Église d’Arménie s’améliore également grâce à la signature d’un accord similaire conclu entre le Saint-Siège et l’Empire ottoman.
Au début de 1831, suite au décès du pape Pie VIII et au terme d'un conclave de 74 jours, le cardinal Bartoloméo Capellari est élu pape. Il prend le nom de Grégoire XVI. Élu pape le 2 février 1831, le moine et cardinal n'est cependant pas évêque: le dernier cas d'élection pontificale d'un ecclésiastique qui n'a pas la dignité épiscopale. Il fut consacré évêque de Rome le 6 février 1831, dans la basilique patriarcale du Vatican, par le cardinal Pacca, évêque d'Ostie et de Velletri, doyen du Sacré-Collège des cardinaux, assisté de deux autres cardinaux-évêques. Il fut intronisé le même jour par le cardinal Albani.
Grégoire XVI Grégoire XVI
255 Bienheureux Pie IX 1846/1878 Senigallia Bienheureux Pie IX Giovanni Ferretti, élu le 16 juin 1846 sous le nom de Pie IX , a eu le règne le plus long (32 ans) et l'un des plus tourmentés de l'Histoire de l'Église. Le pape du concile Vatican fut d'abord perçu comme un homme d'ouverture. Les catholiques libéraux ainsi que les républicains italiens reportèrent sur lui leurs espoirs d'ouverture de façon quelque peu exagérée mais ils durent déchanter après l'échec des soulèvements révolutionnaires de 1848. Né en 1792 près d'Ancône (Italie) , Giovanni-Maria Mastaï Ferretti devient prêtre , puis évêque d'Imola , après avoir été empêché d'entrer dans l'armée pour cause d'épilepsie. Le 16 juin 1846, il est élu pape par le conclave des cardinaux. Il devient à ce titre le guide spirituel du monde catholique et également le souverain temporel des États pontificaux, en Italie centrale, autour de Rome et de Ravenne. L'origine de ces États remonte à une donation de Pépin le Bref au pape de son époque, plus de mille ans auparavant. Elle était destinée à assurer l'autonomie du Saint-Siège face aux pressions des souverains temporels. Pie IX se signale par une charité ardente et commence à introduire la démocratie dans le gouvernement de ses États. Il libère des militants de l'unité nationale et instaure deux Chambres pour le vote des lois. Il fait entrer des laïcs dans les commissions du gouvernement, lance la construction d'un chemin de fer , la rénovation de l'éclairage public... Il abolit l'obligation faite aux juifs de Rome de résider dans le ghetto et fait détruire le mur qui entoure cet ancien quartier réservé. De nombreux Italiens voient en lui le chef possible d'une fédération italienne. L'abbé piémontais Vincenzo Gioberti préconise une fédération autour du pape (dans la tradition des Guelfes qui, au Moyen Âge, s'opposaient aux Gibelins partisans de l'empereur d'Allemagne). Le 8 septembre 1847 , l'agitateur républicain Giuseppe Mazzini lance même à Pie IX , depuis Londres , un appel en vue de prendre la tête du mouvement italien de libération.
Déception des patriotes italiens
Les Révolutions de 1848 vont mettre un terme à ces velléités libérales. À la suite de Vienne , Milan se soulève contre l'absolutisme de l'empereur d'Autriche, lequel règne sur le royaume lombardo-vénitien (Milan et Venise) depuis le Congrès de Vienne de 1815. Le petit roi du Piémont, Charles-Albert , appelle les princes de la péninsule à le rejoindre dans la guerre contre l'empereur d'Autriche , afin de libérer la Lombardie et la Vénétie. Pie IX laisse partir des troupes pontificales mais se rétracte bientôt et renonce à la guerre. Tandis que la guerre menée par le Piémont tourne à la confusion , des républicains menés par Mazzini s'emparent de la Ville sainte et proclament la République le 9 février 1849. Fuyant leurs brutalités , le pape doit se réfugier dans la citadelle de Gaète , au sud de Rome , où il attend la suite des événements. Les Italiens , guidés par le roi de Piémont-Sardaigne , sont piteusement battus par les Autrichiens à Novare. Pie IX fait alors appel à la France pour le restaurer dans ses États. La IIe République envoie à son secours le général Oudinot et les troupes françaises entrent à Rome le 2 juillet 1849 après avoir écrasé les volontaires de Giuseppe Garibaldi , venus défendre l'éphémère République romaine. Tout change. Pie IX impose aux juifs de Rome une contribution particulière pour financer son retour au Vatican puis se détourne des révolutionnaires exaltés , comme les Chemises rouges de Giuseppe Garibaldi. Répudiant le libéralisme et l'engagement politique , il donne désormais la primauté à la quête spirituelle. Le 8 décembre 1854 , il prononce le dogme de l'Immaculée Conception à propos de la Vierge Marie. Ce dogme sera porté aux nues par les apparitions miraculeuses de Lourdes quelques années plus tard.
Débuts de l'antisémitisme
En 1858 éclate l'affaire Mortara. Dans une famille juive de Bologne , la police pontificale enlève un enfant , Edgardo Levi Mortara , sous prétexte qu'il aurait été baptisé en secret par une servante. L'enfant sera placé sous la protection de Pie IX et deviendra prêtre. En France , où le parti clérical a été remis en selle par la Deuxième République et le Second Empire , le journaliste Louis Veuillot justifie avec violence , dans sa feuille L'Univers , l'attitude de la Sainte Congrégation dans l'affaire Mortara. Il s'en prend à la «presse juive» , autrement dit aux journaux qui défendent l'opinion contraire de la sienne et qu'il accuse d'être à la solde des juifs. La polémique développée par Louis Veuillot apparaît comme la première manifestation de l'antisémitisme (*) moderne. L'antijudaïsme traditionnel cède la place à un antisémitisme idéologique qui s'en prend à la fois aux juifs cosmopolites de la bourgeoisie , que l'on accuse d'opprimer les ouvriers , et aux juifs traditionalistes et pauvres , auxquels on reproche de repousser les valeurs universelles de l'Europe des Lumières. En riposte à cet antisémitisme naissant et afin de se défendre des accusations portées contre eux, des juifs occidentaux créent l'«Alliance israélite universelle». L'avocat et homme politique français Adolphe Crémieux en est le premier président. Il s'illustrera plus tard en donnant la citoyenneté française aux juifs d'Algérie (en oubliant les musulmans).
Succès de l'ultramontanisme
Le 8 décembre 1864 , en annexe de l'encyclique Quanta cura , Pie IX publie le Syllabus. Il s'agit d'un catalogue à la Prévert de tout ce qu'il pense être les erreurs de la pensée moderne. Ce document témoigne de son appréhension face à des États de plus en plus envahissants , qui tendent à limiter la liberté des individus (on en verra les effets désastreux avec l'avènement du totalitarisme deux générations plus tard). Mais le ton sarcastique et les excès de langage du Syllabus suscitent l'ire des catholiques libéraux. L'époque est à l'ultramontanisme. Dans les grands pays catholiques , dont la France , le clergé et les fidèles manifestent un soutien croissant envers le pape «d'outre-monts». L'action des troupes du roi de Piémont-Sardaigne et de Garibaldi , qui s'emparent des États pontificaux, à la seule exception de la Ville éternelle , ne fait qu'accroître la sympathie des catholiques à l'égard du souverain pontife. L'autorité morale et spirituelle de Pie IX ne cesse de s'accroître. C'est ainsi qu'en 1869, il réunit le concile Vatican I en vue de consolider son autorité. Ce sera chose faite avec le dogme de l'infaillibilité pontificale. Quelques mois plus tard , le 20 septembre 1870 , les troupes du roi d'Italie occuperont Rome en profitant du retrait des troupes françaises suite à la défaite de Napoléon III à Sedan. C'en sera fini des États pontificaux. Pie IX se considèrera comme prisonnier au Vatican. Une situation qui perdurera jusqu'aux accords de Latran , en 1929 , avec le Duce Mussolini, et à la création de l'État souverain du Vatican (le plus petit État du monde). La fin du pontificat de Pie IX, jusqu'à sa mort , le 7 février 1878, sera consacrée à combattre la montée de l'anticléricalisme et des idéologies laïques en Europe occidentale , en France et aussi dans l'Allemagne de Bismarck , troublée par le Kulturkampf. Le pape et ses successeurs vont faire tout leur possible pour accroître l'autorité du Saint-Siège sur les catholiques du monde entier, au détriment des institutions intermédiaires : associations cultuelles , ordres monastiques , actions associatives de laïcs et de clercs. Le pouvoir passera par la nomination d'évêques acquis au Saint-Siège , parfois contre le souhait des fidèles. Pie IX a été béatifié par le pape Jean-Paul II en septembre 2000 , en même temps que Jean XXIII. Par cette béatification qui en fait un «bienheureux» , son lointain successeur a voulu honorer ses qualités humaines sans porter de jugement sur ses actions , contestables à bien des égards.
Bienheureux Pie IX Bienheureux Pie IX
256 Léon XIII 1878/1903 Carpineto Romano Léon XIII Léon XIII , né Vincenzo Gioacchino Raffaele Luigi Pecci (2 mars 18101 - 20 juillet 1903) , est le 256e pape de l'Église catholique (nom latin : Leo XIII nom italien : Leone XIII). Ayant succédé au pape Pie IX le 20 février 1878 , il règne jusqu'à sa mort en 1903. Il est enterré à la basilique du Latran. Léon XIII est essentiellement connu pour son encyclique Rerum Novarum , publiée en 1891 , première encyclique sociale. Né à Carpineto Romano , près de Rome , en Italie , il est le fils du comte Lodovico Pecci (colonel de la milice locale) et de la comtesse née Anna Prosperi-Buzi qui ont six autres enfants, dont le futur cardinal Giuseppe Pecci. Les origines de sa famille remontent avec certitude en 1531 lorsque Antoine Pecci (ancêtre à la onzième génération agnatique du souverain pontife) acquiert dans les Monts Lépins une petite terre dépendant de Carpineto. Il y fait souche : ses descendants demeurent dans la région durant plus de quatre siècles.
Dès le XVIII siècle , on compte dans la famille Pecci plusieurs membres occupant des fonctions ecclésiastiques (un curial de la Rote , un protonotaire apostolique , un commissaire de la Révérende Chambre). En octobre 1818 , Vincent Joachim Pecci devient élève au collège des Jésuites de Viterbe , avant d'entrer en 1824 au Collegium romanum avec son frère qui devient ensuite jésuite. Il poursuit ses études à l'Académie des nobles ecclésiastiques qui prépare les futurs diplomates du Saint-Siège. Il est reçu docteur en théologie en 1836 puis docteur en droit in utroque jure , à Rome. Il est ordonné prêtre le 31 décembre 1837. Ses qualités universitaires le font remarquer par le cardinal Lambruschini qui le présente au pape Grégoire XVI. Il est bientôt nommé « prélat de Sa Sainteté » , puis légat pontifical à Bénévent , enclave pontificale dans le Royaume de Naples où ses mesures énergiques mettent fin au banditisme. Devenu légat pontifical à Spolète , il est ensuite nommé légat pontifical à Pérouse pour préparer la visite de Grégoire XVI dans ce diocèse de 200 000 habitants. En 1843 , il est nommé archevêque titulaire (ou in partibus) de Damiette et reçoit l'ordination épiscopale , qui lui est conférée des mains du cardinal Lambruschini. Il est aussitôt envoyé en tant que nonce apostolique en Belgique , le 28 janvier 1843 mais il y rencontre moins de succès : le jeune diplomate trentenaire ne réussit pas à mettre fin aux querelles qui opposent alors les jésuites et l'épiscopat belge. Il entre en contact avec la famille royale belge et bénit le jeune Léopold , duc de Brabant. Ferdinand de Meeûs , le gouverneur de la Société générale de Belgique lui expliquera la nécessité de l'église de s'intéresser à la nouvelle industrie et aux pauvres travailleurs. N'avait-il pas lui-même créé la Société du Crédit de la Charité ? Il devient ensuite en 1846 archevêque de Pérouse (jusqu'en 1877) et nommé par Grégoire XVI cardinal in petto , c'est-à-dire secret , afin de rester à ce poste normalement incompatible avec le titre de cardinal. À la mort de Grégoire XVI , l'ouverture des archives secrètes du Vatican dévoile son titre de cardinal , mais sa grande popularité lui vaut permission de Pie IX de rester archevêque de Pérouse. En 1877 , il est nommé cardinal camerlingue de la Sainte Église romaine , poste qu'il occupe jusqu'à sa propre élection comme pape le 20 février 1878.
Pontificat
Il est élu au conclave de 1878 peut-être en raison de sa santé fragile , la majorité des cardinaux souhaitait un pape de transition après le long règne de son prédécesseur. Déjouant tout pronostic, il règne pendant vingt-cinq ans. Il a envie de quitter Rome où se déroulent souvent des manifestations hostiles envers l'Église, mais son secrétaire d'État , le cardinal Rampolla , le convainc de rester au Vatican et de s'y considérer comme prisonnier. Dès 1879 , avec l'encyclique Æterni Patris , Sur la restauration dans les écoles catholiques de la philosophie chrétienne selon l'esprit du Docteur angélique (il s'agit de saint Thomas d'Aquin) , il relance les études thomistes. En avril 1884 il publie l'encyclique Humanum Genus , une violente attaque contre la franc-maçonnerie , listant les nombreuses condamnations de celle-ci par ses prédécesseurs. Au grand dam des monarchistes , il est l'initiateur du ralliement des catholiques français à la IIIe République , marqué par l'encyclique Au milieu des sollicitudes et le toast, prononcé à sa demande , à Alger , par le cardinal Lavigerie le 12 novembre 1890. Ce geste scandalise nombre de catholiques et , par exemple , « les dames dévotes de Bretagne et d'Anjou priaient pour la conversion du pape » certains vont même jusqu'à soutenir qu'au véritable Léon XIII on a substitué un sosie . Les Caves du Vatican contiennent une allusion à cette fable qu'on a répétée avec Paul VI. La comtesse de Pange raconte que son père , le duc de Broglie , a coutume d'inviter à déjeuner une ou deux fois par an les curés du voisinage l'un d'eux , un peu échauffé par le vin de champagne dont il n'a pas l'habitude , n'hésite pas à lancer au dessert un : « Et quand je pense à ce monstre de pape ! » , qu'il refuse de retirer. Sur les pas des catholiques sociaux , tel Frédéric Ozanam , il se saisit de la question ouvrière , et dans l'encyclique Rerum Novarum du 15 mai 1891 , il fustige « la concentration , entre les mains de quelques-uns , de l'industrie et du commerce devenus le partage d'un petit nombre d'hommes opulents et de ploutocrates , qui imposent ainsi un joug presque servile à l'infinie multitude des prolétaires » , mais il condamne le marxisme comme une « peste mortelle » pour la société. Dans ce document , Léon XIII critique le libéralisme et son régime de concurrence effrénée qui réduit les ouvriers à la misère , mais rejette le socialisme qui veut abolir la propriété privée , droit naturel, et instaurer la lutte des classes. Il recommande l'association fraternelle des travailleurs et l'intervention de l'État pour régler les rapports entre patrons et ouvriers.
L'encyclique Rerum Novarum a fait par la suite l'objet de développements successifs , comme Centesimus annus en 1991. Léon XIII a été le premier pape à être filmé , à sa demande. Humaniste raffiné , ses poèmes latins sont remarquables. En avril 1884 dans son encyclique Humanum Genus , sa violente attaque contre la franc-maçonnerie généralement considérée comme le manifeste contre-moderniste de l'Église. Cependant , il n'est pas victime de l'Affaire Léo Taxil qu'il dénonce comme un canular. Le 20 septembre 1900 , Léon XIII dissout officiellement les États pontificaux , mettant ainsi la papauté en accord avec la réalité politique. Il réorganise les grands Ordres en particulier l'Ordre de saint Benoît en fondant la confédération bénédictine en 1893 par le bref Summum semper. Malgré le souhait de ses électeurs , le pontificat de Léon XIII aura été le quatrième plus long de l'histoire, après saint Pierre, bienheureux Pie IX et saint Jean-Paul II.
Léon XIII Léon XIII

Élus au 20 ème siècle après le Schisme d’Occident

No Nom Pontificat Naissance Notes Blason Photo
257 Saint Pie X 1903/1914 Riese Saint Pie X Né citoyen autrichien, premier pape récent d'origine modeste et unique pape canonisé au xxe siècle1. Il est canonisé le 29 mai 1954 par le pape Pie XII. Saint Pie X Saint Pie X
258 Benoît XV 1914/1922 Gênes Benoît XV Giacomo della Chiesa, né à Pegli, près de Gênes au Royaume de Sardaigne, le 21 novembre 1854, fut pape sous le nom de Benoît XV (en latin Benedictus XV, en italien Benedetto XV) du 3 septembre 1914 à sa mort le 22 janvier 1922 à Rome. Son règne est marqué par la promulgation du nouveau Code de droit canonique en 1917, étape importante dans la centralisation du pouvoir pontifical, ainsi que par une intense activité diplomatique au cours de la Première Guerre mondiale.
Né en 1854 (à Pegli) le fils du marquis Giuseppe della Chiesa (1821-1892) grandit dans une famille d'ancienne noblesse de la ville de Gênes qui se rattache au pape Calixte II et au roi de Lombardie Bérenger II1. Sa mère, Giovanna Migliorati (1827-1904) appartenait aussi à une famille d'ancienne noblesse mais Napolitaine, dont était issu un autre pape, Innocent VII au début du xve siècle . Après des études classiques, à cause des réticences de son père à sa vocation de prêtre, il entre en 1871 à la Faculté de droit de Gênes et obtient son doctorat de droit civil en 1875. Lors de ses études, le climat anticlérical l'a poussé à s'engager dans l'Action catholique, dont il préside la section locale1. Son père accepte alors sa vocation, à la condition qu'il poursuive son cursus au collège Capranica de Rome, spécialisé dans la formation des jeunes ecclésiastiques. Il est ordonné prêtre le 21 décembre 1878 en la basilique Saint-Jean du Latran, quelques jours après avoir été reçu avec les autres étudiants par le nouveau pape, Léon XIII . Il entre en 1879 à l'Académie des nobles ecclésiastiques, qui prépare les jeunes aristocrates italiens aux carrières diplomatiques du Saint-Siège1. L'année suivante, il obtient son doctorat de droit canonique. Chaque jeudi, les cardinaux venaient écouter les étudiants sur leurs recherches : alors qu'il enseigne le style diplomatique à l'Académie, il est repéré par le cardinal Rampolla, dont il devint le protégé1. Il suit celui-ci dans sa nonciature en Espagne en 1882. Quand en 1887, Rampolla devient cardinal secrétaire d'État, Della Chiesa devient minutante aux affaires ordinaires1. Il participe ainsi à la négociation entre l'Allemagne et l'Espagne au sujet des Îles Carolines et organise les secours durant une épidémie de choléra. Cette expérience lui procure de plus, une grande connaissances des rouages de la Curie romaine. Comme sa mère se plaint à Rampolla de cette carrière, trop lente à son goût, Rampolla lui répond, Signora, votre fils ne montera que quelques marches, mais elles seront gigantesques.2 En 1901, il est nommé substitut de la Secrétairerie d'État. Lors du conclave de 1904, le cardinal Rampolla, favori des papables, veut le faire désigner pour remplacer le Cardinal Volpini qui vient de mourir, en tant que secrétaire du conclave. Mais Della Chiesa échoue face à la candidature de Rafael Merry del Val. C'est le premier signe que Rampolla ne sera pas le successeur de Léon XIII. Avec l'élection de Pie X qui choisit Rafael Merry del Val comme secrétaire d'État, Della Chiesa perd son poste, suivant Rampolla dans sa défaite. Il doit attendre octobre 1907, pour obtenir la charge d'archevêque de Bologne1. Après la mort de Rampolla, en 1913, faisant figure de modéré, il est nommé cardinal, lors d'un consistoire secret, le 25 mai 19141. Il reçoit le chapeau de cardinal-prêtre de la basilique des Quatre Saints Couronnés (Santi Quattro Coronati) le 28 mai. Lors du conclave qui suit la mort de Pie X le 20 août 1914, peu après le début de la Première Guerre mondiale, s'affrontent deux partis. Le « parti des Pie » est mené par des dignitaires de l'entourage du feu pape, Merry del Val, De Laï ou encore Lafontaine. L'autre défend la politique de Léon XIII, guidé par Domenico Ferrata et Pietro Gasparri. Della Chiesa, qui fait figure de modéré, devient un candidat possible de compromis. Il est élu au dixième tour de scrutin, le 3 septembre 19141, avec exactement les deux tiers des voix dans ce cas-là il était prévu de reprendre son bulletin de vote (identifié par une devise) afin de vérifier que l'élu, Della Chiesa, n'avait pas voté pour lui-même en contravention avec les règles du scrutin. Il choisit le nom de Benoît XV, en hommage à Benoît XIV (pape de 1740 à 1758), législateur de l'Église moderne. Il a 59 ans.
Le nouveau pape Benoît XV s'emploie aussitôt à calmer les remous de la « crise moderniste ». C'est l'objet de sa première encyclique, Ad beatissimi, en date du 1er novembre 1914. Le Sodalitium Pianum de Mgr Umberto Benigni, plus connu sous le nom de « La Sapinière », est dissous en 1921. Le cardinal Merry del Val est remplacé par le cardinal Ferrata (dont la mort inattendue est presque immédiate), puis Gasparri. Néanmoins, De Laï reste à la tête de la Congrégation des Évêques, et Merry del Val est nommé à la tête de la Sacrée Congrégation du Saint-Office. L'encyclique Spiritus Paraclitus (15 septembre 1920) encourage les fidèles à lire la Bible, elle soutient « l'immunité parfaite des Écritures à l'égard de toute erreur ». Le Manuel biblique de Vigouroux sera mis à l'Index sous Pie XI, en 1923, et Lagrange se voit empêché de publier ses travaux sur la Genèse. Le sulpicien Jules Touzard subit également les foudres du Saint-Office pour avoir mis en doute l'attribution à Moïse en personne des livres du Pentateuque. Le serment anti-moderniste est maintenu. En 1915, une Congrégation des études, des séminaires et des universités est créée pour mieux contrôler la formation doctrinale des séminaristes. Benoît XV promeut une piété populaire : il étend à l'Église universelle la fête de la Sainte Famille et appuie la dévotion au Sacré Cœur, à la Vierge des Douleurs, à Notre Dame de Lorette, patronne de la ville italienne de Loreto, ou encore au Très Précieux Sang4. Il canonise Jeanne d'Arc et proclame bienheureuse Louise de Marillac en 1920 ou encore les 22 martyrs de l'Ouganda. Le pontificat de Benoît XV voit également s'achever le chantier de codification du droit canonique lancé par Pie X. En 1917, le Code de droit canonique est promulgué par la constitution Providentissima Mater Ecclesia. En 1919, la révocation du non expedit créé en 1874 par Pie IX permet aux catholiques italiens de participer à la vie politique italienne et au prêtre Luigi Sturzo de fonder le Parti Populaire Italien.
Benoît XV Benoît XV
259 Pie XI 1922/1939 Desio Pie XI Né citoyen autrichien. Premier chef d’État du Vatican. Pie XI Pie XI
260 Pie XII 1939/1958 Rome Pie XII Proclamé Vénérable par Benoît XVI. Pie XII Pie XII
261 Jean XXIII 1958/1963 Sotto il Monte Jean XXIII A repris le nom du pape de Pise Jean XXIII, considéré aujourd’hui comme un antipape. Il est canonisé le 27 avril 2014 par le pape François. Jean XXIII Jean XXIII
262 Bienheureux Paul VI 1963/1978 Concesio Bienheureux Paul VI Premier pape depuis Pie VII à voyager hors d’Italie. A nommé cardinaux ses trois successeurs immédiats (Jean-Paul Ier, Jean-Paul II et Benoît XVI). Proclamé Vénérable le 20 décembre 2012 par Benoît XVI. Béatifié le 19 octobre 2014 par le pape François. Bienheureux Paul VI Bienheureux Paul VI
263 Jean-Paul Ier 1978 Canale d'Agordo Jean-Paul Ier Premier pape portant un nom composé. A régné pendant 33 jours. Jean-Paul Ier Jean-Paul Ier
264 Saint Jean-Paul II 1978/2005 Wadowice Saint Jean-Paul II Premier pape non italien depuis Adrien VI. Premier et actuellement seul pape polonais. Un des pontificats les plus longs. Il a été béatifié le 1er mai 2011 par son successeur le pape Benoît XVI, et canonisé le 27 avril 2014 par le pape François. Saint Jean-Paul II Saint Jean-Paul II

Élus au 21 ème siècle après le Schisme d’Occident

No Nom Pontificat Naissance Notes Blason Photo
265 Benoît XVI 2005/2013 Marktl Benoît XVI Premier pape allemand depuis Étienne IX. Renonce à son pontificat, en raison de son âge , le 28 février 2013. Premier pape émérite.
Joseph Aloisius Ratzinger (prononcé en allemand : [ˈjoːzɛf ˈalɔʏzjʊs ˈʁatsɪŋɐ]) , né le 16 avril 1927 à Marktl , dans l'État libre de Bavière , en Allemagne , est un prélat et théologien catholique allemand. Il exerce la charge d'évêque de Rome et est , selon la Tradition catholique , le 265e souverain pontife de l'Église catholique , du 19 avril 2005 au 28 février 2013 , sous le nom de Benoît XVI (en latin : Benedictus Decimus Sextus en italien : Benedetto Sedicesimo - en allemand : Benedikt der Sechzehnte). Fils de parents opposés au nazisme , il est , à l'âge de quatorze ans , enrôlé de force dans les jeunesses hitlériennes. En 1944 , il refuse d'entrer dans la Waffen-SS en faisant valoir son intention d'entrer au séminaire. Après sa libération , en 1945 , du camp de prisonniers de guerre de Bad Aibling où il fut interné après avoir déserté la Wehrmacht lors de son service militaire , il commence sa formation de prêtre puis est ordonné le 29 juin 1951 par le cardinal Michael von Faulhaber. Le 24 mars 1977 , le père Ratzinger est nommé archevêque de Munich et Freising par le pape Paul VI puis est consacré le 28 mai suivant par le cardinal Alfred Bengsch. Peu de temps après , le 27 juin de la même année , Mgr Ratzinger est nommé , de nouveau par Paul VI , cardinal-prêtre de Santa Maria Consolatrice al Tiburtino. Étant également un théologien reconnu , le cardinal Ratzinger est nommé par le pape Jean-Paul II , en 1981 , préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi et président de la Commission biblique pontificale ainsi que de la Commission théologique internationale.
Réputé conservateur , le cardinal Ratzinger est élu le 19 avril 2005 pour succéder à Jean-Paul II et devient alors le premier pape allemand depuis Victor II , ayant régné de 1055 à 1057. Le pontificat du pape Benoît XVI est alors victime de nombreux scandales et de vives critiques , concernant notamment ses prises de position sur le préservatif , l'homosexualité , l'Islam , les Amérindiens ou encore la Fraternité sacerdotale Saint-Pie-X. Cependant , il est aussi reconnu pour ses prises de position en faveur de l'écologie ou encore pour son combat contre la pédophilie dans l'Église et l'antisémitisme. Le 11 février 2013 , après un pontificat de près de huit ans , il annonce qu'il renonce à ses fonctions , cette décision prenant effet le 28 février suivant. Il devient dès lors , et de façon inédite , « Sa Sainteté Benoît XVI , pontife romain émérite ». Le pape émérite vit ainsi retiré dans le Monastère Mater Ecclesiae d'où il ne sort que pour assister à quelques événements importants , sur invitation du pape François , qui lui a succédé le 13 mars 2013.
BenoitXVI ami des Templiers
266 François 2013/???? Buenos Aires François Premier pape originaire du continent américain, premier pape jésuite et premier pape non-européen depuis Grégoire III. François François